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Les avis de - ArvoBlack

Visualiser les 338 avis postés dans la bedetheque
    ArvoBlack Le 05/11/2025 à 22:43:53

    "Neuf" essaye de lier la soif des grands espaces et de la science à une histoire plus personnel et singulière ; Johnny Hubbel, astronaute souhaite repartir sur les traces de son père, disparu lors d'une mission inter-planétaire. Au départ, l'histoire semble être un puzzle audacieux par le nombre d'arc narratifs mais les morceaux se recollent de manière fluide pour laisser une belle impression générale. Bien sur, je regrette dans ce voyage initiatique qu'il ne rentre pas un peu plus dans le ressentie des personnages avec une plus importante introspection, pas de temps d'ailleurs de s'attarder sur la relation entre Johnny et son père, ni la relation entre Astrid et Johnny, c'est la science-fiction qui est moteur du récit et les dialogues restent axés autour du coté scientifique et technique.

    Il est toujours dangereux de parler de voyage dans le temps sans vraiment l'expliquer, car il y a une grande inconnue dans ce périple et sur ce qu'il se passe vraiment lors de l'effleurement de la planète "Neuf" : une boucle temporelle de 3285 jours = 9 ans, sauf que les décalages temporelles ne font par décennies soit 10 ans : 9, 19, 29, 39, je n'ai pas tout saisi. Johnny revit les mêmes situations que lors de sa première vie, mais une action différente dans le nouveau présent ne modifie t-il pas son futur (cf le film "L'Effet papillon" de Bress et Gruber sortie en 2004) ? A ce moment là, on peut réécrire toute l'histoire aussi...

    Coté dessin, je découvre le trait de Grabowski ; je le trouve bon, un bel équilibre dans ses dessins, assez peu de mouvement et d'action pour les personnages mais une belle expressivité des visages, les illustrations fonctionnent pour le genre, j'apprécie moins la mise en couleurs plutôt froide, le rendu global des ombrages et ainsi que l'épaisseur de la ligne claire parfois plus grasse à mon gout.

    ArvoBlack Le 04/11/2025 à 22:47:47
    Shi (Zidrou/Homs) - Tome 6 - La Grande Puanteur

    Un second cycle de "Shi" plus ancrée dans la réalité de Londres du XIXème siècle qui pose d'autant plus ses propos que le premier cycle et les actions qui en découlent. Celui-ci nous permet de suivre la progression du mouvement sectaire de Jay et Kita qui dans la lignée des albums précédents, souhaite voir une évolution positive des mœurs et valeurs morales, bafoués sous le règne de Victoria, notamment le trafic d'enfants. Au travers du récit, difficile de savoir dans les faits ce qui à été une réalité pour la ville de Londres ou de la pure fiction/imagination des auteurs; Cependant, Londres décrit par l'écrivain Charles Dikens reflète le même état d'esprit que celui imaginé par Zidrou et Homs, l'immersion est totale.

    Plus proche de la chronique sociale historique, l'aspect fantastique s'efface quelques peu ; seulement 3 ou 4 apparitions notables des démons. Toujours un coté "Thriller", avec de nombreux rebondissements et de meurtres qui collent si bien à la peau de la série. Une préférence pour le premier cycle, même s'il se présente de belles choses dans le deuxième, la qualité reste largement au rendez-vous.

    Le dessin de José Homs toujours très qualitatif présente un esprit moins sombre et ravageur que le Cycle 1, avec moins de scènes de nuit ou fortement contrastées, moins d'actions et de mouvements également. Cependant, c'est toujours un plaisir de regarder ses illustrations au trait atypique et d'une grande précision.

    Après lecture du T6, j'attends avec hâte la suite des aventures et ses nombreuses proposition narratives dont la mort de Jay annoncée dans le tome 4 par la lettre à sa fille (fin du Cycle 1).

    ArvoBlack Le 31/10/2025 à 23:15:55
    Shi (Zidrou/Homs) - Tome 4 - Victoria

    "Shi" frappe fort au travers tout d'abord d'un récit cadencé, où l'action omniprésente révèle rebondissement sur rebondissement dès les premières planches. L'histoire commence à Londres dans années 1850, pendant le règne de la reine Victoria, mais un autre arc narratif plus contemporain s'ouvre dès le départ pour créer un parallèle entre les deux époques à la recherche des valeurs fondamentales d'égalité pour les femmes et la protection des enfants. Un thème qui résonne de manière moderne, mais aussi d'autant plus dans Londres du 19ème siècle emprunt aux guerres, à la violence, la maladie et la pauvreté.

    Mais ce récit ne serait rien sans le fabuleux travail de José Homs qui au travers de son trait, du choix des plans et du découpage propose des illustrations ultra dynamiques et explosives. Le travail sur la lumière nous plonge rapidement dans l'ambiance sombre du cycle 1 de "Shi". Un style rectiligne qui en fait un des dessinateurs que j'admire, une connaissance maitrisé de bout en bout du dessin avec une vision très complète : perspective, anatomie, lumière, ambiance, mouvement. Certaines illustrations en demi, pleine ou double pages sont des œuvres d'art. A noter également comme graphiquement stylé, la représentation des onomatopées sous la forme de la matière dont vient le bruit, elle s'intègre pleinement au dessin et l'ambiance de la série.

    Nous avons un récit adulte qui ne lésine pas sur la violence et la nudité, il se mêle au genre "Thriller", avec une âme de "Fantastique / Onirique" qui peut plaire ou non, qui ne prends pas le dessus sur le récit d'aventure et une pincée de récit "Historique". Un scénario avec beaucoup de force, un humour discret mais efficace, beaucoup d'actions, des cartouches et dialogues percutants, une narration bien amené et surtout des personnages fort avec des nuances et du caractère ; les personnages féminins (Jennifer Winterfield aka Jay et Kita) campent en héroïne de la série, à la fois pleine de ressources, déterminées et sulfureuses. Les personnages masculins (Octavius, son frère Trevor, son fils William, le Commissaire Kurb) sont plus noirs et dépeignent une société patriarcale et décadente qui n'en reste pas moins intéressante. Certains personnages possèdent des tocs de langage qui les rendent uniques : Kurb et ses citations en référence à sa "Môman", La reine Victoria qui répète sans arrêt qu'elle a mis au monde de nombreux enfants.

    Ce premier cycle de 4 tomes ouvre sur une suite évidente qui permettra de profitez d'autant plus d'une partie des personnages entiers et attachants de cette série. "Shi" est pour moi une "Masterpiece" de ce qu'on peut faire en BD. J'ai retrouvé l'ambiance similaire à 'L'assasin qu'elle mérite" de Lupano et Corboz. Le thème est quelques peu différent, mais on y retrouve tenus et décors d'époque, ainsi que l'ambiance sombre et délétère dans l'Europe du 19ème..

    ArvoBlack Le 31/10/2025 à 23:05:00

    Si le scénario de "Bouche du Diable" n'était pas emprunt à quelques incompréhensions scénaristiques, la BD aurait surement valu une place dans ma bibliothèque, car c'est tout de même une œuvre de bonne facture.

    Si la première partie en Ukraine permet de poser l'univers avec Youri dit "Bouche du Diable" et la découverte du camp d'entrainements de futurs agents secrets/espions soviétiques sur des territoires "ennemis", suivi de la rencontre du terrible Colonel Stavroguine. Puis vient la rencontre d'un premier personnage attachant : le camarade Grigori, éducateur, philosophe et pilier de vie pour Youri, dans lequel ce dernier va chercher sa voie intérieure.

    Le deuxième chapitre nous plonge dans la ville de New York ; Youri change de nom et s'appelle Billy Budd, avec l'arrivée d'un autre mentor important à l'image de Grigori, le "Grand Chef", un indien débrouillard, remplis de sagesse et d'expériences. Tous ces personnages bien incarnés constituent les éléments les plus réussis du one-shot.

    Le troisième chapitre est beaucoup plus cadencé, il m'a laissé sur ma faim et perplexe avec beaucoup d'action sur la phase finale. C'est surtout cette scène dans les égouts avec un Deus ex machina de l'Indien "Grand Chef" sorti de nulle part ; suivi de l'explosion en mode blockbuster dans ce même lieu. Cela dénote une partie de la force du récit. De même qu'une partie de l'énigme est laissé de coté et n'a au final pas tant d’intérêt que l'enjeu de départ.

    Le dessin de Boucq est appliqué sur l’entièreté de la BD avec une premier partie dure et froide dans le paysage Ukrainien, puis de beaux plans dans le chapitre 2 sur les hauteurs de New York, mais aussi les bas-fonds de la ville, une immersion qui me rappelle "Little Tulip" et "New York Cannibals" des mêmes auteurs (même si initialement "Bouche du Diable" est sorti avant). Le trait des personnages est toujours aussi typique de François Boucq, qu'on le reconnaitrait entre mille.

    Un belle histoire, un bon rythme, un excellent dessin, une fin décevante mais qui mérite lecture.

    ArvoBlack Le 30/10/2025 à 22:49:29
    Blues 46 - Tome 2 - Allegro Furioso !

    Entre récit d'aventure et thriller, "Blues 46" propose un beau dessin de Stalner sur un scénario moyen de Moënard.

    Le trait est plaisant et fait ressortir les détails, accompagné des couleurs chaudes de l'automne, la lecture se veut fluide sur ce diptyque. Avec des personnages au départ qui présentent bien (Alain/Aline, Guéric), ainsi "Blues 46" tend plusieurs cordes à son arc (narratif).

    Mais faut-il encore savoir viser juste dans son propos et son scénario ? Avec un T1 bien foutu qui démarre rapidement et distille des réponses au fur et à mesure de l'avancée du récit : Qui est Alain, ce garçon manqué ? Qu'a t-il fait pour être poursuivi ? S'ajoute à cette intrigue un joli cahier graphique d'Eric Stalner en fin d'album dans le T1. Mais la suite avec le T2 est maladroite, avec l'introduction de nouveaux personnages qui arrivent nombreux, sans présentation directe, sans personnalité nuancée en plus de, il faut l'avouer, une intrigue pas très intéressante avec une histoire de timbres qui passe rapidement inaperçu. Une fin discutable qui donne à "Blues 46" une impression amère de déjà vu pour le genre. On sent un manque de travail sur le caractère des personnages, leur doutes, leurs tempérament, les dialogues décrivent l'action et restent très en surface, n'est pas scénariste qui veut.

    Rendre Alain plus masculin au départ aurait permis de mieux dissimuler les traits féminins de Aline et de donner un meilleur effet de surprise au lecteur. Car quand Guéric dit dans le T2 "Mais tu es une femme, je n'avais pas vu", j'ai rigolé, on a l'étrange impression qu'il n'a jamais pris le temps d'observer son "Partner in crime" ou qu'on se fout un peu du lecteur.

    En bref, il y a du bon au niveau dessin, du moins bon pour le reste.

    ArvoBlack Le 25/10/2025 à 23:35:25

    Que j'aurais aimé comprendre "La Femme du Magicien", dans sa folie, son coté fantastique et la passion pour le personnage d'Edmond, un magicien à la fois surprenant et rebutant. Mais dans cette première lecture, je n'ai capté que des brides de l'histoire, des sensations sans réussir à me l'approprier, pour ainsi comprendre les enjeux et le véritable voyage intérieur du personnage de Rita Wednesday, car c'est ça pour moi qu'il a été difficile à appréhender. Une bande dessinée qui met en œuvre les rêves et pensées d'une femme au travers du magicien Edmond, duquel elle ne parvient pas à se détacher malgré le mépris qu'il a pour elle, à ne plus savoir démêler le faux du vrai, la réalité de la fiction, la magie du rêve ; l'étau se referme fatalement sur Rita. Sans donner les clés de compréhension d'un récit évident et limpide (même en cherchant un peu), "La Femme du magicien" scénarisé par Charyn pose les bases d'une relation ambivalente entre une femme et un homme violent et possessif, au travers d'images oniriques ou fantastiques. C''est en tout cas la vision que j'ai retenu.

    Cette œuvre est surement un des titres ou Boucq excède sur le nombre de trait des personnages et le détail, renforçant les rides et diminuant l'aspect juvénile : le dessin est froid. Il peut ne pas plaire à tout le monde, surtout ceux qui prône le minimalisme et les dessins épurés ; cependant je le trouve réussi tant les personnages s'incarnent bien et les illustrations sont dynamiques. Les couleurs sur l'édition originale n'ont cependant pas bien vieilli.

    A relire peut être dans quelques années voir si mon avis évolue.

    ArvoBlack Le 23/10/2025 à 22:46:40

    "Loire" est la première œuvre que je lis de Etienne Davodeau et je ne suis que partiellement convaincu.

    Premièrement, je n'aime pas tant le dessin, surtout pour les personnages qui possèdent trop de rondeurs, des courbes curvilignes avec parfois un trait laxiste qui se fout de l'anatomie, rend le physique des personnages sans caractère et dépeint sur leurs personnalités. Zélie, la fille de Laure est par exemple pour moi mal dessinée, avec plusieurs plans foireux au niveau de la dynamique en perspective. Pourtant Davodeau rattrape ce manque grâce à son travail sur les couleurs à l'aquarelle, sujet qu'il maitrise bien mieux que son trait brut, cela donne un second souffle à l'expressivité du dessin et rattrape (un peu) le défaut du trait.

    Coté récit, beaucoup d'analogies sont faites autour du fleuve de la Loire, berceau de vie, d'inspiration et de rencontres. Autour des amours et amitiés du passé, une histoire mélancolique qui fonde son principe sur la nostalgie et le fait de remuer une partie passé avec des souvenirs. Dans "Loire", il y a de belles idées, l'approche est bonne, mais cela manque clairement de force.

    "Fanchon" de Servais aborde la même thématique en réunissant des anciens copains et/ou amants d'un personnage ayant disparu depuis longtemps de la vie des personnages, mais cette dernière ("Fanchon") m'a d'autant plus touché dans son propos, mais aussi par son dessin.

    ArvoBlack Le 22/10/2025 à 22:44:08

    Je n'ai rien trouvé "Dans la forêt sombre et mystérieuse" qui puisse montrer un réel intérêt dans ma lecture. Hystérique et décalé, ce n'est pas tant l'humour souvent caustique qui fait défaut dans cette BD de Winshluss, mais le manque d’intérêt et de force au travers d"un récit pauvre dans sa structure et son contexte, qui se construit par chapitre très distincts les uns des autres, avec des personnages peu développés ou tout simplement inintéressants.

    Le dessin est sympathique, dynamique et fidèle à l'auteur, dans la caricature et l'extravagance, l'action est bien représenté avec la myriade de personnages à fort caractère, les couleurs sont vives et présentes, mais le one-shot ne m'a malheureusement pas touché plus que ça dans son contenu. Ce titre est dit adapté à la jeunesse ; un enfant de 8 ans peut le lire, c'est vrai, mais que retiendra t-il de cette histoire alambiquée ? Winchluss est parvenu à créer un univers bien à lui, c'est déjà bien, mais cela manque d'une proposition puissante.

    ArvoBlack Le 20/10/2025 à 23:10:04

    "Rivages Lointain" dans son écriture et style se rapproche des films "Le Parrain" de Coppola ou "Les Affranchis" de Scorsese. Traffic d'influence et de nécessités en tout genre : alcools, drogues, blanchiment d'argent, tout passe par Adams et son groupe de mafieux pour être le plus puissant clan de Chicago et se faire respecter, pour ainsi garder le monopole de certains marchés clés de la ville. L'histoire commence avec l'arrivée d'un jeune immigré italien de 17 ans, Jules, qui va découvrir le métier et se faire un nom dans cette bande organisée et criminelle.

    Pour moi, c'est une première découverte d'Anais Flogny, on sent que l'auteur et dessinatrice à plaisir à représenter les costumes traditionnels des années 50, de grandes vestes aux multiples plis et motifs dans un style anglais ou italien ; un soin particulier y est apporté. Je suis un peu plus partagé sur sa représentation de l'anatomie, moins assurée même si le dessin reste lisible. Également, le choix d'un rendu minimaliste avec beaucoup de fonds colorés pour centrer le récit sur l'action et les dialogues au lieu de l'atmosphère et des décors.

    Coté récit, on a quelque chose de classique pour le genre - mise à part la relation homosexuelle entre Adams et Jules. Je regrette la non-présence d'une figure féminine en personnage secondaire ou tertiaire qui apporterait un autre élan à "Rivages Lointain". A cause des dialogues et du cadrage, les trafics décrits et réalisés par le clan passent au second plan, les tenant et aboutissant de l'organisation et sa description sont légers ; on ne sent pas toute l'implication de Jules et Adams dans leur ascension malgré les années qui passe inexorablement, seulement la tension qui évolue dans la relation entre ces deux personnages, c'est d'ailleurs un point central du one-shot au détriment de plus de contexte.

    Même s'il y a de bons effet de surprises et des dialogues parfois percutants, il manque selon moi quelque chose à "Rivages Lointain" pour le rendre plus impactant sur la durée.

    ArvoBlack Le 18/10/2025 à 23:34:20

    "Sibylline" possède une belle sensibilité ; il permet de coucher sur papier des témoignages sous forme d'un récit fictif plein de beauté. On suit le parcours de vie de Raphaëlle, dans sa rentrée à l'école d'architecte, dans son rapport aux autres, aux hommes, à la société et à sa sexualité. Sixtine Daho n'hésite pas à mettre en image cette intimité, dans une douceur apportée par les médiums que sont le l'encre, le graphite et le fusain, il y a quelques chose de pure et volatile dans son dessin en noir et blanc, une sensualité s'en dégage irrémédiablement.

    Le personnage de Raphaëlle est très entier, on y retrouve une femme sensible et humaine qu'on peut facilement identifier comme une contemporaine dans son mode de vie et bien entourée ; elle va s'engager dans une aventure extra-ordinaire, avec son regard et son approche de jeune femme, ce qui nous rapproche d'autant plus de son intimité et son rapport aux hommes : ceux qu'elle apprend à aimer véritablement, et ceux qui l'a paye pour coucher avec elle.

    Pour moi, il y a deux moments clés : l'un cérébral avec le chapitre 8 - Raphaëlle témoigne de son ressenti et au nom de toutes les femmes qui se font payer pour avoir des relations sexuelles. L'autre bien plus émotionnel dans la chapitre 10 - Un instant hors du temps entre Raphaëlle et Elio, ou le dessin se suffit à lui même pour exprimer la beauté de la sexualité - les corps s'enlacent et fusionnent, se perdent dans le dessin.

    "Sibylline" est pour moi une réussite, si le sujet fait parler, il est pris à bras le "coeur" par son auteur. la bande dessinée garde une certaine pudeur qui fait apparaitre beaucoup de mélancolie. Un beau livre.

    ArvoBlack Le 17/10/2025 à 22:54:42

    "L'île aux femmes" est une petite parenthèse bucolique et décalée de Zanzim qui permet un voyage rempli d'aventure, de frivolité et d'humour au travers du personnage répondant au nom de Céleste.

    Ce qui m'a séduit, c'est la légèreté du propos qui sous-tend quelque chose de plus profond sur les genres, pas au point d'en faire une dissertation, mais Zanzim fait preuve ici d'une belle sensibilité à l'égard de la gente féminine avec un coté protecteur de cette idylle et la préservation de cette île aux mains de "l'homme" destructeur. "L'ile aux Femmes" est un équilibre, une forme d’écosystème qu'on prend plaisir à découvrir. C'est surtout cette fin qui réveille un peu les esprits et donne une saveur d'autant plus agréable, l'histoire est très bien écrite.

    Le dessin, bien que simple et caricatural, fonctionne très bien avec le style du récit, le trait de Zanzim parvient à donner de la sensualité dans les courbes et un beau mouvement, appuyé par une mise en couleur fourni de Hubert aux ambiances diverses. Le genre de récit qui nous transporte facilement dans un univers à part et nous fait passer un excellent moment de lecture.

    ArvoBlack Le 14/10/2025 à 22:52:00
    Revoir Paris - Tome 2 - La Nuit des constellations

    "Revoir Paris" est une petite déception tant le récit n'arrive pas à trouver son rythme et à m'envouter avec des personnages qui finissent rapidement par tourner en rond, à commencer par le personnage principal, Kârinh.

    Coté illustration, on retrouve l'ambiance de la SF de François Schuiten avec un soin marqué dans la composition, les formes, les architectures et les personnages qui complètent admirablement l'univers proposé Benoit Peeters. Le récit montrera en grande partie la visite d'un Paris en évolution constante et qui malgré tout tente de conserver une partie de son patrimoine historique. Une ode à la ville lumière qui éclaire les artistes, fait partie de maintes et maintes récit de fictions, sublime l'art en général.

