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La 1ère case est un chef d’œuvre et donne le ton. Le graphisme de Masbou monte encore d’un cran dans cet épisode. Les décors sont époustouflants, l’imagination de l’artiste semblant sans limite. La quête du légendaire Maître d’armes sera périlleuse et riche en péripéties. Quel souffle !
Après un alunissage mouvementé, les 6 compagnons entreprennent des pérégrinations de plus en plus fantasques à la découverte de la folâtre civilisation lunaire ! Un 6ème tome de haute volée, tant au niveau de l’écriture étincelante que des superbes dessins de Masbou. Cette Lune-là est définitivement ensorcelante !
Avec ce 5ème tome, on quitte l’univers de la flibuste et de la chasse au trésor pour s’envoler dans la Lune à la poursuite des Sélénites ! L’aventure se rapproche donc du modèle qui l’inspire : Cyrano de Bergerac.
Inventif et brillant, cet épisode redonne du souffle à l’extravagant périple de nos héros.
On sent la passion de Masbou pour le théâtre et l’hommage qu’il veut lui rendre ici ; cependant, j’ai eu plus de mal à le suivre pleinement sur la fin de ce chapitre, où nos héros se confronte au peuple de la Lune !
Le dessin accuse un petit coup de mou et l’auteur part quand même assez loin dans une ivresse littéraire qui confine au délire et pourrait laisser des lecteurs au bord de la route... Mais l’ensemble reste quand même de très bon niveau.
L’aventure, agrémentée d’un nouveau personnage, se poursuit à un train d’enfer ! Piraterie, abordage, tempête, naufrage, île mystérieuse, cannibales… Ce qui serait, ailleurs, un véritable festival du cliché prend ici une dimension homérique grâce à la verve extraordinaire d’Alain Ayroles. Jean-Luc Masbou lui tient la dragée haute avec un dessin et des couleurs absolument magnifiques. Une telle richesse est une rareté, bravo !
Après un tome d’introduction qui a posé les bases de cet univers chimérique (où personne ne s’étonne de croiser un loup, un renard et un lapin sous les atours de preux et hardis gentilshommes !) le 2ème tome accélère en enchainant sans répit les rebondissements les plus improbables.
Toujours aussi fin et de plus en plus marrant. C’est un régal !
A lire, rien que pour la course-poursuite des pages 12 à 22, épique et tordante !
Je me replonge avec gourmandise dans mon intégrale de « De cape et de crocs » !
L’entrée en scène des personnages, tous plus truculents les uns que les autres, est vraiment savoureuse. Certes, le dessin a un peu vieilli mais il reste généreux, expressif et particulièrement détaillé.
Mais le vrai génie vient de l’écriture chevaleresque d’Ayroles, truffées de références, qui élève selon moi l’ensemble de la série au rang d’une œuvre littéraire classique. Évidemment, tout le monde ne peut y être sensible. Les tournures de phrases ampoulées et volontairement théâtrales sont absolument géniales mais réclament, pour se faire apprécier, un minimum de culture et de vocabulaire. Ceux qui en manquent, ou les jeunes lecteurs, passeront probablement à côté.
« Mary Jane » se distingue par des dessins superbes et une mise en couleur aquarellée, aux ocres parfaits pour ce Londres mal famé du XIXème siècle. Le style réaliste de Damien Cuvillier donne à certains personnages de vraies gueules d’acteur. L’ensemble de son travail sur cet album est irréprochable.
J’ai plus de réserves sur le scenario de Franck Le Gall. Évidemment, ses intentions sont bonnes. Sa dénonciation de la condition féminine de l’époque est intelligemment amenée et sa volonté de mettre à l’honneur les victimes de Jack l’éventreur plutôt que leur bourreau est tout à fait louable. Respectable aussi son traitement distancié du sexe et de la violence. Vous ne trouverez ni voyeurisme ni complaisance dans ces pages.
Mais sur le plan narratif, il manque clairement une dimension. Le récit est elliptique (la fuite en France) et le rythme irrégulier, certains passages étant trop longs (la route de Cardiff), d’autres trop courts (1 planche entre la rencontre de MJ avec Joe et son emménagement avec lui). Enfin, les personnages secondaires sont bien présents mais ne sont pas creusés et ne servent pas l’histoire (Peter White, le boxeur, la vieille, Maria…).
Ces exemples sont autant de petits déséquilibres qui empêchent la tension de s’installer et tiennent malheureusement le lecteur à trop grande distance du sort de Mary Jane.
Cela dit, malgré ces défauts, ça reste une bonne BD, solide et agréable à lire.
Pour moi, le Transperceneige est la définition même d’une BD culte : un dessin magistral, certes, mais on trouvera toujours mieux… Un scenario fabuleux, évidemment, mais ce n’est pas la mieux écrite non plus… En fait le génie est ailleurs. Dans une alchimie miraculeuse et indéfinissable qui crée quelque chose de plus grand, qui pose de nouvelles bases.
C’est cette dimension-là du chef d’œuvre que je retiens. La question n’est même plus de le critiquer ou pas. L’apport du TPN à l’ensemble de la Pop Culture contemporaine est énorme et définitif. Rien à rajouter.
A lire, à relire, à re-relire, à re-re-relire !
Je salue l’excellente chronique de T. Cauvin, même si la note me semble excessive. Elle a le mérite d’être objective et lucide sur le fossé qui sépare "Avant la quête" de la série-mère. Du coup elle met tout le monde d’accord. Même si je n’ai pas aimé Kryll, je me reconnais entièrement dans son analyse. Et malgré mes ronchonneries, allez, je continuerai peut-être quand même, histoire d’aller au bout… la fin sera peut-être meilleure !
Lire Clyde Fans, c’est d’abord avoir entre les mains un bel objet à la couverture ajourée, glissé dans un épais coffret richement illustré.
Mais lire Clyde Fans c’est surtout se lancer dans une (très) longue errance, indolente et feutrée.
Une errance dans le temps d’abord, où l’on suit à travers plusieurs époques (1957, 1966, 1975, 1997) le parcours de deux frères, gérants de « Clyde Fans », la marque de ventilateur créée par leur père.
Une errance ensuite dans cette mémoire familiale bordée de névroses, véritable chronique de l’absence : absence du père, absence de sentiment, absence d’idéal… Seth n’a rien laissé au hasard. L’œil du lecteur, à force de se poser sur les innombrables détails dont chaque case foisonne, s’imprègne imperceptiblement de l’atmosphère figée qui y règne. Il devient le témoin d’une lutte invisible et sinistre entre les êtres et les choses, et finit par ressentir ce vide.
Une errance aussi dans une Amérique ripolinée de carte postale, actrice principale de cette histoire, avec ses fast-foods, ses boutiques, ses buildings, ses bagnoles, ses pubs… Seth la dépeint dans une gamme de bleu et gris sur papier crème, en en faisant un univers silencieux et fané. Cette Amérique-là a quelque chose de vaguement inquiétant. Il s’en dégage une poésie nostalgique, faite d’innombrables bribes d'un monde révolu, dont il ne reste rien d’autre, finalement, que des souvenirs tristement inutiles.
Évidemment, 500 pages, c’est parfois long ! Certains passages en deviennent interminables et monotones. Mais je pense que l’auteur l’a sciemment fait exprès. Puisqu’il décrit justement l’emprise du temps qui calfeutre, qui empoussière, qui assèche, qui racornit, qui aliène et rend toute chose inerte et vide de sève. Au bout de la lecture, c’est une lourde mélancolie, sombre et prégnante qui l’emporte et règne sans partage sur l’ensemble de l’œuvre.
Aucun amateur de roman graphique ne passera à côté. Mais à 50€ le livre, peu de lecteur d’albums classiques, c’est sûr, se risqueront à en faire l’achat. Je n’en connais pas le tirage mais je parie que les ventes ne se conteront pas en dizaines de milliers d’exemplaires...
Donc lire Clyde Fans, c’est enfin avoir une BD rare, exclusive et exigeante comme il en existe peu.
Ce 2ème tome m’a surpris et a réussi à m’accrocher. Autant "Pandémie" avait tout du survival ado classique, autant "L’alpha" est étonnamment complexe et prend des directions assez inattendues. Beaucoup d’informations, d’évènements et de rebondissements viennent enrichir l’intrigue. Ça va à 100 à l’heure, et ce rythme est entretenu par un dessin très propre et ultra dynamique. Non, franchement, c’est pas mal.
Ce 2ème opus confirme en tous cas que c’est une bonne série, sérieuse, solide et bien réalisée. Et les étonnantes couvertures texturées rajoutent encore à son attrait. Impatient de découvrir la suite !
Dans le genre post apo, "Green class" sera à mon avis très vite incontournable.
Excellent travail d’écriture, vraiment !
Baptiste Pagani a créé une pure fiction mais on jurerait la biographie d’une authentique actrice hongkongaise. J’ai même dû vérifier sur internet si les personnages dont je venais de lire les exploits existaient réellement ou pas ! Les nombreuses références aux mythiques studios de l’époque, comme Shaw Brothers, contribuent à ancrer l’album dans un contexte parfaitement crédible et leurs rendent un bel hommage. On sent la passion de l’auteur pour cet âge d’or du film de kung-fu qui inspirera Tarantino et bien d’autres. Mais nul besoin d’être cinéphile pour en apprécier la lecture. La téméraire héroïne et son histoire sont simplement touchantes.
Le dessin rappelle le magnifique P.T.S.D. (du même label 619) en un peu moins beau. Mais vif, rond, coloré, expressif, varié, pétillant de détails, il est parfaitement adapté à cet univers clinquant de mirages et d'illusions.
Le scénario est fluide et si bien mené que je me demandais à chaque page ce qui allait encore pouvoir arriver à Jin Ha, l’incroyable cascadeuse qui porte le récit. Enfin, l’ensemble est rendu très agréable à lire grâce aux (fausses) affiches de film qui jalonnent les chapitres ; de véritables chefs-d’œuvre !
Une BD très originale, alliant action, intelligence et émotion. A découvrir absolument.
Je me suis trop laissé influencer par les 2 avis précédents, si positifs que j’espérais découvrir une pépite ! Mais hélas, ce n’est pas le cas. D’où mon soucis de donner des éléments objectifs quand je poste un avis, pour qu’il puisse au moins être utile à des lecteurs hésitants...
Bref, j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de daté dans cet album, qui m’a fait penser aux productions fantasy des années 80/90, avec ces couleurs à dominantes vertes et mauves. D’ailleurs, la couverture où les personnages semblent détourés et collés sur une mauvaise infographie m’a aussi laissé perplexe.
L’ensemble est très hermétique : une seule unité de lieu, une seule unité d’action, une seule unité de temps... Ce décor unique, bien qu’esthétique, est si sombre et caverneux qu’il en est vite monotone. Et les 2 personnages principaux sont comme des coquilles vides, sans profondeur ni personnalité.
En fait, le procédé utilisé par l’auteur est une espèce de pirouette scénaristique : le lecteur est plongé d’emblée dans un monde très onirique, sans qu’il n’en ait jamais la moindre explication, ni contextualisation, ni justification. C’est un peu facile... Je n’ai donc pas compris grand-chose à ce délire mystico-ésotérique, ni su où l’auteur voulait en venir.
En conclusion, ce n’est pas forcément mauvais mais je suis loin d’avoir été convaincu par cet album, à 28 € quand même !! Reste l'intérêt d'avoir une BD atypique et très rare (500 ex.).
Les tomes 4 et 5 se passant dans un sinistre bagne, je préfère quand-même Esteban dans ses aventures maritimes plutôt que dans ses périples à terre. Je trouve Matthieu Bonhomme un peu moins à l’aise dans ce décor et son scenario s’en ressent. Tout cela est moyennement crédible mais l’ensemble reste solide et bien réalisé. Dépaysant et décoiffant.
