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Certains crient au génie, d’autres à l’ineptie, mais nul n’est indifférent… C’est déjà un bon début! Car susciter le débat, voire la polémique sans chercher à les provoquer est a priori une qualité.
C’est d’abord en cela que « L’odeur des garçons affamés » est un album exceptionnel. Parce qu’il est sans équivalent, parce qu’il va au bout de son propos (aussi abscons soit-il) sans concession ni à un genre, à une logique, une morale ou aux potentielles attentes des lecteurs. Inutile d’y chercher des réponses ni même de se poser des questions. C’est une œuvre, ni plus ni moins, à prendre ou à laisser.
De toute façon quand Peeters s’affiche en couverture, tout lecteur un minimum averti sait qu’il va au devant de probables surprises…Et bien qu’il ne soit pas au scenario, on est ici au cœur de ce qu’il fait le mieux : développer librement un univers graphique aussi riche que déroutant, beau, complexe, abouti, déjouant tous les repères. Cela peut créer un malaise chez le lecteur, comme dans le fascinant « Château de sable », écrit certes par P.O. Levy mais dans lequel le dessin de Peeters, plus encore que le texte, inocule un trouble profond.
« L’odeur des garçons affamés » n’est pas un western. Cette BD résiste à toute définition, c’est une expérience de lecture.
Peu après la sortie du 1° tome, je l’avais d’abord emprunté sans conviction en médiathèque ; puis réemprunté quelques mois plus tard car quelque chose d’indéfinissable m’avait accroché.
Idem avec le 2°.
Et j’ai fini par les acheter tous deux en attendant le tome 3…
Au final, "Horacio d’Alba" me laisse une très bonne impression, infusée lentement mais durablement.
Un contexte historique trouble vraiment bien exploité (ces académies de duel ont-elles existé ou n’est-ce que pure fiction ?), des personnages solides, des scènes dantesques et un récit à la première personne dont la narration au passé nimbe de légende et de nostalgie ces aventures.
Seul le dessin ne m’a pas toujours enthousiasmé, trop irrégulier dans la représentation des visages, les profils et les faces d’un même personnage n’étant pas toujours raccords. Mais les décors et les ambiances souvent crépusculaires sont très réussis.
Une série de qualité. A lire!
Oui, cet album est absolument superbe à tout point de vue !
Je veux juste préciser que l’histoire, aussi bien écrite soit-elle, est quand même excessivement romanesque!
L’irradiante beauté des planches hypnotise sur le coup mais une fois le regard dessillé, de nombreux ressorts narratifs apparaissent un peu épais...
Ne serait-ce que le point de départ : Voyageur perdu, Jules s’endort par hasard au milieu du port d’Istanbul, précisément à côté du bateau de la belle capitaine Salomé ; ce Jules a, par hasard aussi, connu un peintre légendaire dont il possède précisément un carnet de croquis rarissime, peintre dont Salomé collectionne précisément les œuvres et qu’elle recherche éperdument depuis toujours … Et les voilà partis à sa recherche en citant du Homère qu’ils connaissent tous deux par cœur…
La plupart des situations procèdent de ce genre de coïncidences : Salomé qui retrouve (par hasard) son agresseur dans le bureau de son père… Salomé, répugnée par les hommes, qui fait de la seule jeune fille des environs son amante, le plus naturellement du monde… Jules qui voit (par hasard) sa fiancée, perdue de vue depuis des lustres, portraiturée par le vieux peintre lui-même et ainsi de suite…
Les auteurs semblent d’ailleurs s’en amuser puisqu’ils invoquent «la bonne étoile» des héros…
Mais passons… Finalement, nous faire croire à tout cela ne requiert-il pas aussi un grand talent ?
Quoi qu'il en soit, on ne peut que saluer l’exigence, l’ambition et l’engagement total d’E. Lepage dans son (chef d’)œuvre.
Même après la lecture il se dégage de cet ouvrage une vraie majesté, due en particulier aux fantastiques peintures de René Follet.
Un ébouriffant hommage à la peinture en général.
Conscient des imperfections de cette série, je ne vais pas en donner un avis enflammé mais j’avoue ne pas comprendre l’indifférence qu’elle suscite.
Moi, j’aime bien "Commandant Achab" et le plus objectivement possible, il y a quand même de quoi!