    Si la première partie présente un Paris fantasmé par Kârinh., en attente d'arriver à destination depuis le vaisseau mère appelé l'Arche, la seconde partie rentre dans le vif du sujet avec un futur imaginé plus noir qu'aujourd'hui : températures excessives, pluies chaudes, air irrespirable, pollution, pauvreté. C'est surtout la longue visite de Paris par Matthias, un des commanditaire et politique du réseau de Paris de 2156 qui annihilera une partie du rythme choisi au départ dans le récit. Bien sur, pour faire rayonner le sentiment d'une ville pleine de poésie, oui et que traduit très bien le titre "Au revoir Paris", mais au détriment du genre SF et de l'aventure que pouvait promettre le diptyque. Kârinh choisi aussi une quête annexe à la ville, celle de retrouver ses origines et ses parents, qu'elle n'a jamais connu, mais cela n'apporte pas la force souhaitée non plus. C'est surtout cette fin qui ne me satisfait qu'a moitié, bien trop furtive et sans réelle explication sur l'intention de clôture.

    ArvoBlack Le 13/10/2025 à 22:06:10

    "Vacances fatales" de Giardino nous propose de voyager dans des destinations plus ou moins exotiques : Bangkok, Capri, Alpes, Venise, etc ; au travers d'un panel de personnages malhonnêtes. Comme son titre laisse penser ("fatales"), on retrouvera des séquences de meurtres sur fond de relations de couple, d'adultères et d'art, des thèmes qui semblent chers à l'auteur.

    La bande dessinée est composée de plusieurs histoires plus ou moins courtes qui ne se valent pas ; les deux dernières de l'album restent pour moi les plus réussies car elles prennent le temps de développer les personnages et le contexte. Parmi ces histoires, la plupart des chutes laissent à désirer, d'autres fois le récit est un peu trop alambiqué pour être clair dans son jeu, bref tout est une histoire de dosage. Ainsi, "Vacances Fatales" ne parvient pas à trouver son rythme de croisière avec des récits très anecdotiques et des chutes clivantes qui donnent l'impression d'un manque de recherche et de ne la aller au bout d'une idée.

    Le dessin emprunt au réalisme souligne un beau trait de Giardino avec beaucoup d'élégance, pour un rendu lisse et épuré qui se suffit à lui-même. La mise en couleur est simple et élégante également, c'est un bon point. Les illustrations font voyager, le tout donne un ensemble fluide à la lecture, mais il manque clairement une consistance claire aux histoires qui composent l’œuvre.

    ArvoBlack Le 05/10/2025 à 22:59:19

    Suite évidente de "Little Tulip", le "New York Cannibals" ne brille pas autant que son prédécesseur, même si cela reste une bonne bande dessinée.

    Dans cette suite, Boucq propose toujours un dessin détaillé avec un beau mouvement, que cela soit son travail sur les visages, les corps, ou même la balade à travers New York. L’œuvre est dans l'exagération des traits, que cela soit par le culturisme avec des femmes bodybuildées aux trapèzes et biceps saillants qui perdent toute leurs féminités, ou bien les tatouages qui s'effacent derrière les personnages et le récit. On retrouve avec plaisir le personnage de Paul le tatoueur, fidèle à lui même, mais aussi sa protégé, Azumi, personnage cette fois central qui a changé du tout au tout.

    C'est plutôt dans le scénario qu'on perd un peu en intérêt, avec des personnages inclusifs dérangés, je pense à Anna-la-Hyene d'une personnalité très manichéenne : "moi, j'adore le sang, un verre le matin et le soir en guise de cure de vitamines", Grinto, mais aussi Azumi avec ses muscles disproportionnés qui va dans la caricature, avec cette étrange impression que la normalité n'existe pas dans le New York présenté.

    Au niveau du rythme, c'est suffisamment fluide pour tenir sur 130 planches, mais il manque le coté dramatique et dur qui était insufflé dans "Little Tulip" et qui lui a donné tant de force. Les personnages centraux sont bien travaillés et attachants : Paul, Azumi, l'Albatros.

    C'est à lire si vous avez apprécié l'univers de "Little Tulip".

    ArvoBlack Le 03/10/2025 à 23:31:06

    "Le cas David Zimmerman" mélange le fantastique au thriller, au genre dramatique avec aussi un côté style "tranche de vie", un mix des genres qui fait de cette bande dessinée une œuvre originale.

    Ainsi, son postulat de départ amène à de nombreuses curiosités : le personnage principal, David interchange/switche son corps avec une jeune femme en lui faisant l'amour. Avec cet élément fantastique, les frères Harari (Lucas et Arthur) proposent une nouvelle vision de ce qu'on aurait pu s'attendre de ce genre de récit en recentrant son propos de manière intimiste ; il s'agit alors plus d'une quête interne, que d'un thriller haletant à la recherche d’un "bourreau", ce qui pourra décevoir certains lecteur dans l'approche qui n’est pas classique. Mais au final, ce choix scénaristique permet une nouvelle approche qui à d'autant plus de force et que j'ai apprécié, car il ne rentre pas dans les codes tout fait du Polar ou du Thriller. Les personnages sont entiers, possèdent une personnalité qui les rend très humains ; et même s'ils ont changé de corps, ils incarnent encore plus leurs tempéraments respectifs, c'est très habile. Dans la bande dessinée, il y a également de belles idées auxquelles je n'aurais pas pensé et qui permet un renouveau.

    Côté dessin, les couleurs sont froides et cela joue sur l'ambiance, avec de (trop) nombreux plans d'ensemble qui permettent de capter l'environnement et l’atmosphère générale, les auteurs n'hésitent pas à ajouter des éléments qui rendent l’univers d’autant plus pesant comme si les protagonistes était sous surveillance en permanence, ainsi que de nombreux messages qui font l’actualité : Free Gaza, messages féministes, manifestations CGT. Les personnages répondent aussi au même style rectiligne que le reste, c’est parfois un peu figé mais ils prennent vie autrement.

    De temps à autre, le lecteur est un peu trop accompagné dans la démarche de compréhension du récit, mieux vaut ça que le contraire, mais le principe de changement de corps expliqué entre David et Samia ne mérite pas nécessairement autant d'explications, car on comprend rapidement en tant que lecteur ce qu'il se passe et dans quel bourbier ils se trouvent.

    Par son choix scénaristique significatif et différent, les frères Harari proposent quelque chose de moderne et nouveau,
    n'attendez pas à ce qu'il réponde à toutes vos questions, l'approche est plus personnelle et fataliste. Pour ma part, j’ai bien aimé.

    ArvoBlack Le 28/09/2025 à 23:09:51

    "Filles Perdus" a pour moi un problème de rythme qui le rend lourd à parcourir, un pavé de 300 pages qui présente les péripéties de 3 femmes Wendy, Dorothy et Alice qui sont connues grâce à leurs contes respectifs de notre enfance, mais cette fois-ci avec des propos bien plus adulte. Dans le genre érotique doit naitre une forme de fluidité qui découle naturellement de page en page, la dynamique est selon moi très importante pour le genre, l'équilibre dessin/texte en fait aussi intégralement partie. Ici, le texte "mange" une grande partie du dessin qui ne sert que de support explicite.

    "Filles Perdus" raconte les événements fantasmatiques d'un trio féminin (et leurs pièces rapportées masculines) qui se rencontrent dans un hôtel particulier. L’érotisme est omniprésent, les scènes s'enchainent, toujours de plus en plus folles et saugrenues, on devine facilement la finalité de tout ce remue-ménage. Mais mon ressenti général n'est pas bon, j'ai hésité de trop nombreuse fois à stopper ma lecture par simple intuition d'enlisement du récit et des personnages dans une sexualité extravagante, il manque vraiment quelque chose de plus profond à la proposition, car celle-ci n'entre jamais dans un processus de réflexion interne ou personnel, et selon moi le désir nait d'un cheminement interne en premier lieu, nous suivons uniquement les envies des protagonistes.

    Le dessin n'arrange pas les choses car trop figée là ou encore il aurait besoin de mouvement et de fluidité. Le dessin est changeant de chapitre en chapitre, la perceptive est douteuse, les couleurs intéressantes.

    Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé "Filles Perdus" dans son ensemble, dans son récit qui n'apporte pas grand chose, ni n'alimente vraiment de fantasmes, mais aussi ces illustrations qui n'évoquent pas grand chose chez moi. J'ai lu "Anais Nin" récemment qui bien que moins explicite que "Filles Perdus" à beaucoup plus de force et m'a bien plus touché dans la forme et l'expressivité.

    ArvoBlack Le 27/09/2025 à 23:38:19

    "Un père" de Jean-Louis Tripp reprend les codes graphiques de "Petit Frère" du même auteur pour centrer son histoire autour de la figure paternelle de la famille. J'ai été assez déçu par le contenu du one-shot : beaucoup d'histoires et d'anecdotes de l'enfance de Jean-Louis Tripp alimente le récit, mais sans lien direct avec son père. Le rythme se retrouve bâclé par les thématique multiples et sans grand bénéfice. C'est plus le témoignage d'une époque qui fait ressortir une certaine nostalgie que la démarche intimiste d'une relation familiale ambiguë entre un père et son fils.

    La relation avec son père est mentionné par bride, avec des passages pertinents, mais celle-ci n'est pas assez approfondie pour en faire quelques choses de complet et impactant, même si je dois reconnaitre qu'il y a de beaux moments dans le one-shot.

    Tripp est fidèle dans son dessin, un trait rond et quelque peu caricatural, il tire sa force dans l'expressivité du visage, notamment des regards qui traversent littéralement les pages et me touchent directement. Ainsi, ses souvenirs d'enfance parleront à certain(e)s sans aucun doute (pour ceux nés dans les mêmes années).

    J'ai préféré l'approche de "Petit Frère" dont le rythme possédait une meilleure structure, une chronologie et surtout un contenu plus intéressant, c'est plus anarchique (et communiste) dans la bande dessinée "Un père".

    ArvoBlack Le 27/09/2025 à 23:21:55
    La quête de l'oiseau du temps - Tome 12 - L’Omégon

    Ce très bon dernier tome bouclera le préquel de manière réussie en répondant à l'ensemble des questionnements qui suivront dans la quête originale de l'Oiseau du temps. A croire presque que cette fin avait été déjà préparée 40 ans en arrière, impressionnant. Une aventure qui aura durée plus de 4 décennies, c'est ce qui rend cette série incontournable, même si je ne suis pas un fan incontesté du cycle originel, ce "Avant la Quête" réussi à me réconcilier avec l'univers.

    ArvoBlack Le 23/09/2025 à 22:14:40

    Dans "Écoute s'il pleut", c'est surtout le mélange entre l'univers de Rodolphe et celui de Prugne qui m’intéresse ; l'un réputé pour ses récits fantastiques plus ou moins intimistes, l'autre pour ces westerns aux ambiances douces sur ses mises en couleur à l'aquarelle. Avec cette collaboration signée chez Daniel Maghen, tous les signes semblent positifs pour présenter une œuvre qualitative.

    Le récit est simple en somme, un fait divers alimente les mœurs d'un village possédant plusieurs moulins, dont celui qui porte le nom du titre de la bande dessinée. Le récit, tout en légèreté nous emmène au cœur d'un mystère qui plane sur ce dernier en proie aux années qui passent et la végétation envahissante. De la part de Rodolphe, c'est même surprenant d'avoir un récit aussi simpliste, il renoue avec une forme de bande dessinée mélancolique et poétique, en incluant toujours une part mystérieuse au travers des personnages de Suzanne et Paul. Rodolphe s'écarte de son style, de ce qu'il a l'habitude de proposer avec le genre "Fantastique" pour un genre résolument plus "Tranche de vie" ou "Chronique sociale", même s'il introduit subtilement un élément extraordinaire, clé pour le récit.

    Ce qui fait indéniablement la qualité du one-shot, c'est le trait de Prugne, très doux qui nous éblouit sur chaque planche au travers de sa mise en couleur et son travail sur la lumière, d'une harmonie époustouflante. Le genre d’œuvre qu'on apprécie lire à l'extérieur, sous un arbre ou dans un espace qui respire la vie, on en redemanderait presque arrivé à la fin du roman graphique. Si le dessin est très beau, Prugne reste fidèle à lui même en explorant un dessin dans un genre qui semble lui correspondre tout aussi bien, il ne s'essaye pas à des perspectives complexes, cela reste très construit et fidèle dans sa démarche, s'orientant d'autant plus vers un semi-réalisme fort.

    Une œuvre tout en douceur, un peu trop convenu certes ; mais qui s'apparente à une ressourçante balade en forêt, pleine de vie.

    ArvoBlack Le 22/09/2025 à 16:24:26
    Le codex Angélique - Tome 3 - Thomas

    Dans le "Codex Angélique", nous sommes confrontés aux anges et aux démons, une série courte qui allie fantastique et ésotérisme, dans une quête pour connaitre le "Croqu'Coeur", assassin récupérant les palpitants (cœurs) de ses victimes féminines pour des raisons inconnues, mais la série va au-delà en introduisant une part de mysticisme dans son intrigue qui en fera tout son intérêt.

    Le triptyque prend son temps, c'est le moins qu'on puisse dire, ainsi dans le T1, il faudra attendre la fin du tome pour que le début du récit commence vraiment car il s'agit plutôt d'une introduction à l'univers, tandis que le T2 et T3 correspondent au cœur de la série. Malheureusement, je n'ai pas été transporté par l'histoire au point de dire que "Codex Angélique" vaut le détour ; quelques moments clés et retournements permettent d'en faire une lecture appréciable, en plus des illustrations aérienne de Bourgouin. Ce sont les dialogues et le vocabulaire qui représentent la partie la plus réussie avec le lexique en post-face et les commentaires de l'auteur (Thierry Gloris) et l'apparition fortuite de Sigmund Freud en tant que psychanalyste.

    Graphiquement, on retrouve un style sous forme de peinture dans une ambiance noire, certaines planches sont d'ailleurs excessivement sombre au niveau de la lumière. Le trait est masqué par la mise en couleur, je ne suis pas expressément fan des illustrations, même s'il faut reconnaitre que c'est qualitatif et qu'elles habillent bien cet univers fantastique. Il m'est arrivé d'être perdu dans les personnages de part leur similarité ou les quelques différences morphologiques entre les cases (Thomas change drastiquement de physique au cours des 3 tomes). Concernant la perspective, c'est un peu timide à mon gout.

    J'ai trouvé qu'on peut faire un parallèle avec la série en 4 tomes "La Licorne" (science, ésotérisme, religion, mythe), en moins bon au niveau du scénario.

    ArvoBlack Le 19/09/2025 à 23:20:51

    "Aucune tombe assez profonde" ne fait pas dans la démesure, un titre qui colle a l'état d'esprit de ce western fantastique. Et c'est bien une des seules choses qui colle vraiment, car il ne suffit pas de sortir les gros pistolets avec quelques punchlines pour arriver à un ensemble aboutit ; ce qu'il manque clairement dans cette bande dessinée, c'est de la lisibilité et de la cohérence.

    Le personnage de Ryder qui campe en héroïne est une coquille vide, un passif sous entendu de tueuse à gage dont on ne parle jamais, des flashbacks inutiles qui nourrissent très peu la quête de l'héroïne, l'histoire d'une vengeance contre soi-même, sans vraiment comprendre les tenants et aboutissants (juste protéger sa famille). Une quête étrange qui aboutit à une finalité, c'est surement les dernières pages les plus intéressantes. Malheureusement, le personnage de Ryder à trop mal été construit pour rendre le final bouleversant. Aucun personnage n'est vraiment intéressant, ni attachant dans ce one-shot.

    Et puis, il y a des petits détails qui agace : Ryder gagne une partie de ce qu'on pourrait appeler du poker (au lecteur de deviner que c'est du poker), mais a aucun moment, les personnages ne montrent leurs jeux. Comment le lecteur peut-il confirmer que Ryder a gagné la partie si le jeu n'est pas visible ? Sachant que la confiance n'est pas de mise avec des personnages tous malhonnêtes. Une étrange façon de procéder et je trouve surtout que cela casse l’implication du lecteur dans les enjeux du récit. Là aussi, le flashback sur la partie de Poker pour rembourser les dettes du mari (Darius) ne sert pas à grand chose.

    Le dessin est beau en somme, un style rectiligne, une belle lumière. Mais stop aux vêtements démesurés qui ne soulignent même plus la forme ou la silhouette des personnages, le dessin perd beaucoup en lisibilité et j'ai passé une partie de mon temps à chercher ou se trouve la tête et les mains ainsi que le sens de l'action tellement l'image est chargé de plis de vêtements, surtout sur les plans éloignés. Également le choix de représenter l'hémoglobine sous forme de mousse rouge, cela adoucit l'aspect violent en contradiction avec le style rectiligne des personnages. Point positif, l'entité qui représente la mort est graphiquement très réussi, je parlais de l'excès de tissu sur les personnage, mais ici la longue cape prend tout son sens pour lui donner plus de charisme et de force, car nul ne rivalise avec la mort...même pas Ryder.

    ArvoBlack Le 19/09/2025 à 23:12:22

    "Le retour de la Bondrée" est le premier one-shot de Aimée de Jongh, il part de bonnes intentions, mais on sent le récit encore immature.

    Une première partie qui démarre bien avec des flashbacks ponctuels sur Simon, la quarantaine, personnage principal. L'histoire ouvre des arcs narratifs intéressants : la liquidation de la librairie, le suicide de cette femme inconnue, la rencontre fortuite de Régina (pas la pizza, hein), il a matière à raconter.

    Le problème, c'est que l'histoire n'aboutit pas à une conclusion véritable selon moi ; tout semble résolu sans réelle réflexion profonde sur sa condition, l'être humain est bien plus complexe et nuancé en réalité. La bondrée ovipare, oiseau phare et symbolique de la bande dessinée, vient même à masquer une partie de la réflexion de Simon (avec son "tout recommencer à zéro").

    Le personnage de Regina pose problème selon moi, car présenté de manière maladroite, on ne sait vraiment rien d'elle : est-elle mineur ? On comprend mieux sur la fin, mais j'ai trouvé bancale la façon d'expliquer graphiquement l'identité de Regina (pas de bulles ni cartouches) ; j'ai du relire ce passage plusieurs fois. Je pense que c'est ce manque de clarté qui a pu perdre une partie des lecteurs et qu'il est très difficile de cerner cette jeune femme/fille, je ne suis pas sur moi-même d'avoir compris.

    Dans un style rond et soigné en noir et blanc, je trouve le dessin parfois déconnecté de la dureté du récit, difficile sur les illustrations de montrer quelque chose de dramatique et d'aussi dur que le suicide ou la mort, les protagonistes en parle presque de manière déconnectée. Le dessin dédramatise une partie du deuil et la difficulté de Simon à se remettre du décès de son camarade de classe. L'expressivité des personnages est en revanche très bonne, avec des moments intenses et clés représentés dans la bande dessinée.

    J'ai facilement fait le parallèle avec la bande dessinée "Plus Loin Ailleurs" de Chabouté, lu juste avant, elle aussi en noir et blanc ; Chabouté arrive mieux à retranscrire le coté pesant et dramatique du récit au travers d'un dessin plus anguleux, plus brutal, pourtant sur un sujet bien moins noir. Il manque de la force au "Retour de la Bondrée" pour rendre l’œuvre vraiment percutante.

    ArvoBlack Le 17/09/2025 à 22:59:14

    "Plus loin qu'ailleurs" est ma première lecture de Chabouté. La couverture m'a rapidement attiré, elle a quelque chose d'attractif avec un titre qui prend le sens qu'on lui donne, ainsi qu'une illustration présentant des chaussettes et un pantalon pendus par la fenêtre, un mystère qui fait qu'on ne sait pas vraiment quoi attendre du one-shot.

    Puis, on rentre rapidement dans le vif du sujet : la vie est faite d'aléas, comme celle du ersonnage principal qui avait prévu de partir loin en vacances pour se reposer et souffler de son travail laborieux. Il ne se retrouvera finalement pas, fatalement, dans la situation désirée.

    Et puis, c'est à ce moment là que le beau ce produit, grâce à la résilience et l'optimisme du personnage principal ; de voir la beauté dans chaque chose du quotidien. Chabouté raconte beaucoup de son histoire au travers de ses illustrations, il y a peu de dialogues, il pose une atmosphère et nous sommes ensuite transporté par la force des choses, en toute simplicité et modestie. Le propos semble léger à première vue, mais il fait réfléchir grâce aux non-dits, aux suggestions. M. Bouillot, le personnage principal rencontre peu de personnage durant son récit, mais on rentre dans une forme d'introspection du monde qui l'entoure avec une manière bien à lui d'arrêter le temps.

    Des illustrations en noir et blanc, avec des grands aplats de noirs, un style rectiligne pour ajouter un coté dramatique à cet œuvre pleine d'espoir. "Plus loin qu'ailleurs" et touchant de simplicité, sensible par nature.

    ArvoBlack Le 15/09/2025 à 22:57:18

    Parcourir "Déambulations" revient à rentrer dans une partie de la vie de Laurent Bonneau, presque intimement, car parcourir ses carnets de croquis, peintures et autres essais graphique permet d'appréhender un peu plus l'artiste qui se trouve derrière les illustrations, dans sa sensibilité, son regard et sa manière à lui de voir le monde.