Les 3 premiers tomes constituent une aventure haletante et généreuse, portée avec conviction par des valeurs humanistes. Le dessin clair et précis en rend la lecture très agréable. Avec juste ce soupçon de fantastique propre à l’imaginaire enfantin. Une très bonne série.
Un album résolument satirique qui dénonce la toxicité des réseaux sociaux et leurs multiples effets pervers. Duhamel a de bonnes intentions et beaucoup d’idées, mais à trop vouloir en dire, le message devient lourd et se dilue un peu dans les clichés. Idem pour le dessin qui peut être élégant et nuancé, par moment, puis passer sans prévenir à la caricature facile. Le personnage principal, par exemple, ne m’a semblé ni très expressif ni vraiment sympathique.
Malgré tout, le scénario et son effet "boule de neige" reste plaisant et assez addictif. Je n’ai pas pu le lâcher avant la fin.
Au final, je dirais que c’est un album inégal, alternant le très bon et le moyen. En comparaison, l’excellent « Le retour » était à mon avis plus fin et abouti.
Une aventure à l’intrigue assez simpliste mais bien troussée. Malgré un dessin sommaire, la BD reste efficace et ludique, bien rythmée et bien découpée.
Un album bien réalisé. De belles couleurs complètent agréablement un dessin tout simple mais très lisible. Le récit, très simple lui aussi, est plutôt solide. Cela dit, pour un ouvrage "jeunesse", l’univers et les thématiques restent assez sombres.
L’ensemble est donc très sympa mais peu recommandable aux plus jeunes.
J’adore le style de Rébétiko. David Prudhomme parvient à créer des atmosphères intenses, grâce à ses couleurs, ses lumières, ses décors, ses cadrages. L’immersion dans les quartiers populaires d’Athènes en 1936 est totale. Des personnages charismatiques nous embarquent avec eux dans une tournée nocturne de bars interlopes, enfumés par les narghilés : 5 musiciens laissés-pour-compte, rebelles, jouisseurs et nihilistes pour qui rien n’existe en dehors de la musique et l’amitié, les dernières choses qui leur restent avant l’exil. C’est probablement leur ultime tournée et ils le savent. Leur musique, leurs origines et leur style de vie sont condamnés par le nouveau pouvoir en place. Mais les 5 irréductibles joueront et chanterons quand même, plus orgueilleux et superbes que jamais, malgré les flics qui quadrillent, les caïds qui veulent leur faire la peau et les excès de haschich ! Qu’importent les conséquences…
Une magnifique BD d’ambiance. Une ode à la musique, symbole de liberté et meilleur rempart contre toutes les dictatures, y compris celle de l’argent.
Difficile de ne pas comparer "Lily Love Peacock" avec les aventures de son aïeule Jeanne Picquigny. Et forcément, Lily étant moins charismatique que Jeanne, son histoire à elle semble un peu futile à côté de celle de sa grand-mère. Il faut dire que l’époque contemporaine est moins glamour que les années 30 dans lesquelles Jeanne, Eugène et Victoire voyageaient à grands frais…
Mais si le récit est moins "ethnographique" que les précédents, il est beaucoup plus rock’n’roll et très bien écrit. Comme à son habitude, Fred Bernard l’a généreusement truffé d’aphorismes, de poèmes et de pensées. Son dessin unique fait le reste... Il se dégage de cette BD un charme et une mélancolie irrésistibles.
Déjà que je n’avais pas du tout aimé "L’emprise", avec le truc honteusement éculé de l’amnésie... alors que dire de celui-ci ? Pffff ! Et le pire c’est que j’étais quand même impatient de l’acheter ! Preuve que le simple nom « La quête de l’oiseau du temps » sur une couverture fait toujours résonner une corde sensible en moi… Naïf que je suis !
En le lisant, je ne savais même plus de quoi parlait le scénario (si on peut appeler un scénario). Quelle est l’intrigue ? Le fil conducteur ? Aucune idée. Et franchement je n’en ai plus rien à faire… Ce tome n’est pas mauvais en soi, c'est juste qu'il ne sert absolument à rien, il n’apporte strictement rien. Et rien ne m’intéresse non plus dans cette histoire de secte un peu ridicule qui se délaye à n’en plus finir. Ça n’a plus aucun sens.
Relisez la série-mère !! Je viens de le faire et la comparaison est accablante pour ce "Kryll" qui semble, à côté, un pitoyable ersatz. Je sais qu’il y aura toujours des milliers de lecteurs pour trouver ça super cool et continuer d’acheter jusqu’au tome 25, mais je n’en ferai pas partie. Je pense que c’était mon dernier « Avant la quête ». Terminé.
Désormais conscient de son génie, Pablo devient Picasso en dévoilant au public ses "Demoiselles d’Avignon", tableau inouï qui acte la naissance de l’art moderne.
Suite à quoi il quittera le Bateau-lavoir, son mythique atelier. C’en est fini de sa vie de bohème. Les auteurs baignent cet album dans la mélancolie pour clore cette parenthèse enchantée.
Une série qui retrace fidèlement les débuts d’un des plus grand peintres de tous les temps, tout en faisant une chronique douce-amère de la misérable Butte Montmartre, hantée de poètes et de fous qui changeront radicalement le visage de l’art mondial.
Si le scenario a tendance à se disloquer par moment et que Julie Birmant aura peiné à en maintenir la fluidité, Clément Oubrerie signe encore des dessins de toute beauté qui rendent un hommage inspiré aux illustres artistes qui peuplent ces 4 « Pablo ».
Bravo à tous les deux !
Pablo Picasso, à l'aura grandissante, se confronte à l’incontournable Matisse. Leur rivalité, tissée d’admiration et de mépris mutuels exacerbera leurs ambitions à être le premier.
Pablo, qui a déjà l’intuition que son destin révolutionnera le monde de la peinture, découvre aussi les masques africains, déterminants dans le cap qui le mènera à inventer l’art moderne.
Le scénario est un peu décousu mais les dessins sont une fois de plus superbes et la couverture est intensément intrigante.
Un 2ème tome plus riche, plus enjoué, plus sensuel, égrillard et enlevé. La rencontre avec Apollinaire aura décuplé la créativité du jeune Pablo Picasso et donné un sérieux coup de fouet au rythme de la série !
Les auteurs nous immergent dans le bouillonnement d’une génération de génies avant-gardistes, avides d’en découdre avec l’académisme amidonné de leurs ainés. Pablo s’affranchit, au milieu de jeunes zazous crépitant d’idées, effervescents, boulimiques de peinture, assoiffés de reconnaissance et gardant une foi inébranlable en leur talent.
Évidemment il faut s’intéresser un minimum à l’art et/ou à l’époque pour l’apprécier pleinement, mais cet album est un régal !
Apollinaire, en ogre dévorant le conservatisme de la société avec des vers iconoclastes, est magnifique !
1er tome d’une série magnifique, « Max Jacob » a une tonalité assez sombre puisque l’histoire est narrée par Fernande Olivier, elle qui deviendra la compagne de Pablo Picasso au terme d’un parcours plutôt sordide. Les débuts sont difficiles aussi pour le jeune Pablo. Deuil, misère et fatalisme lui font peindre sa poignante Période Bleue.
Le dessin de Clément Oubrerie est parfaitement adapté à ce Paris bohème des années 1900. Son trait vivace aux tons terreux fait merveille.
Côté scénario, l’écriture de Julie Birmant restitue très bien ce qu’a pu être la vie d’artiste à cette époque. Le tout dans un format généreux de plus de 80 pages.
Si vous découvrez la série, ne vous arrêtez pas à cet album un peu austère avant de découvrir les autres.
Je n’adhère pas vraiment aux éloges sur ce roman graphique... AJ Dungo avait promis cette BD à Kristen, sa compagne décédée. Promesse tenue, c’est beau et sincère.
Mais ma 1ère réserve vient du dessin. Il est certes d’une élégance raffinée, mais semble aseptisé, vectoriel, sans émotion aucune. Ce n’est pas, à mon avis, le type de graphisme qui convient à cette histoire-là. Car elle parle d’une double passion, celle du surf et celle qu’AJ éprouva pour Kristen. Et justement, ce dessin, avec ces aplats de couleurs monochromes, est complètement dépassionné. Il est esthétisant, lénifiant, sans rien d’humain ou de chaleureux. Il crée un immense silence entre le lecteur et le sujet, sans l’impliquer.
Seconde réserve, j’ai quand même été surpris par le ton très factuel du récit. Peu de dialogues, peu d'interactions entre personnages. Cela donne l’impression que le graphisme l’emporte constamment sur un texte beaucoup trop neutre. Parce qu’en plus de cette froideur ambiante, on ne pénètre jamais non plus dans l’intimité du couple. On est juste témoins passifs de leur relation distanciée et quasi platonique. Non que je veuille des détails bien sûr, cette pudeur est tout à fait justifiable. Mais sans l'humour, sans la proximité du quotidien, impossible de ressentir la complicité qui les unissait, ni empathie pour eux. Ce qui est embêtant pour un récit censé toucher la sphère émotionnelle. L’ensemble m’a donc paru extrêmement froid, alors qu’il aurait pu, qu’il aurait dû être autrement poignant. Pour moi, cette retenue contemplative a quelque chose de morne et d'inexpressif, de presque anesthésiant.
J’ai donc vécu bizarrement mon expérience de lecture, qui ne m’a pas laissé indifférent, mais pas du tout bouleversé.
C’est un livre original que je suis quand même content d’avoir dans ma collection, mais certainement pas le chef d’œuvre annoncé.
Il y a quelque chose de merveilleux dans « Aldobrando ». Dans tous les sens du terme.
Luigi Critone et Gipi ont façonné un conte médiéval à la portée universelle, mêlant avec brio action, émotion et réflexion. Le scenario est très simple mais il possède l’essentiel : l’inspiration ! L’histoire, en plus d’être cohérente et fluide, est rendue crédible grâce, justement, à cette simplicité. Cette fable, Gipi n’a eu nul besoin de rebondissements alambiqués pour m’y faire croire.
Aldobrando est une épopée à la fois douce et puissante, immersive par le soin apporté aux détails, aux atmosphères et surtout aux personnages, tous géniaux, comme sortis d’un tableau de Botticelli, Bruegel ou de Vinci, avec cette petite touche de caricature qui les rend si attachants. On est très loin du Moyen-Âge misérabiliste et bourrin que l’on nous sert d’habitude. La violence, et il y en a, reste le plus souvent hors champ. Je crois que les auteurs étaient plus en quête de ce merveilleux que j’évoquais. Ils ont privilégié les valeurs, le rêve, l’honneur, la geste. Et visuellement, c’est purement extraordinaire !
Mais cet album m’a enchanté aussi parce qu’il fait appel à l’intelligence du lecteur, à sa sensibilité et à sa capacité d’émerveillement. En ce sens, Aldobrando est un chef d’œuvre.
José Homs, au summum de son talent, aura rendu une copie quasi parfaite sur chacun des 4 tomes de SHI, avec une remarquable constance dans le dessin.
La voix off de Kita, qui fait le lien d’album en album aura assuré, elle, la cohésion totale d’un scenario déjà palpitant et foisonnant.
Comme le montre la couverture, splendide, la dimension fantastique est à l’œuvre dans ce tome 4. Suggérée par petites touches jusqu’à maintenant, elle s’exprime enfin pleinement. Mais presque trop, diront certains...
Sans rien spoiler, la fin me laisse aussi un léger regret. Si elle amorce bien la suite à venir, elle clôture trop brusquement ce 1er cycle. Cela m’a donné l’impression qu’il manquait au moins une planche de conclusion, dans laquelle Zidrou aurait pu proposer un retour au présent, par exemple, pour boucler l’arc contemporain amorcé dans les tomes 1 et 2.
Au final, un dernier tome tout aussi splendide que les autres mais qui, au regard de l’ensemble du cycle, ne répond pas à toutes les questions. Pas grave, la suite n’en sera que meilleure !
