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"L'innocente" reprend une grande partie historique de la second guerre mondiale avec les nombreux événements qui ont pu s'y dérouler coté allemand. La narration est pompeuse à certains moments, même si l'équilibre texte/illustration est bon. Clairement la première partie est la plus rythmée et efficace, on y découvre Nina, une jeune femme venant de perdre ces grands-parents. De là, va naitre l'idée de partir rejoindre sa tante à Berlin. Prête à tout pour quitter la base de Orbensburg, elle va vivre et voir des choses terribles de la guerre. Les parties qui vont suivre ensuite sont plus posées et cérébrales au travers de différents bonds temporels, on retrouve Nina un peu plus âgée qui recroisent le chemin d'un certain Wim. Les ellipses ne sont pas toutes évidentes à comprendre ; j'ai du relire certains passages pour confirmer ma compréhension des faits. Malheureusement, je trouve le rythme de la BD étrange avec des moments intenses, et d'autres moments de flottements difficile à interpréter.
Le dessin de Warnauts et Raives est très vivant, un trait réaliste et des couleurs puissantes qui donnent vie à la bande dessinée. Les gros plans et plans détaillés ainsi que des arrêts sur des lieux ajoutent une dimension supplémentaire à l'ambiance du one shot ; le dessin reste le gros point fort de la lecture malgré les loupés/flottements narratifs présents dans la seconde partie, cela reste une bonne bande dessinée.
Dans "Équatoriales", il y a un profond sens du détail, de l'atmosphère et de l'instant présent. Sur des planches colorées, très sensuelles, on suit 5 histoires de personnes lambda qui séjournent dans différents pays d'Afrique. J'ai été tout de suite capté par l'ambiance qui découle de "Équatoriales", il fait chaud, les corps se lient, se délient et des histoires naissent.
Certes, cet album montre rapidement ces limites en terme de narration qui laisse plutôt place à la contemplation des cases et de l'ambiance qui s'en dégage. La lecture est rapide, mais j'ai beaucoup apprécié l'ambiance dans laquelle j'ai été plongé, à la fois étouffante et rassurante. Le dessin y est bien sur pour beaucoup avec la magnifique mise en couleur de Raives, le détail des corps, la lumière, l'expressivité des visages et du mouvement, les paysages.
"Galipettes" est aussi léger que son titre, un humour grivois qui raconte l'histoire de personnages libres et intègres dont la principale activité est la copulation. On peut facilement transposer ce type d’œuvre au années 80, c'est léger et sans prise de tête - les personnages ne se prennent pas la tête pour savoir qui est avec qui et ce qu'ils ont le droit de faire ou ne pas faire. Un humour qui n'est pas grossier et un dessin expressif qui réussi sa mission de faire rire le lecteur. Pas besoin d'en discuter pendant des heures (la BD se lit rapidement) mais "Galipettes" est une belle signature de ces années de liberté, les fesses à l'air et le sourire aux lèvres, il faut le prendre pour ce qu'il est, sans trop chercher l'analyse.
"La Théorie du grain de sable" déçoit par son manque d'ambition et son récit fantastique qui ne surprend jamais vraiment à cause de son rythme très progressif. C'est plaisant de retrouver des personnages des tomes précédents : Mary l'ex-penchée et Constant pour ne citer qu'eux, en plus de nouveaux personnages qui font leurs apparitions. Malheureusement, ils ont peu d'enveloppe, et il était pour moi difficile de s'attacher véritablement à eux, surement car nous suivons 4 arcs narratif différents en même temps. Mary et Constant perdent également la personnalité qui les définissait tant dans les tomes précédents (Constant dans le T.5 et Mary dans le T.6).
Le dessin de Schuiten est toujours d'une grande qualité, très atmosphérique. Sur ce diptyque en N&B, plus d’aplats et moins de hachures, mais toujours un soin particulier apporté aux personnages, aux bâtiments, aux visages et aux mains etc.
Également la ressemblance entre Mary Von Rathen, Kristin Antipova et Elsa qui rend l'ensemble moins lisible pour la compréhension . Physiquement, le format à l'italienne n'est pas non plus une réussite, la reliure du T1 commence à se décoller par le poids et le format de celui-ci, c'est aussi en partie à cause du choix d'une couverture souple qui montre rapidement ses limites. Surement une des histoires des "Cités Obscures" qui m'a le moins emballé.
Dans l'ensemble, cette série est solide mais présente quelques faiblesses narratives selon moi, en revanche, le dessin est toujours très homogène, détaillé et organique, un plaisir à parcourir.
Allier la géographie du monde aux formes du corps humains, c'est un thème qui rentre à 100% en accords avec "Les Cités Obscures". En vérité difficile d'imaginer un tel scénario hors de cette univers tellement il définit bien la série.
Sur un dessin en couleur toujours aussi bien maitrisé, des bâtiments stupéfiants, des véhicules atypiques, avec de très beaux trait pour les personnages (avec bien sur Shkôdra), de merveilleuses planches sur une page complète à chaque début de chapitre et une maitrise incroyable de l'anatomie : j'aime particulièrement regarder les mains dessinées par Schuiten qui sont très expressives. L'univers est déjà bien marqué par les tomes précédents, on retrouve avec plaisir cette nouvelle histoire de "La frontière invisible" en 2 tomes.
J'avoue ne pas avoir capter toute l'essence du monde des cartographes et les enjeux que cela implique pour la ville de Sodrovno-Voldachie, ce besoin de tout classer et identifier sur des cartes pour mieux comprendre le monde ; j'ai l'impression que les habitant eux-mêmes ne savent pas vraiment pourquoi ce centre de cartographie et pourquoi ils font ça ? C'est peu être un point de justification qui montre dans cet exemple que même dans l'humanité, nous faisons parfois des choses qui n'ont que peu de valeur pour l'homme et le monde ? Plusieurs thèmes sont abordés : l'arrivée de la machine, plus efficace que l'artisanat qui défait une partie du centre de cartographie, la dictature qui souhaite imposer une vision nouvelle au sein des citoyens (une forme de propagande).
En revanche, l'audace, c'est d'essayer de trouver la vérité sur le corps d'une femme dans lequel le personnage principal, Roland De Cremer, recherche une réponse universelle, aussi bien que personnel et c'est toute la beauté du diptyque. Une lecture trop bavarde par moment mais dont le thème moderne résonne encore aujourd'hui dans une réalité ou l'intelligence artificielle (IA) commence à prendre une place prépondérante dans le quotidien de l'homme.
Le 5ème tome "Brüsel" insuffle un rythme plus cadencé avec en apparence plusieurs histoires qui finissent par se rejoindre pour former le tome le plus farfelu de la série et qui regroupe bon nombre des items chers à Schuiten et Peeters ; à l'image de la ville instable de "Brüsel" que les politiques technocrates ne savent gérés correctement (infrastructures, budgets) et ne voient dans cette ville uniquement l'élan de leurs ambitions. Avec une mise en couleur complète (comme le 1er tome), des hachures toujours présente (un régal !) et la complexité des compositions de la ville et des quartiers avec la maquette de "Freddy De Vrouw" forme des illustrations enchanteuses. Tina, la figure féminine principal se montre comme une guide du personnage principal : Constant complétement dépassée par ce qui lui arrive.
Dans "Les Cités Obscures", il y a toujours une femme qui se distingue du reste, après avoir façonné des personnage principaux masculins, c'est cette fois autour d'une jeune femme dite Mary "L'enfant penchée" d'être en vedette. On retrouve alors avec ce 6ème tome un dessin en noir & blanc avec un magnifique trait de Schuiten et très belle représentation du mouvement et surtout des hachures époustouflantes qui donnent une autre dimension aux illustrations, dans un style si plaisant aux Cités. Le récit est quelque peu particulier avec le pastiche sur Jules Vernes et ce Augustin Desombres qui rappelle en partie le récit et la thématique du 4ème tome. Également avec la réapparition de ce cher Dr Wappendorf du 5ème tome, atypique, complétement fou et peu empathique.
Le 7ème tome revient avec de la couleur pour un album agréable mais qui manque de consistance malgré le propos envoutant. En effet, il n'y a pas vraiment d'explications quant au phénomène de cet ombre colorée, ni pourquoi les cauchemars de M. Chamisso s'arrête subitement suite à la prise d'un médicament ? C'est surtout la rencontre avec Minna, parsemée ça et là d'une signature avec les personnages des épisodes précédent, mais aussi la belle représentation théâtrale de "La Tour" des même auteurs (3ème tome) qui redonne un élan particulier à "L'ombre d'un homme".
La série aborde différent thèmes en dent de scie avec des histoires qui me semblent subjectives, mais aussi un dessin qui évolue au fil des tomes qui peuvent se lire séparément à la manière d'un one-shot. En revanche l'univers des "Cités Obscures" uni le tout, on retrouve parfois des personnages des "titres" précédents dans un tout autre contexte, c'est très sympathique. Il existe plusieurs tomes en hors-série qui prouvent que "Les Cités Obscures" ont encore plein de choses à nous raconter.
A noter également les couvertures toujours soignés qui révèlent une partie de l'histoire entre la 1ère et la 4ème de couverture (sauf pour l'ombre de l'homme et la route d'Armilia).
Le 4ème tome "La route d'Armilia" sort du lot en proposant une approche différente narrativement parlant, le dessin complète le texte sans forcément que l'un s'appuie sur le second. On découvre dans cet interlude des éléments des "Cités Obscures" avec des informations sur les villes qui les composent dont "Brüsel" qui sera la ville dans laquelle évolue les personnages du 5ème tome. Bien que le format soit particulier, le récit ne permet pas d'y rentrer pleinement , car raconté sous forme de journal de bords qui ne s'arrête pas sur les détails des illustrations, ni sur les personnages. Ainsi une certaines distance opère par rapport au récit avec l'impression qu'il s'agit d'un conte joliment illustré plutôt qu'une bande dessinée.
Lorsque la géométrie s'allie à la narration, lorsque que les bâtiments sont comme des êtres vivants qui vivent et respirent à leurs manières, nous avons "Les Cités Obscures".
Un 1er tome "Les murailles de Samaris" qui introduit immédiatement l’univers et sait convaincre avec son atmosphère mécanique mais qui manque de poids et d'enjeu dans la narration, malgré des dessins réussis qui commence à montrer des architectures étonnantes.
Le 2ème "La fièvre d'Urbicande" montre plus d'affirmation et de force dans la narration, avec un dessin en N&B, des hachures et des personnages forts qui commence à définir le style si particulier de la série.
Avec le T3 "La Tour", nous sommes encore un cran au dessus, la maitrise est bien présente, la couleur fait de brèves apparitions avec une narration dans le même état d'esprit que son prédécesseur (T2). C'est ce dernier qui m'a le plus plu pour le moment ; le mystère de "La Tour" œuvre immense et mystique, aux personnages peu nombreux mais très bien construits (Giovanni, Milena et Elias) qui donne une belle profondeur à l'ensemble, en plus du savoir-raconter des deux auteurs.
Dans le genre fouillé, "Les Navigateurs" est une BD plaisante qui coche de nombreuses cases de manière positive. Grace notamment aux recherches de Serge Lehman avec un scénario qui touche au coté historique de la ville de Paris et qui compose avec des éléments fantastiques et légendaires pour ajouter du mysticisme.
Le dessin de De Caneva ne fait que confirmer la qualité du One shot avec un dessin profond et vivant : de beaux aplats dans les nuances de gris, des jeux de clair-obscurs dans un style de trait qui ressemble aux comics américains, notamment à ceux de Terry Moore. Quelques cases étranges ou les visages de Neige notamment semblent étirés sur la longueur ? Un détail également avec la calligraphie dans les bulles, les lettres "T" ressortent plus gras que les autres lettres ; c'est notable car cela m'a 2/3 fois sorti de ma lecture. Quelques défauts qui n'entachent pas la qualité globale de cette bande dessinée, un poil trop polar pour moi dans la lecture, mais qui mérite découverte.
"Le grand vestiaire", une BD prise au hasard à la médiathèque. Un dessin semi-réaliste un peu casse-gueule au niveau de la perceptive et de l'anatomie mais pas déméritant. C'est dommage que le scénario finisse par nous lâcher à partir de la moitié de l'album. Avec un humour atypique et des ellipses insoupçonnées, l’œuvre surprend et fait parfois rire. Le récit finit par s'écrouler quand on se moque des personnages qui meurent sans considération et que ceux restant donne l'impression qu'ils n'ont que faire du décès de leur confrère ou amis ; l'histoire continue comme si de rien n'était...Cette antipathie passe une fois, mais elle devient cyclique jusqu’à en devenir lourde, pour un final plus que raté et qui n'amène à rien.
Une BD bancale avec de nombreux défauts ; aussi bien dans le trait que le texte et les dialogues, la mise est couleur est en revanche ce qui est le plus réussi et a bien vieilli. C'est la seule BD de André Verret, auteur de cette adaptation d’œuvre littéraire, difficile d'en connaitre plus sur l'auteur, restons en là.
Une collaboration entre deux noms connus et appréciés dans le monde de la bande dessinée cela ne se refuse pas, c'est ainsi que "Un putain de Salopard" de Régis Loisel et Olivier Pont avec une série poignante et originale fait mouche immédiatement.
Déjà avec un titre de série pareil, on sent s'avance que le récit ne sera pas tout rose. La maitrise de la narration aussi bien que du dessin donne un ensemble ultra dynamique, avec de de nombreux points positifs. Un scénario bien foutu sans en faire des caisses, des personnages attachants qui permettent d'autant plus de s'impliquer dans le récit. Le personnage de Baia reste un des plus attachants, mais Max, O Maneta, Corine, Christelle, Margarita reste des personnages fort. Les dialogues sont efficaces, parfois juste avec la touche d'humour comme il faut, le récit compte beaucoup sur l'expressivité laissé au dessin, et cela fonctionne à merveille.
A noter tout de même le nombre important de personnage pour cette série qui a tendance à rallonger la narration, mais on ne s'y perd pas grâce à une très bonne maitrise du découpage et des dessins. Les 4 tomes sont riches et très complet sur une moyenne 80 planches, les dessins expressifs, de très beaux rythmes et mouvements dans les personnages, dans les moments d'actions et une magnifique mise en couleur dans ce voyage au cœur de l'Amazonie.
Tous ces ingrédients sont réunis et montrent une vrai maitrise du 9 ème art sur de nombreux point qui en font une série moderne et courte (4 tomes) à lire absolument. Il manquera tout de même un petit truc pour la rendre vraiment mémorable et l'intégrer dans ma BDthèque à la différence de "Ou le regard ne porte pas", mais j'ai largement apprécié sa lecture et le voyage que la série propose.
"Nuages", un propos curieux mais qui ne reste qu'en surface. La répétition des séquences est omniprésente pour donner un coté cyclique à ce récit de vie, certaines réflexions philosophiques sont intéressantes. Je regrette le manque de profondeur sur ces personnages qui ne poussent pas assez leurs réflexions pour rendre le récit plus adulte. Il existe un fort effet Barnum sur des principes très stéréotypés de la vie : mariage, enfant, divorce, décès, travail ennuyeux, fin de mois difficile, racisme.
Le dessin résonne en écho à la narration, il est doux avec un trait qui se permet peu de débordement, une mise en couleur simple avec des grands aplats de couleurs mais peu de travail sur la lumière qui manque fortement pour ajouter un ton dramatique ou une autre forme de complexité (pas de points lumineux, tout est très plat et diffus). Une chronique qui aurait pu marquer d'autant plus les esprits avec du relief dans les dialogues, mais aussi dans le dessin.
"Un été à Tsurumaki" est une histoire gentillette qui ressemble dans la thématique au One shot "Verts" de Lacan et Besançon sorti en 2024. Si Mitsuru est un petit garçon attachant, rêveur et créatif, il se fatigue très vite lorsqu'il s'agit d'activités plus sérieuses. L'histoire prend son temps pour avancer, c'est très progressif, mais pour une œuvre Jeunesse, la narration n'est pas de tout repos pour les jeunes lecteurs car il y a beaucoup de détails dans le dessin et les informations à retenir. Dans cette histoire, le mal (ou la notion de vice) n'existe pas, c'est tout beau, tout rose ; un monde enchanté de verdure et de bienveillance. Il n'y a qu'a voir la rondeur dans les traits des visages adultes, ils se rapprochent beaucoup de ceux des enfants et c'est même facile de confondre un adulte et un enfant.