    L’œuvre est parfois ponctuée de texte pour cerner l'homme derrière le trait et la couleur, pour mettre une sensation sur une période de sa vie. Ses dessins vous parlerons, ou pas ; mais quoi qu'on dise, on retrouve une partie de l’âme que l'auteur laisse dans ses bande-dessinées.

    ArvoBlack Le 15/09/2025 à 22:49:53
    Barbarella (16/22) - Tome 3 - Les colères du mange-minutes

    "Barbarella" est une pin-up qui selon moi a fait son temps ; malgré l'engouement qu'elle a pu susciter dans les années 60 par son coté adulte et axé sur une sexualité décomplexée, elle ne correspond plus à l'image de l'héroïne, ni de la femme qu'on peut voir en 2025 dans le paysage de la bande dessinée, bien trop naïve et légère (je parle bien entendu de son état d'esprit, mais on peut aussi penser au fait qu'elle soit souvent dévêtue, ce 2ème point me dérange moins !) dans sa manière d'appréhender le monde qui l'entoure ; seules ses relations, sa spontanéité et sa nudité semble être le vecteur de la série. Un découpage avec des ellipses trop rapides qui ne pose pas les éléments de narration, ni l'action correctement, et encore moins la multitude de personnages et extra-terrestres existants. Cela bâcle la représentation de l'univers dans lequel elle évolue, dans un style très comics américain. L'univers de Barbarella est rempli de mots inventés de toute pièce : bestiaire, outils, concepts. Ceux-ci sont à peine présentés et le scénario part ainsi dans tous les sens, cela va trop vite, sans canaliser le propos.

    La couleur en Quadrichromie est mauvaise. Heureusement le dessin est un peu plus appliqué mais s’effacent derrière les couleurs très criardes.

    Il est difficile de donner un avis définitif sur "Barbarella", en tout cas, la lecture de ce tome dans un format spécial ne donne pas envie d'en lire plus, ni d'approfondir cet univers de SF dépassé par les concepts.

    ArvoBlack Le 13/09/2025 à 23:18:48

    "Charly 9" propose une reconstitution illustrée et quelque peu sarcastique de l'histoire de France en présentant Charles IX lors d'un moment clé de son règne, le massacre de la Saint Barthélémy (24 Aout 1572) et ainsi du tollé provoqué par la décision du roi en faveur d'une nuit sanglante. Étant donné la maturité du Roi et son je-m'en-foutisme pour les responsabilités qu'implique son statut, la question reste entière : était-il vraiment nécessaire de présenter cet exécrable personnage, bien trop jeune et puéril pour gouverner, qui n'avait d'yeux que pour sa maitresse, Marie Touchet, la chasse et rien d'autres ?

    Ma réponse est : Oui historiquement, c'est une période de chamboulement ; cela permet de connaitre la situation en France et en Europe au XVIème siècle et le contexte avec la guerre des religions entre catholiques et protestants. Narrativement, c'est plutôt non, car le récit est relativement décousu avec un découpage court par chapitre (5 à 6 planches). La partie qui présente les changements de traditions du calendrier grégorien dont Charles IX n'est pas vraiment historiquement le décideur, tel que nous les connaissons aujourd’hui : nouvelle année le 1er janvier, poisson d'avril le 1er d'avril et le muguet le 1er mai. Tout cela aurait pu être mis de coté car anecdotique. L'humour fait également bien partie du one-shot ; il faut bien rire de tout ça, même du comportement insensé du bon roi Charles IX.

    Le dessin est réussi est possède un beau mouvement, n'est pas Guérineau qui veut. Cependant, je trouve les couleurs trop numériques dès la première planche, cela donne une ambiance étrange ; j'ai l'impression que le style de mise en couleur change également en plein milieu du one shot , le ton sanglant représenté par le rouge donne un coté très dramatique qui contraste parfois avec le coté léger et drôle de certaines planches. Le dessin bien que réussi ne m'a pas transcendé. La maladie fait vieillir plus que de raison notre pauvre Charles IX, mais aussi la durée du one-shot, plutôt court, comme l'a été la vie de ce Roi, mort prématurément à 24 ans.

    "Charly 9" se lit bien, on ressort avec une idée du personnage qu'était le roi Charles IX, mais on en tire pas de vraies conclusions, l'album présente les faits historiques, on s'arrête là, l'état d'esprit des personnages est mise de coté pour son aspect euphorique et historique.

    ArvoBlack Le 10/09/2025 à 22:33:43
    Secrets - L'écorché - Tome 2 - L'écorché - 2

    Un nouveau secret de famille enfoui avec "L'écorché" ; Giroud distille un récit de vie sous une forme résolument thriller ; avec de bonnes surprises sur les 2 tomes du diptyque qui sait tenir en haleine sur la durée, mais surtout un T1 qui se termine avec de nombreux doutes et questionnements sur le personnage principal, Tristan. D'ailleurs, c'est audacieux de ne pas faire parler un personnage principal car cela le rend fatalement introverti, voir antipathique. Heureusement que les personnages secondaires sont bavards.

    Le second tome s'empatte quelque peu dans les explications au lieu de privilégier l'action. Un sentiment partiel de résolution avec une fin qui laisse sur le qui-vive. Tristan laissera planer une part de mystère que le lecteur devra lui-même imaginer et incarner ; car un homme sans mâchoire peut-il vraiment vivre ?

    Le dessin de Pellejero que je découvre sur ce diptyque possède un trait épais, rectiligne pour un style plutôt froid, j'ai eu un peu du mal avec son univers, même si c'est très lisible, le trait a tendance à s'améliorer au fil des plans et à l'apparition de figures féminines dont Mathilde aux traits plus fin, résolument plus délicats. La mise en couleur ajoute un peu plus d'énergie, même si certaines planches sont sombres et plutôt ternes, les tableaux peints par Tristan permettent au dessinateur de s'exprimer autrement qu'avec une épaisse ligne claire.

    "L"écorché" de la série "Secrets" mérite de l'attention, car il reste accueillant avec des rebondissements et des personnages intéressants ; il manque cependant l'étincelle pour que la magie opère en définitive, mais cela reste qualitatif.

    ArvoBlack Le 07/09/2025 à 23:06:29

    "Spirale" est une nouvelle expérience pour moi avec le genre horrifique, je ne m'y suis jamais vraiment confronté dans la bande dessinée. A contrario, je connais plutôt bien les codes de l'épouvante des films d'horreur et c'est sans surprise qu'on retrouve les mêmes codes, plans et aspects dans ce manga. A savoir, tout commence avec des phénomènes paranormaux qui surgissent dans la paisible ville de Kurouzu, une jeune femme Kirié et son ami, Shuichi vont alors partir à la découverte du mystère ; il est évident que nos protagonistes vont voir et subir de belles atrocités, connaitre les affres de la malédiction, jusqu’à voir la mort au pied de leur porte. A la différence d'un film d'horreur, le macabre de la bande dessinée reste un peu plus sur la rétine car l'illustration est figée.

    C'est grâce notamment aux détails proposés sur les illustrations que Junji Ito arrive à créer le malaise, avec ces formes de spirale qui suivent le récit sur toute la durée. Un noir et blanc suffisamment profond pour le rendre angoissant. La lumière joue évidemment beaucoup sur le rendu graphique et horrifique, c'est très réussi. Un dessin très qualitatif, des personnages aux paysages et objets, en passant par la fameuse spirale qui réveille une force inconnue et nous surprend à rendre mal à l'aise.

    Le problème majeur c'est que je n'ai pas trouvé d’intérêt dans ce récit qui enchaine les histoires autour de la ville maudite avec souvent de nouveaux personnages qui sont présentés tellement rapidement et qui disparaissent aussitôt qu'ils sont venus au cours d'un chapitre qui rend le tout très éphémère. Également, l'histoire, de mal en pis, est prévisible et répétitive, avec une part de fantastique qui ajoute une autre dimension à "Spirale", mais qui se rapproche des classiques connus du genre, cela en devient lourd. En vérité, il y a peu d'excellente œuvre horrifique, la faute à un genre parfois trop cadré/codé.

    Sur les 7 chapitres lu de l'intégrale (qui doit correspondre au tome 1 de l'édition originale), il ne s'est pas passé grand chose : quelques morts et cette impression d'être toujours au point mort dans l'avancée du récit. A vrai dire le dernier chapitre lu ("La boite à surprise") propose un personnage qui sort de nulle part, celui-ci meurt écrasé, il se réveille et sort de sa tombe. Cela n'a en soi pas d’intérêt dans la lecture, car si c'est uniquement pour voir du macabre, cela ne m’intéresse pas plus que ça. J'ai du mal à voir la philosophie derrière "Spirale" malgré la finesse du dessin. A voir pour lire une prochaine œuvre de Junji Ito plus convenable scénaristiquement.

    Le post-face dans l'intégrale de 2021 de Masaru Satô est apprécié, il permet de comprendre plus en profondeur le sens de cette spirale et l'analogie qui peut lui être faite, mais cela ne révolutionne pas non plus ma lecture, car le genre "épouvante-horreur" parasite trop l'essence de l'histoire.

    ArvoBlack Le 06/09/2025 à 15:46:56

    Un scénario, cela ne s'invente pas. Avec "Little Tulip", Charyn propose une très bonne construction et narration, appuyés par le trait de Boucq. Un scénario qui trouve son cheminement dans l'adversité, sur un fort ton dramatique, les quelques moments de relâchement et d'espoir donnent à l’œuvre toute la beauté dont le récit à besoin, les dernières planches sont donc particulièrement touchantes et pleine de vie. Avec comme thème directeur, le dessin et le tatouage, médium d'émancipation puis de survie.

    J'ai été touché par la singularité de ce "Little Tulip", au travers de personnages attachants, notamment le personnage principal, Pavel d'une résilience à toute épreuve qui trace son histoire au travers du tatouage. Un découpage au top qui laisse parfois place au silence et à l'action pour que les illustrations rayonnent, avec un très bon rythme. Tout cela ne serait rien sans le dessin de Boucq qui nous fait part de tout son art en matière de dessin de personnages, mais aussi sa représentation du mouvement (même si certains mouvements pendant les combats peuvent sembler farfelus), une ligne claire de caractère qui renforce le charisme et la profondeur des personnages. En somme, un beau One-shot qui donne envie de lire la suite "New York Cannibals".

    ArvoBlack Le 03/09/2025 à 22:51:07
    Le photographe - Tome 3 - Tome 3

    "Le photographe' est un documentaire mélangeant photographies (prises par Frédéric Lemercier) et illustrations (dessinées par Emmanuel Guibert) permettant de raconter en premier lieu une aventure humaine complète. A chaque format d'image (photo ou dessin) une approche différente, le dessin permet de raconter l'histoire, d'introduire le dialogue sous le format de la bande dessinée. Le réalisme, la dureté et la beauté des photos tranchent avec le trait gras et peu détaillé du dessin, on va dire que dans l'ensemble le texte apporte bien plus d'informations que les illustrations qui sont là pour accompagner uniquement les cartouches et dialogues, les illustrations n'apportent pas d'informations supplémentaires, elles renforcent par contre le coté dramatique dans certaines situations. C'est pour le moins une bande dessinée des plus originales avec ce mélange des styles sous forme de reportage (qu'on voit peu souvent).

    Pour le récit, il s'agit d'un périple des MSF (médecins sans frontières) en Afghanistan dans des villages les plus reculés du pays qui n'ont pas accès régulièrement aux soins et à la médecine. Une aventure humaine qui soulignera les différences culturelles mais aussi l'aspect primaire et spartiate de la civilisation Afghane. Cela permet surtout de connaitre le contexte de guerre avec la Russie et ce que cela implique pour les pays limitrophes. Les sujets abordés sont multiples : coutumes Afghanes, tenues, guerre, place de la religion, philosophie, pauvreté, etc. Cela permet une réelle immersion et comprendre la situation critique.

    "Le photographe" reste très descriptif dans son approche avec des moments d'une grande intensité, des moments philosophiques, parfois des longueurs aussi. Les couleurs, tout comme le trait des illustrations sont très simples, un trait gras avec peu de détails, cela bloque une partie de l'aspect immersif et contre-balance directement avec les photos.
    A part un moment d'une rare intensité, le T3 manque de consistance, les photos sont moins qualitatives, l'histoire s’essouffle, c'est la fin du voyage.

    En fin de T3, un post-face propose des informations supplémentaires sur les personnalités rencontrées dans le triptyque avec leurs photos, cela complète un peu mieux la conclusion. "Le photographe" permet une vrai immersion dans la réalité de l'Afghanistan, c'est très fort. Même s'il manque quelque chose graphiquement, le voyage est dépaysant et nous ramène à notre condition d'être humain et que nous ne sommes malheureusement pas tous né au même endroit, sur un même pied d'égalité.

    ArvoBlack Le 30/08/2025 à 22:19:34

    "Anaïs Nin" est un voyage sensuel au cœur de la pensée, entre désir et amour, entre imagination et réalité. Une lecture à part qui nous fait voyager dans une forme de liberté artistique, passionnée et sexuée ; où l'imagination débordante laisse place aux fantasmes. C'est difficile de décrire l’œuvre, car elle se démarque d'autres lectures dans la même thématique. Léonie Bischoff donne un sens et une force aux mots, renforcés par des illustrations aux traits multicolores, aux formes rondes et harmonieuses, à la nature.

    La bande dessinée est percutante, c'est très bien écrit, dans sa manière de rentrer dans l'intimité de la narratrice (Anaïs Nin) avec une extrême douceur, presque innocente, d'y voir ses conflits intérieurs, ses refoulements, ses désirs, ses névroses, sa soif d'être elle-même et révéler les pulsions de son corps, face aux pensées qui la submergent ; en tant que femme, en tant qu'artiste, en tant qu'amante. Parsemées de phrases et de citations qui prennent toutes sens et résonnent encore. Il s'agit d'un très beau voyage rempli de plaisirs, de contradictions, d'hésitations, mais qui rempli l'esprit d'un flux d'énergie inspirant, donne une forme de beauté, va au delà du couple et touche à l'universalité du désir en tant qu'individu.

    Si le dessin est minimaliste et léger dans les formes, de grands yeux ronds, des nez grossiers, des corps plats, il possède un beau mouvement, un excellent travail sur les ambiances et les couleurs, cela correspond complétement à l'univers créé et insufflé par Anaïs Nin. Une œuvre pour la liberté d'expression et la libération du désir, tout en douceur et en poésie, qui mène à réflexion et à sensations.

    ArvoBlack Le 29/08/2025 à 23:31:27

    Dommage pour cette suite de "Gipsy" qui s'éloigne de la ligne directrice initiale et ne propose pas de suite proprement définie à part le T5 qui clôture maladroitement le cycle avec l'Aile Blanche. L'environnement n'est pas le même entre chaque tome avec un renouvellement total des personnages à part le Gipsy et sa soeur. Si j'ai beaucoup apprécier le T4 avec de nombreux clins d'oeil à plusieurs auteurs de BD : Desberg, Smolderen, Achdé et surtout Felix Meynet dit "Le Rocher Savoyard" avec ses personnages dessinés par Marini : Fanfoué et Mirabel par exemple.

    Le T5 pourtant suite logique du premier cycle m'a fait perdre une partie de l’intérêt pour la série, sous la forme d'un thriller, lourd narrativement parlant et moins intéressant, malgré la justesse du dessin. Le dernier tome, le T6 ne permet pas non plus de lier l'ensemble et propose une quête annexe, pas déplaisante à lire, mais qui n'apporte pas grand chose.

    Le dessin est également changeant, notamment entre le T4, très underground dans le traitement de l'image (comme les tomes du cycle précédent) qui donne un certain charme à l'univers du Gipsy. Puis le T5/T6 avec un dessin très lisse, plus moderne avec des couleurs chatoyantes. J'ai une préférence pour l'atmosphère du T4. Les ambiances ne sont pas les mêmes et cela se ressent, cela n'en fait pas une série totalement cohérente aussi bien dans la narration que dans le dessin de Marini, pourtant très réussi : mouvements et perspectives notament.

    En conséquence, cette 2ème partie de Gipsy (pour moi, on ne peut pas parler de 2nd cycle) à moins de charme et d’intérêt, elle est moins trash et sulfureuse, se disperse et perd ce qui faisait son succès , même si l'humour du Gipsy est toujours bien là.

    ArvoBlack Le 28/08/2025 à 23:15:33
    Gipsy - Tome 3 - Le jour du Tsar

    On pourrait résumer "Gipsy" à une bande dessinée européenne, dont les personnages se tapent/tirent dessus à la manière des comics ou blockbusters américains, avec un dessin de personnages se rapprochant du manga japonais, c'est éclectique et étonnant.

    Le genre de la série est un récit d'anticipation avec l'audacieuse idée de créer une autoroute reliant les continents entre eux (pour remplacer l'avion qui génère une trop grande pollution), mais le style et les codes se rapprochent plus du genre "Heroic Fantasy" (Lanfeust, la Quête de L'oiseau du temps) avec beaucoup d'actions, un humour décapant (surtout de la part du personnage principal Tsagoï, en plus du sang, des coups de couteau et des poitrines généreuses. La grande force de "Gipsy" est que c'est une série qui ne se prend pas complétement au sérieux, le rythme et les actions sont très fluides au détriment de la psychologie des personnages complétement mise de coté. Si le T1 montre un dessin rond et des couleurs timides, le T2 et T3 sont beaucoup plus vivants graphiquement et rattrapent les quelques incartades du début de la série.

    En résumé, c'est un très bon cycle (en 3 tomes), une des séries les plus réussi de Smolderen à mon avis , c'est dynamique, le dessin est très bon (notamment le T2 et T3), l'action, le mouvement et les ellipses donnent un cocktail détonnant pour un T3 en apothéose marqué par de beaux retournements.

    Préférant les récits avec un peu plus profondeur, j'ai tout de même passé un bon moment à la lecture de "Gipsy", plus travaillé sur le dessin que ne le laisse transparaitre le récit, le travail sur la lumière par exemple : le moment ou le Gipsy sort le violon pour le mariage de sa soeur, c'est admirable et touchant ; le jeu clair-obscur y est pour beaucoup dans le rendu émotionnel qui illumine l'histoire.

    La fin du cycle laisse présager une suite évidente car toute l'intrigue n'est pas encore résolu (L'aile blanche, la Sorcière), et j'espère avoir un peu plus de contexte et d'explication sur cette autoroute C3C qui longe 3 des 5 continents, à voir donc pour la suite.

    ArvoBlack Le 27/08/2025 à 22:28:54
    GTO - Tome 8 - Volume 8

    "GTO" est une série que je découvre sur le tard avec le trait affirmé de Fujisawa Toru. La force de la série vient surtout du découpage qui propose des surprises fréquentes, avec des retournements de situations inattendus qui bouleversent le récit, des illustrations en pleine page ou en double page qui soulignent une situation, un lieu, mais surtout une émotion. L'expressivité des personnages va à l'excès, des caricatures à l'extrême : amplification des rides du visage, exagération des expressions, transpiration ou crispation excessive, tout comme des situations loufoques et complètement tirées par les cheveux. On retrouve les codes graphiques connus du manga, mais aussi tout le savoir-faire Japonais en matière de narration, de rythme et d'intensité.

    Le propos initial est axé autour de l'obsession d’un professeur en devenir pour les femmes, notamment leurs culottes et les mini-jupes des uniformes des lycéennes ; un argumentaire sordide qui servira de vecteur pour la construction du récit et des personnages. Malgré le côté voyeur et le passif de yakuza du dénommé Eikichi Onizuka, on se rend compte que le personnage principal a tout de même un cœur, il reste humain et entier, c’est ce qui le rend attachant. Il est “socialement intelligent”, mais ne montre aucune envie d'enseigner ou de transmettre à ces élèves, mais plutôt de faire régner l'ordre ou sa propre loi au travers de techniques bien personnelles, c'est dans cette façon bien à lui de gérer les problèmes que la série va gagner en puissance et en intérêt, malgré son côté puéril. Eikichi reste très imprévisible et doté d'une certaine intuition maladroite pour la justice (à sa façon), c’est un homme mystérieux, difficile à cerner dans les 3 premiers tomes, la suite permettra de le connaître un peu plus. Fujisawa Toru arrive à introduire dans le personnage de Onizuka une certaine philosophie de vie qui le suivra tout au long de la série.

    Les personnages secondaires sont moins attachants et ne s’incarnent pas aussi facilement. Avec de nombreuses boutades et actions loufoques, "GTO" montre un récit décalé, décapant, un brin philosophique (pas assez à mon goût) avec beaucoup de références culturelles sur le Japon qui conviendront à un public adolescent et jeune adulte, moins à un public plus mature ; cela peut réveiller une certaine nostalgie ou mélancolie pour ce dernier, mais la psychologie des personnages est mise de côté contre l’action et l’extravagance.