Chabouté est un artiste du clair-obscur et cette 2ème partie de Moby Dick en est une belle démonstration. Les ambiances de nuits d’orage, de cales éclairées aux lampes-tempêtes ou de lueur de forge sont saisissantes. Elles font écho à la folie du capitaine Achab, enragé, possédé par sa traque du cachalot blanc, qui rapproche à chaque page le "Pequod" et son équipage d’une fin tragique. Ce rythme funeste étant créé par les courts chapitres qui conservent et présentent l’essentiel du récit originel.
Mais l’ensemble manque sans doute de force à cause des personnages trop passifs et trop mornes, qui semblent être spectateurs de leur propre aventure. Cette réserve mise à part, cela reste une solide adaptation et une prouesse graphique.
Belle adaptation d’Herman Melville, fidèle et parfaitement respectueuse, dans l’esprit comme dans les mots.
Ayant lu le roman à l’adolescence, j’en avais gardé un souvenir vibrant que Chabouté a su raviver par un travail graphique admirable. On y retrouve la rudesse, l’exaltation et la folie qui caractérise « Moby Dick ».
Le noir et blanc très contrasté convient idéalement aux multiples vues du Pequod, le navire du capitaine Achab, sur lequel se déroule le récit. Coque, voiles, cordages, chaloupes… Chaque élément, précis et détaillé, est sublimé par l’intensité des aplats noirs.
Achab lui-même est la grande réussite de l’album : yeux névrotiques, visage élimé, balafré, fermé par un rictus glaçant. Il est le charisme et l’effroi personnifiés.
Après – et c’est une constante, hélas, chez Chabouté – les autres personnages n’ont la plupart du temps, qu’une sempiternelle expression de tristesse. Du coup, l’ensemble est un peu morose et manque de dynamisme et de profondeur. Forcément, ça limite aussi l’immersion dans l’histoire et l’empathie que l’on pourrait avoir pour eux. A la longue, même si on peut le voir comme une signature de l’artiste, je trouve ça lassant.
Avant l’achat, je m’attendais à un livre épicurien, hédoniste, louant l’amitié et la convivialité comme la couverture a l’air de le suggérer… Mais non.
En fait, il ne s’agit que du portrait d’un restaurateur de la Loire, vu par les 8 auteurs aux crayons. Le bonhomme parait sympathique et sa carte excellente mais je ne vois pas l’intérêt d’un tel album. Quel en est le but à part lui faire une énorme pub ? A ce compte-là, chaque petit chef, chaque gargote étoilée pourrait aussi avoir sa BD !
Au demeurant, c’est bien que Delcourt prenne des risques avec ce genre de publication, je ne dis pas le contraire, mais y a-t-il vraiment un public ..? Moi en tout cas, je ne suis pas client. Les auteurs eux-mêmes semblent un peu engoncés par l’exercice et n’ont pas grand-chose à dire. Il n’y a guère que Tanquerelle et Jourdy qui s’en sortent bien. Les autres n’ont que peu d’inspiration, et je les comprends. Ils ont sans doute mieux à faire que de s’investir dans des ouvrages promotionnels à la gloire d’untel, à grands renforts de dithyrambe et de superlatifs laudateurs.
Ce n’est pas totalement inintéressant d’ailleurs (ne serait-ce que pour les chouettes recettes proposées), mais c’est juste qu’en tant que lecteur, j’aurais aimé qu’il y ait plus de truculence, de poésie, d’anecdotes, de sens, tout simplement ! Et moins de flagornerie à l’endroit d'un cuisinier qui bénéficie déjà, on ne sait comment, des honneurs d’une BD. J’ai du mal à adhérer à ça. Dans le même style, « Les ignorants » avait su trouver un bien meilleur équilibre.
En un mot, c'est raté.
Je me suis offert « Les vermeilles » avec plaisir mais à ma grande surprise, je n’ai pas accroché.
Pourtant je raffole habituellement du travail très créatif de Camille Jourdy. Hélas, je n’ai pas du tout retrouvé l’impertinence, la malice ou la finesse qui faisaient le sel de "Rosalie Blum" et de "Juliette". Évidemment, le registre n’est pas le même puisqu’il s’agit d’un album jeunesse, mais n’empêche, j’ai trouvé ça moyen.
Je résume : une fillette découvre un monde enchanté lors d’une escapade en forêt et va vivre une aventure rocambolesque avec des compagnons pour le moins bizarres…
Du déjà-vu 100 fois, quoi. A chaque page, les références sautent aux yeux ; des meilleures (Miyazaki et Lewis Caroll) aux pires (SamSam et Mon petit poney..!!). A tel point qu’on se demande si l’autrice a réellement créé quelque chose ou si elle a juste compilé l’innombrable littérature sur le même sujet.
Donc, soit je n’ai rien compris (c’est une option !), soit cet album n’a pas grand sens. Il a des qualités bien sûr, c’est frais, c’est tendre, c’est amusant, c’est coloré. D’accord mais à quoi bon ? J’ai eu l’impression que C. Jourdy, en roue libre totale, a improvisé au fur et à mesure son histoire, façon "Lapinot et les carottes de Patagonie"… Ça manque de construction, c’est extrêmement enfantin, assez peu fluide et parfois peu lisible. Gagné par l’ennui dès le milieu de l’album (150 pages !!), je pensais au moins que la chute serait émouvante, philosophique ou burlesque, mais même pas.
J’ai beaucoup de respect pour Camille Jourdy mais franchement, là, je n’ai pas saisi l’intelligence du propos et je ne comprends absolument pas l’engouement des critiques. Étant passé à côté, c’est malheureusement une déception pour moi.
Cela dit je vous encourage quand-même à le lire pour vous faire votre avis.
Très sympa cet album, bucolique, poétique. Ça détend en douceur, c’est tendre, ça fait du bien. Catherine Meurisse cultive la nostalgie avec fraîcheur… En plus, on apprend plein de choses et la couverture est superbe, ce qui ne gâche rien.
A lire et à relire à volonté.
Quel auteur ce Peeters !
Par contre, si je considère Aâma comme un chef d’œuvre, il faut quand même savoir que ce n’est pas du tout de la SF meanstream ! On est plutôt dans une vision cérébrale, onirique et très personnelle du space-opéra, comme « Solaris » ou « 2001.. » l’étaient à l’époque pour le cinéma. Un lecteur cartésien pourrait donc prendre ce 4ème et dernier tome comme un trip halluciné, cafouilleux et mystique… Pour moi, c’est un final en apothéose qui m’a poussé au bord du vertige, m’a questionné longtemps après la lecture et qui a même réussi à m’émouvoir, notamment par sa dimension humaniste, aussi touchante que désespérée.
C’est audacieux, intelligent et superbe à la fois. J’en suis à ma 3ème lecture et je trouve ça de mieux en mieux. Culte !
Avec « Le désert des miroirs », Peeters nous fait pénétrer toujours plus loin dans le mystère Aâma : un organisme artificiel révolutionnaire et incontrôlé, dont l’impact, à portée planétaire, est aussi spectaculaire qu’imprévisible.
Les personnages comme le lecteur suivent exactement la même voie, éprouvent en même temps la même expérience, la même perplexité. Aucun n’est sûr de ce qu’il vit vraiment…
Il faut se laisser porter et ne pas forcément chercher de sens concret à chaque case, au risque de s’y buter l’esprit. Au fil des pages, imperceptiblement, les idées se révèleront et prendront leur place en toute logique. Frederik Peeters a soigneusement élaboré un scenario complexe mais très cohérent, même si ses rouages semblent échapper momentanément à la raison. Inclassable et brillant !!
Ce 2ème tome, consacré à l’expédition Woland sur la planète Ona(ji), va vite et part loin. Le rythme soutenu alterne flash-back, action pure et séquences intimistes. Les personnages, rapidement confrontés à une situation de plus en plus anxiogène, qu’ils ne peuvent ni comprendre ni maitriser, pressentent l’inévitable faillite de la mission...
Encore un album incroyable, tant par l’étrangeté sidérante du scénario que par la qualité du dessin et des couleurs. Mais il demande un peu de lâcher-prise. A ce stade, il est probable que certains lecteurs trop rationnels se seront déjà perdus en cours de route…
Les autres, accrochez-vous, le voyage est loin d’être fini !
En la relisant, je me rends compte que je n’ai jamais publié de commentaires sur « Aâma », une de mes séries préférées.
Alors juste un avis vite fait : pour moi, c’est LA BD qui fait de Frederik Peeters un maître de la SF contemporaine. Toute la trame du scenario est sous-tendue par des thèmes très forts (transhumanisme, nanotechnologies, marchandisation du corps, exobiologie…), mais il priorise toujours les rapports humains ; l’environnement futuriste ne sert qu’à mettre en relief ce qu’il reste de nous en tant qu’Hommes, avec nos ressentis, nos faiblesses, nos jugements, nos choix. Le récit déplace le curseur sur notre conscience. Ce qui donne des scènes intimistes et introspectives qui sonnent souvent très justes. Le tout dans un background à la fois réaliste et super high-tech, rendu par un dessin précis et charnel. Le robot Churchill, par exemple, avec sa dégaine et son cigare, est inoubliable !
Formidable 1er tome d’une BD majeure mais complexe, aux multiples ramifications.
C’est le seul des cinq que je n’avais encore jamais relu, n’en n'ayant pas gardé un souvenir impérissable…
Comme à l’accoutumée, Canales plonge son héros (et son lecteur) dans un milieu bien particulier ; ici, le cirque. Mais cette fois-ci la sauce ne prend pas vraiment. L’intrigue est moins crédible, les enjeux sont mineurs et plus flous, le rythme cahote un peu, les personnages sont moins charismatiques…Les premiers signes d’essoufflement, déjà, d’une si fabuleuse série ? Peut-être.
En revanche la fin, aussi elliptique et mélancolique que d’habitude, est à mon avis très réussie. Reste bien sûr aussi un dessin extraordinaire, qui, s’il n’atteint pas non plus ses sommets passés, demeure un régal pour les yeux ! Guarnido est surdoué.
Blacksad s’aventure du côté de la Nouvelle-Orléans pour une enquête poisseuse dans le milieu du Jazz et va se retrouver mêlé à un sordide secret ressurgi du passé, au milieu de personnages plus interlopes les uns que les autres…
Le scenario, sans doute moins exaltant que les précédents, ne hisse pas tout à fait ce 4ème tome à leur niveau, mais le dessin de Guarnido est toujours aussi génial, notamment le personnage de "Little hand", à la caractérisation exceptionnelle.
Une incursion dans les milieux intellectuels de gauche particulièrement réussie. Canales continue d’autopsier avec acuité les maux de l’Amérique des 50’s. Cette fois-ci, la grande chasse aux sorcières et la psychose de la guerre nucléaire. Un sujet géopolitique traité à hauteur d’homme (de bête devrais-je dire !) avec d’excellents personnages, des rebondissements et une certaine finesse. L’usage de la voix off est très efficace et alimente le récit d’un puissant flux de mélancolie. Encore une fois, le scenario nous épargne un manichéisme facile et questionne les rapports entre idéologie et humanisme.
Quant au dessin de Guarnido il suffirait, seul, à faire d’ « Âme rouge » un chef d’œuvre.
Cette fois-ci, le scenario de Díaz Canales prend d’emblée une autre dimension. En imposant comme décor l’Amérique ségrégationniste et ses acteurs (bourgeoisie suprématiste Blanche d’un côté, gangs Noirs de l’autre), la teneur de cet album est plus sombre, plus amère. Mais aussi beaucoup plus nuancée et complexe qu’au premier abord. Un récit profond, violent, intelligent, et dessiné de main de maître par Guarnido.