Le dessin, simple et clair offre des ambiances et des tronches efficaces bien adaptées aux situations. Il réussit même à rendre palpable la morosité de l’environnement dans laquelle se déroulent ces enquêtes assez retorses. Et cette âpreté qui contamine le cadre, c’est celle d’Achab, le taulier du 36, vieux con persifleur, antipathique et misanthrope, dont le flair de flic est bien sûr archi affuté ! On nous refait le coup du tandem que tout oppose avec Karim, donc, son jeune adjoint qui a un peu plus que son homosexualité à cacher…
Alors bien sûr le background très réaliste aiguiserait l’envie de suivre des intrigues elles aussi 100% crédibles... Et c’est vrai que ce n’est pas forcément le cas mais l’important est ailleurs : ça fonctionne car les investigations de nos deux équipiers sont truffées d’à-côtés subtils. Depuis le début s’instille assez finement toute une psychologie du non-dit, de la culpabilité sourde et de l’observation en coin de la nature humaine. Cela rend la série beaucoup plus complexe qu’elle n’y parait. Mais sans doute faut-il lire les cinq tomes à la suite pour le percevoir.
Les trois tomes de "Paci" me confirment tout le bien que je pensais de Vincent Perriot après "Belleville Story".
J’ai dévoré cette aventure de gros bras, grosses bagnoles… et gros ennuis pour les protagonistes! Son découpage très cinématographique est redoutable d’efficacité.
Le style graphique de Perriot s’assèche et se radicalise encore un peu plus ici. Il met cette épure entièrement au service de son histoire et de ses personnages, tous issus des marigots de la délinquance ordinaire, pourvoyeuse de tous les fantasmes ; Ils sont si bien caractérisés – et c’est une preuve du talent de Perriot – que trois traits suffisent pour s’approprier leurs gueules. On pourrait presque les croiser dans la rue !
Le dessin devient quasi expérimental notamment pour certaines scènes de poursuite et traduit le mouvement et la vitesse d’une manière frontale, juste au trait, sans chercher les trucs et les flous à la mode. Les lumières, phares de voitures, spots de discothèque ou réverbères en deviennent hallucinatoires par jeu de distorsion. Quelle énergie et quelle audace graphique! Cette vitesse mise ainsi en exergue devient le symbole du destin de Paci qui s’accélère brutalement et le piège inextricablement.
C’est un beau héros Paci, un de ceux qu’on n’oublie pas sitôt l’album refermé. Son air de sphinx ténébreux lui confère beaucoup de classe et de force.
Un bon polar à découvrir, habile et bien mené.
Que « Belleville Story » ne plaise pas à tout le monde est une évidence.
C’est l’œuvre d’un dessinateur au style affirmé (et parfaitement maitrisé, ça tombe sous le sens !) qui ne cherche ni le consensus ni à en mettre plein la vue. Personnellement je trouve Vincent Perriot vraiment balèze et certainement mésestimé. A ma connaissance c’est un des seuls qui parvienne par son simple trait à insuffler un tel dynamisme, un tel mouvement dans ses décors, avec ces effets de distorsions qui happent le regard. Son univers graphique demande juste aux plus obtus un peu d’ouverture d’esprit !
Le scenario de Malherbe, d’abord étouffant, rapide et crapoteux, s’avèrera libérateur et généreux au bout de cette nuit fatidique.
La distribution des personnages est bien équilibrée entre les poncifs imposés par le genre et la personnalité propre de chacun ; de Freddy la petite frappe à Larna la belle putain et son mac sordide, elle culmine avec Monsieur Zhu, invincible figure messianique achevant sa dernière mission et qui évoque le meilleur de Takeshi Kitano au cinéma.
Pour rappel, il ne s’agit pas de l’œuvre du siècle, ambitieuse et révolutionnaire ! C’est un petit polar sec, nerveux et minuté, à prendre pour ce qu’il est, et incontestablement une très bonne BD.
Les trois premiers tomes des « Royaumes du Nord » valent surtout pour l’impeccable travail graphique de Clément Oubrerie. Son trait expressif, riche en détail et rehaussé de belles couleurs est très agréable.
En revanche ce récit alambiqué ne m’a pas franchement convaincu. Il y a d’abord trop d’éléments narratifs pour une lecture fluide.