    Sur la durée et c'est bien le plus gros problème de la série, la structure a du mal à se renouveler et à proposer véritablement du neuf malgré le nombre de nouveaux personnages qui défilent ; tous ne sont pas intéressants. Et parfois, une situation s’étale sur un tome complet sans renouvellement, si l’arc narratif déplait à ses débuts, difficile de montrer de l'intérêt ensuite (les récits avec Toroko dans le T4/T5 et Kanzaki dans le T7 et T8 sont trop long et sans intérêt pour moi). Certaines parties sont très fouillis par le nombre de bulles et d'anecdotes humoristiques qui parcourent les cases, en plus du “brouhaha” d'onomatopées existantes. La série ouvre de nouveaux arcs narratif, introduit de nouveaux personnages mais ne les développent pas suffisamment ; les personnages défilent sans forcément être à la recherche du fond du problème. "GTO" est provoquant sans tout le temps être constructif avec une impression qu'il n'y a pas d'évolution des relations entre les personnages (Par exemple entre Onizuka et la professeure Mme Fuyutsuki Onizuka et entre Onizuka et Mme Moritaka, la mère de l'élève Kunio Murai). Inexorablement, le récit stagne.

    En souhaitant faire de GTO un divertissement extravagant, parfois truffées d’invraisemblances, la série manque de consistance sur le long terme, on le ressent à partir du T3, c’est donc très tôt dans la série. Il faudra attendre le T6 pour reprendre un travail narratif plus sérieux, dynamique et qui prend un peu plus de temps pour développer et donner de l'importance à Onizuka, aux personnages et au récit. Mais on retrouve les mêmes poncifs sur le T7 et le T8, avec des propos très “pipi-caca”, "Il faut virer Onizuka de l'enseignement", “Parce que c’est une larve, un microbe” (l’argumentation est très pauvre), tout le monde semble en vouloir au “Great Teacher” en cherchant à tout prix à l’éliminer, c’est très lourd . J'ai arrêté ma lecture au milieu du T8, car beaucoup trop long et répétitif, surtout avec des histoires extravagantes et sans intérêt.

    Je suggère à minima les 3 premiers tomes pour se faire une idée, ensuite on répète le même schéma avec des personnages différents et il ne se passe pas grand chose. 25 tomes, c’est beaucoup trop (5 à 6 tomes seraient suffisants à mon avis).

    ArvoBlack Le 22/08/2025 à 15:19:05

    "L'aigle sans orteils" semble être un projet un peu plus personnel de Lax autour du cyclisme et plus particulièrement du Tour de France.

    Dans cette fiction, Amédée, homme robuste, décide de participer au fameux événement sur lequel il lorgne depuis quelques années. Il lui faudra donc faire des économies pour se payer un vélo de compétition, s'entrainer durement pour participer à la grande Boucle, et ainsi entrer dans la légende.

    Au delà de l'aspect sportif (je n'affectionne pas particulièrement le Tour de France, ni le cyclisme ; j'aime par contre les dessins de Lax), le rythme est hachuré (à la manière d'une étape du tour de France ?). Si les débuts commencent très progressivement, il faudra à peine une planche pour conclure sur le récit qui laisse sur ma faim. L'aventure est belle, mais j'ai le sentiment que Lax s'est perdu sur le dernier tiers et sur le "Comment conclure cette histoire ?". J'ai trouvé ça maladroit.

    Sinon, les personnages possèdent une belle énergie, à commencer par Amédée, mais aussi Camille Peyroulet l'astrologue avec qui notre personnage principal se lie d'amitié. D'autres personnages sont plus effacés, je pense par exemple à Adeline, la femme d'Amédée qui n'a pas son mot à dire.

    Également le dessin, toujours très qualitatif est un peu plus caricatural que "Sarane" et "La fille aux Ibis", mais il fonctionne très bien, notamment dans les rythmes et mouvements des personnages.

    ArvoBlack Le 20/08/2025 à 22:24:51
    Tintin - Tome 20 - Tintin au Tibet

    "Tintin au Tibet" m'a laissé sceptique, des personnages très bavards, un périple qui met du temps à se préparer, mais aussi à aboutir pour finir par une touche de fantastique (le yéti) qui clôturera ce tome de Tintin.

    Les personnages commencent à être bien cernés et la participation du capitaine Haddock dans l'aventure donne l'élan utile au rythme de l'aventure. Si les paysages enneigés laisse planer une ambiance méditative et de résilience, j'ai trouvé la dernière partie bien longue et sans grand intérêt, car j'ai du mal à transposer la psychologie introduite par son auteur et je n'y vois à mon sens, qu'un récit d'aventure lambda avec une espèce légendaire (le yéti) qui nous fait trop peu réfléchir sur notre condition d'être humain vis à vis de la Terre et des autres êtres-vivants.

    ArvoBlack Le 20/08/2025 à 22:19:02

    Sur un thème plus adulte et moins humoristique, il est plaisant de retrouver Zep avec "Ce que nous sommes". Roman graphique de qualité, papier épais en grand format. Esthétiquement, la bande dessinée est séduisante.

    Nous suivons les aventures de Constant, un jeune "augmenté" qui possède des capacités d'apprentissage supérieure grâce à l'implantation d'une puce reliée au serveur du "Data Brain Center", il lui suffit de charger des données depuis celui-ci pour apprendre une langue complète en 3 minutes, cela lui donne aussi la capacité de ressentir des expériences sans forcément les vivres réellement au travers d'algorithmes complexes créés spécialement pour l'expérience immersive. Sur ce postulat de départ, de nombreuses questions éthiques, écologiques et de notre propre condition humaine vont être mise sur la table. Des questions qui résonne à l'image de notre société moderne, mais que Zep aborde avec un regard progressif, au travers de son personnages principal Constant et de Hazel, une jeune femme pleine de ressources.

    J'ai beaucoup apprécié l'approche de "Ce que nous sommes", à nous poser des questions sur notre condition sans forcément donner de réponse directement, à ajouter des détails graphiques ça et là pour prendre conscience du monde dans lequel nous vivons, à remettre au centre des priorités la grande expérience qu'est la vie. Je reproche le nombre de planches tout juste suffisante pour aborder l'univers complexe créé par son auteur qui amène a une résolution partielle du postulat initiale. Cependant, c'est une œuvre sensible et modeste à laquelle Zep apporte une vraie fraicheur, en espérant que ce nouveau courant proposé par l'auteur se perpétue dans le temps.

    On retrouve facilement le trait de Zep, un style rond, dynamique, mais ici avec un rendu semi-réaliste. La lumière et ses ombrages sont minimalistes, sauf quelques scènes clés qui permettent de renforcer le coté émotionnel de certaines cases. Les planches en bichromie variable proposées dans le one-shot permettent également de créer des ambiances au fil des pages, c'est doux et agréable. C'est pour moi le roman graphique le plus sympatique de Zep que j'ai pu lire avec "Un bruit étrange et beau" qui mérite aussi lecture.

    ArvoBlack Le 19/08/2025 à 21:26:55

    Ce qui m'a attiré pour lire "Ascension", c'est cette couverture qui présente le personnage principal en plongée, avec sa robe bleue à carreaux en train de tourner, j'ai trouvé l'illustration hypnotique et mystérieuse. C'est ce qui caractérise le mieux cette jeune fille au prénom de "Ascension" du haut de ses 16 ans, emprunt aux rêves pour se protéger de la vie d'adulte, pour fantasmer sur un jeune garçon et sa trompette, pour s'effacer derrière la dureté de la vie et des hommes tyranniques. Un cochon volant en guise d'objectif et d'évasion, le seul moyen de s'accrocher encore à quelque chose et à la beauté de la vie.

    Ne reste plus que l'interprétation que l'on fait du one shot, qui décompose le récit sur différentes stratégies et laisse le lecteur parcourir les pages aussi librement que le fait "Ascension" et que l'étau se referme. Le thème mériterait d'autant plus d'approfondissement pour le rendre captivant.

    Je suis également partagé par le dessin aus traits trop épais mais avec un joli style et mouvement de son autrice, Séraphine. La couleur gâche une partie du voyage sans travail réel sur la lumière. Une baisse de la qualité graphique se fait également ressentir sur la dernière partie.

    Malgré la belle préface enjoué de François Schuiten, "Ascension" aurait mérité un peu plus de recherche graphique, une narration mais aussi une conclusion plus pointues pour être satisfaisant.

    ArvoBlack Le 18/08/2025 à 22:30:43
    Tintin - Tome 12 - Le trésor de Rackham le Rouge

    Au fil des tomes, on sent que la narration prend de l'expérience et se nourrit des erreurs des tomes précédents. "Le trésor de Rackham le Rouge" est synthétique, sans menace directe (pas de méchant) et dans l'action constante, l'album présente des personnages forts qui complètent bien le coté droit et sérieux de Tintin (que je n'affectionne pas tant que ça). Ainsi le Capitaine Haddock ajoute du piquant aux dialogues, souvent en train de râler, d'insulter, noyant sont désarroi dans l'alcool. L'arrivée et la 1ère apparition dans la série du Professeur Tournesol enflamme le tout à travers sa surdité maladive et ses idées farfelues qui le rendent unique et permettent de contraster avec les personnalités de Haddock et Tintin. Découle de ce trio une bonne synergie qu'il est plaisant de constater et de suivre, le début d'une histoire d'amitié qui durera entre les 3 protagonistes (+ Dupont et Dupond qui ajoutent un humour burlesque supplémentaire).

    Le dessin est d'autant plus dans l'exploration des lieux, ici le milieu marin ; un voyage estivale avec des plans dynamiques, des couleurs chatoyantes, le contraste est étonnant avec les premiers tomes qui sont très statiques. Celui-ci respire le récit d'aventure de bout en bout. Le dessin de Hergé est toujours très doux et les ellipses sont simples, le tome fonctionne dans son rythme qui fait que la lecture est fluide et qu'on ne s'ennuie pas, tant il y a du mouvement dans les lieux visités.

    ArvoBlack Le 18/08/2025 à 15:23:03

    Sur un trait délicat et soigné "La Fille aux Ibis" nous amène dans le contexte historique la révolution Roumaine de 1989, un professeur Stoian Mirtzu qui n'approuve pas les choix d'enseignements du régime communiste qui se ressent dans sa manière d'enseigner ses cours, il flirte également par négligence avec une de ses élèves Rodica, ce qui lui vaut plusieurs années de prison et de nombreux regrets. Il n'aura qu'en tête de retrouver cette jeune femme pour en connaitre un peu plus sur les raisons de son incarcération, mais aussi retrouver des souvenirs d'une jeunesse manquée par ce fait divers et un amour qui n'a jamais vraiment pris le temps de s'épanouir qu'en fantasme uniquement.

    La narration distille des éléments de l'intrigue au fur et à mesure, dans une Roumanie en proie à la propagande communiste, de nombreux personnages apparaissent au fur et à mesure sur un bon rythme. C'est avec beaucoup de délicatesse, que le lecteur fait la rencontre de protagonistes attachants, à commencer par Stoian et Rodica, les personnages principaux.

    Le dessin de Lax révèle une belle sensualité dans son mouvement et du caractère dans le trait, une lumière qui fait rayonner les paysages, les visages, les corps, avec un aspect contemplatif qui permet à la bande dessinée de prendre son temps et de s'émanciper sur environ 80 planches. La mise en couleur est également réussie avec parfois de très beaux effets, notamment de transparence.

    La tournure des événement ainsi que la conclusion n'en sera que plus belle, ramenant les souvenirs du passé, parfois difficile. Giroud et Lax signe ici un one shot sensible qu'il fait plaisir à lire et à suivre, une œuvre touchante.

    ArvoBlack Le 18/08/2025 à 14:59:47
    Tintin - Tome 5 - Le lotus bleu

    "Le Lotus Bleu" relève le niveau narratif de ce que sera Tintin à son meilleur avec les prochains tomes qui suivront celui-ci. Il manque encore une certaine dynamique pour rendre l'album captivant sur toute la longueur, avec parfois de longs dialogues, un découpage et des plans qui manquent de contraste (pas ou peu de plan d'ensemble ou gros plan), cependant, il y a une belle immersion dans la culture asiatique et chinoise. Si le récit est malin et se termine d'une belle manière, il aura fallu attendre un certain nombre de planches avant qu'en tant que lecteur, j' éprouve un intérêt pour le récit.

    Au niveau du dessin, c'est fidèle à Hergé, un trait rond et doux, une ligne claire propre et colorée, il manque encore les personnages clés qui feront le succès de la série (apparition tout de même des Dupont et Dupond pour la première fois et qui permettront à l'histoire de s'épanouir un peu plus). Le découpage mériterait également un peu plus de dynamique, avec plus de changements de plans, c'est toujours aussi incroyable que Tintin continue à vivre au travers des années et de voir qu'une édition augmentée est sortie début 2025 sur ce titre (124 planches au lieu de 62 planches dans l'édition couleur de 1946). Mon avis s'arrête sur le tome "Le Lotus Bleu" de 62 planches. de 1946

    ArvoBlack Le 14/08/2025 à 22:39:23
    Tintin - Tome 2 - Tintin au Congo

    Si Tintin est une série marquante de la bande dessinée franco-belge et européenne, il ne l'est pas avec le tome "Tintin au Congo" qui sonne comme un prémisse de l'homme à la houppette.

    Ce qu'on peut reprocher dans ce Tintin, c'est la pauvreté narrative, aussi bien que les personnages qui ne possèdent pas d’enveloppe, ni charisme, que cela soit pour Tintin ou les personnages secondaires. Il y a plusieurs incohérences et facilités dans le récit. Les péripéties s'enchainent de manières linéaires, au travers d'un découpage simpliste avec trop peu de changement de plan, ce n'est pas dynamique et en tant que lecteur, l'ennuie pointe rapidement son nez.

    De plus, "Tintin au Congo" n'a pas bien vieilli (sa version initiale date tout de même de 1930, une BD qui a presque 100 ans c'est honorable !) et reste sur des positions et réflexions qu'on pourrait qualifier d'ancestrales et dépassées, même le dessin avec cette manière de dessiner les personnes noires montre la fracture avec le 21ème siècle. Aucun animal n'a souffert pendant le tournage (braconnage), heureusement car ce sont des animaux de papiers, mais ce n'est clairement pas un "Tintin" dans l'ère du temps. Il peut se lire pour se divertir, intéressera les collectionneurs avec les vieilles éditions existantes, mais ne présente qu'un moindre intérêt au niveau du contenu par son manque de maturité.

    ArvoBlack Le 07/08/2025 à 22:20:33

    "Undercurrent" propose un récit introspectif, d'une grande délicatesse, à fleurs de peau avec la jeune Kanae comme personnage principal en centrant sa problématique autour des relations conjugales et du drame intra-familiale, lorsque les non-dits traduisent un mal être qui s'est installé depuis longtemps.

    Les personnages ne sont pas bavards (certains pas du tout comme Monsieur Hori), ils expriment difficilement leurs émotions et sont vite affolés dès qu'il y en a une qui les submerge, l’œuvre laisse volontairement de lourds moments de silence où l'expressivité du dessin prend le dessus sur le poids des non-dits. Il faudra attendre les dernières planches pour découvrir des personnages qui parviennent à mieux s'exprimer. Cela dit, "Undercurrent" reste très timoré sur son approche face à l'action et même face à l'émotion avec l'impression que la moindre confrontation ou action nécessite un effort considérable pour les protagonistes. Le rythme est donc lent et peut ne pas convenir à tous les lecteurs, ceux qui ont besoin d'un peu plus de rebondissements et d'actions entre autres.

    "Undercurrent" est l'exemple du manga plus adulte qui s'exprime différemment de ce qu'on peut voir sur le marché lucratif du manga, il a pour vocation de toucher à l'expérience de vie, avec une forme de développement personnel, très en douceur.

    Le dessin soigné rejoint la narration introvertie du one-shot pour donner un récit vivant. Je regrette cependant le manque expressivité visuelle des visages qui restent neutres et timides dans leur échange hormis quelques passages clés.

    Dans le même style avec la fugue d'un proche sans en connaitre la raison (qui semble être un fait reconnu et plus fréquent au Japon), "Quartier Lointain" qui se rapproche des mêmes thématiques m'a bien plus marqué dans l'état d'esprit.

    ArvoBlack Le 02/08/2025 à 14:16:24
    Borgia (Jodorowsky/Manara) - Tome 4 - Tout est Vanité

    Qu'est ce qu'elle est exubérante cette série "Borgia", dans la démesure et elle ne lésine pas sur la luxure, la torture, le politiquement incorrect, car tous les coups sont permis, même venant de la plus haute instance religieuse : la papauté.

    Sans présenter une once de culpabilité, la famille Borgia est prête à tout. Cela pose quelques problèmes au niveau des personnages qui ne possèdent aucune limite, aucune éthique, aucune nuance dans leur état d'esprit et vont vers tous les excès imaginables de corruption, ils ont perdu en eux ce qui leur restait d'humain (respect, tolérance, gratitude, confiance) cela en devient même redondant et semble facile car il n'y a pas d'adversaire de taille contre la famille Borgia. Tout ça pour dire que toute cette haine envers le monde et l'humanité ne rend pas les personnages attachants, c'est ici le contexte historique qui desservira l’intérêt du récit, et non pas la psychologie bancale des personnages qui restent des animaux dans leurs comportements. On pourrait faire une comparaison avec "Game Of Thrones" dans la quête du pouvoir, cependant "Borgia" est d'autant plus décadent que le dessin permet d'en montrer bien plus qu'un film ou une série, car les personnages de papiers peuvent ne pas avoir de dignité, ils sont fictifs et à la merci de leurs auteurs. Derrière un personnage de film, il y a un acteur...Bref, tout ça pour dire qu'il est difficile à adapter au cinéma sur un format aussi violent, la bande dessinée semble le média le plus approprié.

    Sinon, c'est totalement dans les cordes de Jodorowsky et Manara qui ont su trouver une série qui leur correspond.
    Jodorowsky pour l'exubérance, le récit farfelu. Manara pour les très belles illustrations, représentation du mouvement et sensualité des corps. Car oui, au niveau du dessin, c'est du très haut niveau, avec toute la palette de ce que sait faire Manara et il s'en donne à cœur joie, une magnifique mise en couleur, des grandes scènes d'orgies monumentales, des coups d'épées et de couteaux bien placées, des bras et des jambes qui tombent, avec toute l'expressivité de violence ou de jouissance nécessaire sur les visages.

    En revanche, je trouve que le récit se noie dans son propos et dans les excès sans limite des Borgia, c'est très trash mais le récit n'avance pas tant que ça, le lecteur reste voyeur de toute cette folie, fantasme sur des pratiques étranges (qui ont historiquement été infirmé, notamment les histoires d'incestes entre Lucrèce et son père ou Lucrèce et son frère César). Mais il n'y a pas de ligne narrative stable sur le T2, T3 et T4. Et encore moins dans le T4 qui conclut très rapidement ce grand délire. Bref, cette série est un défouloir à ciel ouvert, on y voit les pires atrocités, c'est le musée des curiosités, amené par de superbes illustrations.

    Malheureusement, le récit est lui aussi saccagé par les Borgia qui font clairement n'importe quoi et reflète une vision fantasmé de la famille et la papauté, même si je ne doute pas qu'historiquement, il y a eu pu y avoir de la corruption, de la violence et de la luxure.

    ArvoBlack Le 01/08/2025 à 23:44:14
    Lova - Tome 2 - Tome 2

    On peut rapprocher le diptyque "Lova" du one-shot "Fanchon" du même auteur qui lie la thématique autour de l'enfance, des souvenirs et la mort de son prochain. Ainsi "Lova" qui parait être une histoire simple et prévisible au début du T1, renverse la vapeur dans le T2 pour en faire une œuvre noire et impactante, dans un esprit thriller. Ainsi l'histoire de cette famille meurtrie et de cette poupée devient d'autant plus bouleversante et nous poussent à vouloir connaitre le dénouement. Le récit se déroule sur plusieurs années, les personnages ont le temps d'évoluer et c'est tout ce qui donne de la force au récit.

    Par contre, la mise en couleur de Jadoul gâche une partie du dessin, trop simple avec un manque de profondeur, notamment les visages qui perdent en expressivité à cause de la couleur et ce même si le travail au trait de Servais est toujours très réussi, c'est dommage. Peut-être l'édition intégrale en noir et blanc a un meilleur rendu ? Coté illustration, même chose pour les couvertures des 2 tomes qui pour le coup ne sont pas réussi à mon gout et ont retardé mon envie de lire la série. Heureusement, cette histoire d'enfant-loup rattrape le reste par un enchainement d'action qui permet d'être dans l'incertitude constante sur ce qu'il va se passer.

    "Lova" reste une agréable surprise de la part de Servais dans la collection "Aire Libre" (Dupuis).

    ArvoBlack Le 31/07/2025 à 21:38:12

    Jean-Claude Servais aborde l'histoire de "Fanchon" de manière un peu différente de celles auxquelles il nous a habitué. Parce que "Fanchon" est un souvenir du passé, elle vit au travers des personnages qui ont vécu avec elle, c'est la mémoire de la jeunesse, de la liberté, des premiers émois amoureux, de la féminité, de l'amour pour la nature et la foret, elle représente un souvenir ancré pour le personnage principal (Séverin).