En relisant Blacksad, j’ai compris pourquoi les personnages des « 5 terres » m’ont paru si moyens. Le trait de Guarnido est tellement riche, varié, expressif, incarné, dynamique que la comparaison est cruelle pour Lereculey, qui pourtant ne démérite pas…
C’est vrai que le scenario de ce 1er tome est plus que banal, mais il permet surtout de poser l’univers corrompu de la série, qui décline toute la mythologie du polar crapoteux des 50’s. Des tripots enfumés aux persiennes du privé en imper, tout ce qui pourrait paraitre cliché figure au tableau des références. Mais loin des stéréotypes réchauffés, Blacksad s’approprie et réinvente complètement cette ambiance grâce au génie de Guarnido.
Cette série n’est pas devenue culte pour rien !
C’est mieux ! Ça monte doucement et ça prend bien. C’est donc de bon augure pour la suite. J’ai même réussi à me faire aux personnages, que je n’aimais pas car ils sont beaucoup trop "animaux" à mon goût et que je les aurais largement préféré un peu plus humain. Passons.
En tout cas, ce 2ème tome est beaucoup plus politique. Et certains n’aimeront peut-être pas. Pour ma part j’ai apprécié ces complots, ces combines, ces tactiques ces stratagèmes, ces rivalités… j’en passe, car il n’y a que ça en fait. Peu d’action à se mettre sous la dent, donc, mais pas grave, je trouve tout ça très bien vu. Du coup, les protagonistes sont bien plus approfondis et leurs personnalités se dévoilent et se complexifient.
D’autant que le découpage est toujours très efficace et entretient un rythme haletant. On retrouve aussi avec plaisir Kirill, l’implacable mercenaire qui avait offert la meilleure séquence du 1er tome, même s’il ne fait ici qu’une trop courte apparition.
Point de vue dessin, c’est très bien. Mention spéciale aux visages, expressifs et personnalisés.
Alors, alors, pourquoi pas 4 étoiles ?? Parce que je suis tatillon sur la qualité de réalisation et que les petites erreurs de dessin m’agacent au plus haut point, surtout que Lereculey est coutumier du fait (voir mon avis très énervé sur Wollodrïn ;-)
Quel est le problème ? Et bien p. 4 on compte quatre marches sur l’esplanade, case 1, et il n’y en a plus que trois, case 7. Rebelote p.50 : il y a quatre barreaux à la fenêtre, case 2, et il n’y en a plus que trois, case 4, sur la même fenêtre ! Je chipote, je sais, mais ça m’énerve !!
Après, avec un album tous les 4 mois, ce n’est pas bien étonnant… Mais pour moi, une série aussi bonne soit-elle, ne sera jamais un chef d’œuvre si elle comporte ce genre de négligences, surtout celle-ci, qui a clamé haut et fort ses ambitions pharaoniennes…
Vigilance, messieurs les auteurs ; respectez votre travail, ne le bâclez pas.
Mais allez, en dehors de ça, continuez sur cette lancée, c’est bien parti !
Aucun avis sur l’homme bonsaï ?? Pourtant, en adaptant le conte qu’il avait écrit avec F. Roca, Fred Bernard signe un album très réussi sur un petit potier français du 18° s. devenu par le hasard du destin un demi-dieu vénéré en mer de Chine : le puissant Homme-Bonsaï !
Narré par un vieux capitaine à la table d’une taverne, le récit bénéficie d’un ton léger sans faire l’impasse sur la violence ou la sensualité. Une aventure exotique au souffle épique ébouriffant, pleine de fureur, d’imaginaire et de poésie… si l’on se laisse embarquer.
Cette BD se lit vite mais laisse des images plein la tête malgré un dessin peu élaboré. Je l’ai lu maintes fois avec le même plaisir ! Recommandable et recommandé !
Pour « Les ogres », David B. et Christophe Blain précipitent Hiram et Placido dans un cauchemar terrifiant : prisonniers d’une communauté aux rites horribles et déviants, cernés par une nature hostile et de mystérieux indiens, ils ne pourront trouver refuge que dans leur propre sauvagerie pour survivre.
Un album à la fois plus rationnel qu’Hop-Frog et beaucoup plus sombre, presque malsain. Mais mis en image par un grand Blain !
C’est nul mais je crois que n’aime plus Christophe Blain... Je suis en tout cas complètement indifférent à ses derniers albums (Gus m’a profondément ennuyé et je n’ai même pas envie de feuilleter son Blueberry), alors que ses premiers restent pour moi des références inaltérables.
Et parmi ceux-là, les « Hiram Lowatt et Placido » tiennent une place à part. Ils ont quelque chose d’incomparable dans l’élégance du dessin, qui devient au fil des pages une poésie graphique surréaliste, pleine d’aventure, d’ésotérisme, de violence et d’humanisme.
J’admire vraiment cette façon d’être juste à côté de la réalité sans la dénaturer. Comme quelqu’un qui marcherait l’air de rien à 1 ou 2 centimètres du sol. Beau et troublant.
Difficile de reprocher quoi que ce soit à un tel album. Le travail graphique, scénaristique et documentaire de Hub est titanesque et cela se ressent dans chaque planche. L’univers foisonnant, précis, la multitude de personnages, et le soin apporté aux décors et costumes du monde aztèque happent le lecteur et le plongent dans un vertigineux voyage.
Cela dit je suis quand même resté un tout petit peu sur ma faim. Comme si ce volumineux 1er tome ne restait qu’une longue introduction malgré ses 177 pages ! Une fois tous les protagonistes et le contexte présentés (à grand renforts de flash-backs), il ne se passe pas grand-chose en fait… Ça manque peut-être un poil de punch, de surprise. Certaines scènes aussi semblent durer sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Ce n’est pas désagréable en soi mais ça crée un faux-rythme assez particulier. Heureusement le ton, très thriller antique, est suffisamment efficace pour tenir en haleine.
Au final, l’ensemble de la trilogie devrait être absolument passionnant. !
Dans tous les cas, l’attente était forcément énorme après Okko et je trouve que Hub s’en sort carrément bien. Il a fait ce qu’il sait faire (personnages forts, background détaillé, références historiques, sens de l'aventure) mais l’avoir délocalisé en Amérique Centrale était la meilleure option. Bravo ! Très impatient de découvrir la suite. La sortie de "Maison-vide", le tome 2, sera forcément un évènement marquant et attendu.
PS. Certains passages sont très très sombres et nécessitent d'être lus en pleine lumière (oubliez la lampe de chevet !)
Un défaut qui ne se retrouve pas dans la version N&B, beaucoup plus lumineuse.
Ça claque comme une balle de Winchester dans un canyon…
Et quelle générosité dans le dessin ! Par un effet de contraste hallucinant, le trait parfait de Gastine contribue à accentuer plus encore l’aridité stupéfiante du scénario.
Tant mieux, un western n’est jamais aussi bon que quand il est âpre et sauvage.
Je suis vraiment heureux de l’avoir en version grand format.
Une suite, par pitié !
J’adore les gros one-shot de SF très typés comme l’étaient "Shangri-La", "Negalyod" ou le fascinant "Dans un rayon de soleil". Je me suis donc régalé tout au long des 212 planches de "Soon". D’abord en découvrant le trait de Benjamin Adam que je ne connaissais pas, puis en savourant le scenario très abouti de Thomas Cadène, construit en deux parties parallèles. L’une au présent (en l'an 2151), l’autre en flash-back, avec des planches sur fond noir. Ces parties noires et vertes détaillent de façon didactique l’histoire de l’humanité et de la conquête spatiale. Mais elles sont parfois longues et trop copieuses à ingurgiter à cause d’un découpage peu adapté. Il s’en dégage un manque de fluidité qui est pour moi le seul défaut notable de l’album.
Le pitch est rapide : une femme, commandant de bord d’une mission spatiale, a choisi de quitter définitivement la Terre en y abandonnant son fils unique âgé d’une vingtaine d’année... Cette histoire plutôt banale en apparence est traitée avec une grande intelligence et une justesse peu commune. Les auteurs ne s’intéressent qu’aux évènements qui précèdent la mission, aux enjeux et aux fractures qu’elle provoque sur les individus, comme à l’échelle de la société entière. Les personnages, tiraillés entre engagements, sacrifices, égoïsme, renoncements et non-dits, sont poignants. C’est parfaitement écrit et parfaitement servi par le dessin, faussement simple et vraiment efficace. Le character design, notamment, est d’une force incroyable. En quelques traits, les différents protagonistes prennent vie, émeuvent et suscitent de l’empathie, preuve du grand talent de B. Adam. Je reconnais qu’il m’a fallu quelques pages pour bien rentrer dedans, mais visuellement, l’ensemble est tout de même impressionnant.
Rien à voir donc avec "Alt life", le précédent opus de Cadène, beaucoup plus léger. Ici, il est toujours question de prospective, mais elle s’attache à être la plus cohérente et détaillée possible, faisant ainsi écho aux thèses collapsologiques d’actualité en ce moment.
En conclusion, "Soon" est une BD magnifique et passionnante mais très exigeante. Elle réclame du temps et beaucoup d’attention. Je ne la conseillerais donc pas à tout le monde ; mais si vous pensez être un lecteur assez pointu, alors aucune hésitation, c’est une grande œuvre qui captive et pose d’excellentes questions. 4,5/5
[** ATTENTION SPOILERS **]
Alors… pour rebondir sur les avis précédents, oui, c’est incontestablement le moins bon des quatre tomes parus. Et oui, il est d’une grossièreté insupportable…Mais je pense qu’il s’en est fallu de peu pour que ce soit le meilleur ! Car sur le papier, le scenario est franchement alléchant. L’idée d’arriver sur une planète inconnue et d’y combattre une Intelligence Artificielle insaisissable et destructrice, seule survivante d’une civilisation alien est quand même excellente ! Ça aurait pu être vraiment cool… Mais non.
La mise en œuvre de ce scenario est bien trop médiocre ; la voix off est archi envahissante et parfaitement inutile, surtout au présent (elle décrit ce qui en train de se passer, ça n’a aucun sens !) et elle est d’une vulgarité pitoyable ; à moins que l’auteur ait voulu, par ce biais, montrer que les femmes peuvent être aussi débiles que les mecs bas du front qui accompagne cette héroïne ultra beauf…
Après, la crédibilité ne semble pas avoir été la préoccupation de JL Istin : une adolescente qui pirate des plans ultra secrets de l’armée, ah bon ? Puis qu’on voit concevoir, seule, un androïde dans son immense labo sophistiqué alors qu’elle est décrite comme orpheline et sans argent ?? Puis, sur la planète Uranie, elle localise et remplace en quelques minutes (et en pleine action !!) le système entier d’un robot alien de technologie inconnue par sa propre IA, conçue sur Terre donc, et ô miracle, c’est compatible !! Ça tombe bien, non ?? Enfin, l’antre de l’ennemi est protégé par un puissant champ de force, mais pas grave, elle passe tranquillement à travers avec son robot… Bah oui, tant qu’à faire ! Bref, à ce niveau ce n’est plus un scenario mais une vaste plaisanterie… Désolé M. Istin mais je le dis comme je le pense.
Cela dit, comme pour lire ce genre d’albums je laisse mon cerveau en veille, j’ai pu aller au bout sans trop forcer et même me régaler de certaines cases superbes.
Et je reste malgré tout tolérant vis-à-vis de cette série qui m’est sympathique, car je savais pertinemment à quoi m’attendre en la commençant. Dans l’ensemble on a de la SF de base, qui offre le minimum d’immersion pour permettre une évasion rapide et efficace.
J’ai mis 4 jours pour relire bien tranquillement les 500 pages de « La patience du tigre ».