Concernant le dessin, c'est rond et doux du début à la fin, trop à mon gout. Des environnements travaillés et fournis qui proposent de beaux passages avec une flore omniprésente. Ce n'est pas le genre de récit que je conseillerai immédiatement, même s'il est un peu hors du temps (vacances d'été, copains, promenade, imaginaire), il m'a semblé trop enfantin et la magie du début n'opère plus sur la seconde partie. Dans les premiers chapitres, j'ai pensé que c'était l'imagination au travers des yeux de Mitsuru qu'était proposé un monde parallèle et bien à lui. Il se trouve qu'il n'en est rien et que cela affecte d'autres personnes que ce petit garçon. Viens alors une ribambelle de personnage plus ou moins intéressant et un récit long à décoller.
"Soleil Froid" est une œuvre d'anticipation sur un virus qui a décimé une grande partie de la population. A la manière des "Le reste du monde" de Chauzy, on suit Jan, un ancien militaire qui investigue sur la raison de ce virus, dans un paysage où la montagne est reine (les Alpes), où la nature reprend ses droits sur l'homme. Jan rencontre alors quelques personnages sur ces 3 tomes qui vont l'aider dans sa quête du "Pourquoi l'existence d'un tel virus ?". Le personnage le plus mémorable restera Marguerite, non pas pour sa plastique, mais son sens de l'humour et de la réplique qu'ils se donnent tous les deux avec Jan. Car oui, Marguerite est un robot militaire dernière génération dotée d'une puissante IA, mais qui ne semble pas à 100% fiable, ce qui rend certaines situations cocasses. L'humour est tranchant et fonctionne bien, même s'il n'est pas présent en masse, les situations sous-entendent des moments drôles et de détente, malgré la dureté du récit d'anticipation.
Mise à part Jan et Marguerite, le reste des personnages restent au second plan (même LN) sans jamais que le lecteur puisse leur montrer un peu d'attachement ou se rendre intéressant. La narration sait proposer des rebondissements, mais j'ai été moyennement emballé par le récit post apocalyptique et l'enjeu global. Ce type de BD en mode survival sonne comme du déjà vu malheureusement ; je n'en retiendrais pas grand chose. La fin est ce qu'elle est ; pour le moment, je ne suis que moyennement convaincue.
Sur un dessin plutôt froid avec une mise en couleur très "numérique", le trait de Damien reste apprécié malgré le coté gras du trait avec des visages trop grossier, les flaques de sang aussi. Cependant, il y a une belle représentation de l'action, certaines planches sortent du lot (le ciel étoilé en page complète dans le T3).
Dans un style qu'on pourrait qualifier presque de "A la Ken Loach", Will Eisner s'essaye à retranscrire la vie dans un quartier du Bronx au travers d'histoires familiales courtes. Si les premières histoires sont excellentes, on perd quelque peu en inertie en cours de lecture.
Le trait de Eisner est très expressif, il montre très bien les émotions des personnages dans un style caricaturale avec un environnement plus réaliste et détaillé pour l'aspect pesant de la vie à l'étroit dans le ghetto du Bronx. Également le choix de présenter une partie du texte sans cadre ajoute une dimension supplémentaire aux illustrations qui se confondent avec la masse de détails parfois présents sur les illustrations.
"Mon ami Dahmer", un ouvrage et témoignage insolite de la part de Backderf autour de l'enfance de Jeffrey Dahmer, un des "célèbres" tueurs en série américains des années 90. L'auteur l'a côtoyé/fréquenté pendant quelques années au collègue puis au lycée.
L'approche est intéressante : comprendre l'enfance, l'adolescence de Dahmer, l'absence d'un père, la souffrance de sa mère, et ainsi sa propre souffrance et ses pulsions qui l'ont poussé à commettre l'irréparable, pour en conclure sur l'avénement du tueur en série.
Sur un dessin atypique et caricatural, on retrouve une ambiance unique et glauque autour de l’environnement de Dahmer et l'adolescence des années 70 . Le trait de Backderf fonctionne très bien dans sa représentation de la folie, de la bizarrerie et de l'étrange (mouvements désarticulés, mimiques faciales), avec des aplats de noirs obscurcissent le récit quand il le faut. Le dessin manque un peu de profondeur sur la forme et la perspective dans la représentation des personnages, mais la lecture est fluide, tout comme le dessin apporte ce qu'il faut au récit pour le rendre vivant de bout en bout.
La narration se veut démonstrative et un peu trop moralisatrice dans sa traduction française (peut être sans le vouloir) : "si Dahmer a commis ces crimes, c'est surement parce que...", alors que l'exposition des faits se suffisent à eux-mêmes pour comprendre qui se cache derrière ce personnage solitaire et névrotique.
Les explications et témoignages en postface sont vraiment appréciés car ils résument de manière claire la véracité des témoignages et du vécu de Jeffrey Dahmer. Une œuvre unique en son genre car il n'est pas donné à tout le monde de côtoyer un futur tueur en série, mais aussi de coucher tout cela sur papier de manière claire et structuré, tout en restant le plus proche possible des faits et de la réalité.
C'est dommage pour ce second cycle "Terre" de Rodolphe et Dubois, car on perd de l’intérêt au fil de la série. Malgré un premier tome enchanteur et réussi (la relation entre Mandor et Beth était attendue et bienvenue), l'histoire principale s'enlise dans un propos avec des failles temporelles qui finissent par tuer toute la construction faite en amont. De même que les "Intégraux", peu crédibles et radicaux dans leur approche ont fini par revenir pour former un des arcs narratifs principaux.
Un final qui se termine en eau de boudin avec une impression amère d'inachevée. Des personnages qui n'ont pas eu le temps de se développer : Sloane, Mona, Danièle, Eddy pourtant introduit en postface du T1..., il manque clairement un fil conducteur à ce cycle, avec plus d'humanité dans le T2 et T3 qui permettrait d'ajouter de l’intérêt. Dans le cycle 1 "TER" : Pip était un jeune et curieux, Yss belle et aventurière, Beth déterminée et sulfureuse, Mandor mystérieux et philosophe ; ainsi l'ensemble de ces personnages perdent leur enveloppe et humanité dans ce second cycle, par un récit trop envahissant pour des choses qui semblent plutôt secondaires mais qui sont finalement ramenées au premier plan.
Cette nouvelle histoire, mais aussi le découpage jouent sur l'atmosphère du dessin avec des ambiances différentes présentées au fils des planches et des couleurs dominante selon le lieu, Dubois est toujours très appliqué et constant dans son trait et l'ambiance qu'il donne aux pages.
Les promesses ne sont pour moi pas tenues, "Terre" est vraiment décevant, par rapport à son potentiel et surtout par rapport à son premier cycle "Ter" enchanteur.
Dans un univers ressemblant à celui de "L'autre Monde", on retrouve dans ce diptyque le duo Rodolphe et Florence Magnin qui signe un récit autour des fantômes et de l'après-vie.
Malgré les bons sentiments engagés, la narration peine à montrer un réel intérêt. Tout d'abord, il y a beaucoup d'allers et de retours entre différents personnages qui cassent la volonté d'en suivre un ou deux uniquement et de les incarner complétement ; Lord James l'écrivain reste tout de même le personnage central. Dans un second temps, le trait et les couleurs de Florence Magnin sont très douces pour un récit qui se veut plus noir, cela fonctionne moyennement sur certains axes narratifs. J'ai remarqué également quelques défauts anatomiques dans le dessin (têtes trop petite par rapport au corps par exemple) qui m'ont parfois sorti de l'histoire.
La narration se veut linéaire, c'est plat sur une grande partie du récit, suivre ces pirates en mer n'apporte pas plus satisfaction. Heureusement, la fin se veut vraiment mélancolique et pleine de force. J'ai été touché par cette fin (bien que logique) relève quelque peu ma note. Si vous aimez bien le dessin de Florence Magnin, lisez "Mary la Noire", sinon passez votre chemin et lisez le 1er cycle de "L'autre Monde" des mêmes auteurs.
Corboz signe "Le Voleur d'Amour", le grand format ne trompe pas, ni la prestance du livre, on a ici quelque chose d'imposant et d'unique, une couverture toilée, un titre dorée qui regroupent toute l'esthétique et le graphisme de l’œuvre.
Rien qu'en feuilletant quelques pages, on se rend comte de la sensation du trait, l'aquarelle et ses aléas, un mouvement sensuel qui défini tant la façon de dessiner de Corboz ("L'assassin qu'elle mérite", "Les Rivières du Passé"). Ses dessins dans un grand format tel que celui-ci sont d'une qualité indéniable, d'une force vampirisante, j'en oublierais presque le récit. Une œuvre sur 200 pages, mais qui présente des irrégularités aussi bien en terme de dessin qu'en terme de narration. En effet, certaines planches sont peu appliqués avec un trait plutôt flou tandis que d'autres transcende le livre et décuplent les émotions.
Qu'on se le dise "Le Voleur D'amour" reste une romance, un amour passionnel (qui peut paraitre lourd pour certains lecteurs), la narration s'axe autour des émotions, des ressenties, au delà de l'aspect fantastique qui a une place de choix. J'ai trouvé d'excellent passage, comme d'autres à vide car notre personnage principale Adrian van Gott explore le monde comme peu d'homme ont pu le faire, c'est parfois long. A vouloir voir très grand et impactant, le propos se perdent un peu parfois, mais cela reste une excellente lecture où les dessins et nuances de couleurs évoquent beaucoup de chose. Un très bon One Shot.
Avec un album paru tous les 5 ans entre 1980 et 1990, "Les Terres Creuses" des frères Schuiten propose des tomes aux histoires indépendantes, mais toutes connectés entre elles. La série sait renouveler son propos, en innovant systématiquement sur les 3 tomes, entre science-fiction et fantastique.
Le T1 est pour moi le plus maladroit dans son approche avec un lexique difficile à appréhender au départ et sans vraiment d'explications, avec des histoires courtes introduisant l'univers des Terres Creuses, celles-ci sont plus ou moins inégales sur ce premier tome ; les meilleures histoires sont pour moi "Carapaces" et "Le tailleur des brumes".
C'est à partir du T2 qu'est proposé une histoire complète et que l’intérêt pour la série décolle. L'imagination des frères Schuiten est débordante, elle ne s'arrête pas à une ou deux idées, car l'univers dépeint est infiniment riche. On croit commencer sur des histoires courtes avec une 1ère partie en noir et blanc, des hachures, un rendu très esthétique. Puis finalement il s'agit d'une introduction au récit suivant qui sera lui en couleur, on retrouve une construction en cascade comme l'introduction des fanelles, ces êtres fantastiques qui s’immiscent dans le T1 et on un role (mineur) dans le T2. Un deuxième tome qui laisse une place de choix au genre féminin et remet en équation cet équilibre ; l'homme primitif se retrouve piégé dans un univers intelligent et exclusivement féminin, l'approche reste très sympathique avec de brillantes idées de bout en bout.
Le T3 marque le "savoir-frère" des deux auteurs, avec un album très riche aussi bien graphiquement qu'au niveau du scénario exceptionnel sur de nombreux points. "NogegoN" a vraiment une belle signification, de même qu'il suffit de porter attention sur la 1ère de couverture et la 4ème de couverture pour comprendre que le concept a été poussé jusqu'au bout, c'est audacieux et cela fonctionne très bien, j'ai beaucoup aimé m'en rendre compte pendant la lecture. Un exercice de style exclusif qui vaut le détour.
Un style et une approche qui semble avant-gardiste pour l'époque et qui résonne encore aujourd'hui de manière moderne.
Le dessin à 4 mains n'a pas perdu de son essence malgré des couleurs un peu passée. L'esthétique du traits, la géométrie des plans, des structures et la force des propos rattrapent largement ce défaut.
Aussi courte soit cette série avec un T1 qui manque d'impact, elle reste très bien maitrisé et complète. J'ai pris un grand plaisir à la lire et la recommande grandement pour les amateurs de science fiction ou histoire fantastique qui remettent en question certains concepts, une série travaillée et complexe.
"Canoë Bay", c'est d'abord les couleurs vivantes ainsi que le trait doux et rond de Prugne. La nature, la faune, tout se verdoyant qui nous émerveille d'une beauté qu'on ne peut que constater sous nos yeux. La beauté est-elle universelle ? Je crois que le travail de Prugne sur cette oeuvre nous met d'accord sur son savoir-faire graphique.
En revanche, le scénario signé Oger est timide dans son approche : on ne montre pas tant le sang malgré la violence des conflits, la mort ne semble qu'être un concept, on la devine sans qu'elle soit évidente ou frontale. Heureusement quelques scènes reste esthétiquement apprécié : par exemple la scène du bain de minuit sous les yeux ébahis de Jack permet de redonner un peu plus de sens et de rêve. Hormis l'aspect contemplatif et immersif de "Canoë Bay", la bonne vieille histoire de pirate qui cherche le trésor sonne rapidement creuse, les personnages ne sont que des acteurs de l'histoire, mais ils leur manquent une vraie part d'humanité et de psychologie pour les rendre plus complets et s'attacher à eux.
Les quelques pages de croquis, dessins terminés et commentaires en post-face sont également très bienvenues. Un one shot qui saura sans nul doute trouver un public, même si le propos mériterait un peu plus de travail de narration et quelque chose de moins léger.
Avec ce 4ème tome, il faudra attendre 15 ans de plus (30 ans au total entre le T1 et le T4) pour avoir le fin mot de l'histoire. Est-ce que ça vaut le coup ? Après lecture, pas si sûr. Les changements incessants de scénaristes (Lob/Legrand/Bocquet), de traits de la part de Rochette, du N&B (T1/T2/T3) à la couleur (T4), montre une certaine inconstance dans le récit, à la manière du fameux Transperceneige qui voyage sans destination, la série en devient presque une oeuvre expérimentale à tous les points de vue.
A la manière des 2 tomes précédents (T2 et T3), le dessin est dans la même veine, un trait très gras qui ne laisse pas de place aux détails et montre un dessin brut et rectiligne qui manque parfois d'expressivité ou de force.
Concernant le scénario, c'est à double tranchant. Autant il y a des bonnes trouvailles, autant c'est parfois un peu fourre-tout, voir un peu trop tiré par les cheveux. Une suite qui n'a pas provoqué chez moi l'engouement de départ du train au 1001 wagons.
Il se trouve qu'entre le T1 et le T2 du "Transperceneige", il y a 15 ans d'écart. Cela se ressent clairement dans le dessin de Rochette, plus expérimental, plus dispersé, parfois anarchique. Personnellement, cela m'a dérangé au début de la lecture et je ne me suis jamais vraiment attaché à ce trait brutal et difficile à lire dans l'action.
Le T2 et T3 présente une quête annexe au T1, il est donc possible de suivre ce récit sans lire le premier tome du "Transperceneige" (mais vous loupez le meilleur album de la série avec le tome 1). Concernant cette deuxième partie, c'est décousu avec un T2 clairement long à démarrer sans trop d'éléments de contexte. Le "Crève-glace" semble être un train ultra robuste, il peut traverser des montagnes, subir des explosions d'ampleur importante mais ne semble ne jamais dévier de sa trajectoire, son objectif, le tout sans manquer de ressources qui semble inépuisables ; mais pour ne pas faire une redite de l'univers du 1er tome, des "Arpenteurs" peuvent sortir du train pour "visiter" l'extérieur, faire des réparations, et des coups fourrés à d'autres membres de l'équipage. On en revient rapidement au premier tome avec des classes sociales différentes dans chaque wagon du train.
Cette suite n'innove pas assez à mon gout pour la rendre vraiment plaisante à lire, malgré quelques moments forts.
"Transperceneige" un nom sophistiqué pour d'un projet fou, celui du supposé dernier train comportant le reste de la civilisation, le train aux 1001 wagons comme nous le rappelle chaque 1er plan de chaque chapitre. Un seul train, représentation des classes sociales, des prouesses techniques, un train autonome qui revèle bon nombre de secrets. Un train qui au delà de la science-fiction, amène une imagination débordante dans un monde anxiogène soutenu par cette histoire sombre.
Le dessin réaliste au trait en noir et blanc de Rochette soutient cette atmosphère, sur des grands aplats de noir et de gris en plus des détails des personnages, les gros plans et la belle expressivité qui en ressort. Un train avec ces rebondissements, ses nombreux moments de doutes, d'actions, et toute l'humanité qu'il y a autour. Un découpage par chapitre qui permet de donner un très bon rythme à ce premier tome et qui reste pour moi le plus réussi de la série.
S'il n'y en a qu'un à lire et à retenir de la série, c'est celui-ci, car il peut se lire seul à la manière d'un One Shot. La suite est selon moi facultative.
"TER", 3 lettres qui ne nous dit pas grand chose au départ ; un scénario signé Rodolphe qui fait penser au style de Leo (" Les Monde d'Aldébaran" pour ne citer qu'eux). Ce qui fait la force de ce triptyque, c'est qu'au delà de la quête, il y a un vrai développement des personnages avec leurs caractères propres, qui restent des êtres humains avant d'être des aventuriers. Ainsi que cela soit Mandor, Pip, Yss, Vern ou Beth, ces personnages possèdent une vrai personnalité au delà de leur enveloppe corporelle. D'ailleurs, Rodolphe n'hésite pas à jouer de leur caractère pour relancer l’intérêt et l'intrigue.