En outre cette histoire d’animaux parlants, de sorcières volantes ou autre ours en armure, mâtinée de mysticisme est quand même assez gratinée bien qu’elle regorge d’idées...
Je n’ai pas lu le roman de Pullman mais il semble que les auteurs aient souhaité l' adapter très fidèlement. Du coup, où placer le curseur ?? Car en dépit de partis pris résolument adultes - ce n’est manifestement pas une BD jeunesse - le scenario n’est jamais parvenu à me faire adhérer totalement à ce qui reste un conte pour enfants.
Voilà une œuvre magistrale mais tous les lecteurs ne pourront pas y adhérer.
145 pages d’errance métaphysique qu’arpente un héros immortel et loin de ce que la mythologie prescrit habituellement... Ici, il est fragile, anonyme, égaré, rongé de solitude et d’égoïsme, traversant de sa silhouette androgyne ce qui compte parmi les plus belles planches que l’on puisse imaginer en BD ! La somptueuse colorisation transforme les décors en visions éthérées, comme sorties d’un rêve. Des cités antiques démesurées, des paysages submergés de lumières vaporeuses, des créatures tantôt grotesques, tantôt magnifiques à l’image du merveilleux Tanos de la couverture !! L’ensemble est un miracle visuel malgré les défauts dont le dessin n’est pas exempt (comme dans « Shangri La » d'ailleurs); C’est là la signature d’un auteur déjà majeur !
De surcroit ce n’est pas que beau : La narration, théâtrale au sens propre du terme, fait du récit une véritable chanson de geste teintée d’ironie douce et de mélancolie.
« Herakles » fait partie des (très) grandes œuvres dont on se demande après coup pourquoi elles ne jouissent pas de la renommée qu’elles mériteraient…
L’auteur a construit sa relecture du mythe autour de partis pris forts et assumés. Son Héraclès en est inoubliable ! Surhumain bien sûr, mais dont le corps titanesque ressemble plus à celui d’un bûcheron canadien que d’un marbre de Praxitèle ! Hirsute, nonchalant, râleur, impavide, il promène sa massue et sa peau de lion à travers la Grèce antique à la poursuite de son destin.
Pour autant, rien n’est pastiché, encore moins comique. Si l’on rit souvent, c’est que notre Hercule maîtrise l’art de la réplique comme celui de la boxe à main nue ! Mais l’horreur ou l’émotion peuvent aussi être au rendez-vous… Avec en filigrane des réflexions inspirées sur le pouvoir ou la solitude.
Par ailleurs, les personnages et le récit respectent point par point l’épopée antique et c’est ce qui contribue à faire la force de ces trois tomes. Le reste le doit à un travail graphique fabuleux, autant dans le trait que dans la mise en page et les couleurs.
On peut ne pas être sensible à ce style inventif et débridé mais tout lecteur objectif saluera la qualité et l’originalité d’un tel travail (+ 450 planches au total).
Je considère désormais Édouard Cour, que je ne connaissais pas avant la découverte d’«Herakles», comme un auteur incontournable.
Que de promesses dans cet très bon premier tome !
Le dessin de Jacamon, beaucoup plus fin et précis que dans « Le tueur » est agréable quoique plus impersonnel (en revanche carton rouge à la couverture que je trouve carrément médiocre).
De très belles planches agrémentent la lecture et donnent ainsi une intensité brûlante aux décors.
Les personnages que nous serons amenés à suivre au long de cette saga sont introduits un par un en révélant astucieusement les différentes facettes de leurs personnalités, ce qui permet de les identifier et de se les approprier très naturellement.
N’ayant pas lu le roman, je ne sais pas si l’adaptation est réussie mais la narration, assez dense, reste claire, fluide et prenante.
Le contexte historique du 16°siècle, des invasions ottomanes et de l’inquisition est particulièrement bien mis en scène.
Le rythme est lui aussi très bien mené puisque les scènes d’action pure savent laisser la place à des pauses bienvenues aux dialogues plus développés.
Bien qu’il soit trop tôt pour préjuger du résultat final, je recommande ce « Tannhauser » qui m’a vraiment semblé de bonne facture, en espérant que la suite soit au moins du même niveau.