J’adore les aventures de Jeanne Picquigny, héroïne raffinée, narquoise et féministe, mais il faut savoir prendre son temps pour les savourer. On perd parfois le fil, on s’égare un peu... On peut éventuellement sauter quelques pages d’ailleurs, puisqu’on y erre dans un état second en voyageant entre exotisme, danger et sensualité torride ; on se laisse envoûter sans être sûr de ce que l’on voit vraiment. Exactement le sentiment que j’ai pu ressentir moi-même en voyageant dans des coins un peu perdus du monde…
Le scenario est fantasque, romanesque et passionnant : 1924. Jeanne, Eugène et Victoire partent aux Indes à la recherche d’un trésor, dévoilé par des indices renfermés dans un meuble italien du XVème siècle… Ils y retrouveront Pamela Baladine Riverside, guide-aventurière troublante et redoutable, au savoir encyclopédique.
Érudit, truffé de références littéraires, le récit fourmille d’anecdotes, d’histoire, de géographie, de sciences, de mysticisme… En un mot, il est très cortomaltesien. Ça rappelle aussi « Île Bourbon 1730 » d’Apollo et Trondheim, notamment pour l’aspect crayonné et le style graphique chargé, au noir et blanc presque brouillon mais très expressif..
Fred Bernard, en auteur complet et cultivé, sait partager son goût pour l’aventure et les civilisations sans être intellectuel. Pour peu qu’on soit curieux, « La patience du tigre » est très accessible. Ça reste un peu ardu à lire, c’est sûr, mais c’est génial. Dépaysement garanti ! Et bravo à l’auteur pour ce travail colossal ! Un must de la collection « écritures ».
Une "feel good story" tendre et déjantée, magnifiquement illustrée par un Panaccione inspiré. Le scenario de Lupano, bien que muet, sait parler joliment d’amour et dénoncer au passage la bêtise humaine avec une drôlerie féroce.
Une BD touchante et poétique, qui laisse au cœur comme un brin de mélancolie.
Voici une série qui trace discrètement sa route, sans têtes d’affiche ni promo, hissant son niveau à chaque parution. Si elle continue ainsi, elle pourrait rejoindre aux sommets les grandes références du genre, grâce à ses qualités remarquables.
Marshal Bass, c’est d’abord un dessin bien particulier : très encré, épais, aux couleurs affirmées. J’avoue avoir eu beaucoup de mal au début mais j’ai rapidement été conquis. Cela crée un univers original, cohérent, addictif et immédiatement identifiable.
Marshal Bass c’est ensuite un ton. Sombre, désenchanté, ironique, amoral et violent, mais sans démonstration excessive ni complaisance. Juste la brutalité de l’ouest dans sa plus simple expression.
Marshal Bass c’est enfin et surtout un héros. River Bass est un personnage atypique, physiquement et moralement : il est le 1er et le seul marshal Noir. Ce n'est ni un costaud, ni un as de la gâchette. Portant les cheveux longs, assez patibulaire, taiseux, il s’en prend constamment plein la gueule. Mais même au cœur des pires guet-apens, il s’en sort toujours grâce à sa redoutable intelligence, à un peu de chance, et à un instinct de survie qui s’accommode des plus viles bassesses. Un personnage hanté par la mort et la solitude, effrayant, tragique et magnifique, gagnant en épaisseur au fil des 5 tomes.
Une série qui prend des risques, graphiques et scénaristiques. Et ça paye. Bravo !
Mon avis est basé sur l’édition noir & blanc, une version splendide que je recommande. Elle permet de mieux apprécier encore le dessin de Christian Rossi qui atteint la perfection sur certaines planches. Nuits boueuses, snipers planqués dans les ruines, bois brumeux… les ambiances de la 1ère guerre mondiale reprennent les codes du western et sont magistralement rendues. Les 7 pages de prologue sont un chef d’œuvre !
Le scenario de Cédric Apikian est parfaitement maitrisé lui aussi, riche d’action, de tension et d’affrontement psychologique. Il monte en puissance au fil des pages jusqu’au dénouement, intense et fascinant. On peut toutefois reprocher à la narration d’être parfois dense et de manquer de fluidité. Certes, mais l’album reste d’une qualité exceptionnelle. A classer dans les meilleurs de 2019. A lire absolument !!
Un 2ème album meilleur que le premier. L’alternance entre des scènes d’actions et d'autres plus intimistes crée un rythme qui tient en haleine.
En revanche, le scenario est toujours aussi anémique. J’ai du mal à croire que le 1er cycle se terminera déjà avec le prochain opus vu l’inconsistance de l’histoire pour l’instant, qui s’adresse plus à des ados immatures qu’à des adultes. Cela dit on sent bien que les auteurs se font plaisir et ce plaisir est communicatif, c’est déjà pas mal ! Du coup, leur UCC Dolores se lit comme une sympathique friandise.
Pour peu qu’on soit sensible au style de Bruno Le Floc’h, avec ses larges aplats de couleurs, "Chroniques outremers" est une aventure maritime envoutée à l’esthétique éblouissante. Le rythme, à la lenteur savamment dosée, est totalement raccord avec le vieux rafiot qui sert de décor.
Alors que la 1ère guerre mondiale fait rage, le petit cargo, parti de Méditerranée avec une cargaison de fusils volés, brave l’Atlantique et gagne la jungle mexicaine pour une livraison à haut risque aux révolutionnaires. La tension monte graduellement, et le capitaine Liro Tana – personnage au charisme exceptionnel – devra faire montre d'une sagacité et d’un sang-froid à toute épreuve pour s’en sortir.
L’atmosphère, où plane l’ombre écrasante d’Hugo Pratt, est aussi exotique que vénéneuse. Un triptyque somptueux, injustement méconnu, que je ne cesse de relire avec un plaisir intact.
Dans sa postface, Jim écrit qu’il a d’abord pensé "L’invitation" comme une pièce de théâtre. Et, en effet, la structure du récit est divisée en 6 actes ayant chacun un décor unique. S’ajoutent à cela des dialogues abondants et écrits de façon à tisser des interactions fortes entre les personnages. Si on accepte ce côté bavard et presque scénographique, on se régalera des joutes verbales entre les 2 potes : Léo, le flamboyant ironique et suffisant, sûr de son charisme et Raphaël, le faux cool, suiveur et complexé, complétement pathétique mais tellement humain. Les questions soulevées par ces deux-là imprègnent, remuent et obligent à s’interroger sur la notion d’amitié.
Côté dessin, c’est correct et adapté au style mais c’est vraiment le scenario de Jim qui élève l’ensemble avec cette capacité rare à se projeter dedans. En lisant "L’invitation" vous vous demanderez forcément si vous n’auriez pas été tenté, un jour, de réveiller vos potes à 3h du mat pour boire du champagne en rase campagne… C’est très bien vu !
L’excellent "Mécanique Céleste" m’a donné envie de me replonger dans "Le bel âge" (du même Merwan). Une chronique douce-amère du passage à l’âge adulte, à travers trois étudiantes colocatrices qui vont vivre les écueils de l’amitié. Le thème est banal mais Merwan lui donne beaucoup de relief en creusant ses personnages. Hélène, Leïla et Violette sont vraiment attachantes, leurs psychologies étant brossée de façon très subtile. En tant que lecteur j’ai vraiment eu l’impression d’apprendre à les connaitre, d’autant plus qu’elles sont habilement dessinées et caractérisées.
Le propos reste léger mais Merwan le développe avec intelligence. Au final, l’ensemble est assez juste et m’a procuré un agréable moment de lecture, grâce à une narration fluide et maîtrisée. Pour ma part, je classe définitivement Merwan parmi les auteurs qui comptent.
Une BD lumineuse qui invite à la contemplation autant qu’à la réflexion. Pourtant, les moyens employés par l’auteur sont assez simples. Juste du crayon, mais d’une légèreté bienfaisante. Lomig imprime humanité et profondeur à ses personnages et semble les caresser du bout de sa mine par son trait délicat, fouillé et nuancé. Il y a bien quelques maladresses ici ou là (notamment sur les pieds) mais cela n’entache jamais la beauté des planches.
A la fois pudique et très intime, le récit capte l’essentiel. Il nous plonge dans le quotidien de 2 sœurs vivant dans un chalet niché au cœur d’une épaisse forêt, après que des troubles catastrophiques ont mis fin à la société telle qu’on la connait. L’auteur ne s’attache pas aux détails de la survie dans ce monde post apocalyptique, mais se focalise sur les liens, passés et présents d’Eva et Nell. Liens parfois fragiles, mais indéfectibles.
Même si l’ensemble peut sembler un peu naïf, j’ai dévoré cet album, complètement pris par l’histoire, sa force, sa sensibilité et les questionnements qu’elle soulève. A noter enfin que l’édition est soignée (dos toilé de qualité, superbes couvertures, beau papier 150 g).
La sortie de l’intégrale d’Aâma m’a donné envie de relire mon intégrale de Lupus.
Quel plaisir, quelle BD !! Elle fait partie de ces œuvres uniques et inclassables dont je raffole. Lupus déjoue tous les modèles et surprend à chaque page, tout en développant une esthétique très personnelle. Le texte et le dessin sont en parfaite adéquation, sobres, sans démonstration, sans rien à prouver, finalement.
La SF n’est qu’un prétexte. Le "space trip" de Lupus et Tony pourrait aussi bien se passer sur Terre et leur vaisseau spatial n’être qu’un vieux van sillonnant les routes, l’histoire serait la même. Elle ne parle que de rapports humains et des conséquences engendrées par les petites lâchetés et les petits renoncements du quotidien, le poids de l’éducation et les (non)choix que l’on fait… ou pas. Et l’analyse qu’en fait Frederik Peeters est des plus fines. Il parvient à nous accrocher constamment avec quelques détails et certaines trouvailles géniales (T-shirt à slogans réactifs, planète de vieux, station touristique abandonnée en orbite…)
Les personnages secondaires, très approfondis, participent aussi grandement à l’immersion en faisant comprendre le contexte politique et social de cet univers. Le rythme faiblit sur la fin mais la conclusion, bien qu’un peu amère, reste parfaitement cohérente. Une BD intelligente, à forte valeur ajoutée, qui se bonifie avec le temps ! Indispensable.
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires se retrouve cette fois-ci en pleine "Guerre des mondes" Wellsienne, avec tripodes géants et martiens gluants. On a même droit à une apparition de l’inquiétant docteur Moreau et ses créatures hybrides, dessinées en mode burlesque.
Ce second tome est de la même veine que le précédent, avec une brûlante sensualité en plus, et un final baigné d’émotion.
Relu pour la 3ème fois avec toujours autant de plaisir !
Je ne connais pas l’œuvre originelle de Jack London, je ne peux donc pas me prononcer sur la qualité de l’adaptation. Mais je suppose que Riff Reb’s lui a emprunté beaucoup de ses phrases et de son verbe tant l’écriture de cet album est poignante et ciselée. Dommage cependant que le format soit un peu juste car le dessin et les couleurs sont également remarquables, parfaitement adaptés à l’horreur de ce huis-clos carcéral.
Quand Darrell Standing, le personnage principal, acquiert une dimension presque mystique en devenant "le vagabond des étoiles", le récit prend force en démontrant que la volonté d’oppresser ne peut rien face à la volonté d’être libre.
Un album puissant, une leçon de résistance et d’humanisme. J’attends avec envie la 2ème partie.
L’équipe de choc composée d’Allan Quatermain, du capitaine Nemo, de l’Homme invisible et du docteur Jekyll (doublé de Mister Hyde), menée par l’inflexible Miss Murray va déjouer le complot machiavélique de l’infâme Moriarty… Programme alléchant, non ?
Une aventure steampunk absolument jubilatoire, écrite sous forme de feuilleton vintage par l’immense Alan Moore. Le dessin hachuré de Kevin O’Neill est particulier mais tout aussi réussi, et insuffle à cet univers une énergie irrésistible. Ses personnages sont vraiment stylés et ses décors magnifiquement kitsch.