Le tout est évidemment appuyé par le dessin magistral de Christophe Dubois présentant de magnifiques planches, tout en hachure et un joli travail de lumière. Le plus surprenant pour moi reste la rigueur de ressemblance des personnages entre chaque case, ainsi la sulfureuse Beth a un visage très atypique qu'on reconnait très facilement, car la reproduction est impeccable. Mandor, Vern ont aussi a des traits bien a eux, cela ancre d'autant plus les personnages dans l'univers et dans le récit. Au delà de ça, il y a de très belles compositions au fils des tomes (notamment dans le premier) qui ne font que valider la qualité intrinsèque de la série.
Coté narration, je reproche quelque peu au T3 de trainer en longueur avec un coté "survival" qui fait parfois défaut, il fait perdre une partie de l'humanité insufflée auparavant par les personnages. Les "intégraux" ne sont pas non plus la meilleure des idées. Heureusement, on finit par retrouver ensuite de l’intérêt et être amené gentiment vers le second cycle que j'ai hâte de lire.
On peut reprocher au diptyque "Le tempérament de Marilou" de trop ressembler à certains de ses prédécesseurs de la même série "Mémoire des arbres". Ainsi j'ai eu comme cette impression d'avoir une revisite de "La belle coquetière" dans un autre contexte et avec d'autres personnages. Marilou se rapproche de l'état d'esprit de Violette de la série "Tendre Violette" du même auteur (Servais), les deux femmes sont libres, disposant de leur envies et ressenties comme bon leur semble et de manière intuitive.
Le dessin continu toujours à m'émouvoir, il est d'une force surprenante et me faire encore voyager, c'est toute la force de Servais : un trait précis, de magnifique hachures, un riche travail sur la lumière, un beau rendu dans les valeurs avec la mise en couleur de Raives, toujours très appliqué.
Ce n'est pas le meilleur diptyque de la série, cependant je suis toujours émerveillé en parcourant cette série, d'une richesse graphique difficile à égaler avec des personnages entiers.
Avec "Interlude", j'ai été directement touché par cette histoire insolite. Tellement originale qu'il fallait bien en faire un livre, donc merci à Céline Pieters et Célia Ducaju d'avoir sauté le pas ! Je ne savais pas que des pianos "militaires" avaient été commandés à Steinway par l'armée américaine pour remonter le moral des troupes. Si le récit se veut simple avec un seul arc narratif, il n'en reste pas moins très touchant et humain, tant les illustrations font résonner une certaine chaleur malgré l'aspect noir de la guerre et du froid.
Le trait de Ducaju manque un peu de précision et de détails pour rendre l'impression d'autant plus contemplative, suspendue et hors du temps. Mais au niveau de l'énergie insufflée, cela fonctionne bien avec une belle mise en couleur et des aplats qui viennent remplacer l'environnement, le paysage, le contexte pour se concentrer sur l'expressivité de l'illustration et l'humeur des personnages. Sympathique découverte.
Avec son titre accrocheur "Les femmes ne meurent pas par hasard" ne trompe pas sur le sujet abordé. Un thème d'actualité qui est toujours bon de souligner.
Sur le fond, les témoignages des victimes et des agresseurs sont essentiels, la bande dessinée déroule les faits et accusations, elle rentre un peu plus dans le ressenti des victimes mais peu dans la psychologie des parties prenantes. Sur toute la longueur, j'ai trouvé cette BD documentaire très linéaire et on retrouve des témoignages qui ont déjà pu être lus/vus/écoutés sur d'autres médias.
Sur la forme, le format en BD n'apporte pas grand chose, car l'image ne dessert pas forcément le texte et vise-versa. J'aurai pu lire les témoignages sous forme de dialogues textuels, j'aurais ressenti les mêmes émotions. Le personnage de l'avocate Anne Bouillon est assez inexpressif dans son dessin, malgré son empathie pour les victimes. La mise en couleur apporte quelque chose de frais et moderne, le dessin est satisfaisant mais manque un peu de dynamisme.
En résumé, c'est très standardisé comme œuvre, les témoignages permettent de comprendre les enjeux, mais d'autres films ou livres font ça bien mieux. Même si en soi, l'avoir sous forme de BD permettra toujours de défendre le combat des violences faites au femmes, il n'a que par la communication et aussi la diversité des supports que les lignes pourront bouger.
C'est au tour de "Au nom du pain" de faire briller un des fleurons de la gastronomie française.
L'époque dans laquelle se passe le récit se trouve être la réussite même de la série. En temps de guerre, tickets de rationnement et contrôle des populations par les forces allemandes, on ressent le poids de cette surveillance tout au long de la lecture. Si l'époque 1 (T1 et T2) réunie toute la tension et l'intensité nécessaire pour en faire une belle série, le 3ème tome avec la 2ème époque fait flop et la narration initiale s'écroule sous le poids du trop plein d'informations, une jolie déception en fin de bouche.
Dans le dernier tome de la série (T3), le récit ne parvient pas à centrer son attention sur une seule famille ou une seule histoire : trop de détails, trop de changements de personnages et de narrateurs c'est difficile de suivre. Le rebondissement proposé à la fin du T2 est balayée d'un revers de la main en 2/3 planches dans le T3. Alors que Marie et Marcelin sont des personnages centraux et attachants dans l'époque 1, l’intérêt disparait par la suite. Difficile de s'attacher ensuite à l'armada de nouveaux personnages présentés, des différents intérêt familiaux, c'est très fouillis.
Le trait de Lejeune est sympathique et dessert bien le récit. Des planches vives aux couleurs modernes et un soin particulier accordé aux personnages, visages et expressions. Un bémol, les bulles de dialogues entrecroisées de la sorte ne rendent pas forcément le récit des plus lisibles et leur lecture m'a sorti parfois de l'histoire pour savoir qui parle. Dans le T3, on ressent également une moindre attention au niveau du dessin, moins appliqué ; le trait est plus gras, moins précis, surtout dans la deuxième moitié à partir du mariage de Marie. On ressent toute la difficulté des auteurs pour maintenir l'attention du lecteur avec une qualité de dessin qui s'étiole, c'est dommage car cette série a bien commencé mais elle n'a pas su rebondir.
A partir du T.5, Servais délaisse Dewamme sur la suite de cette série pour s'approprier pleinement "Tendre Violette". Et le moins qu'on puisse dire c'est que le dessin est toujours vif et d'une grande qualité ; les personnages sont très réussis graphiquement, on retrouve rapidement l'ambiance dans laquelle Servais nous a habitué (avec les anciens tomes de "Tendre Violette", mais aussi la série "Mémoires des Arbres") : beauté de la nature, des corps dénudés, détails de la faune, de la flore, des paysages campagnards, hachures et jeux de lumière, case en superposition sur un autre dessin en pleine page, on retrouve tout le savoir-faire graphique de Servais, un vrai plaisir à parcourir. J'ai lu la version en couleur qui donne un coté moderne, avec le travail de Raives qui est très vivant.
Le scénario, avec un brin de fantastique, est un peu moins convenu que les débuts de la série, c'est notamment le cas avec "Lucye" sur lequel il est difficile de recoller les morceaux et de suivre pleinement le récit. Les 2 derniers tomes "Les enfants de la Citadelle" renouent avec le plaisir de suivre les aventures de Violette, mais encore une fois, je reste un peu sur ma fin malgré de belles séquences pleine de charmes et de vie. A découvrir tout de même.
"Tendre Violette", femme sauvageonne, symbole de liberté, d'émancipation et de féminité. Une belle série.
Toute la force de "Tendre Violette" réside dans son personnage principal, une soif de liberté incroyable, une vie à l'état sauvage à connaitre la foret comme sa poche, une sensualité à toute épreuve, une personnalité atypique qui en fait un personnage très attachant. Nous sommes comme envoutés par un dessin rempli de détails, un très beau trait, des hachures et de nombreux jeux de clair-obscur de plus en plus prononcés au fil des tomes, car si T1 "Tendre Violette" est timide au niveau des ombrages, c'est à partir du T2 "Malmaison", qu'en plus d'un scénario ambitieux, on retrouve une magnifique profondeur graphique, pour moi c'est du grand art au niveau de l'esthétique. L'immersion campagnarde dans les années 1910-20 est incroyable.
Au niveau de la structure, le T1 est une présentation de Violette qui ce fait par des histoires courtes sans forcément de liens prononcés entre elles. A partir du T2, l'histoire se déroule sur un tome entier, et les tomes peuvent se lire de manière discontinue (comme un "One Shot"), malgré l'apparition dans le T1 de personnage qu'on retrouvera plus tard dans le T2 (Bourguignon) et le T3 (Julien)
Ayant lu les tomes INT en N&B, ils sont très réussis : page épaisse et de qualité, grand format avec de magnifiques cahiers graphiques en postface des intégrales. Entre N&B et couleur, il y a une différence dans la profondeur, notamment avec le tome "Malmaison" et "L'alsacien" (INT.2) où le noir profond est inégalable en comparaison de la version en couleur. Les détails et la profondeur des contrastes ainsi que les hachures, en font des œuvres à parcourir en N&B de préférences, même si la couleur apporte plus d'énergie et de modernité.
"Tendre Violette" marque par ses paysages, son esprit de campagne, ses personnages aux tempéraments bien trempés, bien que certains soient secondaires, ils occupent une grande place dans le récit (Lucye, Bourguignon, Julien).
Avec la couverture de "La Nuit est mon royaume", le récit nous laisse penser a un road trip adolescent autour de la vie d'artiste émergent et du monde des concerts. En le lisant, il ne s'éloigne pas de ce principe, si ce n'est que Paul Mc Harthney parle peut être moins à la nouvelle génération. On retrouve les archétypes du monde de la musique (moins celui de la nuit) : manque de visibilité, économie d'argent difficile, sacrifice de sa personne, drogues. Claire Fauvel apporte un élan de fraicheur qu'il est bon de souligner. Un trait qui parfois s'apparente à celui de Bastien Vives au niveau des visages. Avec le personnage de Nawel, le One Shot propose un récit plus sombre qu'il n'y parait.
Le dessin est rond et moderne, il retranscrit très bien les moments d'émotions, notamment pendant les concerts, le temps semble suspendu sur des doubles pages musicales, pourtant aucun son ne sort de l'image, mais l'émotion rayonne.
Même si la proposition est classique et une facilité se dégage de certaines situations, elle reste de bonne facture avec des personnages féminins attachants. De plus, je trouve toujours audacieux de parler de musique avec le 9ème art (absence de son).
"Le Dernier Chevalier" de Eisner est un récit simple avec un dessin passe-partout, caricatural et coloré. L'aventure ne déplait pas mais elle ne surprend pas non plus. Juste la morale de l'histoire qui reste belle et intemporelle : Rêvez tant que vous le pouvez et le voulez, car c'est une voie qui permet de s'accomplir et d'effacer les tourments de la réalité.
"Hope One" fait preuve d'audace dans le premier tome, plutôt prenant : la découverte de la situation, le voyage cosmique pour échapper à une attaque nucléaire. On va dire que ce premier aperçu permet d'amorcer une situation inattendue qui laisse présager un second tome plein de rebondissements. Mais finalement, le parti pris et l'orientation choisi dans le second tome annihile une partie du plaisir du premier, car on connait déjà les pièces du puzzle et de l'intrigue grâce au tome 1, il n'y plus d'effet de surprise et ce dernier parait donc bien fade, en plus d'être particulièrement bavard et linéaire dans ses actions.
Au niveau du dessin, je suis tout autant partagé car deux dessinateurs se partagent chacun un tome du diptyque, Fane reste le scénariste des deux tomes. On a donc deux univers différents graphiquement qui présentent une même histoire. C'est culotté, mais je trouve que c'est correct étant donné le contexte du récit. "Hope One" aurait pu être plus impactant en ne tournant pas autour du pot et en proposant plus d'intensité dans le dernier tome.
"Le mercenaire" ne prend pas le temps de raconter et de poser son univers : une introduction, un contexte, pour quoi faire ? Ainsi "Le mercenaire" sort de nul part pour sauver des beautés en détresse. Homme aidant, sympathique, intelligent, humble, sans réelle défaut, il coche toutes les cases du héros, il saura déjouer tous les pièges qui se présentent sur son chemin et résistera même aux plaisirs de la chair avec toute ses pin-up qui ne peuvent s'empêcher d'égarer leur vêtements... Il faudra attendre le T3 pour commencer à donner un peu de structure à l’univers et au récit, malgré l'absence accru de caractères pour les personnages.
Les tomes se lisent rapidement et s'enchaînent avec cette vague impression de lire une suite de mauvais "Thorgal". Difficile d'exprimer de l'empathie pour notre "Mercenaire" un personnage très lisse, ultra neutre, qui ne présente aucune psychologie et personnalité. Claust, le grand méchant est machinéen à en faire pleurer un dragon, car tout réussi au "Mercenaire" sauf mettre la main sur ce (Santa) Claust qui n'aime que jouer avec les explosifs. Les dialogues sont terribles et l'humour ne fonctionne pas. C'est peut être inhérent au genre Heroic fantasy, mais le récit se permet des raccourcis et arrangements comme bon lui semble, sans explication, donc aucune empathie pour son lectorat.
Ce qui vaut le coup d’œil est bien entendu le dessin ou plutôt la peinture, car nous avons ici un style et un médium peu commun en BD. Les corps des personnages rayonnent sous les jeux de lumière, les paysages captent une ambiance inégalée dans un style réaliste, mais du coup l'expressivité des visages, des corps et la notion du mouvement s'en retrouve parfois bafoués, par une ligne trop figée, c'est bien dommage pour de la BD. Les cases et ellipses sont également peu dynamiques. On restera donc sur cette première bonne impression de peinture réaliste.
Après lecture du T7, je m'arrête sur cette série, les personnages n'évoluent pas, le bestiaire non plus (les personnages voyagent exclusivement à dos de dragon), la fantasy et le magique prennent une place considérable sans explication aucune. Cela ne vaut pas le coup de s'y attarder plus longtemps.
C'est plutôt exclusif d'avoir une intégrale qui regroupe autant de tomes (10 au total) et c'est un problème de poids car elle pèse lourd dans les mains et donc pendant la lecture. La lire avec l'aide d'une table rend l'épreuve bien moins contraignante et ne gâche plus le plaisir de lecture du "Monde d'Arkadi". Passé ce point, il s'agit d'un magnifique livre notamment avec une première de couverture représentant un des tome central du récit d'Arkadi (T.6 Noone), le dossier en post-face de Nicolas Trespallé est d'une grande qualité. C'est apprécié de voir une intégrale complète sur cette série, car "Le Monde d'Arkadi" bouleverse encore l'imaginaire aujourd'hui.
J'ai pu lire ce préquel grâce à la nouvelle intégrale du "Monde D'Arkadi" sortie chez Humanoïdes Associés (Édition 50 ans) et qui intègre ce tome.
Au niveau du dessin, c'est pour moi magistral, d'une grande précision dans le trait, un style rectiligne avec des effets de flou et de transparence (surement grâce aux outils numérique) peu vu auparavant dans une BD. Une magnifique mise en couleur. L'atmosphère et l'univers graphique permet de hisser ce tome dans les plus réussis de la série graphiquement, dans ce style qui défini si bien Caza.
En revanche, le récit ne nous apprends pas grand chose de plus sur l'ère de la masse, si on le lit avant la série du Monde d'Arkadi, il est une introduction à l'univers (avec des personnages différents). On découvre avec "Nocturnes" une face sombre du récit du père d'Arkadi qui a trahi les siens car soumis au plaisir de la chair. Encore une fois, on découvre de nouvelles créatures mystiques qui enrichissent l'univers. La beauté est de mise dans ce one shot, mais j'aurais apprécié un peu plus de force dans le propos.
"Première Née" renoue avec l'histoire débutée sur le premier tome de la série - "Petit", un préquel sur la fille ainée du Fondateur. Si la structure des dialogues et des textes est un peu moins soutenue, l'histoire n'en reste pas moins captivante, en renouant avec la complexité des géants, brutes épaisses qui oublient leurs capacités intellectuelles derrière leurs forces et leurs hauteurs. S'ensuit un rapport de force entre leur part d'humanité de laquelle ils sont descendants et le coté monstrueux et bestial qui en font des géant. Le combat de la Première-Née n'en est que plus légitime. Sous ses airs médiéval, le récit est résolument plus moderne. On y retrouve les fameux récits écrit qui fragmente le rythme de la bande dessinée elle-même, sur un bon équilibre qui satisfait d'autant plus l'immersion dans le monde des Ogres-Dieux.