Les deux tomes de Daomu ont de quoi laisser perplexe…
Hésitant constamment à la frontière de plusieurs genres, les auteurs semblent les choisir tous, ce qui revient bien sûr à n’en choisir aucun… Polar, aventure, fantastique, ésotérisme s’entremêlent de façon plus ou moins bancale, certains passages étant très efficaces, d’autres complètement incompréhensibles et foutraques… Et le rythme de l’ensemble en est largement alourdi.
Idem pour le dessin qui, bourré d’artifices numériques en met clairement plein la vue… En résultent des planches sur fond noir à la beauté froide et hypnotique qu’il s’agisse de décors, paysages ou ambiances… En revanche dès qu’il dépeint les personnages, ce graphisme révèle très vite ses limites et il est notamment ardu de différencier les protagonistes.
En fait il faut finir le second tome pour comprendre que cette histoire ténébreuse de tombes secrètes, de mondes engloutis, de mafias et de monstres sanguinaires n’aurait été qu’un banal manga pour pré-ado si elle avait adopté une forme moins tape-à-l’œil. Car derrière le vernis, "Daomu" est quand même un peu bas de plafond…
Mais tout ça étant visuellement étincelant et plutôt sympathique, beaucoup pourraient y trouver leur bonheur, à commencer par les fans des Humanos.
Il y a juste un fossé entre le fond et la forme, c'est tout !
Voilà une BD atypique, pouvant provoquer autant l’exaspération que la jubilation !
Exaspérant parce qu’à mon sens il n’y a pas de scenario (ou si peu que le lecteur s’en fichera totalement) et que les personnages, du genre « affreux, sales et méchants » sont parodiques et dénués de toute épaisseur ; enfin parce que les dialogues sont souvent beaucoup trop plats, trop neutres pour sortir de la bouche de ces « deux bandits » rugueux dont le caractère devrait être largement plus acéré.
Avec des répliques plus caustiques, plus ironiques, cette histoire aurait tout de l’œuvre culte ! Comme les films de Roberto Rodriguez auxquels elle fait penser, et c’est son côté jubilatoire : Deux tueurs en bout de course, n’ayant plus rien à perdre, un cadre de fin du monde, un déchainement de violence où tout doit disparaitre sous la poussière et les cactus… La matière du ballet funèbre aurait pu être grandiose !
Car les qualités graphiques sont remarquables. La mise en scène est soignée, le dessin incisif, vigoureux et détaillé est bien mis en couleur, le découpage cinématographique est particulièrement efficace et les décors sont percutants.
Ça ne suffit sans doute pas à l’élever au-dessus du lot… mais «Deux bandits » par sa radicalité et son esthétisme saura sûrement trouver son public.
J’avais commencé à rédiger un avis plutôt littéraire et copieusement argumenté pour parler de "Moi, assassin" ; mais j’efface tout et reprends à zéro. Inutile d’en faire des tonnes.
C’est tout simplement une BD intense aux qualités rares : un scenario dérangeant par ses éclats de violence et son amoralité mais particulièrement élaboré et haletant ; un dessin stupéfiant aux noirs et blancs tranchants comme des lames, parsemé de détails rouges sang (à noter l'étonnant réalisme des décors ) ; mais surtout l’éblouissant charisme de son héros, redoutable psychopathe sous les atours d’un prof de fac brillant mais vieillissant, aussi habile que retors dans l’exercice de son "art" de tuer. Tantôt pitoyable, tantôt flamboyant… Quelle classe et quelle gueule !
Bref, vous l’aurez compris, je considère ce roman graphique comme un chef d’œuvre total, exigeant et vénéneux mais indispensable !
De prime abord, le dessin semble virtuose, ce qui rend la lecture alléchante…
Mais à la longue ce trait léché et sans surprise a fini par m’ennuyer. Brillant mais sans saveur, trop maniéré, il manque une dose de panache et d’inventivité. De plus, nombre de personnages sont stéréotypés. Que dire de cette armée de Sarmates à la poitrine sublime certes, mais arborant toutes des seins quasi identiques avoisinant le 95C?? C'est un véritable défilé de pin-up!
Même constat pour le scenario qui contribue à cet ennui latent. Tout est là pourtant : les regards torves, la testostérone, les créatures, les combats sanglants, la sorcellerie, le sexe, les affres du pouvoir, la quête de vengeance… Bref, une recette inratable que j’apprécie toujours. Mais il manque ici le petit supplément d'âme qui aurait dû créer une ossature à tous ces ingrédients. Aucune réflexion, aucun recul historique, aucune hauteur de vue ne vient nous dire en quoi cette aventure est digne d’intérêt.