Une BD intemporelle, drôle, saignante, qui comporte plusieurs degrés de lecture : d’un premier abord caricatural et régressif, elle glisse l’air de rien à un niveau plus subtil et subversif, où les institutions bien-pensantes de la bonne société britannique sont atomisées. Un album à part, à lire absolument !
200 pages d’une beauté hypnotisante qui témoignent de la maitrise absolue du noir & blanc de Georges Bess. Il est aussi à l’aise pour les personnages, créatures, paysages et décors que dans les ambiances, les mouvements ou les perspectives. Et comme si ça ne suffisait pas, il rajoute encore des éléments graphiques ornementaux (crânes, ailes de chauve-souris, entrelacs de lignes) pour renforcer l’élégance gothique de ses planches. Visuellement, il s’agit donc pour moi d’une œuvre de génie. Chapeau bas M. Bess !
Le scenario, lui, respecte le plus fidèlement possible le roman culte de Bram Stocker.
L’un dans l’autre, on a donc ici l’adaptation ultime et indépassable de « Dracula ». Un album qui pourrait bien devenir mythique lui aussi, tant il est au-dessus du lot.
N’ayant pas lu l’édition classique, je précise que cet avis ne vaut que pour l’édition Prestige grand format, un album indispensable en tous points exceptionnel (mais sans perdre de vue qu’il ne s’agit que d’une adaptation, ne pas en attendre autre chose…).
La sortie de "L’indien blanc" était depuis de nombreuses semaines à mon agenda. Je l’ai donc acheté et lu avec la même gourmandise que les précédents. Mais peut-être parce que le diptyque de "l’ ogre" avait placé haut la barre, j’ai trouvé qu’il manquait à cet album un petit quelque chose (à commencer par les absences de Rose et Lin). Notre croquemort, plus seul que jamais, apparait faible et dépassé, ce qui donne à ce nouveau cycle un aspect morne. D’autant que l’intrigue n’est ni très claire ni très crédible.
Visuellement, ce n’est pas parfait non plus. Les ambiances glaciales que l’on pouvait attendre des paysages enneigés ne sont pas vraiment au rendez-vous, la faute à une colorisation franchement quelconque. Pour le coup, la version n&b doit être plus intéressante. Le découpage aussi, d’ordinaire impeccable, m’a semblé parfois peu lisible ; par exemple, je n’ai toujours pas compris la dernière case de la page 31... Si quelqu’un peut m’éclairer, je suis preneur ;-)
Mais passons. En dehors de ces défauts, ce tome 5 reste évidemment de bonne facture. Même s’il n’est pas le meilleur, il procure un vrai plaisir de lecture et conforte Undertaker comme une série déjà classique. Vivement la suite que j’espère quand-même un ton au-dessus… 3,5/5
Alors que les Hordiers profitent d’une pause non prévue, un danger aux contours flous menace plus que jamais la cohésion du groupe, devenu l’épicentre de sombres enjeux.
La Horde pourrait-elle être instrumentalisée à ses dépens ? Mystère !..
Cette série m’intrigue et me fascine totalement par son étrangeté, la profondeur de son univers, l’intensité des personnages, et la folie sous-jacente dans laquelle elle baigne.
Un 2ème tome puissant, assez différent du 1er, qui confirme à mes yeux "La horde du contrevent" comme un chef d’œuvre en devenir.
Dans un futur post-apocalyptique « la Mécanique céleste » est un jeu de ballon très populaire qui va départager les 2 cités de Pan et Fortuna, en déterminant leurs destins.
Merwan réussit en solo à construire une aventure addictive et détonante avec des moyens très simples. Une narration fluide, une intrigue basique (en gros, un match où toutes les ruses sont permises) mettant en scène une héroïne vraiment craquante, accompagnée d’excellents personnages secondaires. Le tout sur 200 planches !
Pas de prise de tête, pas d’envolée lyrique, pas d’explications alambiquées, pas de violence, pas de pathos… l’ensemble est clairement divertissant, placé sous le signe de l’action et d’une bonne humeur salutaire.
Mais le vrai génie vient du dessin. C'est vraiment un bel album. Il s’en dégage une ambiance envoûtante et chaleureuse grâce aux couleurs harmonieuses et texturées appliquées au pinceau. Mention spéciale aux visages, qui allient beauté et expressivité. Le trait est vif, précis, dynamique. A mes yeux, ce dessin est juste parfait ! Avec un côté jubilatoire emprunté aux animes japonais bien déjantés.
Une BD certes légère mais surprenante, magnifique, enjouée, presque tendre, qui m’a procuré un réel et persistant plaisir de lecture. Bravo !
Que c’est confus !
Je n’ai rien compris durant les 2 premiers tiers de l’album. Il faut dire que ni le dessin ni les couleurs n’aident à s’y retrouver… Le scenario joue à fond la carte du "Who’s who ?" mais à ce jeu-là, avec un dessin de personnages aussi peu précis, ça tourne vite à la tambouille visuelle. Dommage d’ailleurs, car ce graphisme à trois couleurs est très élégant, notamment pour les décors.
Idem pour le scenario qui se veut malin et manipulateur – c’est en partie vrai – mais qui s’embrouille inextricablement à plusieurs reprises. Je me demande quel besoin ont certains scénaristes de polar de vouloir à ce point tordre et trifouiller leur intrigue. Probablement parce qu’avec une narration plus fluide, il n’en resterait pas grand-chose…
"Cyclone" est un récit relativement sombre sur les affres de l’adolescence. Avec pour décor principal, un lycée situé sur une île froide et grise, menacée par un cyclone. Margot, la jeune héroïne qu’un camarade et un prof convoitent en même temps, s’en sent prisonnière et voudrait à tout prix en partir...
Rien de franchement original si ce n’est le dessin de Marion Mousse, généreusement mis en couleur. Son trait franc, à la fois rond et anguleux, est bien adapté à cet univers où la superficialité côtoie des sentiments obscurs, profondément enfouis.
Un bon album, malgré un potentiel narratif sous-exploité.
Ugo Bienvenu imagine un futur où la capacité de stockage des data centers étant arrivée à saturation, le seul critère pour conserver ou non un programme est le nombre de vues qu’il totalise… Des chefs-d’œuvres au taux de visionnage jugé insuffisant peuvent ainsi être condamnés à disparaitre à jamais, effacés en un clic au profit de vidéos débiles de youtubeurs à la mode ! Perspective effrayante et pourtant si plausible… Et ce n’est que le point de départ d’un scenario surprenant et abouti, même si certains lui reprocheront peut-être sa fin évasive.
"Préférence système" est un excellent album d’anticipation, intelligent et bien construit qui pose de bonnes questions, sur le même modèle que « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury, adapté au cinéma par François Truffaut. Mais pas de prises de tête pour autant, les mots sont simples et le plaisir de lecture est bien là ! Notamment grâce à une partie graphique exceptionnelle. Le dessin très réaliste, coloré en larges aplats, découpé le plus souvent en gaufrier de 6 cases, est particulièrement lisible et élégant.
Le travail d’Ugo Bienvenu est énorme, exigeant et sans concession. On l’aime ou on ne l’aime pas ; moi je dis bravo !
Décidément, cette rentrée 2019 est d’une richesse insoupçonnée… Certains albums étaient très attendus, d’autres beaucoup moins. C’est le cas de ce "Kong Crew" que personnellement, je n’avais pas du tout vu venir.
Éric Hérenguel œuvre en auteur complet et il connait son boulot ! Un découpage varié et ultra dynamique, des cadrages vertigineux, des pleines pages… Il nous régale et visuellement, ça claque !
Le scenario remet une pièce, avec un côté « no limit » assez décapant. Ca va à 100 à l’heure, et à chaque page, le lecteur peut tomber sur à peu près n’importe quoi, l’imagination de l’auteur étant particulièrement féconde ! Ce qui fait de ce 1° tome un modèle du genre.
Un énorme boulot, de l’exigence, de l’ambition... mais sans pour autant se prendre au sérieux: voilà une recette imparable !
Une excellente surprise donc que cet album qui procure un franc plaisir de lecture en amorçant une série qui pourrait faire date.
Une espèce d’art book muet qui se "lit" en 10 mn et m’a fait ressentir beaucoup plus d’ennui que d’extase… Les illustrations sont brillantes mais ça reste extrêmement hermétique, très démonstratif et probablement assez vain.
Cela m’a beaucoup fait penser à "Hate" d'Adrian Smith (même pedigree des auteurs qui viennent tous deux du jeu et veulent absolument en mettre plein la vue, au détriment du scénario) bien que "Hate" soit autrement plus dense et complexe.
Excellent !
Les auteurs ont réussi la prouesse de faire une mise en abîme intelligente et subtile : Ils inventent un conte qui raconte l’histoire d’un conte… et rend un hommage inspiré à l’art ancestrale de la tradition orale avec une grande maitrise graphique et narrative.
Un ton accrocheur, des personnages truculents, du mystère, de l’ironie, de la réflexion… le tout dans des décors magnifiques ! Vehlman et Duchazeau, tous deux parfaitement en phase, ont rarement été aussi bons.
Le narrateur qui s’adresse avec malice au lecteur rajoute une dimension immersive précieuse. Sa dernière parole « Il est temps pour vous de fermer ce livre et d’ouvrir les yeux. Une autre histoire commence quelque part, près de vous »* résonne comme un conseil bienveillant et m’a fait naitre un sourire complice.
J’ai dû le lire 7 ou 8 fois avec le même plaisir, et ça n’a pas pris la moindre ride depuis presque 15 ans ! Une très belle BD, fine et profonde. A lire absolument
*Dans la nouvelle édition uniquement
La chronique de S. Salin résume bien mon sentiment un peu mitigé sur ce 8ème Orbital.
On perçoit clairement au fil de la lecture qu’il y a quelque chose de puissant dans le scenario. Mais S. Runberg, pourtant très expérimenté, ne parvient jamais à en exploiter le vrai potentiel. La planète Udhsem, la menace des Névronomes, la réhabilitation de Caleb et Mézoké… tous les ingrédients d’un final grandiose et dramatique étaient là, mais "Contacts" les survole un peu mollement, sans réelle surprise ni tension.
Quant au dessin de S. Pellé, il continue d'évoluer et privilégie cette fois nettement les ambiances – superbes – aux personnages qui, eux, paraissent de moins en moins expressifs.
Je continue d’apprécier et soutenir l’ensemble de la série mais cette 4° mission laissera comme un goût d’inachevé. C’est un bon album mais j’espère mieux de la suite.
Comme kurdy1207, en fermant cet album je me suis curieusement demandé "Mais pourquoi avoir fait ça avec des animaux ??.." Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça bizarre, voire même un peu artificiel, alors que je ne m'étais jamais posé la question pour Blacksad par exemple… Pour moi, c’est donc qu’un truc cloche quelque part. En dehors de ça, le dessin est très bon, lisible et agréable. Le découpage notamment est particulièrement soigné.
Sinon, le récit se tient mais reste assez banal pour le genre et l’influence de Game of thrones est très prégnante pour l’instant.
En conclusion, je ne regrette pas l’achat, mais il va falloir sortir beaucoup mieux que ça pour être à la hauteur des énormes ambitions affichées, qui me semblent carrément présomptueuses aux vues de ce 1° tome, certes sympathique mais loin d’être extraordinaire.
Après la formidable "saga de Grimr", j’attendais avec envie le nouvel opus de J. Moreau.
Et la grosse surprise vient du dessin. Si on reconnait bien le style de l’auteur dans les paysages, cette fois-ci ses personnages sont stylisés par un trait épaissi et très simplifié, presque enfantin. Ce côté manga est un peu déroutant, surtout quand on avait apprécié comme moi la finesse des traits de Grimr…mais on s’y fait rapidement.