    Les illustrations de Servais, portées par le travail de mise en couleur de Raives, nous ramène à la série "Mémoires des arbres" dont ce tome aurait pu largement faire partie. Car oui, la nature et la forêt sont des thématiques dominantes de sa bande-dessinée qui sert de faire-valoir pour ranimer une seconde jeunesse. Un beau trait, avec les hachures qui donne tant de profondeur aux illustrations et toujours un travail fou sur l'ambiance des paysages et les détails (la maison d'Ambroise et ses tavaillons représentés tous un à un par Servais, chapeau !).

    J'ai été touché par ce one-shot, moins par la jeune "Fanchon" comme a pu l'être "La Belle-Coquetière" ou "Tendre Violette" par exemple. Mais l'ambiance qui émane de cette jeune femme permet d'en faire une œuvre audacieuse sur les mémoires de vie qui mérite lecture, de préférence allongé dans l'herbe ou sous un arbre en période estivale !

    ArvoBlack Le 30/07/2025 à 22:24:21

    Sur un sublime dessin réaliste de Lax, "Sarane" nous emmène dans de chaudes contrées où le désir se confond avec solitude, où le passé surgit du présent pour mieux l'entraver. La bande dessinée possède quelque chose de très atmosphérique, axée sur les détails ajoutés ça et là. La richesse des illustrations est amené par un très beau travail sur la lumière et et les couleurs.

    Les personnages manquent d’enveloppe, c'est le récit et sa construction qui prévaut devant la maturité et la complexité des personnages. Une histoire qui se noie quelque peu dans la chaleur désertique pour en oublier l'essence. également, cette fin qui décide de ne pas révéler les tenants et aboutissants du récit, par facilité ou négligence, qui pour le coup ne permet pas une conclusion pleinement satisfaisante. Un one shot correct qui montre tous les talents de Lax, même s'il manque une étincelle narrative dans la dernière partie.

    ArvoBlack Le 30/07/2025 à 22:03:01

    "L'Angelus" semble être la perle de la série "Secrets", en tout cas, tous les marqueurs sont verts pour dire que c'est une excellente BD.

    Je découvre dans ce diptyque tout le talent de José Homs en tant qu'illustrateur, de la profondeur, des perspectives complexes, sa connaissance de l'anatomie humaine, une mise en couleur incroyable et une régularité de trait sur l'ensemble en font un excellent dessinateur. Les personnages ont des traits caricaturaux (bouches, yeux, oreilles) qui les rendent tous très expressifs. Également sa représentation du mouvement, quelques emprunts au style de Jordi Lafebre, donne un dynamisme réussi et convaincant en plus du découpage. Cela me donne envie d'en découvrir plus sur cet auteur.

    Il suffit s'ajouter au talent de Homs, celui de Frank Giroud, pour obtenir quelque chose d'étonnant, de détonnant même ! L’œuvre est à la fois mystique, mais aussi très humaine car le récit de Clovis, c'est avant tout une aventure humaine. Un homme à la recherche de son passé suite à un déclic : un tableau du peintre Millet au musée d'Orsay. Clovis change alors physiquement et psychologiquement au fur et à mesure qu'il découvre l'histoire de son passé. Les séquences et situations sont excellentes, les personnages s'incarnent complétement, en phase avec l'ensemble, tout est cohérent. Il suffit de comparer Clovis entre début de T1 et Clovis en fin de T2, environ 110 planches pour découvrir la métamorphose et un homme nouveau qui redécouvre la vie par introspection sur lui-même, une forme de développement personnel en cherchant des réponses à des phénomènes que le personnage n'a pas immédiatement saisi, mais qu'il sent instinctivement et qu'il doit travailler.

    Homs / Giroud, un duo d'auteur de choc, qui l'aurait cru, car pour moi c'est une pépite, un chef d’œuvre de la bande dessinée.

    ArvoBlack Le 29/07/2025 à 21:58:07

    Ce que j'aime avec Gillon, c'est qu'il travaille et réfléchit a ses personnages en amont, le dossier en post-face montre l’intérêt qu'il éprouve dans la recherche de ses personnages. Ainsi l'innocente "Valérie" est à l'opposé de ce qu'on a l'habitude de voir en bande dessinée pour un personnage principal. "La Veuve Blanche" (Valérie) est antipathique, complexe, exécrable sur de nombreux points ; sans le vouloir et même sans rien faire, elle dégage une force, a une emprise sur son environnement, notamment la gente masculine qu'elle-même ne peut pas contrôler. Les situations et événements deviennent alors rocambolesques.

    Ce qui m'a dérangé, c'est qu'il est difficile de s'attacher au personnage de Valérie, sexy mais rapidement antipathique et qui, j'ai l'impression, ne prend aucun plaisir dans ce qu'elle fait, ni ne se pose la question de se qu'elle dégage comme énergie. Les situations loufoques s'enchainent mais Valérie ne fait pas vœux de culpabilité, ni de remise en question. Ce personnage hermétique m'a rendu quelque peu indifférent à son histoire, qui se conclut de manière rapide et hasardeuse. Valérie est un personnage expérimental qui malheureusement dans le contexte de "La Veuve Blanche" ne fonctionne pas malgré toute la bonne volonté du récit, ce dernier s'enferme dans un mécanisme où il est difficile de sortir. A la fin de la lecture, j'ai cette impression amère qu'il ne s'est pas passé grand-chose sur 80 planches.

    Si je dois retenir quelque chose du one-shot, c'est son dessin, admirablement illustré, quelque chose de réconfortant. Mais aussi le dossier en post-face qui permet de comprendre un peu mieux la perception de Gillon vis à vis de ces personnages féminins et leur construction/personnalité.

    ArvoBlack Le 27/07/2025 à 22:51:52

    "Mauvais genre" est la première bande dessinée que je lis de Chloé Cruchaudet. Loin m'en faut, je suis agréablement surpris par l'originalité du propos, aussi bien que la manière dont la narration est tournée.

    Concernant le dessin, c'est très fluide, le trait est économe et optimisé, c'est à dire que les plans d'ensemble captent une atmosphère juste sans trop de détails et de fioritures. Mais quand cela est nécessaire, les plans rapprochés et les gros plans possèdent suffisamment de détails pour sublimer les expressions, la gestuelle des personnage, le dosage du trait est excellent, de même que le mouvement et le découpage, c'est très dynamique.

    Ainsi le récit est fluide, sans temps mort et longueur notable. Ne reste plus que le propos qui peut plaire ou non, car l'histoire est en soi des plus originales (et tirée d'une histoire vraie) : un homme se travesti pour échapper à la guerre et au front ; il attendra (longtemps) ensuite pour être amnistié, ce qui lui permettra redevenir un homme en société.

    Le ton de "Mauvais Genre" est dramatique, car le propos est sombre, cela en fait d'autant plus une œuvre percutante, avec ses moments de folies, de plaisirs ou de dégouts. Un très beau one shot qui mérite bien son Fauve Prix du public (2014) !

    ArvoBlack Le 22/07/2025 à 21:28:18
    Dinosaur Bop - Tome 1 - L'odeur des filles

    "Dinosaur Bop" est une revisite du monde préhistorique au travers des mœurs de la société contemporaine existante ; sans savoir directement si la série est racontée dans le futur ou le passé, les anachronismes y sont forts nombreux. Malheureusement, l'humour fonctionne sur certaines séquences mais le récit ne se suffit pas à lui-même. Car oui, faire rire est une chose, mais trouver une histoire équilibrée et pertinente en est une autre, or dans le premier tome, les situations sont incroyablement lourdes et exubérantes, surtout portées par l’exhibition de poitrines généreuses à la plastique étrange. Malheureusement, cela manque immanquablement de consistance.

    "Dinosaur Bop" nous ramène tantôt à l'aspect primitif de l'humanité, tantôt dans une époque plus intelligente mais en tant que lecteur, je n'y trouve pas mon compte car la bande dessinée ne fait pas de choix tranché sur l'un l'un ou l'autre, ni le pourquoi du comment ? Ce qui amène cette société préhistorique à être aussi moderne, grâce à une faille temporelle ? Nous sommes dans le flou artistique. L'auteur joue surtout avec le décalage temporel entre les objets et les personnages, ainsi que la vie à moitié dévêtue pour y ajouter du piquant et de l'humour. Mais ce n'est pas suffisant et la fin conclut en une seule planche confirme le manque de recherche au niveau du scénario, c'est amené trop brusquement, cela manque d'idées claires et initialement définies sur le récit. Les personnages ne sont pas non plus attachants pour un sou.

    Le dessin est stylisé, avec un trait épais et rectiligne qui le rend atypique. Cela donne un trait brut aux personnages qui paraissent moins organique, rapproche le rendu du comic américain avec des couleurs flashy et criardes. Je ne me suis pas expressément fan des illustrations, malgré le jolie travail de composition, le cadrage et la perceptive des cases.

    C'est donc plutôt un "Dinosaur Flop" qui me fait penser en revanche à une série plus pointue "Chroniques de l'ère Xénozoïque" qui reprend un univers anachronique similaire pour en faire une œuvre de SF bien plus percutante (dépourvue du genre humoristique mais pas d'humour en tant que tel).

    ArvoBlack Le 21/07/2025 à 21:33:21
    Secrets - L'écharde - Tome 2 - Tome 2

    "L'écharde" de la série "Secrets" semble classique au premier abord, la proposition est tel que le premier tome prend du temps à décanter. C'est dans le deuxième tome que se joue la meilleure partie du diptyque avec une conclusion qui aura le mérite de fonctionner.

    Dans un premier temps concernant le dessin, il est moyen et c'est la chose la plus décevante du cycle. Duvivier est minimaliste dans son trait et surtout au niveau de la lumière (ombrage et valeurs), les couleurs sont très basiques. D'autant qu'il se glisse plusieurs erreurs de proportion (mains, têtes) qui bâclent une partie du plaisir graphique, les mains sont particulièrement grossières et mal dessinées lorsqu'elles ne sont pas sur un premier plan. Le trait du second tome est également plus lâché et la ressemblance des personnages diffère d'une case à la suivante.

    Concernant le récit, le T1 met trop de temps à décoller avec quelques longueurs ressenties. Le T2 représente le cœur de l'intrigue, les révélations arrivent au fur et à mesure, elles renversent la vapeur pour une conclusion qui rattrape le reste avec une vision réaliste sur la situation. J'ai trouvé la dernière partie plus percutante au niveau des dialogues, les personnages s'interrogent d'autant plus sur leur condition, leur famille, le déni et le trop-plein émotionnel ; ils restent très entiers, ce qui les rend humains.

    Conclusion : la narration est satisfaisante et le travail d'écriture mérite qu'on s'y attarde, dommage que le dessin ne suive pas et qu'on se retrouve parfois avec des erreurs graphiques qui m'ont sorti du récit et empêché d'apprécier pleinement l'histoire.

    ArvoBlack Le 16/07/2025 à 22:51:56
    Après-Guerre - Tome 2 - Blocus

    Suite de la série "Les Temps Nouveaux", le cycle "Après-guerre" reprend le flambeau avec les personnages phares de la série : Thomas, le Père Joseph, Firmin, Lucie, Alice et la ténébreuse Assunta, en présentant également de nouveaux personnages (Bénédicte, Marie-Louise, Bernadette la fille de Thomas).

    Si le dessin est toujours fidèle aux deux auteurs, avec un style très apprécié, une magnifique mise en couleur et un soin particulier apporté dans ce cycle aux bâtiments, paysages, détails de Berlin et Paris ; le récit lui, est beaucoup plus alambiqué.

    C'est notamment du au fait qu'il y a beaucoup trop de personnages qui partage un rôle principal/important ; le récit n'est pas centré sur un ou deux protagonistes, on ne sait vraiment plus qui est le narrateur. S'ajoute à cette complexité beaucoup trop de faits historiques généraux décrits dans les cartouches qui n'ont pas de liens tout à fait directs avec l'histoire raconté. En définitive, "Après-guerre" ne va pas à l'essentiel et se perd outre-mesure dans son récit : on s'en fiche de la vie d'Alice au final, pourquoi lui accorder 2/3 planches dans ce cycle ? De même que le récit autour de Assunta ne prend pas le temps de s'épanouir, ni d'exprimer une certaine empathie envers sa condition. Que dire de la relation entre Thomas et sa fille, Bernadette qui reste très stéréotypée et sans nuance.

    De plus, il a très peu d'action dans ce diptyque, le dynamisme est créé par les changements de plans fréquents lorsque les personnages dialoguent, cela fonctionne et permet de capter l'ambiance de l'époque avec des plans plus large, mais cela ne remplace en rien l'action pur, c'est très monotone.

    Il y a matière a raconter dans "Après-guerre", mais c'est le découpage et le choix de laisser autant d'informations historiques et narratives au lecteur qui rend l'appréciation difficile, sonne incomplet et insatisfaisant. Je n'ai pas forcément envie de lire la suite, malgré le très beau dessin, fidèle à la série.

    ArvoBlack Le 14/07/2025 à 22:01:08

    Deux auteurs italiens, maitres en la matière, l'un scénariste (Pratt), l'autre dessinateur (Manara) s'associent dans "Un été indien" pour donner une œuvre western historico-érotique pleine de sens. La première chose qui saute au yeux est la cruauté dépeinte dans la bande dessinée : c'est brutal, violent, incestueux.

    Un récit taillé pour être dessiné par Milo Manara qui s’applique à merveille pour donner du sens et de l’esthétisme à l'histoire. Ainsi, c'est une claque visuelle sur chaque planche. En plus des détails et expressions apportés aux personnages (européens et amérindiens), des soins particuliers sont proposés sur les costumes et vêtements, dans les scènes de combats représentées par de grandes fresques, dans l'expressivité globale des personnages et le mouvement qui sont extrêmement vif et fluide. Il n"y a que la mise en couleur qui a perdu de sa superbe sur l'édition originale.

    L'introduction muette (pas de dialogue) propose une première mise en abime sur ce qui va suivre dans "Un Été Indien" au travers d'un récit solide basé sur les connaissances et le savoir-faire de Hugo Pratt, le scénariste parle d'ailleurs en fin de récit de sa passion pour cette époque. Au delà de l'aspect historique, la narration fait en sorte d'être tout le temps en mouvement, les personnages se bougent sans interruption pour donner une impression constante de dynamisme et de mouvement au fil des scènes.

    "Un Été Indien" est une belle bande dessinée avec des personnages forts qui décrit et remet en question une époque maintenant révolue au travers d'un western rythmé et attelant sans pause, ni essoufflement.

    ArvoBlack Le 12/07/2025 à 23:22:08

    Qu'il est réaliste le dessin de Jeronaton dans "Champakou", des peintures remplis de détails avec une très belle représentation de la lumière, des costumes traditionnels et de la sensualité des corps. Cependant, je me pose la question de son adaptation par rapport au récit fantastique qui a besoin de mouvements et de dynamique pour s'épanouir. Or dans le cas de "Champakou", les illustrations d'une beauté confirmée restent figées, ancrée, là où un aspect plus graphique et vaporeux permettrait une plongée onirique et songeuse. C'est le même problème qui se posait avec la série "Le Mercenaire" de Segrelles dont la technique de dessin se ressemble, je trouve que cela fonctionne moyennement en bande dessinée.

    Le découpage est mou et le récit est également vieillissant avec des personnages qui subissent leurs sorts, plus qu'ils n'essayent de se développer et d'évoluer. Certes, cela permet de découvrir des croyances de la civilisation Maya, mais la partie avec le vaisseau et la magicienne bleu donne l'impression étrange d'un gag hors propos car l'histoire ne nous a pas assez préparé à cette éventualité. Également le fait que la pulpeuse extra-terrestre magicienne soit un caméléon qui peut changer d'aspect comme elle le souhaite, mais en revanche pas besoin de le démontrer sur 4 planches...si ce n'est pour apprécier la plastique et le détails du corps azur de la magicienne.

    J'ai eu l'impression de lire un "Thorgal" mal foutu qui étale sa science dans les dialogues et son savoir sur cette culture sud-américaine, qui s'étale également au niveau de la finesse et des détails esthétiques mais ne parvient pas à canaliser l'ensemble du récit pour en faire quelque chose d'impactant et pertinent.

    ArvoBlack Le 10/07/2025 à 22:00:44

    Anthony Pastor livre avec "La femme à l'étoile" un western froid et brutal, où le simple fait de pouvoir se réchauffer les mains au coin du feu fait du bien.

    Pour le récit, il ne dénote pas avec le genre et reste classique pour un western : un village perdu, un homme, une femme, une rencontre, deux passés...Quelques moments d'introspection ou d'intimité pour les deux protagonistes (Zachary et Perla) qui permettent de réchauffer cette atmosphère glaciale. Des longueurs se font sentir au début (la rencontre) et à la moitié du récit, mais le champ d'action de la dernière partie où l'on retient son souffle rattrape ces dernières. "La femme à l'étoile" tire alors son épingle du jeu. Les personnages sont intéressants à commencer par Perla, mais aussi l’exécrable Pierce qui est l'exemple même de la folie, le personnage principal Zachary est quelque peu effacé et manque de charisme.

    Le dessin est beau, sur des tons froids (la couleur bleu est dominante dans la BD), un trait épais, qui manque parfois de définition à mon gout. Même si le trait est intelligible et n'entrave pas la compréhension de l'histoire, je l'aurais apprécié plus délicat, mais cela ne tient qu'a moi. Cela reste tout de même agréable visuellement avec des changements de plans fréquent, de jolies séquences et un bon découpage.

    Je pense qu'Anthony Pastor est un auteur à suivre qui réserve des surprises à l'avenir.

    ArvoBlack Le 07/07/2025 à 22:19:51
    Je suis un Vampire - Tome 4 - La Résolution

    Dans le genre badass, "Je suis un vampire" coche de nombreuses cases : humour tranchant, pin-ups dénudées, du trash, des bastons. Le tout dans un style très comics américains en N&B avec de grands aplats de noirs.

    Le récit est simple à comprendre et la clé de réussite de la série réside dans personnages qui possèdent de belles personnalités qui les rendent uniques et attachants. Ils s'incarnent complétement, à commencer par "L'enfant sans nom" qui se pose de nombreuses questions existentielles du haut de ces 11-12 ans, malgré qu'il ait déjà vécu 5000 ans, il garde à la fois cette innocence de la jeunesse, mais aussi la sagesse des années passés sur terre, j'aime beaucoup ce contraste qui le rend plus vulnérable que son immortalité elle-même. Les personnages secondaires ne manquent également pas de caractère : Fever, Ours Calme, Nuage du soir. Même Ahmasi, la rivale immortelle de "L'enfant sans nom" est un personnage efficace, certes un peu trop machinéen, avec sa torpeur, son sex-appeal et son exubérance.

    Si le T1 et le T4 montrent des longueurs scénaristiques, c'est au cœur du cycle avec le T2 et T3 que se passent les moments les plus intenses, à la fois décalés, avec de belles surprises narratives, mais aussi des réflexions historiques et philosophiques diverses qui poussent la série un peu plus loin qu'on aurait pu le croire. Je regrette la vitesse à laquelle se termine le dernier tome (84 planches pour le T4 VS 128 planches pour le T1 et T2), même si la conclusion reste bonne.

    Le trait piquant de Risso donne une vraie ambiance à la série avec de très beaux jeu de clair-obscur, cela ajoute du mordant, un effet dramatique et de surprise à la série.

    Résultat : nous avons ici une œuvre unique en son genre, un aspect fantastique qui aborde un ton dramatique typique de la BD européenne se mélangeant avec le genre super-héros des codes du comics américains dans son extraversion. C'est fort habile, ça se lit facilement, c'est puissant.

    ArvoBlack Le 03/07/2025 à 21:56:58

    "La neige était sale" est une adaptation d'un roman de Georges Simenon qui traite d'une bande de voyous qui récupèrent illégalement des biens privés et les monnaient durant la (seconde) guerre.

    La première chose notable est le dessin de Yslaire dans ce one-shot, sur des tons gris prédominant apparait quelques couleurs chatoyantes selon les planches : fuchsia, rose, sépia, bleu. Avec un trait gras, Yslaire expérimente de nouvelles formes d'illustrations avec une ligne claire partiellement définie dont je ne suis pas explicitement fan. Les personnages ont un faciès atypique, parfois douteux dont il est difficile de faire ressortir l'age (Frank, Sissy et Minna sont de bons exemples).

    La récit retranscrit une histoire sombre, un polar mystérieux très auto-centrée autour du personnage de Frank. La narration racontée à la deuxième personne du singulier donne une distance certaine avec le narrateur (Frank) et les actes malhonnêtes qu'il commet. Frank n'est pas non plus un personnage des plus chaleureux, une certaine distance opère avec lui en tant que lecteur. Bien que le récit soit difficile, il y a certains moments de flottements, je suis partagée concernant cette adaptation littéraire et un style de dessin qui me plait moyennement. La police choisie pour les cartouches n'est pas top. Bref, la bande dessinée se lit bien, mais il n'en ressort pas grand chose.