Sur le dessin, on renoue également avec les différences de taille entre les personnages, qui s'étaient perdus notamment dans le T3. Le rendu général se rapproche également du style manga avec des personnages aux yeux très ronds et des tenus de jeunes géants qui laissent penser au style japonais. La dernière partie, sur le récit d'Hémione reboucle avec les débuts (T1) et permet d'en comprendre la globalité. Un récit qui reste très bien construit avec les pièces du puzzle qui s'imbriquent efficacement C'est une belle série, malgré que son scénariste nous ai quitté prématurément (pendant l'écriture du scénario ?), la série reste de très bonne facture.
"Les Ogres-dieux" est introduit de manière forte avec un premier tome qui appréhende l'univers des Ogres au-delà des espérances, la suite avec le T2 et T3 sera plus classique et convenu.
Dans un premier temps, les livres physiques ont un joli format en plus des couvertures particulièrement soignées en nuance de gris et dorée. On retrouve des récits entrecroisés dans une même temporalité pour les 2 premiers tomes où l’on suit les aventures selon différents points de vue en fonction du personnage mis en avant. L'imagination de ce monde est débordante, l’écriture est très réussie. Ainsi la bande dessinée est ponctuée par des pages de textes pleins qui présentent différents personnages ayant marqués le passé et le présent du royaume des "Ogres-Dieux". Cela permet de faire une parenthèse avec le récit et les illustrations, et d'expliquer un peu plus le contexte de cet univers. On sent que tout le récit a été très bien pensé et soigné pour rendre la lecture plaisante et surprenante à chaque chapitre.
Le dessin de Gatignol fait largement partie de la réussite de cette série, une atmosphère dramatique résonne par ce jeu de noir et blanc, mais surtout le dessin se plait à jouer avec les tailles des personnages - les Ogres de tailles variables sont parfois immenses et les humains toujours très petits. La grandeur et l'agencement des cases jouent beaucoup sur l'impression générale et les émotions qui en ressortent, notamment dans le T1 qui reste selon moi le plus magistral. Un esprit manga ressort du dessin, dans le trait des personnages, notamment avec Petit, parfois aussi dans les paysages et l'ambiance générale. Le grand format permet de souligner les moments intenses en émotions avec des plans rapprochés sur page complète. Également la réflexion autour de ces Ogres qui mangent les humains, rappelle également la ligne fragile entre l'homme et l'animal, en plus des histoires de consanguinité, de barbaries, d’accouchement meurtrier qui oriente le propos vers un récit adulte, l'imagination des auteurs ne manque pas pour nous présenter ces géants, créatures de légende.
Chaque tome révèle son lot de surprises avec toujours de belles chutes, bien agencées. En revanche, le T3 sort quelque peu du lot et présente des longueurs. Un rythme plus soutenu en texte et en sous-chapitres qui ralentit une partie du rythme de l’intrigue. Là où le rythme semblait fonctionner dans le premier et le second tome de la série, il apparaît plus saccadé dans le T3 avec de nombreuses interruptions et une impression que le récit n'avance pas. De même que le récit ne s'achève pas vraiment à la fin du T3. Une série étrange, où les personnages se croisent, mais le récit ne converge pas exactement vers un même point d'entente, c’est selon moi le seul bémol à la fin de la lecture du T3.
Par curiosité, je me suis essayé à un tome de la série "Ils ont fait l'histoire" et dans l'ensemble, je suis déçu du contenu. Le contexte historique est bien là avec tous les détails importants sur la vie de Cléopâtre, mais pour ce qui est de la structure, du rythme et de rentrer dans l'état d"esprit des personnages, le récit se tire une balle dans le pied. Trop d’événements viennent parcourir cet unique tome, là ou deux ou trois tomes aurait pu permettre de se familiariser avec les différents personnages historiques et leur singularité, aussi bien Cléopâtre que l'ensemble des personnages secondaires. La sensation qui en résulte est qu'un livre d'histoire aurait suffit à décrire les faits, ce que je cherche dans la bande dessinée, c'est de me mettre dans la peau des personnages et en quelque sorte de vivre à travers leurs regards. Or ici, le physique et les personnages ne sont que des enveloppes au récit historique. Du coup, on ne rentre jamais complétement dans l'histoire.
Le dessin est réussi dans son ensemble, mais là encore, la narration l’empêche de l'exprimer pleinement. Ainsi, avec les quelques planches sur César, puis Marc Antoine, suivies de celles sur Octave, il est difficile de s'acclimater au caractère et tempérament de chacun. Cette version de "Cleopatre" manque clairement de force.
"Echo" de Terry Moore présente un bon travail de narration sur la première partie de la série, la découverte des personnages, la problématique de Julie, les informations sont révélées petit à petit et un réel engouement naît de cette mystérieuse explosion venue du ciel. Plus loin encore, la couverture des 6 tomes révèle l'avancement de l'intrigue avec la quantité de métal sur la peau de Julie, juste l'élan nécessaire pour donner envie de lire la suite.
Coté dessin, c'est réussi avec un trait pour trait soigné, esthétique et semi-réaliste ; un style en noir et blanc qui fonctionne bien. A noter, les visages des personnages tirent parfois vers la caricature sur les plans éloignés alors que les gros plans sont plus réalistes. Pour les visages féminins, j'ai parfois l'impression d'avoir une Julie et une Ivy différentes physiquement entre la représentation du visage de profil et celui de face ou 3/4. C'est une impression mineure, mais cette remarque m'a parfois fait "sortir" de l'histoire.
A partir du T4, l'histoire commence à s'étirer en longueur avec de longues tirades scientifiques ; bien que le contenu semble sensé, il ne nourrit pas directement le récit. S'ensuit des théorie un peu fumeuses sur cet alliage. Clairement le dernier tome est le plus décevant, un final bâclé car l’histoire ne nous laisse pas le temps de trouver son rythme, ni de vraiment expliquer les faits et les situations contrairement au début de la série.
Les personnages sont bavards pour pas grand chose. Point positif : la dualité entre Julie et Ivy est très sympathique, un humour piquant et rancunier qu’il est bon de souligner au fil des tomes. Je conseille cette série pour découvrir Terry Moore, même si la fin ne mérite pas les éloges du début.
"Penss et les plis du monde" est un One Shot qui nous emmène à l'ère préhistorique, au temps des hommes nomades, de la chasse, de la cueillette et de la survie de l'homo sapiens dont chaque jour en dépend. Ainsi Penss, un jeune homme rêveur remet en question sa condition d'homme, se refuse à chasser pour observer et comprendre différemment le monde, pour "dialoguer" avec la Terre, qui ne laisse aucun repos et répit à l'homme. C'est un personnage principal spécial, difficile de s'y attacher dans un premier temps car complétement hermétique aux autres et également antipathique.
Si le propos en mode "survival" est intéressant, je trouve que le dessin ne parvient pas à donner le souffle de vie et l'aspect contemplatif que voudrait le récit...à savoir les moments de réflexion et d'effervescence de Penss. Le trait est grossier, avec un rendu cartoon pour les personnages, ainsi il y a un décalage entre la dureté des situations et la douceur du dessin, emprunt au style du manga parfois. De même dans les scènes de mouvements, l'action est peu lisible, peu graphique, au travers d'un découpage en petites cases fragmentées qui rendent leurs lectures difficiles.
Concernant la narration, il y a également peu de moment de réjouissance, le récit est noire et ne s'équilibre pas avec des moments plus apaisés, le lecteur ne prends pas vraiment le temps de respirer de cette joute. Les éléments affirmés quelques pages en amont, sont démentis plus tard et le message est selon moi partiellement retenu. "Penss et les plis du monde" n'est pas ma tasse de thé.
D'une énergie débordante, "Yotsuba & !" doit tout à son personnage principal du même nom, une petit fille dont l'imagination et la curiosité débordante en plus d'une honnêteté à toute épreuve en font un personnage très drôle qui enchaine des situations cocasses. L'expressivité des dessins jouent beaucoup sur le rendu général, avec des décors propres, en plus soin apporté à la palette d'expression des personnages rend le tout très lisible et facile à comprendre à tout age.
Également le choix de présenter des situations simples de la vie quotidienne met les personnages à notre échelle. Un aspect contemplatif et d'émerveillement parcourt la série pour les choses simples de la vie au travers du regard de "Yotsuba", c'est très humain et touchant. J'ai lu les 3 premiers tomes, j'aurais surement apprécié en lire 2 ou 3 de plus, savoir s'il y a une évolution dans les personnages. Car la narration s’essouffle quelque peu à mon gout au fil des chapitres, et donc tenir la série sur 15 tomes relève d'un vrai défi, à voir.
Cosey nous embarque avec "Le Voyage en Italie" dans une quête du souvenirs, un récit de vie qui cache de belles illustrations et paysages. Là ou les personnages semblent un peu bâclés au niveau de l'esthétique (non merci les chemises à carreaux de Art !), mais ou il ressort du vrai dans leurs complexités et leurs humanités. Un premier tome qui met du temps à décoller pour pleinement en savourer le second, plus révélateur sur la situation et les personnages. Le rythme du second tome est plus cadencé et devient d'autant plus intéressant, Cosey c'est avant tout du beau dans les détails et les compositions de ses illustrations.
Une préférence tout de même pour "A la recherche de Peter Pan" du même auteur, qui me laisse d'autant plus songeur, cela dit "Le Voyage en Italie" s'il peut-être discutable au niveau de l'esthétique (la mise en couleur est vieillissante, le trait également), il ne l'est pas au niveau du récit, très humain et authentique.
Le concept de "Jim Curious" est sympathique, utiliser des lunettes bicolores pour vivre des aventures en 3 dimensions, l'effet est réussi avec une jolie immersion graphique, même si sur le principe, ce type de lunettes 3D commence à dater maintenant.
L'esthétique des planches est bien présent et en grand format, on s'émerveille avec les illustrations proposées, les cases s'enchainent avec fluidité, comme dans toute BD. En revanche, je regrette le scénario plutôt vide (sans bulle, ni dialogue aucun), peu d'expressivité dans le personnage principal, peu d’interaction avec son environnement, la narration est ultra légère, cela manque de relief ; c'est bête car c'est tout l'inverse graphiquement. On parcours l’œuvre en 10 minutes, 15 minutes si on s'attarde sur les détails, puis on se rend compte que c'est lunettes 3D font quand même un peu mal au yeux. "Jim Curious" reste une expérience qui étonnera petits et grands pour son concept novateur, mais qui aurait mérité un peu plus d’intérêt dans le récit.
"Le Grand Fossé" sous la direction de Uderzo est sympathique. Les personnages toujours aussi bourrus et attachants font preuve d'une excellente expressivité. Le récit est fluide et se déroule facilement au fil des planches, il reste cependant très classique et l'approche permet assez peu de marges de manœuvre et d'extras dans la narration. L'humour est de qualité avec une répartie qui fonctionne bien, dans la répétition. Même si ce n'est pas ce que j'ai lu de mieux de Astérix, "Le Grand Fossé" respecte mes attentes, avec un dessin dynamique et original qui conviendra à une grande palette de lecteurs (petits et grands).
Un étrange OVNI qu’est "Voyage en tête étrangère". Si le dessin de Hulet est très apprécié dans un univers lugubre et malsain, avec des tableaux efficaces et oniriques, il est en revanche difficile de suivre la trame du récit avec de trop grands raccourcis et des ellipses complexes. Ce voyage interne n’est également pas des plus intéressant, une myriade de personnages à peine présentés qu’ils sont déjà dans le feu de l’action, des dialogues qui n’ont de sens que celui que le lecteur lui donne.
Bref, il faut s’accrocher pour suivre et beaucoup de choses relèvent de l’abstrait ou n’a pas le sens premier qu'on lui donne.
Je n’ai pas aimé de voyage initiatique, bien trop farfelu avec finalement peu d’enjeu, malgré l’imaginaire débordant bien présent de son auteur…
Encore une aventure pour "Fanfoué des Pnottas" permettant de mettre en avant une belle région de la Haute-Savoie. "L'alpage disparu" parle du glissement de terrain survenue en 1943 dans le Chablais et créant ainsi le beau "Lac de Vallon" dans la vallée du Brevon. Si le contexte historique est intéressant, je trouve la narration timide, les personnages sont très bavards en comparaison de leur champ d'actions et cela ralenti le dynamisme générale du récit. L'ensemble est très linéaire (changement de temporalité mais pas de lieu). Quelques plans d'ensemble permettent de capter l'ambiance montagnarde, mais on ne ressent pas l'atmosphère autant qu'il le serait possible, les récits sont centrés autour d'une enquête qui n'a pas beaucoup d’intérêt (exit les diamants sortis de nulle part). Les personnages manquent de matière grise, celui de Anne, manque d'impact, Fanfoué est également plus effacé qu'a l'accoutumé malgré son humour et ses jeux de mots toujours présents.
Coté dessin, Felix Meynet propose un dessin régulier sur ces personnages, les costumes, mais on peut reprocher le manque de détails des décors et un trait rapide qui joue beaucoup de l'atmosphère générale, c'est trop léger, exception faites aux quelques détails sur les plans d'ensemble, réussi mais peu nombreux. La mise en couleur est correct, manque un peu d'énergie.
Encore une aventure pour "Fanfoué des Pnottas" permettant de mettre en avant une belle région de la Haute-Savoie. "L'alpage disparu" parle du glissement de terrain survenue en 1943 dans le Chablais et créant ainsi le beau "Lac de Vallon" dans la vallée du Brevon. Si le contexte historique est intéressant, je trouve la narration timide, les personnages sont très bavards en comparaison de leur champ d'actions et cela ralenti le dynamisme générale du récit. L'ensemble est très linéaire (changement de temporalité mais pas de lieu). Quelques plans d'ensemble permettent de capter l'ambiance montagnarde, mais on ne ressent pas l'atmosphère autant qu'il le serait possible, les récits sont centrés autour d'une enquête qui n'a pas beaucoup d’intérêt (exit les diamants sortis de nulle part). Les personnages manquent de matière grise, celui de Anne, manque d'impact, Fanfoué est également plus effacé qu'a l'accoutumé malgré son humour et ses jeux de mots toujours présents.
Coté dessin, Felix Meynet propose un dessin régulier sur ces personnages, les costumes, mais on peut reprocher le manque de détails des décors et un trait rapide qui joue beaucoup de l'atmosphère générale, c'est trop léger, exception faites aux quelques détails sur les plans d'ensemble, réussi mais peu nombreux. La mise en couleur est correct, manque un peu d'énergie.
"Rosalie Blum" ne m'a pas plu. Pour tout vous dire, je n'ai pas terminé l'intégrale. Premièrement, les personnages bien que sympathique sont très passifs, donc peu de possibilité de représentation de scènes dynamiques. Le cadrage rentre dans la même veine, peu de changement de plan, c'est plutôt mou. Les protagonistes passent leur temps à se suivre, de manière encore une fois très passive, nous sommes dans la complaisance de l'inaction, de la timidité ou de la flemme. Que cela soit Vincent ou Rosalie, il représente une personne lambda sur lesquels on mise une vie moins morose, c'est vite déprimant. Certains diront que cette monotonie est révélatrice d'une singularité, d'une simplicité qu'il est bon de souligner, moi pas. La mère de Vincent, plus excentrique remonte un peu le niveau. Un humour doux et délicat, qui m'a fait sourire parfois, mais c'est tout.
Le dessin est cohérent avec les personnages et l'univers, mais encore une fois, il ne me parle pas. Ce qu'il y a de plus plaisant reste la mise en couleur soigné. Ce n'est pas pour ce genre d’œuvre que j'aime la BD et que je la cultive, trop plat, trop terre à terre, simple et peu ambitieux, même si je comprends qu'on peut s’émerveiller des petites choses du quotidien. Bref, "Rosalie Blum" peut faire sa vie, j'irais faire la mienne, car j'ai du mal à capter la poésie de cette BD et à réaliser que Vincent Machot n'a que 30 ans et non pas 50 ans comme peut le laisser croire son rythme de vie.
"Tchatchette" suit la direction de "Isabelle" avec une partie relevant du fantastique. Ici, il est question de sorcellerie et de mauvais sorts. Parsemé d'histoires courtes, l’intérêt pour ce tome est moindre, d'autant plus avec des fins de récits qui finissent en eau de boudin. Même, je cherche le lien avec le reste de la série "Mémoire des arbres" tellement l'approche est différente, hormis "Isabelle" qui se rapproche du même genre.
Le dessin est correct, même si le trait est plutôt figé et la couleur en quadrichromie donne un ensemble fade. Ce tome étant sortie initialement en 1982, il est quand même intéressant de constater les effets de style et de forme que Servais utilisait déjà : illustration en page complète avec des cases mêlant souvenirs et émotions, les éléments souvent organiques qui dépassent de la case pour se présenter en avant plan. Cela donne la signature de l'auteur, bien que le tome 1 "La hache et le fusil" soit sortie 12 ans plus tard.
