Écoute s'il pleut
Une BD de Rodolphe et Patrick Prugne - Daniel Maghen - 2024
Un jeune garçon, Daniel, passe ses vacances à la campagne avec sa grand-mère. Leur maison est entourée par trois moulins. Lors d’une sortie, Daniel rencontre Paul près du moulin le plus éloigné. Les deux garçons se rapprochent ; Daniel rencontre la mère de Paul qui s’occupe dudit moulin et les jours passent agréablement. Jusqu’au jour où Paul n’est plus là, disparu. Inquiet, Daniel se rend au moulin, mais finit par apprendre que ce dernier est laissé à l’abandon depuis des années, que personne n’y habite. Daniel, sidéré, cherche une explication...

















Dans "Écoute s'il pleut", c'est surtout le mélange entre l'univers de Rodolphe et celui de Prugne qui m’intéresse ; l'un réputé pour ses récits fantastiques plus ou moins intimistes, l'autre pour ces westerns aux ambiances douces sur ses mises en couleur à l'aquarelle. Avec cette collaboration signée chez Daniel Maghen, tous les signes semblent positifs pour présenter une œuvre qualitative.
Le récit est simple en somme, un fait divers alimente les mœurs d'un village possédant plusieurs moulins, dont celui qui porte le nom du titre de la bande dessinée. Le récit, tout en légèreté nous emmène au cœur d'un mystère qui plane sur ce dernier en proie aux années qui passent et la végétation envahissante. De la part de Rodolphe, c'est même surprenant d'avoir un récit aussi simpliste, il renoue avec une forme de bande dessinée mélancolique et poétique, en incluant toujours une part mystérieuse au travers des personnages de Suzanne et Paul. Rodolphe s'écarte de son style, de ce qu'il a l'habitude de proposer avec le genre "Fantastique" pour un genre résolument plus "Tranche de vie" ou "Chronique sociale", même s'il introduit subtilement un élément extraordinaire, clé pour le récit.
Ce qui fait indéniablement la qualité du one-shot, c'est le trait de Prugne, très doux qui nous éblouit sur chaque planche au travers de sa mise en couleur et son travail sur la lumière, d'une harmonie époustouflante. Le genre d’œuvre qu'on apprécie lire à l'extérieur, sous un arbre ou dans un espace qui respire la vie, on en redemanderait presque arrivé à la fin du roman graphique. Si le dessin est très beau, Prugne reste fidèle à lui même en explorant un dessin dans un genre qui semble lui correspondre tout aussi bien, il ne s'essaye pas à des perspectives complexes, cela reste très construit et fidèle dans sa démarche, s'orientant d'autant plus vers un semi-réalisme fort.
Une œuvre tout en douceur, un peu trop convenu certes ; mais qui s'apparente à une ressourçante balade en forêt, pleine de vie.
Le pitch est connu car bien décrit par le critique. Mon point de divergence c'est la note attribuée et que, vu de moi, il n'est pas nécessaire de connaitre l'après guerre pour être intéressé.e par l'histoire qui a aussi un côté fantastique.
Le dessin à l'aquarelle ajoute une touche de poésie et de mystère.
Nota : Si on souhaite comprendre la couverture, il faut lire le livre jusque la fin!