    ArvoBlack Le 01/07/2025 à 23:01:26

    Sur une idée originale, "Le mangeur d'histoires" propose de faire sortir des personnages fictifs de romans tel des fantomes pour les intégrer dans le monde "réel".

    Si la lecture est plaisante, je la trouve néanmoins timide aussi bien pour les personnages que le style de l'histoire. Je retrouve les mêmes reproches que j'ai pu faire sur la série "Horologium" du même auteur. C'est très lisse dans l'écriture ; le récit est limpide, mais il y peu d'introspection dans les personnages, ils manquent de personnalité, d'une enveloppe qui les rendent attachants et surtout plus humains. Les second rôles sont rapidement fades (Saint-Illiède, le docteur Wiene et sa fille). La narration se permet aussi peu de moments de doutes ou de folies, le rythme est trop linéaire.

    Le trait de Lebault est précis et minimaliste, si le mouvement est beau et bien présent, il manque de vivacité et d'énergie. C'est la simplicité des morphologie, le manque de détails et les traits des personnages qui les rendent peu intéressants visuellement, autant que psychologiquement.

    "Stella" de Cyril Bonin aborde une forme narrative similaire o% l’héroïne d'un roman sort de son livre pour embrasser le monde "réel", mais c'est abordé avec plus de classe, de refléxions et l'aspect philosophique est plus poussé que le one shot de Lebault. Je conseille donc ce dernier en comparaison.

    ArvoBlack Le 29/06/2025 à 21:55:22
    Face de lune - Tome 5 - L'œuf de l'âme

    "Face de Lune" propose une dystopie sur fond de course au pouvoir entre les aristocrates religieux, les pouilleux anarchistes venus des égouts et le contre-ordre religieux (secte) suite à des histoires de familles. Peu habitué aux scénarios de Jodorowsky, j'en découvre ici toute la créativité, mais aussi l'étrangeté : par les dialogues, par l'extraversion des personnages, par cet univers-bidonville du futur loin d'être des plus chaleureux. Heureusement dans ce méli-mélo apathique, le personnage de Borrado (alias "Face de Lune") saura maintenir la beauté et le mysticisme dont la série a besoin pour s'élever.

    Avec une introduction efficace et une présentation de l'univers de l'île de Damnuestra dans le T1 (soit T1 et T2 dans la nouvelle édition), le T2 (soit le T3 et T4 dans la nouvelle édition) s'assoit sur les acquis du premier pour proposer le meilleur tome de la série tant les pièces du puzzle se résolvent superbement et finissent par créer un univers cohérent.
    Le T3 (T5 nouvelle édition) pose la dernière pierre (de Faite), malheureusement de manière beaucoup plus maladroite que ses prédécesseurs. De genre fantastique, le dernier touche plutôt au "Heroic Fantasy" avec des libertés narratives qui cassent l'enjeu, le message et la force de "Face de Lune". C'est surtout la non-résolution d'une partie de l'intrigue (le pouvoir religieux en place) à la fin de la série qui ne permet pas à celle-ci de briller. D'autant plus que la lecture du dernier tome se lit très rapidement, il n'est pas du tout sur le même rythme que les tomes précédents.

    Le dessin de Boucq, grâce au scénario de Jodorowsky, s'exprime pleinement avec de belles séquences et mouvements, son trait se mélange a cette anarchie avec brio, en laissant place à des personnages détonants, dégoutants, pervertis, tout sauf placides, avec des traits et rides qui les rendent usées par le temps, une oligarchie puante qui possède l'arme nucléaire grâce à l'élément Totrane et dissuade de la rébellion du bas-peuple. L'univers dépeint est aussi très réussi avec des paysages détaillés qui habillent l'atmosphère fantastique et dystopique ; c'est notamment la cathédrale, qui imite l'actuelle "Notre-Dame de Paris" qui impressionnera par son détail et donnera une dimension mystique supplémentaire à l’œuvre.

    Une dystopie diversifiée qui tire son originalité avec ces personnages extravertis et haut en couleur, dommage pour le dernier tome qui ne boucle pas complétement cette série explosive.

    ArvoBlack Le 27/06/2025 à 22:29:58

    A la différence du héros, l’anti-héros peut être d'une banalité qui fonctionne par son coté déconcertant et profondément dépressif. C'est au travers d’un récit autobiographique que « Un homme sans talent » partage la vie tourmentée de son auteur ; un récit sur la médiocrité sans révolution, sur le questionnement de soi, de ses choix de vie, pas toujours astucieux.

    Au niveau de la structure, c’est plutôt fourre-tout, parfois Yoshiharu Tsuge, l’auteur parle de nouveaux hobbies (si on peut appeler ça ainsi) au travers de son personnage : collection de cailloux, réparation d’anciens appareils photo. Mais parfois le récit dérive sans réelle transition sur la vie de personnages secondaires tout aussi médiocres ou inintéressants : l'homme qui élève des oiseaux rares, Yamaï le libraire endormi, le poète déchu Seigetsu.

    C’est difficile de voir où veut en venir Tsuge dans sa démarche, car il ne solutionne pas vraiment son penchant pour ces activités dépassées ou inutiles, on parle de soi sans le développement personnel qui pourrait s’y associer et espérer ainsi une évolution du personnage. Même si la lecture est agréable, la conclusion n’est que partielle et décevante selon moi.

    Le dessin est contrasté, tantôt le minimalisme fait foi pour que l’histoire déroule rapidement, avec un dessin simplifié au maximum, peu de détails. Tantôt des hachures ou des aplats noirs travaillés renforce le côté dramatique de l’œuvre de manière efficace, plongeant notre anti-héros dans ses périodes tourmentées autour du "moi". Sans prétention, ce manga reste aussi modeste que son histoire, il ne renverse pas la vapeur, un récit de vie simple et finalement peu de remise en question sur la situation.

    ArvoBlack Le 22/06/2025 à 13:58:17

    Fidèle avec son trait reconnaissable et expérimental, Laurent Bonneau s'allie avec l'auteur prolifique Jim dans "L'étreinte". La première chose qui marque est le livre en lui-même : un volume imposant avec cette femme en maillot de bain une pièce, dos nu sur la 1ère de couverture qui attire et restera l'attention première de l’œuvre. Un pari fou du narrateur et personnage principal répondant au nom de Benjamin envers lui-même pour retrouver cette inconnue...avec comme seul indice : une photo prise au hasard sur la plage de Calaqués . En même temps que Romy, la femme de Benjamin voit petit à petit son corps se détacher de son esprit suite à un accident de la route dramatique. Deni de réalité et obsession se confondent pour chercher une forme de lien entre ces deux femmes.

    Damien Bonneau est habitué à ce genre de récit intimiste avec "Ceux qui me touchent" et " Ceux qui me restent" qui sont des thématiques dures et noires. En revanche, Jim propose quelque chose de plus dramatique qu'a son habitude ; bavard dans ses scénarios, "L’Étreinte" nous montre le contraire avec des dialogues solides et pertinent, le dessin de Bonneau peut donc s'exprimer pleinement.

    Cette quête trouvera tout de même quelque longueurs en 1ère partie avec une écriture qui ne décolle pas tout de suite. Cela s’accélère sur la seconde partie qui reste tout de même très expérimental. L'interview des deux auteurs en post-face est appréciée pour mieux comprendre ce qu'il s'est joué et leurs attentes vis à vis du projet. Je n'ai pas été transcendé par l'expressivité du dessin de Damien Bonneau qui manque volontairement de précision et donne des illustrations très instinctives, en plus de sa mise en couleur (trop) tranchée. Il y a des moments forts qui permettent à la bande dessinée d'en faire une œuvre à part, un croisement insoupçonné entre deux auteurs qui ne cessent de se renouveler.

    ArvoBlack Le 21/06/2025 à 22:21:13

    "Anthologie du 9ème" est une approche dense autour de la bande dessinée, au travers de différentes thématiques, Thomas Mourier nous propose une balade culturelle sur différents monuments de la BD Européenne, Américaine et Japonaise, mais aussi des trouvailles moins connues qui valent le détour. Je pense qu'il est a mettre entre toutes les mains curieuses pour découvrir la BD et ses possibilités.

    Encore une fois, c'est une base solide, mais il nécessite bien sur d'expérimenter et de découvrir soi-même de nouveau univers et d'autres auteurs ensuite. Ainsi, la bande dessinée dit de "presse" et d'actualités fait plutôt bonne figure dans cet anthologie, au détriment parfois du coté graphique. A noter que toutes les analyses sont bonnes et pertinentes ; il y en a vraiment pour tous les goûts ; la partie super-héros ne m’intéressait guère, mais on y découvre aussi des perles en comics qu'on ne soupçonnait pas, au delà des super héros. Concernant l'univers Japonais, l’œuvre fourni également des bases solides qui permettent d'ouvrir ses lectures vers des genres/auteurs insoupçonnés. Bien sur, j'ai testé les lectures proposées certaines ne m'ont pas plu et restent pour moi un mystère d'appréciation (mais c'est toujours un plaisir d'en débattre) ; j'ai aussi découvert de belle œuvre qui mérite de creuser un peu, soit l'univers, soit les autres propositions de son auteur. Cette anthologie est une belle référence pour tout les lecteurs de bande dessinée, à mettre entre toutes les mains de passionné(e)s donc, d'autant plus qu'il est extrêmement bien fourni et détaillé. Le lexique et l'index en fin d'anthologie sont véritablement apprécié. A posséder dans sa bibliothèque, d'autant plus qu'on peut facilement revenir dessus de temps en temps.

    ArvoBlack Le 20/06/2025 à 21:55:06
    Quartier lointain - Tome 2 - Tome 2

    "Quartier Lointain" est un des mangas ayant eu plus de succès en France que dans son pays d'origine. Hormis cette anecdote, l’œuvre possède quelque chose de profond et touchant, à la fois très universel et chargé d'une forme de nostalgie.

    Le retour à l'adolescence, à 14 ans, là ou tout est encore possible ; c'est aussi à cet age que nous n'avons pas le recul nécessaire face à la vie, sur nos émotions, sur l'amour au sens large, sur notre force physique, sur nos histoires de famille, nous sommes dans une vrai phase de découverte. Mais qu'advient-il d'un esprit de 48 ans dans un corps de 14 ans ? La réponse est : on peut refaire le monde, reconstruire une vie, un nouvel équilibre, et c'est ce à quoi joue Taniguchi dans son œuvre : une approche pour apprendre et comprendre son passé et se reconstruire au présent, c'est fort habile.

    Le dessin en N&B semble conventionnel au premier coup d’œil, avec un air très européen, mais il suffit de s'arrêter sur les illustrations sur page complète à chaque chapitre et toutes ces cases qui s'arrêtent sur un détail, une ambiance, une émotion pour en faire une œuvre pleine de sensibilité et de charisme. Les personnages sont très expressifs, les dialogues percutants, un brin philosophique.

    En résumé, c'est un très beau récit de vie qui marque les esprits par son authenticité, son sens de la famille et sa capacité à retranscrire les émotions par le dessin, les larmes aux yeux. Son final est également d'une grande qualité, j'ai passé un excellent moment de lecture à la découverte du diptyque "Quartier Lointain".

    ArvoBlack Le 16/06/2025 à 14:37:28

    "L'appel de l'enfer" est composé de 3 histoires indépendantes mais reliées par un même thème autour du fantastique des couples et de l'adultère sur un ton léger et décomplexé. Ce qui rend ce one shot si plaisant, c'est son écriture riche, chargé d'un humour subtil et poétique, la narration se présente à la manière d'un voyage champêtre, des histoires simples en apparence, tissent la trame d'un récit avec des phénomènes magiques qui forcent les protagonistes à rebondir sur leur situation.

    Will en tant qu'illustrateur simplifie beaucoup les personnages et à contrario donne beaucoup de sens aux détails de ses paysages et ses ambiances, ce qui amène à une immersion plus complète dans son univers, c'est coloré et très plaisant à parcourir. Il manque pour moi quelque chose dans les personnages pour rendre les illustrations complètes et que ces derniers s'incarnent mieux dans le récit. Cependant Will arrive aisément à retranscrire les émotions qu'il souhaite faire passer. "L'appel de l'enfer" est un bon one-shot qui mérite qu'on s'y attarde, plus que sa première de couverture vieillissante.

    ArvoBlack Le 13/06/2025 à 22:37:25
    L'oracle della luna - Tome 5 - Esther et Éléna

    "L'Oracle della luna" nous emmène au XVIe siècle dans la vie d'un roturier, Giovanni qui rêve de grandeur, tout d'abord pour pouvoir aborder une dame inaccessible au vu de son statut social. C'est après avoir croisé le regard d'Elena que la quête de Giovanni commencera et sera parsemée d'embuches pour tenter de la retrouver et se faire remarquer, mais aussi de grandir en temps qu'homme.

    La quête de soi est une partie intégrante de la série, elle s'en réfère souvent aux dieux religieux pour la quête de la vérité. La série est parsemée de réflexions philosophiques sur la vie, Dieu, la religion, la mort avec différents questionnements selon les échanges avec les personnages, cela donne une approche personnelle sur des thèmes tantôt universelles.

    Le dessin signé Griffo est inégale dans sa construction avec des visages qui changent parfois de morphologie pour un même personnage, le trait est irrégulier, le mouvement parfois douteux, il n'est pas tout le temps appliqué. Des passages moyennement réussis, en plus des corrections numériques dans les dialogues qui sont visibles sur le texte du premier et dernier tome. Également certains découpages étranges de scènes d'actions, la BD laissent parfois une impression d'amateurisme ou de mauvaises finitions des illustrations, c'est dommage. Ces défauts évoluent dans le bon sens au fil des tomes et permettent une lecture plus fluide au milieu de la série avec de très bon T3 et T4. La qualité du dessin rechute sur la fin du T4 et le T5 notamment avec le personnage de Esther qui a des proportions étranges et irrégulières de case en case - forme du visage, épaisseur du nez, écartement des yeux. Sur le T5, Elena est également méconnaissable d'une case à l'autre, le peu d'application sur les illustrations montre un relâchement sur la fin de la série.

    Pourtant si la mise en scène, le découpage et le dessin n'avaient pas été aussi douteux et prenait le temps de poser une atmosphère digne dans son dernier tome, "L'Oracle della Luna" aurait pu être une excellente série. Car j'ai trouvé le dernier tome audacieux, autant qu'il semble être une nécessité avec sa conclusion qui colle au reste. L’épilogue relance aussi la série en utilisant les souvenirs d'une épopée et la résolution définitive du puzzle. Mais tout va beaucoup trop vite dans le dernier tome (T5) pour appréhender ce qu'il s'y passe, vraiment savourer et réfléchir à la fin de la série.

    ArvoBlack Le 08/06/2025 à 23:52:32

    Qu'on soit ou non d'accord avec ce qui fait débat dans "Vingt-trois prostituées", on ne peut que être agréablement surpris par l'approche de son auteur qui propose ici une autobiographie plutôt insolite. Chester Brown documente son œuvre, l'argumente et propose ici une forme d'essai sur sa vision de la prostitution et le fait de payer une personne en l'échange de services sexuelles. Le sujet fait débat, mais c'est le style et l'approche qui rend la bande dessinée unique en son genre. Pas de scène de sexes torrides ou d'images racoleuses, son auteur prend beaucoup de distance avec le désir et la luxure pour en faire un recueil sur les 23 prostituées qu'il a pu rencontrer ainsi qu'une réflexion plus poussé sur l'image de la prostitution au XXIème siècle. Ces rencontres sont ramenés sur un plan très humains avec beaucoup d'échanges entre Chester et ses amis, ainsi que des discussions avec les prostituées avec lesquelles il couche. L'oeuvre est ponctuée de réflexions autour de l'amour au sens large, de la monogamie, des enjeux sociétaux et des travailleurs.euses du sexe.

    La narration est centrée autour de l'esprit de Chester Brown, il est le seul qu'il fait parler intérieurement dans la BD, pour se mettre au plus proche du personnage principal. Le dessin en noir & blanc possède un style froid et distant avec les relations, les personnages ne sont pas expressif pour un sou, mais certains dialogues sont percutants et philosophiques. On va dire que le dessin accompagne le récit mais n'apporte pas non plus un vrai plus dans la narration, les deux pourraient être dissociable.

    Beaucoup d'arguments sont engagés dans "Vingt-trois prostituées" avec beaucoup explications et argumentations en post-face qui ajoutent quelques précisions non citées dans la BD elle-même. A lire, nous pourrons débattre ensuite !

    ArvoBlack Le 07/06/2025 à 22:03:19

    Manara revisite dans "Gulliveriana" le conte des "Voyages de Gulliver" à sa façon, avec une touche d'érotisme. Les différents univers du voyage laissent place à de belles illustrations en noir et blanc ou l'héroïne de ce one-shot laisse quelques plumes...des illustrations sensuelles, parfois sur page complète. Le monde des lilliputiens où Gulliveriana est considérée comme une géante permet de s'amuser avec les personnages, les bâtiments et la perspective, même chose lorsqu'elle devient elle-même lilliputiennes. C'est moins le cas dans les autres mondes qui sont balayés sur quelques planches seulement. Le dessin au trait est fidèle au dessinateur avec toujours un soin particulier apporté à la féminité et aux corps. Cela manque pour moi de travail sur la lumière (aplats, hachures ou autres techniques) pour donner plus de profondeur aux illustrations en noir et blanc.

    Au niveau du récit, "Gulliveriana" apparait plutôt comme un Artbook, car le scénario ne propose pas vraiment de trame poussée si ce n'est un voyage dans le paranormal et le fantastique, qui permet de faire subir à notre pulpeuse héroïne les affres des mondes de Gulliver, pour le plaisir des yeux. C'est tout de même trop limité pour un faire une œuvre mémorable et durable.

    ArvoBlack Le 07/06/2025 à 14:19:38
    Les temps Nouveaux - Tome 2 - Entre chien et loup

    J'ai été emballé par "Les Temps Nouveaux", toujours dans des thématiques qui tiennent à cœur les auteurs, Warnauts et Raives, ici la seconde guerre mondiale. Sur cette toile de fond, 2 femmes voir même 3 femmes partagent le cœur d'un homme indécis, Thomas. Ces relations permettent un point d'accroche essentiel à la narration, en plus de la relation ambiguë avec le frère de Thomas (Charles) et la gestion de l'auberge dans laquelle ce dernier se trouve.

    Le premier tome se déroule en Belgique avant la mobilisation générale pour la seconde guerre mondiale avant de partir au front. Le scond tome se passe à la fin de la guerre après l'arrivée des renforts américains sur le vieux continent. Ces 4-5 années qui séparent les deux tomes permettent de construire durablement les personnages et leurs évolutions respectives, de les élever et les incarner d'autant plus. Le choix de ne pas tomber dans la romance avec un récit ponctué d’événements dramatiques (guerre, relations familiales et amoureuses) ajoute un coté réaliste. C'est pour moi une narration honnête auquel Warnauts m'a habitué, car les relations humaines sont complexes et ambiguës.

    Les illustrations sont plus minimaliste que les one-shots existants des deux auteurs (moins de détails), mais la mise en couleur est toujours très réussie et reflète la qualité du diptyque. Le thème de la guerre (1ère ou 2nde) est un thème qui revient souvent dans la bande dessinée, il est abordé ici avec beaucoup d'humilité et d'humanité, des dialogues percutants qui reflètent la complexité de l'homme mais aussi sa beauté.

    ArvoBlack Le 06/06/2025 à 22:46:18

    Dans les bizarreries nées, j'ai trouvé "Un après-midi au cirque", bande dessinée d'un scénariste inconnu qui propose 2 histoires dans cet album. Le problème est de donner un sens avec sa narration, face à laquelle je n'en conclu pas grand chose, si ce n'est avoir partagé la vie et les mondanités de la vie campagnarde.

    Les illustrations reflètent l'étrangeté du propos : des corps vieillis, meurtris, nus dans une campagne reculée qui parle un bon vieux français, en proie à des croyances illusoires ("l'esprit malin" comme ils disent). Le dessin n'est pas particulièrement beau, la première histoire est en N&B, la seconde en couleur. Sur des tons sombres et un trait tremblant, ils défilent un certain nombre de personnages dont il est difficile de s'attacher, car peu de temps leur sont consacré et ils répugnent à moitié. Le livre en lui même, avec sa couverture souple et peu ragoutante ne donne pas envie d'y jeter un œil.

    ArvoBlack Le 02/06/2025 à 22:44:05

    Dans "Zaï zaï zaï zaï", l'humour de Fabcaro est assumé, c'est absurde, décalé, tiré par les cheveux. Le récit part rapidement dans tous les sens et tous les sujet semblent bon pour faire rire sans de rapport forcément avec l'introduction, c'est très spontané, mais cela fonctionne la plupart du temps.

    Si l'histoire commence par un oubli de la carte de fidélité au supermarché qui prend des proportions inimaginables, les anecdotes qui suivront au fil des pages en seront plus ou moins dépendantes en changeant de personnages principaux et de sujets fréquemment. "Zaï zaï zaï zaï" ressemble donc à une BD d'humour avec 1 planche par gag, sauf certains sujets qui sont étalés sur plusieurs planches.