Jérémie Moreau nous raconte le moment précis où l’Homme se détache de la Nature pour fonder la Culture, où il passe de la bête à l’humain : après une perte insurmontable, Penss, le petit homme préhistorique, contemplatif et fluet se dresse contre LE monde pour mettre en œuvre "SON" monde, celui qu’il a rêvé, dans lequel les hommes ne seraient plus obligés de payer un lourd tribut à la nature. Fort de ses observations et de son intelligence, il va tenter de déjouer les pièges des hivers, de la famine et de la mort pour rechercher une forme d’harmonie.
La portée philosophique de ce livre est énorme mais les mots sont simples et beaux, aussi puissants que poétiques. Un fascinant récit d’apprentissage plein de sagesse et de réflexion, universel, beaucoup plus abordable que "La saga de Grimr".
Avec « La fortune », les auteurs sont allés très très loin dans la dérive mystico-ésotérico-fantastique de leur épopée romaine… Trop loin peut-être…
D’abord, la rupture narrative avec les 2 premiers tomes est radicale. Jusque-là, l’histoire était captivante ; elle privilégiait la tactique, l’action, la confrontation entre l’invincible escouade romaine et les différents peuples croisés en chemin. Là, après une ouverture magnifique dans les souterrains d’un temple oublié, l’apparition d’un « dragon » dont le dessin est hélas assez grotesque, fait basculer le récit dans un trip bizarroïde…L’action cesse et tous les personnages vont se mettre à errer, perdus dans des limbes brouillardeuses. Le récit perd alors toute consistance. Ce n’est pas inintéressant mais cela n’a plus rien à voir avec l’aventure épique qui les avait amenés dans ces contrées.
Ensuite, la vision surnaturelle de la terre palpitante, s’ouvrant et dévorant un à un les soldats est difficile à valider. J'aurais pu l'accepter plus facilement si les tomes précédents nous y avaient préparé mais ce n'est pas le cas.
Pour finir, la fin est largement elliptique et ne répond à aucune question.
Il y a sans doute une dimension métaphorique dans tout cela mais son sens m’a échappé. Dommage car, de mon point de vue, la série eût été un chef d’œuvre avec une conclusion moins « perchée »… mais c’est la liberté des auteurs et je ne la remettrai pas en cause.
« Les femmes », suite directe de « L’honneur », est déjà un peu moins rationnel.
Ce 2ème tome rend compte du doute et de la peur qui commencent à s’emparer des hommes en perte de repères, portés toujours plus loin par leur conquête. Cela va s’incarner au travers d’une redoutable tribu d’amazone à laquelle va se heurter l’escouade du capitaine Glorim. La curiosité puis la convoitise suscitée par ces femmes seront fatales aux maillons faibles du groupe.
La cohésion de la troupe mise à mal, la folie guettera ses premières victimes…
Un récit toujours aussi exaltant, servi par un dessin très stylisé, mais magistral.
Une escouade romaine est chargée d’aller explorer les territoires inconnus au-delà des bordures du monde connu et de s’en emparer, pour l’Empire.
La série démarre en pleine action et le rythme se maintient sur l’ensemble de l’album. Les auteurs réalisent un quasi sans-faute. La progression de ces soldats d’élite guidés par l’honneur, invincibles et surentrainés, est addictive ! Grâce notamment à deux partis-pris graphiques : d’une part la couleur, où les bleus et les verts contrastent violemment avec le rouge des tuniques, et d’autre part le character design, où chaque personnage est immédiatement identifiable par un faciès, un détail, une stature ou une posture.
Un 1er tome formidable, étrange et brillamment dessiné.
"Le château des animaux" est atypique et visuellement magnifique.
Atypique car il s’agit d’une fable pour adultes mettant en scène de simples animaux de ferme. Un monde étrange dans lequel les humains existent mais sont – quasiment – absents.
Les animaux sont bien caractérisés sans être anthropomorphes. C’est un parti pris plutôt original des auteurs. La plupart des personnages conservent donc leur apparence animale, sans habits, ni mains ou autres accessoires. En fonction des situations, ils peuvent néanmoins marcher debout ou tenir des objets dans leurs pattes. C’est étonnant mais ça fonctionne.
Côté graphisme c’est absolument superbe. Visages, ambiances et décors sont expressifs, détaillés et l’usage de la caricature est parfaitement dosé. Félix Delep, dont c’est la 1° œuvre, frappe fort et coche toutes les cases d’un futur grand de la BD !
Dans ce tome d’introduction l’intrigue est encore peu développée. Tous ces animaux sans défense, confinés dans l’enceinte d’un château abandonné, survivent sous le joug d’un taureau despotique et de sa milice de chiens. Tyrannisés, impuissants, exploités, ils vont amorcer une tentative de libération…
Le récit de Xavier Dorison est solidement mis en place grâce à une écriture intelligente et soignée.
Bref, c’est très très bien parti pour la série !
Un 4° tome épique et puissant qui vient clore une série magnifique et boucler la boucle amorcée dès l’entame du 1° tome.
Il s’agit en fait d’un double album (108 planches), divisé en 2 chapitres, qui ne se contente pas de raconter la suite et la fin de l’histoire de Médée, mais qui va bien au-delà par ses dimensions psychologique et philosophique.
Blandine Le Callet se détourne de la mythologie pour ancrer sa Médée dans l’histoire. Mais sur cette trame devenue plus réaliste, elle greffe ce qu’il faut de sortilèges, non pour faire de son héroïne la sorcière qu’elle a la réputation d’avoir été, mais une guérisseuse avide de savoirs, manipulant décoctions et poisons. Le pari est réussi et le récit passionnant. Les autrices se sont saisies de cette légende pour en faire un manifeste contre la tyrannie, l’autocratie, la misogynie. Dans cette fresque, Médée n’a eu de cesse d’être pourchassée, proscrite et persécutée pour ce qu’elle était : une étrangère, femme, libre, indépendante et intelligente.
Pour lui donner corps, Nancy Peña aux crayons délivre un dessin subtil et détaillé, fin, épuré, sensuel, superbement colorisé, qui magnifie le décor antique.
Admirez les 4 couvertures où, au fil des tomes, Médée se retourne pour faire face au lecteur, de plus en plus maculée de sang… Quelle classe !
Je précise pour finir que "Médée" n’est pas forcément une BD grand public ; c’est une BD d’auteur, presque un roman graphique.
Donc si vous n’êtes pas un bourrin et sensible à mes arguments, ne passez pas à côté !
Cette BD s’essaye à l’art délicat de la suggestion…mais n’y parvient pas.
Fred Bernard, habituellement plus inspiré, semble avoir construit son scénario sur du vide. Cet album ne raconte rien ou pas grand-chose et l’intérêt de cette histoire m’a complètement échappé. Victime d’une narration elliptique, les personnages aussi peu consistants les uns que les autres sont juste effleurés et le contexte qui aurait pu les faire exister n’est pas décrit. Rien de concret à se mettre sous la dent, pas même l’irruption bizarre d’une bête préhistorique, expédiée en 4 cases…
J’ai ressenti un énorme sentiment de gâchis. Tous les éléments d’un grand roman graphique étaient en place, à commencer par les décors grandioses de la Patagonie mais l’ensemble est morne, ennuyeux et dénué d’émotion. Il faut dire que le dessin d’Eddy Vaccaro qui enchaine lacunes et maladresses n’arrange rien. J’avais apprécié son trait sur "Championzé" mais là, ses cadrages naïfs, ses décors minimalistes et ses postures figées ont tristes mines. Lisez-le pour vous faire votre idée, moi je l’ai déjà oublié…
Ce Voltaire très amoureux est pleinement réussi mais dans un tout un autre style que le 1°. Un peu moins flamboyant et caustique, moins érudit aussi, il bénéficie d’un dispositif narratif et d’un découpage plus originaux. L’auteur s’est lâché et nous gratifie entre autres de cinq doubles pages sans bulle ni case au graphisme audacieux et recherché, ainsi que quelques magnifiques planches sur fond noir. Le tout délicatement mis en couleur. Un régal visuel pour qui aime le style libre et vif d’Oubrerie qui - c’est à noter - donne à Émilie, l’héroïne et muse de Voltaire, des traits particulièrement beaux.
Bref ce tome 2 n’est pas vraiment une suite mais plutôt un nouvel épisode, placé sous d’autres auspices… J’ai vraiment hâte de découvrir la suite. Un album et une série de grande qualité.
Le tome 1 m’avait surpris, voire stupéfait, tant il allait loin dans la fétidité et un certain nihilisme. Mais vu qu'il pouvait se lire un peu comme un one-shot, je n’attendais pas forcément grand-chose du tome 2, car – pensais-je – l’effet de surprise se serait dissipé... Or, "Maurice" s’avère encore plus abouti que "Derrick", y compris niveau dessin. Lire les deux histoires en parallèle m’a plongé dans une espèce de fascination. C’est complétement retord et amoral mais assez génial. Gaet’s a vraiment créé un univers à part entière. Un monde unique, complexe et dérangeant : l’enfer de RIP !
Une série extrêmement prometteuse, en tout cas. Assurément culte si les prochains tomes conservent cette cohérence, cette intelligence et cet esprit.
A lire absolument et de toute urgence, si vous avez le cœur bien accroché !
Cela faisait longtemps qu’une paire d’auteurs ne nous avaient pas livré d’album aussi épique et foisonnant ! De l’aventure de haute volée qui reprend à son compte un authentique roman picaresque du 17°siècle pour en faire un récit trépidant aux multiples rebondissements. Ayroles capte son lecteur grâce à une narration complexe, aidée d’une écriture ciselée dont quelques tournures de phrases n’auraient pas été reniées par Cervantès ou Rostand. En un mot, brillant ! Mes seules réserves tiennent à quelques ellipses et au rythme qui peut passer sans transition de scènes burlesques à d’horribles carnages… Cela m’a parfois dérouté, ne sachant pas si je devais en rire ou en frémir.
Coté dessin, c’est évidemment magnifique, la technique de Guarnido ne souffrant aucune critique. Il a trouvé selon moi l’équilibre parfait entre la caricature hilarante et le réalisme spectaculaire de certains décors. Ses tronches en particulier sont exceptionnelles ! Ses couleurs aussi. Je suis d’ailleurs curieux de découvrir la version N&B à paraitre pour voir si le dessin y perd ou pas.
Un album hors normes donc, novateur dans sa forme (les 12 planches muettes au milieu en constituent un sommet magistral), solidement construit et maitrisé, qui va au bout de son propos sans faiblir, avec une délectation certaine !
Une BD qui rentrera dans le top 10 de l’année.
Un polar écolo d’une veine plutôt classique qui donne un petit sentiment de déjà lu. Pas de grosse surprise scénaristique à la clé donc, mais une narration fluide, un dessin simple aux couleurs efficaces, des personnages accrocheurs. C’est prenant et plutôt intéressant. Ça manque peut-être un peu de mystère et de tension ; dommage car le décor s’y prêtait.
Tillie Walden a conçu un roman graphique inclassable et son travail est fabuleux ! 500 planches sorties d’ailleurs, ne ressemblant à rien de connu.
Parmi les singularités de l’album, citons : des architectures baroques flottant dans l’espace, des vaisseaux organiques pisciformes, des personnages exclusivement féminins vêtues d’uniformes d’écolière… et beaucoup d’autres bizarreries. Cela m’a évoqué un mélange improbable de Peeters version « Lupus » et de Comès période « Ergün l’errant ».
La science-fiction, ici, n’est qu’un prétexte pour raconter une étrange et magnifique histoire d’amour entre adolescentes. Mais très loin de la love story à la guimauve, ces héroïnes aux bouilles de manga vont devoir affronter mille périls avec intelligence et pugnacité pour pouvoir explorer, comprendre et vivre leurs sentiments dans un univers bien plus hostile qu’il n’y parait et dont elles ne maitrisent aucune des clés.
C’est beau, sensible, pudique et extraordinairement colorisé.