"Isabelle" fait partie de la série "La Mémoire des arbres" bien que sorti avant le 1er tome "La hache et le fusil" dans une autre édition (Histoires et Légendes - Éditions du Lombard). Cela se ressent sur deux points, tout d'abord la couleur en quadrichromie qui n'apporte pas la qualité de mise en couleur de Raives (Guy Servais) des cycles précédents. D'autres part, l'approche fantastique du récit différencie ce tome des autres. Cela permet, entre autre de rompre le récit très "classique" de l'histoire insufflé au départ, mais sans rentrer dans par exemple dans la puissance du réputé : "Le grand pouvoir du Chninkel" de Van Hamme et Rosinski.
Ainsi, il est ressort une œuvre poétique mais qui n'exprime qu'assez peu le ressenti des personnages (hormis l'amour inconditionnel de Quentin et Isabelle, l'un pour l'autre).
Avec un graphisme toujours impeccable et détaillé, "La lettre froissée" continue de surprendre, les paysages de campagne laissent la place à la ville, aux bâtiments, école et autres infrastructures. Et j'y retrouve la même beauté de forme que les diptyques précédents ("Les seins de café", "La belle coquetière").
Dans les œuvres de Servais, il y a toujours une femme qui bouleverse le récit. Ici, il s'agit de Pauline, une bourrelle des cœurs. Sur fond d'occupation, il est question ici d'enfants, de guerre et de juifs. Même si c'est bien amené, ce cycle est d'un intérêt moindre me concernant pour le scénario qui n’empêche pas d'apprécier l'ambiance générale et l’esthétique qui découle de l’œuvre, d'une grande qualité.
Dans la lignée du cycle précédent, "La Belle Coquetière" est en tout point de vue remarquable. La beauté des graphismes fait beaucoup, les compositions sont très réussis, Servais se plait cette fois à réaliser des grandes illustrations sur une page, évoquant des moments forts en intensité ou en souvenirs. Les paysages et l'ambiance de la campagne sont omniprésents, la mise en couleurs de Raives sublime complétement le dessin de Jean-Claude Servais.
Les personnages sont attachants avec une vraie force de proposition, à commencer par "La Belle Coquetière" nommée Angèle elle-même, incarnation de la liberté, de force et de sensualité, mais aussi les personnages que celle-ci croise sur son chemin. Le récit est menée d'une main de maitre pour voguer de planche en planche et de surprise en surprise.
Ce dytique est d'une qualité indéniable et reste le plus réussi de la série, graphiquement et narrativement à mon gout.
C'est au travers du second cycle "Les Seins de Café" que la série commence à vivre pleinement. Déjà par une introduction rapide et plaisante des personnages, à l'opposé de "La hache et le fusil". Un cycle plus sensuel où la représentation de la beauté féminine est à l'honneur, mais aussi la composition et ces paysages de campagne dans lesquels il ressort du merveilleux. Le dessin et la couleur sont un niveau au dessus du cycle précédent, avec de beaux traits, des couleurs automnales, une parenthèse parmi les arbres. Un graphisme qui vieillit très bien tellement les couleurs sont flamboyantes.
Au niveau du récit (librement inspiré de faits réels), c'est très réussi avec de nombreux personnages présentés et une vraie homogénéité dans les propos. La BD est peu bavarde, on se laisse très vite porté par l’intérêt du récit, les illustrations de Servais et l'ambivalence de la relation entre Victor, Helène et Lisa. Des prémices du roman graphique contemporains ? En tout cas, c'est proposé avec beaucoup de délicatesse et de soin. Je suis un grand admirateur.
"Europa" résonne comme une redite des nombreux succès de Léo sans vraiment innover dans l'approche ou la narration, il ne s'agit pas non plus d'un spin-off de la série Centaurus, comme j'ai pu le croire initialement. Un phénomène d'origine inconnu empêche le contact radio avec le vaisseau Europa venu explorer la lune de Jupiter, l'équipage partant en expédition à bord du vaisseau Orion 4 est porté disparu. On recherche alors une pilote disponible capable de conduire un équipage vers le vaisseau Europa. Avec le T1, le scénario met beaucoup de temps à démarrer et ne porte que peu d’intérêt : recrutement de la pilote Suzanne Saint-Loup et début de la mission. Le T2 confirme le manque d'originalité du récit, avec des personnages peu nuancés dans leurs convictions, tout est très machinée. L'érudit religieux, le Revérend Mikow en est l'exemple parfait, il clame que la terre est plate et que l'homme est arrivé le 7ème jour après la conception de la terre par Dieu sans aucun argument concret, il est l'exemple même du stéréotype d'un vide abyssal qui n'apporte aucune nuance et questionnement sur le récit.
Même si le suspens sait se maintenir et le duo Suzanne Saint-Loup/Paul Douglas reste convaincant, je ne suis qu'a moitié emballé. Les personnages n'ont également pas beaucoup de place pour exprimer leur doutes, leurs peurs, leurs envies (hormis la relation naissante entre Paul et Suzanne) comme le fait habituellement Leo dans ses œuvres.
Gros point bloquant également sur la mise couleur (comme son prédécesseur "Centaurus" avec le même coloriste) qui ne met pas en valeur les personnages et d'un aspect trop froid/numérique, alors que le dessin est détaillé et réussi en soi. Je ne sais pas pour combien de tome est prévu la série, mais je suis partagé sur mon envie de lire la suite après lecture du T1 et T2.
"Le Grand incident" est une chronique sociale qui pose la question de la représentation de la nudité dans l’art, reflet de l’état d’esprit de nos sociétés du passé et d’aujourd’hui. L'autrice Zelba propose alors un récit dynamique autour de statues féminines qui décident de se rebeller à leurs façons dans le musée du Louvre. On reconnait aisément le lieu, les allées et les œuvres qui y sont présentées si vous avez déjà visité ce très beau musée, c'est très plaisant d'y replonger au travers de la BD.
Le dessin au trait est rond et caricaturale (un peu trop à mon gout ) pour les personnages du récit, alors que la représentation des statues et des peintures montrent un trait plus assuré et réaliste, le contraste est sympathique. La couleur, juste au trait ajoute une certaine dynamique aux planches, sinon d'un pur noir et blanc, les personnages possède une belle palette d'expressivité également.
Une remise en question des œuvres du passé, de la représentation dans l’art, de la sexualisation des corps féminins, au delà de leurs beautés intrinsèques. Même si le final se termine de manière attendue, l'atmosphère qui règne en fond dans cette œuvre est sympathique, en plus d'un post-face apprécié. A découvrir pour les amateurs/curieux d'histoire de l'art, de nudité et de sociologie.
Jean-Claude Servais, c'est la nature, la campagne, la beauté de la faune, et le sens du détail. Avec "La Hache et le Fusil", il présente un univers qui définit son style. Une mise en couleur passable de Émile Jadoul, mais sans plus ; l'ensemble est peu terne sur certaines planches. Pour les personnages, ils se retrouvent également figés dans ce diptyque, en plus de leurs personnalités plutôt rustres : Robert le personnage principal ne parle pas beaucoup et semble vite antipathique, son compagnon est bavard mais n'est pas intéressant pour un sous, tout comme Marie-Astrid malgré le mystère qui tourne autour d'elle.
Un scénario qui prend son temps et qui monte en tension petit à petit à la manière d'un polar sans vraiment en être un. Le récit reste lui classique et sans grande surprise, même s'il est bien amené. Une petite déception pour un début de série qui manque d'impact et de points d'accroches, c'est dommage. A voir pour les tomes suivants de la série.
"Faire de la bande dessinée" est plus applicatif et moins historique que son prédécesseur "L'art Invisible" au travers d'un dessin qui dessert complétement les propos et les exemples de ce manuel déjà dense en informations, bien qu'il ne rentre pas dans les détails techniques poussés en soi (anatomie et perspective par exemple). Et heureusement, car il y a déjà matière à raconter.
J'ai trouvé l'approche très saine, sous forme de chapitres qui délimitent très bien le cadre, un humour toujours fin et bienvenue de Mc Cloud, des notes détaillées à la fin de chaque chapitre, des exercices concrets également. Techniquement, je préfère cet essai à "L'Art Invisible" mais les deux livres se complètent bien. Que l'on soit déjà dessinateur, illustrateur en devenir ou simplement lecteur passionné de bande dessinée, on n'y apprend de nombreuses choses qui font voir d'un autre œil toute la technicité et la beauté du 9ème art.
On peut reprocher à l’œuvre certaine longueur et d'être un tantinet trop bavard ou précis sur certains points qui raviront peut-être des lecteurs aguerris, mais on ne peut pas reprocher à Mc Cloud d'avoir mâché tout le travail et nous proposer un livre complétement abordable. L'ouverture proposée en conclusion sur les genres et trouver son identité propre est je trouve d'une grande qualité, montrant le champ des possibles, sans réfréner et proposant un mindset (état d'esprit) tourner vers l'avenir de la bande dessinée. Un beau condensé, qui fait hommage à la BD sous toutes ses formes, avec passion.
Dans une approche contemporaine, "Verts" empreinte certains codes du manga (grands yeux, aspect atmosphérique, contemplations) au travers d'une œuvre fantastique qui voudrait nous émouvoir uniquement par le dessin. Car oui, les dialogues manquent cruellement de consistance aussi bien que le récit quasiment vide d'explications et de sens qu'avec des personnages ne possédant pas d’enveloppe, ce qui ne les rends pas intéressants.
Sur quatre saisons, nous suivons l'évolution d'une étrange maladie, liant les plantes et l'humanité, c'est également la quête du deuil d'un être cher dans le coma pour un des personnages, mais c'est bien maladroit. La bande dessinée priorise la nature et le contemplatif au reste. Le déséquilibre est tel que si graphiquement la forme ne vous plait pas, il ne sert à rien d'aller plus loin.
Les dessins de Marion Besançon résonne avec légèreté : un trait fin, quelques contours, des tons clairs sur un papier qui semble de qualité. J'ai un problème avec la représentation des yeux dans cet œuvre, trop imposants, des pupilles dilatés à la manière des mangas, mais je ne retrouve pas l'émotion dans les regards. Si la nature nous parle, la narration le fait beaucoup moins bien voir pas du tout, dommage.
Entre onirisme et réalité, "Le monde d'Edena" nous ouvre sur un monde nouveau. Le T1 introduit calmement l'univers, on pourrait même l’appréhender comme un T0 (forme de préquel). Les dessins, très épuré dans ce premier tome finissent par devenir plus organiques au fil du récit selon le monde dans lequel évolue les personnages. Dans son ensemble, la progression de la narration est bonne, beaucoup de questionnements sont soulevés au fils des tomes sans trop en dévoiler, une tension permanente et de belles surprises parsèment la série. Mais voilà que le T4 se termine sur une impression générale plutôt bonne, le T5 casse selon moi une partie de la dynamique et de la tension à cause d'une légèreté dans le scénario et les dialogues (plein de nouveaux mot inventés font leur apparition pour renforcer le coté extraterrestre, mais cela crée un certains flop tellement les mots semblent bidons ou dépassés).
Le plus décevant concernant la forme, c'est le dessin et les couleurs : simple au départ, peu de détails, des formes standards et des grands aplats de couleur. On ressent le minimalisme volontaire de son auteur. Heureusement, le trait se complexifie une fois arrivée à Edena, donnant lieu a de belles séquences onirique et organique. Dans le dernier tome, on retombe dans le minimaliste, voir même parfois un dessin qui semble bâclé et qui dénote avec la puissance de la narration. Les descriptions de l’œuvre en post-face du T1 et T2 qui montrent le cheminement de Jean Giraud/Moebius et son inspiration pour écrire cette série sont appréciés.
Si le récit sait toujours convaincre par la force des choses, les dessins et surtout les couleurs semblent d'un autre temps.
Sur la forme, je ne me m’empêcher de comparer cette série à celle du "Monde d'Arkadi", qui a lui aussi une approche fantastique et onirique, mais aussi un aspect terre hostile versus terre civile (le "Nid" de Moebius s'apparente à la ville "Dité" de Caza) . J'apprécie d'autant plus cette dernière série, avec un dessin et un style de Caza qui me transporte bien mieux : plus mystique, sauvage et d'autant plus organique.
"Les réparateurs" est en quelque sorte une présentation des idées qui ont pu initier le concept du "Monde d'Edena". On y voit ainsi les premières ébauches des Long-nez/Pif-Paf et la première apparition de Stel et Atan. Cependant, un épisode présenté dans ce tome est une redite du T1 du monde d'Edena, cela n'a donc pas de valeur ajouté.
A ma grande surprise, le dessin et l’atmosphère générale sont plus travaillé dans le cadre de ce hors-série que dans la série mère, peut être parce que les histoires ne se raconte ici que par le dessin, là ou j'ai trouvé la série "Le monde d'Edena" très faible en terme de détails et homogénéité dans les nuances et les couleurs.
On retrouve avec "La Technique du Périnée" la folie des auteurs que sont Ruppert et Mulot. Tout commence avec la séquence assez loufoques du parallélépipède rectangle d'une hauteur démesurée d’où nos deux protagonistes sautent depuis le sommet pour s'envoyer en l'air virtuellement. Je sais, dit comme ça, cela semble vraiment étrange. Dans les faits, le dessin permet de clarifier les choses.
Malheureusement, l'ensemble de la bande dessinée reste dans cette esprit loufoques (qui ne me dérange pas et éveille ma curiosité), mais c'est dommage que la personnalité et le caractère des personnages ne soit pas plus approfondis, qu'on aille pas un peu plus loin en terme de dialogues. Ainsi, l'impression générale reste moyenne. Le dessin est fidèle aux auteurs : de belles couleurs, un trait flou et légèrement anarchique, mais dans un style lisible et moderne. Bastien Vives fait acte de présence également sur une des séquences des plus étranges. Un "bof" dans son ensemble.
Dans "Les amours suspendues", il est question d'amour propre, d'histoire de couple et de fidélité de l'esprit.
Dans un premier temps, j'ai toujours du mal avec les dessins de Marion Fayolles : des traits simples, minimalistes, peu d'expressivité dans le mouvement, des personnages plats, parfois mal "installés" dans leur environnement. Graphiquement, je n'aime pas.
En revanche, concernant la proposition et les idées, il faut avouer qu'il y a du potentiel, car les "amours suspendus" propose un concept novateur. Sous la forme de blessures intérieures, le lecteur va venir fouiller avec la participation du personnage principal masculin, une fameuse boite aux amours et aux temps figées. Alors que tout a évolué autour de lui, le personnage principal se retrouve enfermé dans un schéma de pensées qui n'est plus valable. Je trouve ce passage clé, ce personnage décide de revivre à nouveau ces amours et c'est d'une désillusion accablante. Cela prouve que l'être humain reste parfois enfermé dans des schémas de pensées complétement figées pour satisfaire son amour propre et son égo, alors qu'il devrait s'avouer à lui-même que les choses ont changé et rien n'est plus pareil. Hormis ce passage de qualité, j'ai trouvé le reste de l’œuvre sans relief, le rythme est très linéaire, et ce malgré les jolies métaphores émotionnelles autour de la malléabilité des corps.
"Les amours suspendues" aurait pu être d'autant plus impactant avec un travail plus poussée graphiquement (même si ce style est typique de l'auteure).
Sur le dessin doux, rond et coloré de Aimée De Jongh, Zidrou nous emporte dans une romance qui traverse le temps, comme quoi, il n'y a pas de d'age pour trouver l'amour.
Malheureusement, cette histoire reste trop conventionnelle, elle fait preuve de bons sentiments qu'ils semblent difficile à nuancer, le lecteur participe à une tranche de vie des personnages, au bonheur dégoulinant de cette rencontre tardive. Les thèmes abordés y sont nombreux mais peu approfondis : solitude, retraite, vieillesse, le corps qui change, la perte d'êtres chers.
Dommage que l'approche ne soit pas plus adaptée, la bande dessinée est divertissante tout au plus mais manque de force pour la rendre intéressante.
Une atmosphère unique et mystérieuse se dégage des planches de "A la recherche de Peter Pan". Cosey au travers de son trait nous montre une œuvre apaisée, où le temps est relatif et la contemplation fait partie du voyage, dans le paysage alpin Valaisiens autour du village (imaginaire) de Ardolaz. La neige donne un coté hors du temps, la relation et la découverte de Evolena (en référence au village existant d'Evolène) le suspend tout autant. La couverture du T1 exprime a elle seule le rythme et la beauté des compositions de Cosey, le blanc immaculé, des chalets en bois, la voluptueuse baignade. Le silence et le vide pèse autant que le bruit et la matière, c'est une histoire d'équilibre.