    Coté dessin, une bichromie fadasse, avec un dessin minimaliste qui ne présente pas de détails. Également la répétition des cases mais que l'auteur à fait l'effort de redessiner, à l'inverse de "Faut pas prendre les cons pour des gens" dans le même style d'humour.

    Physiquement et c'est le point le plus décevant, le livre se présente en petit format, un peu plus grand qu'un manga, couverture souple, sans protection plastifiée. S'il n'est pas couvert, le temps de vie du livre sera très limité. Pour tous ces points, "Zai zai zai zai" conviendra à un large publique peu exigeant, me concernant c'est du vite lu, vite oublié et l'objet n'est pas intéressant dans une bibliothèque.

    ArvoBlack Le 01/06/2025 à 21:35:29

    Deux grands auteurs se partagent "La cuisine des Ogres", ainsi le résultat est très réussi. On retrouve l'univers graphique de Andrea (qui n'avait pas proposé de collaboration en BD depuis longtemps) un rendu dans le même style que sa série "Azimut" avec Lupano, avec des traits plus rectilignes, des personnages anthropomorphe et autres légendes de contes. En revanche, la mise en couleur est différente, plus aérienne, rappelant l'aspect féerique des contes sur des tons bleutés ou orangés. Les traits avaient plus de rondeurs dans "Azimut" avec des personnages comme la princesse Aicha notamment, qui évoquait une certaine grâce et ajoutait quelque chose de pertinent aux dessins et au récit. L'univers de "La cuisine des Ogres" est très marqué par des angles secs et pointus qui rappelle en tout temps les dangers qui rôdent.

    Velhman apporte un élan de fraicheur dans ce conte fantastique, il n'oublie pas les arcs narratifs laissés ça est là pour en faire un récit complet qui donne satisfaction lorsqu'il est bouclé. Le final arrive un peu vite et manque de préparation à mon gout. Comme ce n'est pas un coup de cœur personnel, il manque la dernière étoile, mais cela reste une excellente lecture qui ravira bon nombre de lecteurs. Je ne sais pas si ce récit est adapté à la jeunesse étant donné l'état d'esprit macabre et brutal des ogres. Les auteurs parlent discrètement de sujet de société fort comme l'inceste et la pédophilie au delà du récit fantastique.

    ArvoBlack Le 31/05/2025 à 22:13:20
    Ava

    "Ava" est d'une esthétique graphique puissante, son personnage principal rayonne dans ses postures, sa gestuelle et ses tenues vestimentaires au travers du trait de Ana Miralles qui excelle dans le dessin au travers de ce one-shot ; on capte l'essence du Rio (Brésil) des années 50, les cases sont remplies de détails, notamment au moment des mondanités. Les couleurs créés à chaque fois une ambiance différente, tout comme les tenues portées pas Ava.

    Même si l'action n'est pas le cœur du propos, malgré quelques scènes mouvementées, j'ai été transporté par l'ambiance de la bande dessinée, par le charme envoutant dégagée par ce portait d'Ava Gardner, en proie à sa célébrité et toute la remise en question qu'il y a autour, ainsi que la tension générale qui émane du pays au moment des faits.

    Je regrette un peu le manque d'enjeu dans cette biographie qui aurait permis de donner plus de conviction au séjour de Ana Gardner. Ceci dit, j'ai trouvé cette aventure tout à faire prenante et pleine de caractère.

    ArvoBlack Le 30/05/2025 à 22:54:01

    "Fleurs D'ébène" se rapproche du polar avec une enquête au cœur de l’Afrique (Congo), un homicide étrange, un accident ?

    Le dessin est inégal selon les planches, au niveau des détails et de la technique, certaines cases et plans rapprochés sont superbes, d'autres semblent effacés par un trait plus grossier et une mise en couleur plus froide.

    C'est malheureusement la narration qui m'a perdu dans ce jeu de cultures et de colonies, avec des ellipses souvent contre-intuitive qui bâclent la compréhension de l'histoire et me sortent parfois en partie du récit. C'est souvent une tare de la part de Warnauts de parfois poser l'atmosphère sur une ou deux planches, mais tronquer des passages essentiels à la compréhension de l'histoire.

    Egalement, la difficulté de comprendre le sens de certains dialogues. J'ai eu du mal à situer certains personnages, à comprendre leur rôle, il apparaissent et disparaissent comme un cheveux sur la soupe, j'ai du revenir en arrière à plusieurs reprises.

    "Fleurs D'ebene" est donc une œuvre énigmatique qui manque de fluidité, je n'ai pas réussi à saisir tous les enjeux du colonialisme belge et de la rupture imminente de celle-ci avec le Congo, ni l’intérêt que j'aurais pu y laisser si le découpage était mieux structuré et entretenu.

    ArvoBlack Le 29/05/2025 à 13:47:19

    La réussite de "La Dérisoire effervescence des comprimés" doit tout aux idées de son auteur, François Boucq d'une originalité et ingéniosité sans précédent en plus de citer des références populaire de la BD des mêmes années ; il se servira ensuite de ce pilier pour donner un humour décalé et décadent : "Pachyderme que ça", "Les nouveaux transports amoureux", "Une perspective laborieuse", "Le repos du guerrier", "Soir de pleine lune dans les carpates", ces histoires en font le coeur de l'oeuvre. Bref, Boucq connait les codes de la BD, les exploite et joue largement avec pour notre plus grand plaisir.

    Certaines chutes auraient mérité un peu plus d'euphorie : "L'eau à la bouche" par exemple, mais j’adhère complétement au concept de ces histoires courtes qui trouvent leurs potentiels dans des chutes inattendues et qui concluent bien chaque récit.

    Le dessin est aussi brutal que son propos, un style rectiligne qui appuie sur l'aspect sarcastique et loufoques des planches et qui fonctionne rudement bien !

    ArvoBlack Le 28/05/2025 à 22:35:09

    Ce qui est intéressant dans "Le Grand méchant Renard", c'est comment l'auteur réussi au travers d'une histoire en apparence anodine à nous transporter dans un univers bien à lui.

    Des dessins simples sans case apparente, très expressifs au niveau des émotions et le mouvement qui donne un charme particulier à ce "méchant" renard, mais aussi tous les personnages secondaires : les trois poussins et le loup. Ciblant un large public, le récit se veut bon enfant, avec violence mesurée, mais toujours avec un humour bien dosée, qui réussi grâce au trait de Benjamin Renner, la mise en couleur à l'aquarelle donne une ambiance particulière aux compagnons de la foret et de la campagne. Sur environ 180 planches, j'ai ressenti quelques longueurs quant à la redondance des lieux, de plus il n'y a plus vraiment de nouveaux personnages introduits en cours de récits pour relancer le rythme de la bande dessinée. Les retournements restent sympathiques avec de belles surprises.

    ArvoBlack Le 26/05/2025 à 23:05:53

    "La contorsionniste" mériterait une meilleure appréciation en évitant les ellipses alambiquées qui nécessite plus de précisions avec des personnages qui manquent de force. Tout d'abord le personnage de Harold, confus et sympathique mais subissant sa vie, au travers d'une relation en laquelle il ne croit plus. Les personnages sont peu intéressant et difficile de s'attacher à l'un d'eux tant ils sont mis en retrait dans leurs comportements, leurs réflexions internes et leurs psychologies, et ce malgré que la crise que traverse Harold soit une question centrale de sa vie.

    L'histoire elle-même est guère intéressante, une crise de la cinquantaine, un roman à écrire qui n'est pas commencé, une relation de couple qui s'étiole et la rencontre avec Sally qui chamboule tout et réveille des démons de son passé. Tout cela aurait pu donner une synergie avec un Harold plus confident et qui exprime réellement son ressenti, mais ce n'est pas le cas.

    Le dessin de Warnauts et Raives est toujours apprécié avec de beaux traits, une couleur expressive, mais qui semble avoir subi quelques traitements numérique pour un rendu plus homogène (en comparaison à "Équatoriales", "Intermezzo" et "L'innocente" qui ont une fibre plus intemporelle). Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé, mais le récit peut être bien mieux construit en évitant certains effet du découpage qui casse le rythme du récit et en insistant sur certains éléments clés de l'histoire.

    ArvoBlack Le 26/05/2025 à 22:58:50

    Après l'Allemagne Nazi et l'Afrique coloniale, on retrouve dans ce one shot des racines italiennes qui évoquent l'héritage de la famille et les relations de couples. Giovanna, femme naturelle et sensuelle qui se laisse vivre au gré de ses relations amoureuses et ses fréquentations.

    Sur un dessin toujours vif et plein d'énergie, c'est agréable de voir que le combo Warnauts/Raives fonctionnent si bien pour capter l'ambiante d'une ville, d'un lieu et les émotions des personnages, un regard sur un visage qui évoque beaucoup de chose.

    Malheureusement, il manque un vrai intérêt au scénario pour rendre "Intermezzo" intéressant, sur un découpage tout aussi particulier qui n'hésites pas à couper court sur certaines scènes. Également, il n'y a aucun marqueur de temporalité entre la vie de Giovanna et celle de sa mère Marguerita au même age qui fait qu'on a l'impression que les deux femmes vivent des événements sur la même temporalité, c'est un effet de style souhaité, mais je n'avais pas bien compris au départ qui était qui.

    Les ellipses sont toujours particulières et perdent parfois le lecteur, en plus d'un récit qui présente de nombreux personnages sans vraiment s'arrêter sur l'un deux, même Giovanna s'exprime peu au final. Dommage car nous avons un album avec du potentiel mais qui ne trouve pas son rythme de croisière, ni son intérêt.

    ArvoBlack Le 25/05/2025 à 14:08:22

    Avec un dessin en noir et blanc sans aplats au trait précis et appliqué, Carlo Marcello et Jean Ollivier proposent dans « La Nuit Barbare » un album érotique sur les traces de l’homme préhistorique. Et justement, la primitivité de cette époque profite au récit ou l’instinct de reproduction prévaut sur le reste, mais aussi la femme comme convoitise de l’homme et principale "objet" de plaisir, c’est d’ailleurs un retour en arrière sur la place et la condition de la femme sur la planète Terre. Malheureusement, il y aura peu d'évolution en cours de récit, exposant les femmes à la domination masculine et enracinant une fois de plus des croyances patriarcales d'un autre temps qui étaient peut être une nécessité animale aux temps préhistorique. Un album qui restera figé dans son époque et ne parviendra pas à trouver sa place dans le XXIème siècle, malgré le trait gracieux des corps nus et la belle représentation du mouvement du dessinateur.

    ArvoBlack Le 22/05/2025 à 21:15:24

    "L'innocente" reprend une grande partie historique de la second guerre mondiale avec les nombreux événements qui ont pu s'y dérouler coté allemand. La narration est pompeuse à certains moments, même si l'équilibre texte/illustration est bon. Clairement la première partie est la plus rythmée et efficace, on y découvre Nina, une jeune femme venant de perdre ces grands-parents. De là, va naitre l'idée de partir rejoindre sa tante à Berlin. Prête à tout pour quitter la base de Orbensburg, elle va vivre et voir des choses terribles de la guerre. Les parties qui vont suivre ensuite sont plus posées et cérébrales au travers de différents bonds temporels, on retrouve Nina un peu plus âgée qui recroisent le chemin d'un certain Wim. Les ellipses ne sont pas toutes évidentes à comprendre ; j'ai du relire certains passages pour confirmer ma compréhension des faits. Malheureusement, je trouve le rythme de la BD étrange avec des moments intenses, et d'autres moments de flottements difficile à interpréter.

    Le dessin de Warnauts et Raives est très vivant, un trait réaliste et des couleurs puissantes qui donnent vie à la bande dessinée. Les gros plans et plans détaillés ainsi que des arrêts sur des lieux ajoutent une dimension supplémentaire à l'ambiance du one shot ; le dessin reste le gros point fort de la lecture malgré les loupés/flottements narratifs présents dans la seconde partie, cela reste une bonne bande dessinée.

    ArvoBlack Le 21/05/2025 à 23:03:25

    Dans "Équatoriales", il y a un profond sens du détail, de l'atmosphère et de l'instant présent. Sur des planches colorées, très sensuelles, on suit 5 histoires de personnes lambda qui séjournent dans différents pays d'Afrique. J'ai été tout de suite capté par l'ambiance qui découle de "Équatoriales", il fait chaud, les corps se lient, se délient et des histoires naissent.

    Certes, cet album montre rapidement ces limites en terme de narration qui laisse plutôt place à la contemplation des cases et de l'ambiance qui s'en dégage. La lecture est rapide, mais j'ai beaucoup apprécié l'ambiance dans laquelle j'ai été plongé, à la fois étouffante et rassurante. Le dessin y est bien sur pour beaucoup avec la magnifique mise en couleur de Raives, le détail des corps, la lumière, l'expressivité des visages et du mouvement, les paysages.

    ArvoBlack Le 21/05/2025 à 22:54:08

    "Galipettes" est aussi léger que son titre, un humour grivois qui raconte l'histoire de personnages libres et intègres dont la principale activité est la copulation. On peut facilement transposer ce type d’œuvre au années 80, c'est léger et sans prise de tête - les personnages ne se prennent pas la tête pour savoir qui est avec qui et ce qu'ils ont le droit de faire ou ne pas faire. Un humour qui n'est pas grossier et un dessin expressif qui réussi sa mission de faire rire le lecteur. Pas besoin d'en discuter pendant des heures (la BD se lit rapidement) mais "Galipettes" est une belle signature de ces années de liberté, les fesses à l'air et le sourire aux lèvres, il faut le prendre pour ce qu'il est, sans trop chercher l'analyse.

    ArvoBlack Le 21/05/2025 à 22:48:05
    Les cités obscures - Tome 11 - La théorie du grain de sable - Tome 2

    "La Théorie du grain de sable" déçoit par son manque d'ambition et son récit fantastique qui ne surprend jamais vraiment à cause de son rythme très progressif. C'est plaisant de retrouver des personnages des tomes précédents : Mary l'ex-penchée et Constant pour ne citer qu'eux, en plus de nouveaux personnages qui font leurs apparitions. Malheureusement, ils ont peu d'enveloppe, et il était pour moi difficile de s'attacher véritablement à eux, surement car nous suivons 4 arcs narratif différents en même temps. Mary et Constant perdent également la personnalité qui les définissait tant dans les tomes précédents (Constant dans le T.5 et Mary dans le T.6).

    Le dessin de Schuiten est toujours d'une grande qualité, très atmosphérique. Sur ce diptyque en N&B, plus d’aplats et moins de hachures, mais toujours un soin particulier apporté aux personnages, aux bâtiments, aux visages et aux mains etc.

    Également la ressemblance entre Mary Von Rathen, Kristin Antipova et Elsa qui rend l'ensemble moins lisible pour la compréhension . Physiquement, le format à l'italienne n'est pas non plus une réussite, la reliure du T1 commence à se décoller par le poids et le format de celui-ci, c'est aussi en partie à cause du choix d'une couverture souple qui montre rapidement ses limites. Surement une des histoires des "Cités Obscures" qui m'a le moins emballé.

    Dans l'ensemble, cette série est solide mais présente quelques faiblesses narratives selon moi, en revanche, le dessin est toujours très homogène, détaillé et organique, un plaisir à parcourir.

    ArvoBlack Le 20/05/2025 à 22:41:14
    Les cités obscures - Tome 9 - La frontière invisible - 2

    Allier la géographie du monde aux formes du corps humains, c'est un thème qui rentre à 100% en accords avec "Les Cités Obscures". En vérité difficile d'imaginer un tel scénario hors de cette univers tellement il définit bien la série.

    Sur un dessin en couleur toujours aussi bien maitrisé, des bâtiments stupéfiants, des véhicules atypiques, avec de très beaux trait pour les personnages (avec bien sur Shkôdra), de merveilleuses planches sur une page complète à chaque début de chapitre et une maitrise incroyable de l'anatomie : j'aime particulièrement regarder les mains dessinées par Schuiten qui sont très expressives. L'univers est déjà bien marqué par les tomes précédents, on retrouve avec plaisir cette nouvelle histoire de "La frontière invisible" en 2 tomes.

    J'avoue ne pas avoir capter toute l'essence du monde des cartographes et les enjeux que cela implique pour la ville de Sodrovno-Voldachie, ce besoin de tout classer et identifier sur des cartes pour mieux comprendre le monde ; j'ai l'impression que les habitant eux-mêmes ne savent pas vraiment pourquoi ce centre de cartographie et pourquoi ils font ça ? C'est peu être un point de justification qui montre dans cet exemple que même dans l'humanité, nous faisons parfois des choses qui n'ont que peu de valeur pour l'homme et le monde ? Plusieurs thèmes sont abordés : l'arrivée de la machine, plus efficace que l'artisanat qui défait une partie du centre de cartographie, la dictature qui souhaite imposer une vision nouvelle au sein des citoyens (une forme de propagande).

    En revanche, l'audace, c'est d'essayer de trouver la vérité sur le corps d'une femme dans lequel le personnage principal, Roland De Cremer, recherche une réponse universelle, aussi bien que personnel et c'est toute la beauté du diptyque. Une lecture trop bavarde par moment mais dont le thème moderne résonne encore aujourd'hui dans une réalité ou l'intelligence artificielle (IA) commence à prendre une place prépondérante dans le quotidien de l'homme.

    ArvoBlack Le 19/05/2025 à 22:37:18
    Les cités obscures - Tome 7 - L'ombre d'un homme

    Le 5ème tome "Brüsel" insuffle un rythme plus cadencé avec en apparence plusieurs histoires qui finissent par se rejoindre pour former le tome le plus farfelu de la série et qui regroupe bon nombre des items chers à Schuiten et Peeters ; à l'image de la ville instable de "Brüsel" que les politiques technocrates ne savent gérés correctement (infrastructures, budgets) et ne voient dans cette ville uniquement l'élan de leurs ambitions. Avec une mise en couleur complète (comme le 1er tome), des hachures toujours présente (un régal !) et la complexité des compositions de la ville et des quartiers avec la maquette de "Freddy De Vrouw" forme des illustrations enchanteuses. Tina, la figure féminine principal se montre comme une guide du personnage principal : Constant complétement dépassée par ce qui lui arrive.

    Dans "Les Cités Obscures", il y a toujours une femme qui se distingue du reste, après avoir façonné des personnage principaux masculins, c'est cette fois autour d'une jeune femme dite Mary "L'enfant penchée" d'être en vedette. On retrouve alors avec ce 6ème tome un dessin en noir & blanc avec un magnifique trait de Schuiten et très belle représentation du mouvement et surtout des hachures époustouflantes qui donnent une autre dimension aux illustrations, dans un style si plaisant aux Cités. Le récit est quelque peu particulier avec le pastiche sur Jules Vernes et ce Augustin Desombres qui rappelle en partie le récit et la thématique du 4ème tome. Également avec la réapparition de ce cher Dr Wappendorf du 5ème tome, atypique, complétement fou et peu empathique.

    Le 7ème tome revient avec de la couleur pour un album agréable mais qui manque de consistance malgré le propos envoutant. En effet, il n'y a pas vraiment d'explications quant au phénomène de cet ombre colorée, ni pourquoi les cauchemars de M. Chamisso s'arrête subitement suite à la prise d'un médicament ? C'est surtout la rencontre avec Minna, parsemée ça et là d'une signature avec les personnages des épisodes précédent, mais aussi la belle représentation théâtrale de "La Tour" des même auteurs (3ème tome) qui redonne un élan particulier à "L'ombre d'un homme".

    La série aborde différent thèmes en dent de scie avec des histoires qui me semblent subjectives, mais aussi un dessin qui évolue au fil des tomes qui peuvent se lire séparément à la manière d'un one-shot. En revanche l'univers des "Cités Obscures" uni le tout, on retrouve parfois des personnages des "titres" précédents dans un tout autre contexte, c'est très sympathique. Il existe plusieurs tomes en hors-série qui prouvent que "Les Cités Obscures" ont encore plein de choses à nous raconter.

    A noter également les couvertures toujours soignés qui révèlent une partie de l'histoire entre la 1ère et la 4ème de couverture (sauf pour l'ombre de l'homme et la route d'Armilia).

    ArvoBlack Le 19/05/2025 à 22:19:55
    Les cités obscures - Tome 4 - La route d'Armilia

    Le 4ème tome "La route d'Armilia" sort du lot en proposant une approche différente narrativement parlant, le dessin complète le texte sans forcément que l'un s'appuie sur le second. On découvre dans cet interlude des éléments des "Cités Obscures" avec des informations sur les villes qui les composent dont "Brüsel" qui sera la ville dans laquelle évolue les personnages du 5ème tome. Bien que le format soit particulier, le récit ne permet pas d'y rentrer pleinement , car raconté sous forme de journal de bords qui ne s'arrête pas sur les détails des illustrations, ni sur les personnages. Ainsi une certaines distance opère par rapport au récit avec l'impression qu'il s'agit d'un conte joliment illustré plutôt qu'une bande dessinée.