On peut toutefois reprocher à cet énorme bouquin une narration décousue, un ton naïf et une approche très fantasmagorique des décors et du background en général. Cela peut décontenancer et décourager un lecteur, même motivé, à poursuivre jusqu’au bout cette incroyable aventure.
Vous voilà avertis... Pour ma part je ne peux que vous conseiller la lecture de cette BD hors norme !
Les deux premiers tomes des "Ogres-Dieux", plutôt originaux, se laissaient lire. Mais ce "Grand homme" n’a plus rien à voir avec l’univers qui donnait à la série son seul intérêt. Il n’y a plus d’ogres, plus d’architectures, plus de complots… Juste une banale aventure de fantasy. Le scenario n’est centré que sur un seul mais solide personnage, nommé Lours, dont le parcours est longuement développé dans les intermèdes écrits qui ponctuent le récit. Il est le vrai héros de cette histoire car Petit, qui n’avait déjà aucun charisme auparavant, est toujours aussi insipide.
Le graphisme reste très intéressant mais ne surprend plus et a perdu de sa superbe en sortant des palais des Ogres. Une série qui selon moi n’aura pas su se maintenir au niveau qu’ambitionnaient ses auteurs ; la barre était trop haute et le filon semble tari.
Avec la parution de cet ultime volume, je salue le sérieux et la qualité éditoriale dont Casterman a fait preuve pour la conception de cette intégrale. Chaque tome donne l’impression d’être un véritable grimoire renfermant toute la magie des Cités Obscures. Ce 4° opus étant enrichi d’une chronologie et d’une biographie de tous les personnages ! Un écrin aussi exceptionnel que l’est l’œuvre de Peeters et Schuiten.
Plus de 1400 pages au total, prouvant la démesure et la cohérence de cet univers unique.
Seul bémol, le format peut-être un peu juste. Mais à la fois, j’ai conscience qu’éditer plus grand aurait forcément induit un prix inaccessible. L’ensemble n’est déjà pas donné…
En conclusion, du grand art, aussi beau que précieux, qui devrait faire le bonheur des collectionneurs avertis comme il a fait le mien !
Cet album est bien représentatif du travail de Baudoin et c’est celui que je conseillerais de lire à ceux qui ne connaitraient pas ce bel auteur.
On y trouve pêle-mêle tout ce qui fait son style si particulier : un dessin à l’encre de chine, mouvant, qui se réinvente page après page ; un ton contemplatif et intimiste ; un regard scrutateur sur la beauté des êtres et des choses. Chaque planche est un monde à part entière, libre et gracile, où se mélangent carnet de croquis, annotations, abstraction, réalisme, portraits sur le vif, paysages, symbolisme, souvenirs, anecdotes… En fait, tout ce qui lui passe par la tête à condition que ce soit émouvant, mystérieux, indicible.
Car au final, l’argument principal de ces « Terrains vagues » est bel et bien la poésie. Ces 60 planches ne sont qu’une succession de pensées, de réflexions, d’observations et d'interrogations sur la vie mais surtout sur l’amour. C’est un peu verbeux, forcément, mais souvent pertinent, sensible et intelligent.
Évidemment, on pourra aussi trouver ça immature, autocentré et stérile… C’est un peu la limite de l’exercice et des ressentis de chacun. Moi, ça me parle.
Un scenario très accrocheur donne tout son intérêt à cet album. Il démarre avec une trame volontairement cliché : Une nuit, un petit blondinet s'en va avec une créature de cartoon venue le chercher dans sa chambre, vers un lointain royaume de contes de fées...
Pourtant, la suite prend un tournant parfaitement réaliste et va ne se focaliser que sur la disparition du petit garçon, l’incompréhension des parents, la suspicion de l'opinion publique, l’enquête policière et la médiatisation de l’affaire… Franchement, il fallait y penser !
Le dessinateur Alex Xöul fait bien le job et livre des planches agréables, lisibles et techniquement très propres. Les couleurs aux teintes fanées et des éléments de décors vintage contribuent à l’immersion dans l’époque incertaine (mais passée) où se déroulent les faits.
Mais ce scenario si original tourne hélas un peu au pathos et aurait pu pousser son ambition plus loin… Au final, j'ai eu l'impression qu'il n’en reste qu’un fatalisme amer et une désillusion déprimante.
Une BD solide à lire quand même pour se faire son opinion.
J’ai acheté cette BD sans conviction… Car d’un côté je me méfie de Miville-Deschênes (sur "Reconquête" son dessin trop technique avait fini par me lasser), mais d’un autre côté les albums de chez « Signé » sont en général un gage de qualité… J'ai donc attendu plusieurs jours avant de la lire et l'ai ouverte mollement.
Bon, le scenario de Runberg est assez basique – une chasse à l’homme classique sur 75 pages – mais suffisamment malin et haletant pour ne pas en lâcher la lecture une minute.
Quant au dessin, impressionnant, oui... mais ce n’est définitivement pas mon style. C’est globalement très beau, surtout les paysages de l’île. Mais ça ne m’a pas empêché de confondre plusieurs personnages et de trouver beaucoup de postures figées. En fait j’ai l’impression que Miville-Deschênes reste trop attaché au côté flamboyant de son dessin, ce côté illustration, tape à l’œil, "bien fait", quoi. Il est assurément doué mais je ne vois que le vernis dans son travail ; ça manque de fond, de créativité je trouve. Enfin, c’est personnel.
En conclusion "Zaroff" se lit quand même avec un franc et grand plaisir. Un plaisir coupable, même, puisqu’au fil de la lecture on prend irrésistiblement son parti à lui plutôt que celui des irlandais !
Ainsi, le lecteur rendu complice affichera probablement un sourire machiavélique en découvrant la chute assez jubilatoire…
Allez, pardonnez ma mauvaise humeur messieurs les auteurs, c’est du très bon travail.
Un album qui fera date et enrichira à son tour la collection « Signé ».
Quelle ambiance ! Une relecture m’a confirmé que "Tabou" est un des albums les plus singuliers que je possède. L’écriture et le dessin sont en accord parfait pour distiller une atmosphère envoûtante, entre polar crapuleux et magie occulte, dans un background 50’s… Des meurtres inexpliqués, deux flics se haïssant mutuellement, des nightclubs à paillettes, une ville tentaculaire, une voix off virile… et une question : Le Diable rôderait-il ici-bas ?!
En 70 pages précises, Zentner déploie son scenario avec brio. Pellejero, lui, livre un dessin de toute beauté à la classe intemporelle. Sa maitrise du noir et blanc est totale et certaines planches feraient de magnifiques sérigraphies !
Une BD hypnotique et inquiétante, d’une élégance rare. Dommage qu’elle soit assez difficile à trouver aujourd’hui à prix normal. Elle mériterait une belle réédition… et de figurer en bonne place dans toute bédéthèque.
Un final beaucoup moins explosif que j’imaginais... Néanmoins Matt Kindt boucle son histoire avec conviction et cohérence malgré quelques facilités scénaristiques. Car au-delà de situations à la limite du vraisemblable, la majeure partie du scenario laisse le Grass Kingdom de côté en se centrant surtout sur les Shérifs de Cargill, père et fils. De plus, pas mal de protagonistes quittent la scène sans vraiment jouer de rôle dans l’intrigue. C’est un peu dommage dans la mesure où Kindt avait pris soin de les développer dans les tomes précédents. En fin de compte, cela donne l’impression que certains personnages n’étaient là que pour lancer le lecteur sur des fausses pistes... J’ai donc trouvé ce 3ème tome efficace certes, avec une écriture et un dessin de qualité, mais quand même relativement déséquilibré par rapport aux 2 premiers.
La trilogie reste dans l'ensemble un excellent polar que je recommande pour son ambiance exceptionnelle créée par un vocabulaire graphique unique et une narration originale.
Sombre, ambitieux, complexe, "Block 109" est d’abord un récit magistral. Mais il est mal servi, hélas, par une narration trop dense, trop hachée. Le lecteur a de fortes chances d’être complètement perdu à un moment ou un autre des 190 pages… Et cet aspect confus se retrouve également dans le dessin. Les personnages, nombreux et trop brouillons n’aident pas à la fluidité de l’ensemble.
Cela dit, une fois terminé, tout semble étonnamment cohérent et bien agencé grâce au chapitrage efficace et aux flash-backs bien amenés.
Un conseil donc : malgré ses défauts, ne lâchez surtout pas la lecture ! Vous louperiez une des plus excitantes uchronies jamais réalisées ; un savant mélange d’Histoire, de fantastique, d’action et de réflexion.
Je viens de le relire pour la 3° ou 4° fois, c’est toujours aussi prenant !
Fabcaro applique avec férocité son nonsense absurde à la vie de couple.
L’écriture est suffisamment soignée pour créer des personnages aussi débiles qu’attachants. C’est un peu redondant mais franchement très drôle. Le dessin, bien épuré, vibre d’une belle énergie grâce aux touches d’aquarelles. Un très bon moment de lecture !
Conte contemporain, "Le loup" laisse de l’air et des frissons plein la tête ! Le récit est sec et va à l’essentiel : un décor, deux personnages. Un homme et un loup aussi sauvages l’un que l’autre, guidés par les mêmes blessures, le même instinct et la même soif de liberté.
Une BD intelligente, âpre et haletante, superbement écrite et dessinée où réflexion, émotion et action s’entremêlent avec élégance et retenue pour nous prendre aux tripes. C’est beau !
A lire absolument.
Je crois que c’est la 1° fois que je vois sur ce site une BD aussi clivante. Elle reflète la sempiternelle querelle des Anciens et des Modernes... Mais ces polémiques me semblent absurdes. C’est d’abord un album d’une qualité graphique incontestable. On peut ne pas aimer le style de Schuiten, certes, mais lui attribuer la note zéro est parfaitement ridicule.
Vous aurez peut-être deviné que je ne suis pas un fan historique de "Blake et Mortimer", ni le gardien d’une prétendue chapelle. Je suis juste un grand fan de BD en général, que je considère comme une forme d’art. A ce titre, j’admire les auteurs dans leurs diversités, pour leur inventivité et la somme incroyable de travail qu’ils sont capables de fournir pour concevoir un album. Et cet album est bel et bien une œuvre d’art. Mystique, délirante, intemporelle, et… imparfaite, oui, c’est vrai. Mais elle restera à jamais une œuvre respectable, dessinée par un auteur majeur, d’après un autre auteur majeur.
"Le dernier pharaon" ne reprend aucun code de la série-mère ? Tant mieux, c’est l’occasion de la voir avec de meilleurs yeux et de comprendre la richesse de son univers et l’influence qu’elle a pu avoir. Mais d’autres préfèrent y voir l’occasion de mépriser, dénigrer et condamner… Je les plains.
Je viens de relire mon intégrale des "Contrées Oubliées", délaissée depuis des années dans ma bédéthèque et franchement, c’est quand même un sacré monument !
Alors évidemment, le dessin est particulier : surchargé, voire baroque, avec des couleurs qui piquent carrément les yeux… Le découpage n'est pas toujours très pertinents non plus. Bref, le style de Ségur est daté, c’est clair, et il a beaucoup plus mal vieilli que "La quête de l’oiseau du temps" par exemple.
L’écriture aussi manque parfois de fluidité ce qui peut rendre la narration un poil brouillonne. Pour finir, certains dialogues de "Puissances" sont également pénibles à lire.
Mais en dehors de ces défauts excusables, cette trilogie a vraiment quelque chose de magistral. De la pure Héroic Fantasy emmenée par un furieux souffle épique ! Des décors fabuleux, des personnages mémorables (Morkaï le guerrier et l’invincible Hûrl, grand maître des Chevaliers-tonnerres sont mes préférés), de la bravoure (Ah ! l’élixir de sauvagerie...), de la traîtrise, de l’émotion, des touches d’humour, de la réflexion, de l’intelligence, des rebondissements et un final grandiose !
Une BD à part, pour initiés, qui mérite définitivement son statut d’œuvre culte !