Ce n’est, pendant 4 tomes, qu’une bonne grosse et banale bataille.
Soyons juste, c’est de la BD honnête et bien tournée. Je garderai mes « Reconquêtes », je les relirai sans doute à l’occasion mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est probable que je me (re)dise en soupirant "Tout ça pour ça ?".
Voici un mythe maintes fois adapté et pourtant aucune impression de déjà-vu, aucune redite ne vient affadir la lecture de ces trois premiers tomes.
La narration est précise, fluide et maitrisée.
Le dessin, lui, est aussi splendide qu’étrange... Épuré tout en étant foisonnant, parfois théâtral ou un peu raide mais en même temps subtil. Ce trait toujours élégant sert admirablement le récit par ses architectures raffinées ou ses contre-plongées discrètes.
De surcroit un bel élément graphique vient sublimer certaines planches : toutes les fumeroles blanches qui se déploient au hasard des pages dès qu’une flamme est allumée dans l’histoire. Certaines de ces volutes s’échappent des cases ou les relient entre elles, matérialisant ainsi l’atmosphère empoisonnée qui règne dans les alcôves des palais, les saumâtres effluves de complot et les vapeurs de haine qui asphyxient les personnages.
A noter que les couleurs automnales sont également superbes !
C’est de la mythologie pure et dure avec son lot d’héroïsme, de violence et d’intrigue mais le scenario sait y distiller très habilement une dimension introspective et intimiste rare.
Mais même si la sensibilité conjuguée des autrices fait des miracles, cette série est sans doute une œuvre trop singulière pour faire l’unanimité. Pour l’apprécier à sa valeur, il faut accepter de se laisser hypnotiser par cette ensorceleuse de Médée…
Difficile d’imaginer qu’une telle œuvre puisse n’avoir qu’un seul auteur !
Respects donc à Mathieu Bablet pour ce colossal et magnifique travail…
Visuellement, c’est vraiment costaud. Des décors et perspectives d’une extraordinaire précision, des couleurs sombres et ternes, mais idéales pour décrire cet univers quasi carcéral et aliénant.
Les plans de l’espace, intensément noir, vide, silencieux et glacial sont parfaits.
Le scenario, inégal, comporte autant de maladresses que de fulgurances... mais malgré quelques ellipses et des ruptures de rythme, le récit offre une belle complexité tout en gardant une trame relativement simple, efficace et cohérente.
Deux légers bémols : La psychologie des personnages aurait pu être plus approfondie ; ils manquent un peu de consistance et ne suscitent guère d’empathie…
Puis la critique assez insistante de la société de consommation. Il y avait de l’idée mais ce matraquage a fini par m’irriter…
Au final « Shangri-La » reste une histoire fascinante de bout en bout, radicale et implacable, doublée d’un faisceau de réflexions sociétales et politiques.
Un très bel objet qui plus est, au rapport qualité/prix imbattable.
En cas de doute, à acheter sans hésiter !
Éclatant « Port des marins perdus » !
Adéquation parfaite entre un scenario romanesque et un dessin tout en délicatesse de gris qui tissent au fil des pages un conte onirique, intelligent et passionnant.
C’est dense, solidement construit, merveilleusement dessiné malgré le style crayonné qui derrière sa fausse simplicité recèle en fait des trésors de détails, d’atmosphères et d’émotion.
Mais la force de ce récit tient aussi à la mélancolie qui s’en dégage: fatalité des destins, sentiments prenant corps dans le silence des regards, omniprésence de la poésie comme seule réponse rassurante aux angoisses existentielles.
Il y a quelque chose de baudelairien dans ce « port » dont les mirages dans la brume marine ont tout du Spleen mais dont le souffle épique et l’exotisme tiendraient de l’Idéal…
Seul regret, le format semble parfois petit au regard de la beauté des planches !
Évidemment, d’autres pourraient lui reprocher sa naïveté, sa panoplie de gentils clichés sur les marins, son romantisme un peu pâli ou l’invraisemblance de certaines situations… Oui, peut-être et alors? Ce sont les défauts de ses qualités et celles-ci l’emportent magistralement!
C’est un voyage à ne pas manquer !