    ArvoBlack Le 19/05/2025 à 22:14:26
    Les cités obscures - Tome 3 - La Tour

    Lorsque la géométrie s'allie à la narration, lorsque que les bâtiments sont comme des êtres vivants qui vivent et respirent à leurs manières, nous avons "Les Cités Obscures".

    Un 1er tome "Les murailles de Samaris" qui introduit immédiatement l’univers et sait convaincre avec son atmosphère mécanique mais qui manque de poids et d'enjeu dans la narration, malgré des dessins réussis qui commence à montrer des architectures étonnantes.

    Le 2ème "La fièvre d'Urbicande" montre plus d'affirmation et de force dans la narration, avec un dessin en N&B, des hachures et des personnages forts qui commence à définir le style si particulier de la série.

    Avec le T3 "La Tour", nous sommes encore un cran au dessus, la maitrise est bien présente, la couleur fait de brèves apparitions avec une narration dans le même état d'esprit que son prédécesseur (T2). C'est ce dernier qui m'a le plus plu pour le moment ; le mystère de "La Tour" œuvre immense et mystique, aux personnages peu nombreux mais très bien construits (Giovanni, Milena et Elias) qui donne une belle profondeur à l'ensemble, en plus du savoir-raconter des deux auteurs.

    ArvoBlack Le 16/05/2025 à 23:14:03

    Dans le genre fouillé, "Les Navigateurs" est une BD plaisante qui coche de nombreuses cases de manière positive. Grace notamment aux recherches de Serge Lehman avec un scénario qui touche au coté historique de la ville de Paris et qui compose avec des éléments fantastiques et légendaires pour ajouter du mysticisme.

    Le dessin de De Caneva ne fait que confirmer la qualité du One shot avec un dessin profond et vivant : de beaux aplats dans les nuances de gris, des jeux de clair-obscurs dans un style de trait qui ressemble aux comics américains, notamment à ceux de Terry Moore. Quelques cases étranges ou les visages de Neige notamment semblent étirés sur la longueur ? Un détail également avec la calligraphie dans les bulles, les lettres "T" ressortent plus gras que les autres lettres ; c'est notable car cela m'a 2/3 fois sorti de ma lecture. Quelques défauts qui n'entachent pas la qualité globale de cette bande dessinée, un poil trop polar pour moi dans la lecture, mais qui mérite découverte.

    ArvoBlack Le 12/05/2025 à 23:09:13

    "Le grand vestiaire", une BD prise au hasard à la médiathèque. Un dessin semi-réaliste un peu casse-gueule au niveau de la perceptive et de l'anatomie mais pas déméritant. C'est dommage que le scénario finisse par nous lâcher à partir de la moitié de l'album. Avec un humour atypique et des ellipses insoupçonnées, l’œuvre surprend et fait parfois rire. Le récit finit par s'écrouler quand on se moque des personnages qui meurent sans considération et que ceux restant donne l'impression qu'ils n'ont que faire du décès de leur confrère ou amis ; l'histoire continue comme si de rien n'était...Cette antipathie passe une fois, mais elle devient cyclique jusqu’à en devenir lourde, pour un final plus que raté et qui n'amène à rien.

    Une BD bancale avec de nombreux défauts ; aussi bien dans le trait que le texte et les dialogues, la mise est couleur est en revanche ce qui est le plus réussi et a bien vieilli. C'est la seule BD de André Verret, auteur de cette adaptation d’œuvre littéraire, difficile d'en connaitre plus sur l'auteur, restons en là.

    ArvoBlack Le 09/05/2025 à 13:58:18
    Un putain de salopard - Tome 4 - Le Rituel

    Une collaboration entre deux noms connus et appréciés dans le monde de la bande dessinée cela ne se refuse pas, c'est ainsi que "Un putain de Salopard" de Régis Loisel et Olivier Pont avec une série poignante et originale fait mouche immédiatement.

    Déjà avec un titre de série pareil, on sent s'avance que le récit ne sera pas tout rose. La maitrise de la narration aussi bien que du dessin donne un ensemble ultra dynamique, avec de de nombreux points positifs. Un scénario bien foutu sans en faire des caisses, des personnages attachants qui permettent d'autant plus de s'impliquer dans le récit. Le personnage de Baia reste un des plus attachants, mais Max, O Maneta, Corine, Christelle, Margarita reste des personnages fort. Les dialogues sont efficaces, parfois juste avec la touche d'humour comme il faut, le récit compte beaucoup sur l'expressivité laissé au dessin, et cela fonctionne à merveille.

    A noter tout de même le nombre important de personnage pour cette série qui a tendance à rallonger la narration, mais on ne s'y perd pas grâce à une très bonne maitrise du découpage et des dessins. Les 4 tomes sont riches et très complet sur une moyenne 80 planches, les dessins expressifs, de très beaux rythmes et mouvements dans les personnages, dans les moments d'actions et une magnifique mise en couleur dans ce voyage au cœur de l'Amazonie.

    Tous ces ingrédients sont réunis et montrent une vrai maitrise du 9 ème art sur de nombreux point qui en font une série moderne et courte (4 tomes) à lire absolument. Il manquera tout de même un petit truc pour la rendre vraiment mémorable et l'intégrer dans ma BDthèque à la différence de "Ou le regard ne porte pas", mais j'ai largement apprécié sa lecture et le voyage que la série propose.

    ArvoBlack Le 09/05/2025 à 13:50:43

    "Nuages", un propos curieux mais qui ne reste qu'en surface. La répétition des séquences est omniprésente pour donner un coté cyclique à ce récit de vie, certaines réflexions philosophiques sont intéressantes. Je regrette le manque de profondeur sur ces personnages qui ne poussent pas assez leurs réflexions pour rendre le récit plus adulte. Il existe un fort effet Barnum sur des principes très stéréotypés de la vie : mariage, enfant, divorce, décès, travail ennuyeux, fin de mois difficile, racisme.

    Le dessin résonne en écho à la narration, il est doux avec un trait qui se permet peu de débordement, une mise en couleur simple avec des grands aplats de couleurs mais peu de travail sur la lumière qui manque fortement pour ajouter un ton dramatique ou une autre forme de complexité (pas de points lumineux, tout est très plat et diffus). Une chronique qui aurait pu marquer d'autant plus les esprits avec du relief dans les dialogues, mais aussi dans le dessin.

    ArvoBlack Le 01/05/2025 à 14:08:46

    "Un été à Tsurumaki" est une histoire gentillette qui ressemble dans la thématique au One shot "Verts" de Lacan et Besançon sorti en 2024. Si Mitsuru est un petit garçon attachant, rêveur et créatif, il se fatigue très vite lorsqu'il s'agit d'activités plus sérieuses. L'histoire prend son temps pour avancer, c'est très progressif, mais pour une œuvre Jeunesse, la narration n'est pas de tout repos pour les jeunes lecteurs car il y a beaucoup de détails dans le dessin et les informations à retenir. Dans cette histoire, le mal (ou la notion de vice) n'existe pas, c'est tout beau, tout rose ; un monde enchanté de verdure et de bienveillance. Il n'y a qu'a voir la rondeur dans les traits des visages adultes, ils se rapprochent beaucoup de ceux des enfants et c'est même facile de confondre un adulte et un enfant.

    Concernant le dessin, c'est rond et doux du début à la fin, trop à mon gout. Des environnements travaillés et fournis qui proposent de beaux passages avec une flore omniprésente. Ce n'est pas le genre de récit que je conseillerai immédiatement, même s'il est un peu hors du temps (vacances d'été, copains, promenade, imaginaire), il m'a semblé trop enfantin et la magie du début n'opère plus sur la seconde partie. Dans les premiers chapitres, j'ai pensé que c'était l'imagination au travers des yeux de Mitsuru qu'était proposé un monde parallèle et bien à lui. Il se trouve qu'il n'en est rien et que cela affecte d'autres personnes que ce petit garçon. Viens alors une ribambelle de personnage plus ou moins intéressant et un récit long à décoller.

    ArvoBlack Le 29/04/2025 à 22:32:21
    Soleil froid - Tome 3 - L'armée verte

    "Soleil Froid" est une œuvre d'anticipation sur un virus qui a décimé une grande partie de la population. A la manière des "Le reste du monde" de Chauzy, on suit Jan, un ancien militaire qui investigue sur la raison de ce virus, dans un paysage où la montagne est reine (les Alpes), où la nature reprend ses droits sur l'homme. Jan rencontre alors quelques personnages sur ces 3 tomes qui vont l'aider dans sa quête du "Pourquoi l'existence d'un tel virus ?". Le personnage le plus mémorable restera Marguerite, non pas pour sa plastique, mais son sens de l'humour et de la réplique qu'ils se donnent tous les deux avec Jan. Car oui, Marguerite est un robot militaire dernière génération dotée d'une puissante IA, mais qui ne semble pas à 100% fiable, ce qui rend certaines situations cocasses. L'humour est tranchant et fonctionne bien, même s'il n'est pas présent en masse, les situations sous-entendent des moments drôles et de détente, malgré la dureté du récit d'anticipation.

    Mise à part Jan et Marguerite, le reste des personnages restent au second plan (même LN) sans jamais que le lecteur puisse leur montrer un peu d'attachement ou se rendre intéressant. La narration sait proposer des rebondissements, mais j'ai été moyennement emballé par le récit post apocalyptique et l'enjeu global. Ce type de BD en mode survival sonne comme du déjà vu malheureusement ; je n'en retiendrais pas grand chose. La fin est ce qu'elle est ; pour le moment, je ne suis que moyennement convaincue.

    Sur un dessin plutôt froid avec une mise en couleur très "numérique", le trait de Damien reste apprécié malgré le coté gras du trait avec des visages trop grossier, les flaques de sang aussi. Cependant, il y a une belle représentation de l'action, certaines planches sortent du lot (le ciel étoilé en page complète dans le T3).

    ArvoBlack Le 25/04/2025 à 22:03:21

    Dans un style qu'on pourrait qualifier presque de "A la Ken Loach", Will Eisner s'essaye à retranscrire la vie dans un quartier du Bronx au travers d'histoires familiales courtes. Si les premières histoires sont excellentes, on perd quelque peu en inertie en cours de lecture.

    Le trait de Eisner est très expressif, il montre très bien les émotions des personnages dans un style caricaturale avec un environnement plus réaliste et détaillé pour l'aspect pesant de la vie à l'étroit dans le ghetto du Bronx. Également le choix de présenter une partie du texte sans cadre ajoute une dimension supplémentaire aux illustrations qui se confondent avec la masse de détails parfois présents sur les illustrations.

    ArvoBlack Le 23/04/2025 à 22:37:01

    "Mon ami Dahmer", un ouvrage et témoignage insolite de la part de Backderf autour de l'enfance de Jeffrey Dahmer, un des "célèbres" tueurs en série américains des années 90. L'auteur l'a côtoyé/fréquenté pendant quelques années au collègue puis au lycée.

    L'approche est intéressante : comprendre l'enfance, l'adolescence de Dahmer, l'absence d'un père, la souffrance de sa mère, et ainsi sa propre souffrance et ses pulsions qui l'ont poussé à commettre l'irréparable, pour en conclure sur l'avénement du tueur en série.

    Sur un dessin atypique et caricatural, on retrouve une ambiance unique et glauque autour de l’environnement de Dahmer et l'adolescence des années 70 . Le trait de Backderf fonctionne très bien dans sa représentation de la folie, de la bizarrerie et de l'étrange (mouvements désarticulés, mimiques faciales), avec des aplats de noirs obscurcissent le récit quand il le faut. Le dessin manque un peu de profondeur sur la forme et la perspective dans la représentation des personnages, mais la lecture est fluide, tout comme le dessin apporte ce qu'il faut au récit pour le rendre vivant de bout en bout.

    La narration se veut démonstrative et un peu trop moralisatrice dans sa traduction française (peut être sans le vouloir) : "si Dahmer a commis ces crimes, c'est surement parce que...", alors que l'exposition des faits se suffisent à eux-mêmes pour comprendre qui se cache derrière ce personnage solitaire et névrotique.

    Les explications et témoignages en postface sont vraiment appréciés car ils résument de manière claire la véracité des témoignages et du vécu de Jeffrey Dahmer. Une œuvre unique en son genre car il n'est pas donné à tout le monde de côtoyer un futur tueur en série, mais aussi de coucher tout cela sur papier de manière claire et structuré, tout en restant le plus proche possible des faits et de la réalité.

    ArvoBlack Le 23/04/2025 à 22:25:43
    Terre - Tome 3 - La fin des Temps

    C'est dommage pour ce second cycle "Terre" de Rodolphe et Dubois, car on perd de l’intérêt au fil de la série. Malgré un premier tome enchanteur et réussi (la relation entre Mandor et Beth était attendue et bienvenue), l'histoire principale s'enlise dans un propos avec des failles temporelles qui finissent par tuer toute la construction faite en amont. De même que les "Intégraux", peu crédibles et radicaux dans leur approche ont fini par revenir pour former un des arcs narratifs principaux.

    Un final qui se termine en eau de boudin avec une impression amère d'inachevée. Des personnages qui n'ont pas eu le temps de se développer : Sloane, Mona, Danièle, Eddy pourtant introduit en postface du T1..., il manque clairement un fil conducteur à ce cycle, avec plus d'humanité dans le T2 et T3 qui permettrait d'ajouter de l’intérêt. Dans le cycle 1 "TER" : Pip était un jeune et curieux, Yss belle et aventurière, Beth déterminée et sulfureuse, Mandor mystérieux et philosophe ; ainsi l'ensemble de ces personnages perdent leur enveloppe et humanité dans ce second cycle, par un récit trop envahissant pour des choses qui semblent plutôt secondaires mais qui sont finalement ramenées au premier plan.

    Cette nouvelle histoire, mais aussi le découpage jouent sur l'atmosphère du dessin avec des ambiances différentes présentées au fils des planches et des couleurs dominante selon le lieu, Dubois est toujours très appliqué et constant dans son trait et l'ambiance qu'il donne aux pages.

    Les promesses ne sont pour moi pas tenues, "Terre" est vraiment décevant, par rapport à son potentiel et surtout par rapport à son premier cycle "Ter" enchanteur.

    ArvoBlack Le 21/04/2025 à 21:17:26
    Mary la Noire - Tome 2 - Passe de l'au-delà

    Dans un univers ressemblant à celui de "L'autre Monde", on retrouve dans ce diptyque le duo Rodolphe et Florence Magnin qui signe un récit autour des fantômes et de l'après-vie.

    Malgré les bons sentiments engagés, la narration peine à montrer un réel intérêt. Tout d'abord, il y a beaucoup d'allers et de retours entre différents personnages qui cassent la volonté d'en suivre un ou deux uniquement et de les incarner complétement ; Lord James l'écrivain reste tout de même le personnage central. Dans un second temps, le trait et les couleurs de Florence Magnin sont très douces pour un récit qui se veut plus noir, cela fonctionne moyennement sur certains axes narratifs. J'ai remarqué également quelques défauts anatomiques dans le dessin (têtes trop petite par rapport au corps par exemple) qui m'ont parfois sorti de l'histoire.

    La narration se veut linéaire, c'est plat sur une grande partie du récit, suivre ces pirates en mer n'apporte pas plus satisfaction. Heureusement, la fin se veut vraiment mélancolique et pleine de force. J'ai été touché par cette fin (bien que logique) relève quelque peu ma note. Si vous aimez bien le dessin de Florence Magnin, lisez "Mary la Noire", sinon passez votre chemin et lisez le 1er cycle de "L'autre Monde" des mêmes auteurs.

    ArvoBlack Le 17/04/2025 à 22:44:35

    Corboz signe "Le Voleur d'Amour", le grand format ne trompe pas, ni la prestance du livre, on a ici quelque chose d'imposant et d'unique, une couverture toilée, un titre dorée qui regroupent toute l'esthétique et le graphisme de l’œuvre.

    Rien qu'en feuilletant quelques pages, on se rend comte de la sensation du trait, l'aquarelle et ses aléas, un mouvement sensuel qui défini tant la façon de dessiner de Corboz ("L'assassin qu'elle mérite", "Les Rivières du Passé"). Ses dessins dans un grand format tel que celui-ci sont d'une qualité indéniable, d'une force vampirisante, j'en oublierais presque le récit. Une œuvre sur 200 pages, mais qui présente des irrégularités aussi bien en terme de dessin qu'en terme de narration. En effet, certaines planches sont peu appliqués avec un trait plutôt flou tandis que d'autres transcende le livre et décuplent les émotions.

    Qu'on se le dise "Le Voleur D'amour" reste une romance, un amour passionnel (qui peut paraitre lourd pour certains lecteurs), la narration s'axe autour des émotions, des ressenties, au delà de l'aspect fantastique qui a une place de choix. J'ai trouvé d'excellent passage, comme d'autres à vide car notre personnage principale Adrian van Gott explore le monde comme peu d'homme ont pu le faire, c'est parfois long. A vouloir voir très grand et impactant, le propos se perdent un peu parfois, mais cela reste une excellente lecture où les dessins et nuances de couleurs évoquent beaucoup de chose. Un très bon One Shot.

    ArvoBlack Le 16/04/2025 à 22:18:36
    Les terres creuses - Tome 3 - NogegoN

    Avec un album paru tous les 5 ans entre 1980 et 1990, "Les Terres Creuses" des frères Schuiten propose des tomes aux histoires indépendantes, mais toutes connectés entre elles. La série sait renouveler son propos, en innovant systématiquement sur les 3 tomes, entre science-fiction et fantastique.

    Le T1 est pour moi le plus maladroit dans son approche avec un lexique difficile à appréhender au départ et sans vraiment d'explications, avec des histoires courtes introduisant l'univers des Terres Creuses, celles-ci sont plus ou moins inégales sur ce premier tome ; les meilleures histoires sont pour moi "Carapaces" et "Le tailleur des brumes".

    C'est à partir du T2 qu'est proposé une histoire complète et que l’intérêt pour la série décolle. L'imagination des frères Schuiten est débordante, elle ne s'arrête pas à une ou deux idées, car l'univers dépeint est infiniment riche. On croit commencer sur des histoires courtes avec une 1ère partie en noir et blanc, des hachures, un rendu très esthétique. Puis finalement il s'agit d'une introduction au récit suivant qui sera lui en couleur, on retrouve une construction en cascade comme l'introduction des fanelles, ces êtres fantastiques qui s’immiscent dans le T1 et on un role (mineur) dans le T2. Un deuxième tome qui laisse une place de choix au genre féminin et remet en équation cet équilibre ; l'homme primitif se retrouve piégé dans un univers intelligent et exclusivement féminin, l'approche reste très sympathique avec de brillantes idées de bout en bout.

    Le T3 marque le "savoir-frère" des deux auteurs, avec un album très riche aussi bien graphiquement qu'au niveau du scénario exceptionnel sur de nombreux points. "NogegoN" a vraiment une belle signification, de même qu'il suffit de porter attention sur la 1ère de couverture et la 4ème de couverture pour comprendre que le concept a été poussé jusqu'au bout, c'est audacieux et cela fonctionne très bien, j'ai beaucoup aimé m'en rendre compte pendant la lecture. Un exercice de style exclusif qui vaut le détour.

    Un style et une approche qui semble avant-gardiste pour l'époque et qui résonne encore aujourd'hui de manière moderne.

    Le dessin à 4 mains n'a pas perdu de son essence malgré des couleurs un peu passée. L'esthétique du traits, la géométrie des plans, des structures et la force des propos rattrapent largement ce défaut.

    Aussi courte soit cette série avec un T1 qui manque d'impact, elle reste très bien maitrisé et complète. J'ai pris un grand plaisir à la lire et la recommande grandement pour les amateurs de science fiction ou histoire fantastique qui remettent en question certains concepts, une série travaillée et complexe.

    ArvoBlack Le 12/04/2025 à 22:57:57

    "Canoë Bay", c'est d'abord les couleurs vivantes ainsi que le trait doux et rond de Prugne. La nature, la faune, tout se verdoyant qui nous émerveille d'une beauté qu'on ne peut que constater sous nos yeux. La beauté est-elle universelle ? Je crois que le travail de Prugne sur cette oeuvre nous met d'accord sur son savoir-faire graphique.

    En revanche, le scénario signé Oger est timide dans son approche : on ne montre pas tant le sang malgré la violence des conflits, la mort ne semble qu'être un concept, on la devine sans qu'elle soit évidente ou frontale. Heureusement quelques scènes reste esthétiquement apprécié : par exemple la scène du bain de minuit sous les yeux ébahis de Jack permet de redonner un peu plus de sens et de rêve. Hormis l'aspect contemplatif et immersif de "Canoë Bay", la bonne vieille histoire de pirate qui cherche le trésor sonne rapidement creuse, les personnages ne sont que des acteurs de l'histoire, mais ils leur manquent une vraie part d'humanité et de psychologie pour les rendre plus complets et s'attacher à eux.

    Les quelques pages de croquis, dessins terminés et commentaires en post-face sont également très bienvenues. Un one shot qui saura sans nul doute trouver un public, même si le propos mériterait un peu plus de travail de narration et quelque chose de moins léger.