Une quête interne pour le personnage principal répondant au nom de Sir Melvin Woodworth, il cherche l'inspiration pour son nouveau roman, il s’interroge aussi sur le passé de son frère ainé, mais ce qu'il cherche avant tout, c'est la paix intérieure. Sur quelques citations de J.M. Barrie, c'est un retour nostalgique sur ce que nous sommes, sur le retour à la simplicité, à la nature et aux bonnes choses de la vie. Une parenthèse qu'il est bon de prendre et d'apprécier, comme une pause méritée.
Si on fait abstraction des couvertures qui compose les 6 tomes de la série, cette version de "Peter Pan" proposée par Régis Loisel ouvre le lecteur à un monde fouillé et riche. On retrouve avec joie, l'univers fantastique de Loisel, comme il a su nous habituer dans "La Quête de l'Oiseau du temps" avec ses créatures qui peuplent la foret.
Ici, le récit est bien entendu centré autour de Peter, enfin comment est-il parvenu à être le fameux "Peter Pan", un enfant (l'age n'est jamais précisé) qui a du mal à comprendre le comportement des adultes et qui se refuse à penser "comme un grand" pour se protéger et s’éviter les mêmes abus et absurdités. Du coup, Peter dans son état d'esprit reste et raisonne comme un enfant : il est maladroit dans sa façon de s’adresser aux personnes, mauvais en second degré, asexué, direct et honnête dans ses propos, il oublie la moitié des choses qu'il a réalisé (typiquement le comportement d'un enfant, beaucoup dans l'instant présent sans se soucier des conséquences de ces actes). Ses paroles et ses actes le rendent parfois irrespectueux sans qu'il s'en rende compte et lui donne une nature égoïste et vite antipathique.
Pendant ma lecture, j'ai ressenti des longueurs en milieu du cycle (avec le T3, le T4 et le T5) ou le récit est très centré sur les aventures dans le monde imaginaire de Peter Pan. Les quelques tableaux dépeints du vieux Londres ne sont en fait pas tant présent hormis le T1 et le T6. En fait, il y a quelques séquences clés qui font la force des albums, mais on se perd parfois sur les planches de ce monde fantastique, alors que l’intérêt est autre selon moi. Les personnages sont bavards, parfois agaçant (Rose et Picou sont des personnages que je n'affectionne pas beaucoup, Picou avec ses tic de langages, et Rose pour son état d'esprit très maternel et conventionnel qui contrebalance avec la rondeur et l'hystérie de la Fée Clochette ). Il se passe des choses, c'est parfois dynamique, d'autres fois je me perd dans les dialogues qui ne nourrissent pas suffisamment l'histoire.
En tout cas, ce récit de "Peter Pan" est plus dur et plus adulte, dans une ville de Londres représentée de manière froide et lugubre, c'est en ça que la série est intéressante. Concernant le trait de Loisel, il est rond et vif, c'est vraiment à chacun de se l'approprier, mais si vous appréciez le dessin de "La Quête de L'Oiseau du Temps" alors sans aucun doute, il en sera de même pour cette série avec des personnages attachants et fantastiques.
Un final qui n'aboutit pas ou on l'attend mais qui n'en reste pas moins réussi et renforce le ton dramatique de l'oeuvre de Loisel. Car oui, même s'il s'agit d'une adaptation de J.M. Barrie, Régis Loisel a su s'approprier "Peter Pan" pour en faire un nouveau personnage ambivalent avec du caractère et bien plus tourmenté qu'on peut le penser.
J'aime bien lire des contes qui propose une autre vision des versions édulcorées de Disney. Du coup, nous avons dans ce "Pinocchio" de Winshluss quelque chose de bien plus trash et adulte. On peut également voir des incorporations d'autres contes/récits dans celui de "Pinocchio" : Blanche-neige, Titanic.
La première chose qui saute au yeux, c'est le dessin très fourni et volontairement anarchique qui donne une ambiance sombre et glauque. Cependant, il y a des variations dans le style en fonction de l'histoire et Winshluss ne cesse de renouveler ses approches pour proposer une palette graphique très complète. Ainsi les illustrations des aventures de Pinocchio en page complète à l'aquarelle sont sublimes et contrebalance avec le style plus noir et chaotique des autres planches.
Concernant la narration, différentes scènes finissent par se regrouper, Pinocchio est l’œuvre d'un Geppetto incongru qui souhaite faire de son invention une machine de guerre increvable, un robot invinsible. Cela part rapidement dans tous les sens lorsque que le fameux Jiminy décide de prendre ses aises et se loger dans la création de Gepetto. Des idées il y en a, le tout dans un style peu bavard, la compréhension passe exclusivement par le dessin et cela fonctionne très bien car les scènes sont très expressives et l'humour (noir) au rendez-vous. Le livre en tant que tel est également de qualité avec des pages épaisses qu'il est agréable de lire et feuilleter. Une bande dessinée à découvrir.
"Amorostasia", un titre farfelu pour un postulat de départ novateur : et si tomber amoureux devenait une maladie ? Cyril Bonin nous propose une œuvre douce et dans l'ère du temps. Au travers d'un trait rassurant, on suit l'aventure de Olga qui essaie de comprendre le pourquoi scientifique de cette nouvelle épidémie "L'amorostasie".
Si le T1 pose les bases du récit de manière convaincante, la suite perd en crédibilité au fur et mesure. Pourquoi ? Car je me suis posé des questions auxquelles l'auteur n'a pas répondu : les personnes "amorostasiés" sont figées certes, mais pendant plus de 3 ans, le métabolisme reste t-il le même avec un coeur qui bat à 30 battements par minute ? Est ce qu'on vieilli lorsqu'on est figé ? Pas besoin de boire, de manger, de dormir ? Est-ce que les cheveux et les ongles poussent pendant ce temps figé ? Ce sont des questions simples mais qui mériteraient réponse pour avoir une vision plus complète de la maladie.
Au delà de la fiction et du coté fantastique, la narration propose quelques moments de réflexions philosophiques sur la vie, l'amour, la mort, c'est toujours bienvenue. Les personnages principaux sont réussis dans l'approche.
Une composante de la série qui me me dérange, c'est parfois la facilité à faire basculer le récit dans le romantique, surtout dans le T2 et T3. Il y a bon nombre d'incohérences et de phénomènes inexpliqués qui gâchent une partie de l'histoire.
Le dessin sur un fond noir et blanc avec plusieurs nuances de gris fonctionne bien et en font le style de inimitable de Cyril Bonin. Une forme de pureté se dégage sur les dessins de personnes figées, c'est plaisant à regarder. Sur le T3, on voit apparaitre ce que j’appelle le "syndrome de la grande bouche" qui fonctionne bien sur certains personnages exubérants, mais cela va de mal en pis dans la progression du tome.
Un bon départ mais une suite gâchée par trop d'incohérences et d’éléments inexpliqués. A noter également une forme d'anticipation sur le récit par rapport au Covid-19 qui est arrivé quelques années plus tard, on retrouve dans "Amorostasia" la même forme de psychose.
"Amour, sexe et terre promise" à l'audace d'exprimer la façon dont est vécu l'amour et la sexualité au sein de la communauté israélienne et palestinienne. Face au conflit qui déchire les deux communautés, comment l'individu se réapproprie son corps, son identité et son intimité, vis à vis de la société, vis à vis de la religion juive ou musulmane ? Et même avec cette démonstration sur le papier, tout n'est pas si simple. Il permet en tout cas pour les non-initiés de délier les amalgames, de comprendre les faits et d'ouvrir son esprit sur un autre monde, une autre culture pour en comprendre les nuances. Dans l’œuvre, on parle avant tout de l'être humain et de individu en tant que tel, de sa perception du monde dans lequel il évolue. Les interviews s'enchainent de manière linéaire, on reste dans le documentaire pur, à but informatif avant-tout.
Le dessin de Deloupy est simple, je n'ai pas d'affinité particulière avec son trait, il permet surtout de comprendre le récit au travers de ses planches. En ce sens il est vecteur des interviews, mais graphiquement, je le trouve peu intéressant aussi bien dans la mise en couleur que le mouvement. Je n'aime pas l'expressivité des yeux ronds (représentés par un point). Un autre support que la bande dessinée aurait pu fonctionner également, il n'est pas exclusif à cet art selon moi.
"Centaurus" présente une approche qui fait largement penser à un univers parallèle aux "Mondes d'Aldébaran". Des événements étranges se déroulent à bord du vaisseau-monde qui est censé transporter une poignée de terriens sélectionnés vers une planète habitable appelé "Vera" qui nécessite 400 ans pour s'y rendre, car notre planète bleue est dévastée. Le défi est de taille et les situations s'enchainent de surprise en surprise, c'est bien foutu. Ce type de narration de fil en aiguille est habituel chez Leo dans sa façon de raconter, je ne suis donc pas surpris. Là aussi, il existe un bestiaire bien particulier sur cette nouvelle exoplanète.
Concernant le dessin de Janjetov, il est moins qualitatif, c'est même lui qui m'a refroidie dès le premier tome avec le choix de représenter les rides d'une même épaisseur de ligne claire que les contours des personnages mais aussi des hachures assez horribles pour les ombrages dans le T1. Heureusement, ces défauts sont corrigés dans les tomes suivants. Dans l'ensemble, le dessin manque de vie, l'expressivité des personnages reste très figée, la mise en couleur est froide et numérique, malgré le trait de Janjetov qui se débrouille très bien dans la perspective et le mouvement.
Une série intéressante pour les fans du style de Leo ("Les Monde d'Aldébaran") ou même Leo/Rodolphe ("Kenya", "Namibia", etc) par un scénario bien agencé.
"Ulysse & Cyrano" est une œuvre autour de la cuisine. Sur un schéma narratif assez classique, un jeune bobo parisien (Ulysse) ne souhaite pas reprendre la suite de l'entreprise familiale, il croise le chemin grand chef cuisinier étoilé qui a décidé de tout arrêter du jour au lendemain (Cyrano), leurs histoires vont s’entremêler pour créer une amitié et une inertie forte entre les deux personnages. Coté narration, il y a un bon rythme avec des retournements de situations fréquents, Cyrano est un personnage entier qui prodigue bon nombre de conseils autour de la cuisine, mais il est aussi philosophe de vie, c'est un personnage vraiment réussi et attachant. La partie intéressante de l’œuvre est que les personnages sont suffisamment nuancés pour créer un récit qui n'est pas linéaire, ils restent avant tout des êtres humains et cela se ressent dans l'écriture et ce malgré leurs envies de "réussir à tout prix", la vie les rattrape rapidement et c'est toute la beauté du scénario.
Coté dessin, Servain a un beau trait, bien graphique qui donne vie aux personnages, un style rectiligne et organique qui est plaisant à regarder et qui offre une belle expressivité aux personnages. En revanche, je trouve la mise en couleur un peu terne, elle aurait mérité un peu plus d'intensité.
A noter également le très grand format qui en fait un très beau livre, mais qui rentre difficilement dans ma bibliothèque avec des BD au format plus standard.
"L'état Morbide" est comme l'annonce son titre : morbide. Ainsi Daniel Hulet nous propose un contenu sombre et glauque avec un jeu de l'esprit habile qui passe par des moments forts et mais aussi des moments bien moins intenses. En effet, la thématique est assez unique, un immeuble qui incarne les esprits et la mort, des habitants également spéciaux qui semblent tous plus étranges les uns que les autres. Tout est sujet à interprétation, difficile d'en dire plus sans spoiler.
Si le rythme est cadencé sur les 3 tomes, ces dernier sont très inégaux en terme de contenu.
Le graphisme de Hulet nous propose un dessin très réussi, spontanée parfois onirique ou abstrait, mais il sait aussi se faire réaliste, une mise en couleur qui malgré les années donne toujours un ton moderne à cet œuvre lugubre et froide. En tout cas, la série mérite lecture même si elle peut diviser.
"Lune d'argent sur Providence" sait convaincre sur la forme grâce à un graphisme soigné et prenant. Le trait dynamique de Hérenguel en plus de la mise en couleur et de différents effets graphiques (par exemple les auras dégagées par les créatures) permet de découvrir des planches de toutes beautés dans un style unique.
Quant à son intrigue, elle sait maintenir le lecteur en haleine sur le premier tome. Mais la narration est parfois comme son titre farfelu "Lune d'argent sur Providence", j'ai noté des longueurs dans l'histoire, notamment dans le second tome, trop de coupures des séquences, un découpage qui permet le suspens, mais casse une partie du rythme de l'histoire, un peu moins de coupure net aurait permis plus de cohérence entre les éléments et au final surement plus d'actions. En tout cas, si le T1 a su me convaincre et maintenir un suspens fort, le T2 manque d'intensité pour un twist qui se clôture en 2 ou 3 mouvements. Également, je trouve les couvertures des 2 tomes (EO) bâclés : la composition ressort très sombre pour le T1 et il y a trop de détails sur celle du T2.
Je retiendrais surtout le trait de Hérenguel, très graphique et plaisant en couleur directe. "La Licorne" de Mathieu Gabella et Anthony Jean propose un bestiaire similaire avec les primordiaux, mais le scénario est plus abouti dans ce dernier et que je ne peux que conseiller si vous avez apprécié l'atmosphère fantastique de "Lune d'argent sur Providence".
"Pyongyang" est original parce que c'est une bande dessinée qui s'essaie à parler d'un thème assez secret : vivre en Corée du Nord. Guy Delisle décide donc de franchir le pas avec sa vision de citoyen Européen. Et le constat est édifiant, d'autant plus ironiquement que l'auteur se promène avec le roman de SF de Georges Orwell "1984", une belle ironie du propos pour une dystopie qui s’apparente à la situation en Corée du Nord.
On peut reprocher à Guy Delisle d'avoir une vision très personnelle de son séjour. En effet, il se met peu à la place des Coréens avec qui il est difficile de converser, tant les deux cultures ne sont pas en phase. Cependant en tant qu'occidental et étranger à la culture Nord Coréenne, on retrouve facilement des sensations qu'on pourrait soi-même vivre dans ce pays totalitaire, où la propagande inonde les affiches, les discussions et les médias.
Le dessin vient accompagner le récit de manière minimaliste, on sent que celui-ci n'est pas le centre des préoccupations mais sert au mieux l'histoire et sa compréhension avec un découpage réussi. L'intemporel noir et blanc des planches vient nourrir cette ambiance pesante de la ville de Pyongyang, quelques dessins en page complète viennent également souligner les moments clés du séjour de Guy Deslisle et les symboles marquant en Corée du Nord.
Une bande dessinée à découvrir pour les curieux et pour se rendre compte de ce qu'il se passe dans cet état de l'idéologie du Juche, le monde si particulier qu'est la Corée du Nord.
"Et à la fin, ils meurent" est une proposition documentée et fournie de Lou Lubie. Tout en démêlant le faux du vrai, l’œuvre est dotée d'un humour tranchant et efficace que j'ai beaucoup apprécié.
Quelle place à le "conte de fée" dans notre société ? Comment Disney s'est approprié le genre et qu'il reflète un modèle de société du XXIème siècle qui a bien évolué au fil des siècles ? Nombres d'autres auteurs (Basile, Perrault, Grimm) ont repris ces comptes existants en les interprétant à leur manière et en les modélisant selon leur vision du monde et de la société. Sociologiquement parlant, c'est fort intéressant. Et au final, le "conte de fée" n'a t-il pas plus une orientation plus adulte qu'on pourrait le croire ?
Toutes ces questions qui semblent légitime de se poser, sont illustrés par Lou Lubie, un dessin simple, frais et moderne qui permet de dérouler la bande dessinée de manière fluide et qui éveille la curiosité des lecteurs adultes. Rien d'extravagant au niveau de la forme, un découpage efficace (un conte, une réflexion sur notre société, un conte, etc), une mise en couleur simple ; c'est suffisant pour passer une agréable lecture et amener à pousser la réflexion suffisamment loin.
Dès les premières planches du premier tome, la série "RIP" donne le ton ; c'est brut, noir, caustique et sans filtre, d'autant plus avec le métier exercé par nos compères (des “cleaners” en version trash). Ce qui fait tout le charme de cette série, c'est qu'elle est racontée de différents points de vue, le narrateur change à chaque tome et on se confronte aux opinions de 6 personnages, leur façon d'interpréter la réalité, tout en faisant avancer le propos au fil des tomes.
Si le T1 permet d'introduire les grands axes de l'histoire, beaucoup de séquences ne sont pas directement compréhensibles et c'est la suite avec les 5 autres tomes qui nous en diras plus. Le rythme et le découpage sont excellents, les séquences se déroulent parfois dans un ordre non-chronologique, mais la narration et les ambiances (couleurs, lieux, dialogues) font qu'on arrive toujours à situer la temporalité des événements, ponctués par des citations et autres réflexions de personnalités, de films ou de livres entre les différentes séquences. Toutes les personnalités décrites dans chaque tome sont intéressantes, on a différents ressentis selon le personnage.
Ce style de narration ouvre les possibles sur différentes interprétations de la réalité, en changeant de narrateur, nous avons une autre vision de celle-ci et c'est toute la force de la série, nous amener à changer d'état d'esprit pour démêler le faux du vrai.
Le léger reproche qu'on peut faire à "RIP" c'est la répétition de certaines scènes clés, on revisite souvent les scènes importantes avec un cadrage différent, mais les éléments sont déjà connus. Pour une lecture espacée dans le temps, rappeler ces éléments peut être bénéfique, mais pour une lecture rapprochée (moins d’une semaine) de la série en entier, cela devient redondant.
A l'instar du scénario, le dessin est lugubre et macabre, il est excellent et correspond tout à fait à l'ambiance de la série, un certain réalisme se dégage du dessin pour les lieux, les objets. Les personnages sont plus caricaturaux et d'une grande expressivité. C'est une des meilleures série du genre “thriller” que j'ai pu lire ces derniers temps : c'est dense, les personnages sont complexes, le découpage monstrueux et efficace, les détails ont leur importance, La représentation du mouvement est excellente.
Une série qu'il est urgent de lire si cela n'est pas déjà fait, car elle est qualitative sur beaucoup de points ! Il faut juste ne pas trop être dérangé par le trash et le dégoûtant car la série est remplie de moments macabres, même si les personnages représentés de manière caricaturale permettent de se détacher plus facilement de la violence et de l’aspect glauque des illustrations.
On pourrait rapprocher le style de "Petits bonheurs" à celui de Gibrat dans "Le Vol du Corbeau" et "Le sursis" tellement l'ambiance qui se dégage sur fond de guerre est similaire, de plus en couleur directe à l'aquarelle pour l'un, comme pour l'autre. Cependant, le propos est ici moins adulte, car nos protagonistes sont des enfants et la narration est proposée dans ce sens avec leur jeune vision. Le propos est gentil malgré la dureté de la guerre, le contraste est intéressant. La conclusion est rapide et sans trop d'artifice également, je regrette quelque peu la mise en forme qui aurait pu conclure de manière moins abrupte.
Concernant le dessin, le rendu général est bon avec notamment un soin particulier apporté aux paysages, aux ambiances et à la mise en couleur. Les personnages en revanche manque de structures et de ressemblances entre les cases/planches, la perspective est parfois douteuse, mais n'entache pas complétement l'appréciation générale de ce diptyque des "Petits Bonheurs".
Si on se fie à l'impression de la première planche avec la description chronologique en préface, "Curiosity Shop" commence très maladroitement car j'ai été littéralement bombardé d'informations historique dès la première page, cela m'a refroidi rapidement. Pas le temps d'introduire l'ambiance et les lieux, le lecteur rentre directement dans le vif du sujet, sans détail aucun sur les nombreux personnages existants.
Cette première impression m'a fait hésiter à arrêter immédiatement la série. J'ai quand même continué la lecture du tome 1 pour me rendre compte si l'impression de départ était toujours la même. Et bien, mon intuition était bonne, la lecture de ce premier tome ne m'a pas plu, malgré le trait de Martín Montse qui possède une très belle dynamique, des mouvements sympathiques et une belle maitrise du dessin (plans, perspective), ce qui relève un peu mon appréciation globale.
Les dialogues sont lourds, il y a trop de personnages que je n'ai pas eu le temps d'apprécier et d'apprivoiser, en plus d'un récit d'aventure avec des indices ô combien farfelus que la jeune Maxima Prado résout sans trop de difficultés pour faire avancer la narration. Je suis pour la complexité dans la narration, dans les ellipses, dans les personnages, mais "Curiosity Shop" ne sait pas raconter, ni de manière plaisante, ni de manière divertissante. La série nous charge d'informations et de séquences plus ou moins utiles et qui rendent le scénario imbuvable.
J'ai arrêté la série à la fin du tome 1, je n'ai pas envie de lire la suite.
Un dessin frais et moderne de Adrián Huelva parcourt "Les Pays d'Amir", un trait qu'on pourrait associer à celui de Jordi Lafebre, en plus rectiligne. A part quelques perspectives douteuses et des cheveux sans volume pour les personnages féminins, le dessin est dynamique, la couleur apporte également une belle énergie à l'ensemble. Concernant le scénario, il est simple, raconté de manière fluide mais manque de personnalité, "La Cuisine de mon Père" nom du restaurant familiale est d'une logique implacable certes, mais un peu plus de recherches dans les faits et les personnages aurait permis une meilleure approche et de mieux rentrer dans l’œuvre, en plus des clichés qui ont la vie dure (Ex : le grand-père raciste). Les recettes de cuisine pendant la lecture en double page permettent une transition et de faire des coupures, en racontant un peu plus le passé d'Amir. En résumé, c'est un bon cru auquel il manque un peu d'imagination pour donner à cette BD tout son potentiel.
C'est dommage car "De Cape et de Crocs" perd de sa superbe au fil des tomes qui rallonge le récit mais qui évoque un moindre intérêt pour la série. Avec les longueurs déjà pressentis sur le T9 et T10, ce nouveau cycle préquel en 2 tomes n'apporte pas de pierre à l'édifice. D'autant plus avec Eusebe, ce lapin loin d'être crétin qui essaye tant bien que mal de porter l'ensemble comme il le peut. C'est audacieux de proposer un personnage comme celui-ci en tant que personnage principal, mais je trouve que cela ne fonctionne qu'a moitié. Le premier défaut d’Eusèbe est son expressivité rapidement limité qui ne permet pas de traduire avec force les scènes dans lesquelles il est présent. Même si quelques personnages secondaires permettent à notre lapin de vivre une sympathique aventure, la proposition est légère et ne me sied guère, malgré un final plutôt réussi, le préquel reboucle très bien avec le T1, début de l'aventure.
Pour le dessin, c'est toujours très fidèle au récit, coloré avec des tons agréables, l'expressivité qui se dégage des personnages (autres que Eusébe) est réussi, les personnage sont bavards. Une suite correcte, mais qui aurait mérité d'un peu plus de force dans les personnages et dans l'approche.
C'est après "L'ile aux trésors" qu'on retrouve nos compères sur la lune. Et cette suite trouve un fondement d'autant plus complexe et fantastique. Dans un premier temps, le dessin est très beaux et cohérent pour une exode lunaire, beaucoup de tons bleus nuit, bleus ciel, bleus marine donne une atmosphère magique sur cette astre qui réserve bien des surprises avec des paysages oniriques à couper le souffle. L'imagination est débordante sur cette lune : la nouvelle monnaie locale qui s'échange en vers et en alexandrins, les édifices qui se déplacent, la face cachée de la lune, etc. Je retrouve la douceur de "L'autre monde" de Rodolphe et Florence Magnin. Le rythme est toujours cadencé, Eusèbe se révèle un peu plus dans cette suite, les personnages de Villalobos et Maupertuis font preuve d'autant plus de maturité. L'humour est aussi efficace qu'a ces débuts. Des sorties moins fréquentes des tomes (tous les 2-3 ans) mais qui se justifient par un vrai travail de fond (dessin, couleurs) sur l’œuvre.
Également l'action qui se passe en second plan dans les cases est montrée de manière habile, de sorte a qu'il faille remonter sur les cases précédentes pour se rendre compte du coup préparée, le dessin apporte donc tout le savoir faire à la narration. Malheureusement sur les derniers tomes (T8, T9, T10) de vraies longueurs se font sentir, le récit peine à avancer et la série perd de sa dynamique, un ou deux tomes de moins n'aurait pas été de trop. Également, je reproche toujours à "De Capes et De Crocs" de rester trop en surface au niveau des personnages, une approche trop théâtral pour permettre d'exprimer des sentiments complets, des personnages caricaturaux dans leur psychologie qui manquent de nuances qui les rendrait plus humains : Mendoza est l'exemple concret du méchant manichéen qui veut juste être méchant pour le récit, mais aucune complexité derrière le personnage. Cela reste trop prude pour en faire un scénario satisfaisant : l'amourette entre Maupertuis et Séléné ou Don Lopes et Hermine est très idéalisé et timide, voir platonique. L'approche est tout de même un poil plus mature que la série "Garulfo" du même scénariste (Alain Ayroles).
La découverte de l'univers de "De Capes et de crocs" satisfera un large public de part l'aisance du récit, la clarté de la narration et l'esthétisme des personnages et des dialogues. Malheureusement pour un lecteur un peu plus pointu, j'ai une en définitive l'impression d'un récit qui tourne en rond, des personnages manquant de complexité/psychologie où l'alexandrin et les jeux de mots, même s'ils sont plaisants dans la lecture, finissent par prendre le dessus sur le sens de l'aventure de nos compères.
"De Cape et de Crocs" est une série de caractère qui ravira les lecteurs exigeants dans la prose, avec des personnages expansifs et bavards ainsi qu'un humour plutôt efficace. Il ravira ceux qui connaissent les nombreuses références littéraires auquel l'histoire incombe. Je décide d'établir un premier avis à mi-cycle qu'on aurait quasiment pu considérer comme une fermeture de cycle car l'arc narratif de "l'ile aux trésors" se ferme à la suite du T5 et une nouvelle aventure s'ouvre sur les dernières planches. On peut dire que "De Capes et de Crocs", c'est l'art de faire rêver les grands (et les moins grands), aux travers de contrées fantastiques qui semblent toujours familières, de personnages qui semblent avoir été déjà aperçu dans d'autres récits : Robin des bois, Barbe bleu et cie ; bref, on se sent un peu comme à la maison dans cette série aux 100 références. Le récit coule comme un poème, un rythme cadencé, mais on peut reprocher quelques longueurs sur le T3 et T4 ou le scénario stagne quelque peu.
Les planches colorées de Masbou en font un vrai plus pour détailler ce riche univers, c'est réussi. Le découpage est dynamique et l'illustrateur a une manière plaisante de représenter le mouvement.
Cependant, il ne peut satisfaire complétement le lecteur que je suis. D'une part par son univers trop gentil qui manque parfois de brutalité, par cette facilité parfois déconcertante pour nos compères à combattre l'ennemi, les bretteurs Villalobos et Maupertuis semblent rapidement inatteignables dans leurs joutes, avec plusieurs séquences farfelues. J'ai parfois l'impression d'être dans un récit pour enfant, un monde de "Bisounours" (Eusèbe en est la représentation physique concrète) qui nous cache systématiquement la vue du sang, la vue d'un fessier ou la violence, car personne ne meurt vraiment, tout est très théâtral.
"De Cape et de Crocs" c'est beaucoup de gentillesse, personne ne se salit vraiment les mains car même le plus méchant des pirates parait lui aussi sympathique. Je n'ai également pas d'affinité particulière avec le genre "Animalier" (représentation d'animaux anthropomorphes), bien que cela fonctionne bien dans ce type de récit et rappelant quelques peu "Les Fables de La Fontaine". Les couvertures des 4 premiers tomes dénotent pour moi sur la série tel de mauvaises vitrines, alors que les planches sont très réussies à l'intérieur.
C'est une récit qui reste culte ; à découvrir car c'est le meilleur moyen de se faire un avis, le voyage reste plaisant et vaut coup d’œil.
"Phenomenum" aborde intelligemment le fantasme d'arrêter le temps. Mieux, il propose une théorie scientifique qui justifierait de cette capacité surhumaine innée (T2). Un premier opus avec la découverte du pouvoir de Yann, notre héros. Un second tome pour en exploiter tout son potentiel et un troisième pour en connaitre la limite. Le T1 et T2 sont bien écrits, le T3 à contrario est un rapidement fourre-tout, il réuni de grandes idées et sonne ainsi vite un peu facile dans l'approche. Les personnages de la série ont une belle enveloppe, notamment le personnage principal, Yann qui a de nombreuses reprises se questionne sur sa condition et son mode de vie. Le rythme dynamique et nuancé en font une narration attrayante.
Par contre, le dessin et la couleur ne sont pas de qu'il y a de plus apprécié dans "Phenomemum" et à mon avis, c'est une des raisons pour laquelle ce triptyque est passé inaperçu. En effet, le dessin donne une impression de quelques choses de brouillon et non terminé, la couleur n'arrange pas le trait, avec un rendu très numérique. De même que les couvertures sont bâclés à mon sens. Le dessin s'améliore tout de même de façon notable au fil des tomes, pour atteindre un graphisme convenable sur le T3. Dommage pour "Phenomenum", mais il manque quelque chose pour un faire une série mémorable.
"L'invitation" est une ode à l'amitié et à ce qu'elle représente ; comment vit-elle au travers de chacun d'entre nous. L'idée de départ est prometteuse et originale. Ainsi, peut-on se permettre de réveiller un pote à 3h du matin pour une galère ? C'est toute la question que va poser cette ambiguïté ; l’œuvre ne nous dit pas "L'amitié c'est ça", mais elle pose les bases d'une réflexion propre à chacun. Coté dessin, je l'ai trouvé correct mais plutôt banal, peu de mouvements dans l'espace, la couleur ressort de manière très sombre avec une certaine difficulté à lire les illustrations, entre autre sur les séquences dans la nuit ou il y a très peu d'éclairage (pas de lampadaires qui permettraient d'éclairer un peu plus ces séquences). Un thème intéressant sur les valeurs de l'amitié, finalement encore peu abordé en BD (l'amour rempli beaucoup de livres, l'amitié beaucoup moins) qu'il fait plaisir à lire, même si on reste très en surface. Et (mal)heureusement pour moi, j'éteins mon téléphone portable la nuit !
"Toran", c'est un monde fantastique peuplé d'homme-papillons, de femmes à pattes d'araignées et de sirènes envoutantes. Au travers de planches avec une belle mise en couleur (directe) de Peynet qui s'améliore au fil des tomes, nous suivons le fougueux Toran en quête d'aventure alors qu'il n'avait rien demandé. Le scénario de Isabelle Plongeon est léger, il manque souvent des détails narratifs qui empêche la série d'être mémorable. Pourtant les idées abordées et le déroulement de l'histoire sont intéressants, avec un aspect plutôt brutal et violent qui permet de comprendre rapidement l'hostilité du monde dans lequel évolue notre ami Toran.
Cependant, il manque un vrai propos et une construction plus poussée pour s'imaginer évoluer dans cet univers, car il reste encore beaucoup trop de questionnement après lecture des 3 tomes : Pourquoi ces humains possèdent t-ils des ailes à l'age adulte (T1) ? Pourquoi Mora a t-elle des pattes d'insecte à la place des mains quand elle s'énerve (T1) ? Qu'en est-il du clonage des individus et du clone de Tito, pourquoi n'arrive t-il pas à parler ? Plein de portes s'ouvrent, mais peu d'explications sur ces phénomènes fantastiques. La série est un voyage au fil des pages, un peu comme un poème, mais qui ne permet guère de s'y attarder. C'est surtout la conclusion du triptyque qui se termine de manière abrupte sur à peine une planche avec une étrange impression que le scénario n'est pas terminé (même si c'est bien indiqué "FIN" à la fin du 3ème tome). Une étrange série, entre "Les Mondes d'Aldébaran" et "Aquablue" qui ne trouvent pas ses marques, malgré un dessin coloré et attachant.
"Esmera" est une œuvre à part dans les propositions de Zep. Le thème qui tourne autour de la sexualité et de l'émancipation, auquel l'auteur nous a habitué, est cette fois-ci plus adulte qu'a l'accoutumé. Le tout grâce aux dessins de Vince (que j'ai connu dans la série "Vortex") qui apporte beaucoup sur la forme, dans les tons sépias, les traits sont gracieux et généreux, comme celui sur le rythme du corps. Concernant la narration, le postulat de départ est apprécié : Esmera se change en homme si orgasme il y a ; elle devient Marcello et vice-versa. S'ensuit alors une véritable question de la vraie nature d'Esmera, de sa condition d'homme ou de femme, de son émancipation selon le genre qu'elle interprète. Je reproche une certaine légèreté dans le propos, Esmera a l'orgasme "facile" et change de sexe comme de chemise. Quelques situations sont cocasses et nous ramène à l'humour connu de Zep (avec la série "Happy Books" notamment), mais cela ne permet pas une réflexion très poussée et complète sur la condition d'Esmera. Cependant, la bande dessinée est très fluide, honnête et se distingue par l'originalité de son thème, cela reste donc une bande dessinée à découvrir pour tout amateur du genre.
"Helena", une blonde sulfureuse qui fait tourner la tête de Simon, notre protagoniste, au point d'annuler son propre mariage sur un coup de tête. Je trouve ça très gros, à tout remettre en question sur une entrevue. Mais il n'y aurait point d'histoire sinon. Deuxièmement, donner de l'argent à une jeune femme pour la voir tous les jeudis, ça se fait encore moins et ça semble sentir la comédie romantique à plein nez. Cependant, nous sommes rapidement surpris de la tournure des événements et je trouve la narration d'autant plus réaliste. Je trouve le récit beaucoup plus impactant en terme de contenu et de conclusion. Les personnages sont bien travaillés, complexes et nuancés pour rendre le récit attrayant, c'est en général tout le talent de Jim dans sa narration en plus de savoir trouver de bons rebondissements, malgré un début d'histoire bien farfelu (T1). Coté dessin, Chabane a un trait sympathique, mais mon ressenti est que la couleur à tendance a faire perdre un peu de la vie au dessin. J'ai mieux apprécié le travail de Chabane avec Jim dans le diptyque "L’érection", les plans, les traits et l'expressivité des personnages sont bien plus intéressants, je trouve les couleurs de Delphine sont également plus sympathique dans ce dernier.
Je vais tenter de ne pas donner un avis aussi dense que le scénario de “La Licorne” car il y a matière à raconter, quelle prouesse narrative sur 4 tomes seulement ! L’effort fourni sur le scénario, tout comme le dessin, montre ici une œuvre très complète, ainsi la lecture d’un tome prend du temps si on s’attarde quelque peu sur les détails de l'intrigue. Même les pages de garde en fin de tome sont une source d’informations on ne peut plus complète. Au niveau du contenu, c’est très fourni, on sent qu’il y a eu un vrai travail de recherche sur les thèmes abordés : la médecine, l’anatomie, le dogme religieux. La quête est passionnante ; notamment avec les primordiaux, ces créatures issus des légendes gréco-romaine, revisitées dans le style écorché, c'est mystique et organique. Ce qui fait la grande force de “La Licorne”, c’est son rythme cadencé, on découvre des nouveautés à chaque fois qu’on tourne une page, les plans initiaux sont constamment remis en question, en tant que lecteur, j’ai été de nombreuses fois étonné des nouvelles tournures que prennent les événement. Et pour cela, je tire mon chapeau aux auteurs.
Au niveau du dessin, c’est également très qualitatif, avec une atmosphère sombre et incroyablement vivante, les traits de Anthony Jean suggère brillamment les mouvements, sur différents plans, mais aussi sur l'anatomie qui demande une vraie recherche en amont sur le corps humain (ou animal), c'est très audacieux de se lancer dans ce genre de récit fantastico-historique, unique en son genre. Les dessins en page complète sur les derniers tomes me font penser aux propositions de Caza dans la série “Le monde d'Arkadi” ou le One shot “Arkhe” du même auteur.
Pour moi, il s'agit d'une vraie proposition ou le 9ème art s’exprime dans tout son potentiel de de lecture, il faut du temps pour l'assimiler, c'est très riche graphiquement, les personnages sont complexes et fournis, le fantastique s'appuie sur des récits existants mais aussi une partie de la science (mouvement perpétuelle). la violence est omniprésente. La lecture nécessite une bonne concentration.
Cependant, je reproche à cette série un scénario trop alambiqué notamment dans son dénouement final avec le T4 difficile à lire. En cours de lecture et à partir du T2, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre certaines situations et personnages, dans quel camp se trouve celui-ci : Ambroise et Nostradamus se ressemblent trop par exemple, le chasseur est en quelque sorte immortel car il dépend des constellations, mais il y a très peu de contexte sur ce personnage qui n’est pas un primordial. Dans le T4, il y a certaines situations que je n’ai pas encore bien comprises. C'est très difficile pour le lecteur de suivre ce qu'il se passe, de s'en arrêt faire et défaire ce qui a été construit, d'introduire aussi de nouveaux personnages de manière aussi rapide, c'est trop indigeste, même avec ma bonne volonté pour comprendre. Résultat, j'ai perdu une partie du fil de l'histoire sur le dernier tome à remettre en question tous les concepts établis et postulats de départ. C’est pour cette raison que je ne donne pas la note maximale. Ainsi, un arrêt au T3 aurait sûrement suffit à la série pour briller sans en faire trop, car la clarté est aussi la démonstration d'un scénario réussi. A lire pour ceux qui apprécient la complexité !
Pour moi, il y a érotisme et pornographie ; malheureusement pour "Julia" de Olson, on tire largement du coté pornographique, il n'y a rien a en tirer concernant le scénario, aucune mise en situation, une introduction très pauvre, pour enchainer avec une histoire sans intérêt, si ce n'est satisfaire la gente masculine et sa soif de jouissance. L'avis de Julia dans tout ça, rien à faire, c'est une muse, la femme-objet par excellence, aucun consentement de sa part, elle est l'incarnation du fantasme masculin et/ou du fantasme de son dessinateur. En parlant de dessin, Olson sait dessiner, ça serait mentir de dire le contraire, il a un trait sympathique, mais il est malheureusement peu nuancé dans les formes généreuses de ces personnages féminins, et scénaristiquement, il n'y a clairement aucune recherche.
D'un dessin appliqué et soigné, "Saint-Germain" propose une histoire mêlant fantastique et monarchie. Les dialogues sont poétiques et résonnent comme un chant agréable qu'on suit au fil des pages. Le personnage de "Saint-Germain" est beau-parleur, voleur et d'un humour assumé, en somme un sympathique personnages. Les autres le sont également mais manquent pour moi d'une enveloppe qui les rendrait plus vivants et attachants. Également, la narration n'est pas assez poussée : on suit un seul arc narratif qui s'éloigne un temps du propos principal, à savoir, trouver un remède pour soigner le Maréchal de Saxe ; car notre protagoniste en profite pour enfoncer d'autres portes sur l'échiquier. Car oui, il est question d'un jeu : des personnages qu'on pourrait apparenter à des dieux décident du sort de notre Saint-Germain en tirant aux cartes son destin avec des règles qu'ils se sont bien gardés de choisir eux-mêmes (pas d'explications supplémentaires de ce coté là). J'avoue surtout que cela ralenti fortement l'inertie et le rythme de l'histoire, ces pseudo-dieux ne sont pas bien intéressants, il n'apportent qu'une sorte d'histoire parallèle à Saint Germain dont je me serait passé.
En définitive, "Saint Germain" montre de beaux dessins aux traits et couleurs soignés, mais son scénario ne parvient jamais à décoller, avec un deuxième tome qui expédie son affaire bien trop rapidement, malgré quelques moments plaisants et amusant sur les 2 tomes existants.
Malheureusement, je ne suis pas rentré dans "L'ombre du Corbeau", un thème autour de la guerre et de la mort. L'idée de départ est intéressante, mais il manque clairement quelque chose de puissant pour en faire une œuvre aboutie et complète. Les dessins dans la lignée du style de Comès ne transcende pas non plus, la jeune fille et le jeune homme possède quelques excroissances anatomiques significatives de temps à autre. C'est également la première fois que je lis un "One Shot" de Comes en couleur (quadrichromie), cela casse quelque peu le mysticisme de la bande dessinée. Les personnages ne sont pas très intéressants et celui du pilote n'a aucun intérêt, tout ça pour un final qui n'apporte pas de surprise et qui reste bien fade. C'est un essai qui a le mérite d'exister, mais c'est pour moi un raté de la part de Comès.
Avec un titre qui ne me parle pas vraiment "L'histoire sans Héros" est un récit d'aventure sympathique proposé par deux noms connus dans le monde de la bande dessinée franco-belge : Van Hamme au scénario et Dany au dessin.
A savoir qu'il il s'agit d'un diptyque avec 20 ans d'écart entre les deux tomes. Van Hamme m'avait déjà convaincu plus récemment avec la série "Les Maitres de l'Orge" et ses bonds générationnels entre chaque tome. Pour notre "Histoire sans héros", j'ai largement préféré le T2 au T1, bien plus de retournement de situations dans ce dernier, Van Hamme propose une narration qui permet de rebondir de nombreuses fois, grâce au choses construite dans le T1. Ce premier permet de poser la situation, à savoir le crash d'un avion et ses rescapés/survivants qui cherchent à tout prix à sortir de la jungle amazonienne pour leurs survies. Malheureusement, je n'ai pas ressenti la tension que j'aurais souhaité pour avoir un récit d'aventure trépidant dans le T1. Le T2 est bien mieux construit, appuyé par les dessins de Dany, qui fonctionne très bien ; c'est d’ailleurs sympathique de voir ce dessinateur nous proposer son trait sur le genre Aventure/Thriller. "L'histoire sans héros" ne résonnera pour moi pas plus loin qu'un bon diptyque qui aura le mérite d'exister et surtout une collaboration entre les deux grands auteurs.
"Dans la continuité de l'univers, ""Les enfants de Belzagor"" est une suite sérieuse qui nous permet de prolonger l'aventure sur cette planète hostile et qui cache encore bien des mystères. En revanche, la psychologie et la dualité entre les personnages est moins présente et cela se ressent sur le plan relationnel (Seena/Dorothy et Jeff/Eddie). A part Gundy (Eddie) qui vient remettre en cause sa condition d'être humain suite à sa possibilité de communiquer intimement avec le G'rakh. Les personnages féminins comme Seena et Dorothy n'ont qu'un rôle réducteur et secondaire, Sam gagne en revanche en complexité et c'est plaisant de voir qu'un personnage secondaire dans le premier cycle, soit mis en avant dans le second. La dualité entre Dorothy (sous la domination psychique de Jeff Kurtz) et Sam ne présente aucune animosité, ni même un arc narratif qui aurait pu être intéressant.
Le dessin est également bon avec un effet moins numérique sur la couleur, avec tout de même une préférence pour le travail graphique soigné de Laura Zuchecci dans le cycle 1. Donc cette suite ne déçoit pas mais aurait pu proposer quelques choses d'un peu plus intense, avec des personnages plus présents. L'inertie narrative est également lente, il faut savoir être patient pour que les interrogations soient soulevées. "
Et si on réunissait "De Beaux Moments" que nous pourrions vivre dans une vie au travers de 12 histoires courtes : nos enfants, nos rencontres, nos secrets et nos souvenirs. Dans son ensemble, certaines histoires résonnent plus facilement que d'autres, en dépend beaucoup notre vécu, notre maturité et notre age. J'ai trouvé les histoires inégales en terme d'impact, j'ai surtout beaucoup apprécié cette nostalgie qui nous rattrape dans 3 premières. Ensuite, mes impressions fluctuent. On retrouve aussi le personnage suave de Marie dans "Une nuit à Rome" du même auteur pour en prolonger un peu le plaisir ; mais en soi, cela n'apporte qu'une redite sans réelle intérêt pas rapport à la série originale. Également, cette envie incessante pour le genre masculin d'aller voir ailleurs et de céder à la pulsion de la chair dénote parfois la qualité des propos ; on croirait presque que l'acte d'adultère est banale et normalisé. Le dessin de Jim est réussi, les cases désservent bien l'intimité des propos et des dialogues, de mêmes que les couleurs et la lumière saisissent ces instants de vie de manière réussie. J'apprécie toujours comment l'auteur Jim sait nous raconter des histoires de vies de manière humaine et sensée. En conclusion, j'ai passé une agréable lecture sur cette bande dessinée avec ses moments riches et parfois ses moments un peu plus passifs/creux, comme une métaphore de la vie.
Quelle déception pour ce 3ème cycle des "7 Vies de l'Épervier" qui s'embourbe dans une histoire peu intéressante. Où est passé l'intensité du 1er cycle ? La force des personnages ? L'énergie et la volonté de fer d’Ariane ?
Le T1 revient sur l'axe narratif laissé au début du cycle 2 : à savoir la fille de Ariane, Ninon, abandonné dans un bois, cela reste d'assez bonne facture. Mais pour la suite, c'est un sacré bourbier sans une once d'action et de véritables retournements (T2), malgré les dessins et couleurs de Juillard sont toujours aussi appréciables. Et surtout pourquoi ce changement de dessinateur en plein milieu du cycle (T3) ? Je trouve ça dommage pour la série, car le dessin de Jovanovic est bien différent de l'univers de Juillard. Ce 3ème cycle est donc éloigné de l'idée de départ et de ce qui a fait le succès de la série, notamment avec les 7 premiers tomes (cycle 1), trop de longueurs, trop d'inactions, trop de personnages et peu d’intérêt est à allouer à ce 3ème cycle. En attendant le prochain (et le dernier ?) tome pour le clôturer.
"Calyspo" manque de force et de rigueur pour en faire une œuvre plus complète. Pourtant cette histoire d'amour "impossible" résonne un temps après sa lecture ; avec cette jeune femme de 32 ans qui fantasme sur un fantôme, un homme qui n'existe pas/plus en soi, c'est un peu étrange au départ. Si la première partie est longue et la narration mollassonne. Je trouve la seconde partie beaucoup plus intime et impactante : idéalisation de l'amour, de la rencontre, de l'autre, également notre rapport à l'eau et à la vie ; "Calypso" est une bulle bien trop courte, mal agencée et avec trop peu de texte. Son principal défaut est son dessin qui manque de caractère, de détails et d'une couleur d'un autre temps. Un trait plus affirmé en aurait fait une œuvre plus saisissante, car il y a matière à raconter. Mais je retiens l'idée, au fond de la piscine.
Concernant "Arkhê Lailah" je rejoins totalement l'aspect graphique d'une puissance et d'une précision incroyable sur l'ensemble des histoires notamment sur le tome Arkhé, c'est d'une beauté incroyable. Je suis un peu plus tranché sur la force et le sens de certaines histoires, j'ai trouvé l'ensemble parfois inégale en terme de contenu. L'impression est t-elle que nous avons ici plutôt d'un receuil d'idées autour de légendes et de mythes, d’où Caza s'inspirera pour réaliser la série "Le monde d'Arkadi". Cependant, le voyage est riche, poétique et intriguant, il sous-entend de nombreuses choses, c'est très organique, sexué et érotique ; Caza a toujours un rapport intime dans ces oeuvres autour du monde et de la sexualité. Une science-fiction riche et fouillée qui ne demande qu'a être explorée avec un dessin très graphique. Le grand format de l'édition de 2021 permet d'autant plus d'apprécier le dessin travaillé et poussé. Une œuvre remarquable, d'autant plus avec les explications en post-face de l'album.
En lisant les avis, j'étais pourtant prévenu que le propos ne volerait pas bien haut, pourtant j'ai voulu tenter l’expérience et je le regrette. Si le postulat de départ bien qu'insensé semble prometteur : les enfers envahissent la planète Terre sans raison apparente juste pour s'amuser, l'ensemble du propos se veut racoleur, violent et hystérique...un défouloir à ciel ouvert, aussi bien pour le lecteur que pour le dessinateur qui laisse libre court à son imagination. En cela, le dessin de Tacito tient la route, la couleur un peu moins. Le problème majeur de "666", c'est son cadre sans limite ; ainsi cela devient rapidement du n'importe quoi : gros bras, gros flingues, gros seins, le tout dans un humour qui m'a doucement fait rire. La narration se permet également de faire ce qui l'arrange : exemple avec la bombe atomique expérimentale ne détruisant pas les bâtiments mais uniquement les systèmes nerveux, sauf celui de Père Carmody (étrange, mais n'attendez pas d'explications pour autant...), les séquences s'enchainent, toujours plus folles, mais sans intérêt pour nourrir une narration déjà absence depuis le premier tome, je me suis arrêté à la fin du T3, pauvre Lilith.
En définitive, "L'age d'Or" a tout d'un récit trop classique. Cependant, on y déniche quelques joyaux graphiques au fils des planches, ses fresques sur double pages signées Pedrosa sont belles, colorées, rectilignes et surtout très stylisées. De même le traitement des séquences (découpage) avec l'avancée des personnages dans le même paysage propose une façon originale de faire avancer la narration tout en appréciant la grandeur des dessins. Les personnages ont bien le temps d'être développés sur plus de 400 planches pour les 2 tomes mais ils leur manquent à mon goût de vraies personnalités plus nuancées, notamment Tilda sur laquelle repose beaucoup de choses. Le T2 est surement le plus décevant, car le scénario et son twist laisse dubitatif, une manière assez banale et maladroite pour clore le diptyque. Une narration trop classique avec l'assaut du château, ainsi le machiavélique frère de Tilda dénommé Roi par la force des choses ressemble étrangement à Joffrey Baratheon dans Game of Throne, de même que la construction des arcs narratifs dans le T1 sont amorcés trop rapidement dans le T2, cela manque de tension et d'un réel propos, d'une révélation forte et d'une finalité qui permettrait à l’œuvre de briller en plus de son dessin convainquant.