
Rebis
Une BD de
Irene Marchesini
et
Carlotta Dicataldo
- Le Lombard
- 2024
Marchesini, Irene
(Scénario)
Dicataldo, Carlotta
(Dessin)
Dicataldo, Carlotta
(Couleurs)
Migliaccio, Claudia
(Traduction)
En plein Moyen-Âge, Martino a eu le malheur de naître atteint d'albinisme au beau milieu d'une communauté prompte à purifier toute différence par le feu. Rejeté par son père, harcelé par les autres enfants du village, il va devoir prendre les chemins de traverse. En plein coeur de la forêt, Martino fait la connaissance de Viviana, une « sorcière ». Entre exclus, on se reconnaît. Au sein d'une sororité de femmes mises au ban de la société, le jeune garçon va grandir et se révéler à lui-même pour tenter d'accepter sa différence face à l'intolérance... Lire la suite
La vie de Martino a toujours été une lutte. Né albinos et chétif, ce dernier rejeton d’une famille de notable accepte sa condition de banni dans sa propre famille que l’amitié fraternelle de ses sœurs aide à affronter. Jusqu’à la violence de trop qui le résout à fuir cette société intolérante. Recueilli par une femme vivant seule en forêt, il va réapprendre à vivre dans l’amour et l’harmonie avec son environnement.
Gros one-shot réalisé par un duo italien venu de l’animation, Rebis a marqué les esprits à sa sortie l’an dernier (avec une sélection aux BDgest’arts). D’abord pour la forme, un dessin fluide, agréable, porté par une colorisation éclatante qui fourmille de détails, notamment dans cette forêt grouillant de vie, de lumières et de textures. L’expressivité des regards est le cœur de ce projet qui nous fait suivre un naïf mal tombé dans une époque (le Moyen-Age) et une famille violents. L’hypersensibilité et la condition physique du bonhomme font de lui une victime, ce qui le pousse à fuir loin de la société patriarcale pour trouver refuge auprès des animaux et des femmes qui se cachent dans cet environnement couvrant.
Si le propos n’est pas original et tout à fait dans l’ère du temps, (on pensera à Somna ou Le ciel pour conquête), la sensibilité de la mise en scène et l’humanité mise dans cette petite société réfugiée et éclairée permet d’apprécier des sujets durs dans une atmosphère agréable. Sans trop de commentaires, les autrices nous laissent apprécier nous-mêmes l’écart entre un milieu urbain et masculin enfermé dans son conservatisme et ses petites rancœurs et de hors-monde féminin fait d’harmonie avec la nature et entre humains, dans l’acceptation d’autrui et la liberté des esprits. Sans viser la fable moralisatrice Irene Marchesini et Carlota Dicataldo nous jettent néanmoins un rappel de la difficulté des êtres Éclairés à se mouvoir dans des périodes obscurantistes qui ne peuvent que nous rappeler l’évolution de nos sociétés.
Au-delà du traitement des femmes, vite traitées de sorcières dès qu’elles sortent des bonnes mœurs religieuses, l’album parle de la liberté. Celle de s’extraire d’une famille oppressante, celle de choisir son nom et son identité sexuelle, celle de s’habiller selon son envie sans regard réprobateur… En mettant en lien des êtres abîmés par leurs contemporains, les autrices livrent une très belle et tendre fable sur l’acceptation, l’humanisme et la liberté individuelle.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2025/03/17/rebis/
Martino est atteint d'albinisme. Au Moyen-Age, cela signifie malheur. Mis au rebut de la société, il va être contraint de fuir. Il va trouver refuge auprès de Viviana, une "sorcière". Le scénario de ce one-shot est sublime. Il raconte la vie de ce jeune garçon qui n'a rien demandé et subit l'ignorance de la société. J'ai été touchée par le personnage de Martino, qui ne demande qu'une chose, être accepté. C'est dans un groupe de femmes, mises elles aussi à l'écart, qu'il trouvera sa place et son nouveau nom: Rebis.
Martino bouleverse les barrières du Moyen-Age et malgré les épreuves, il s'affirme en tant que personne.
Viviana va le soutenir dans cette entreprise. Elle est celle qui va lui permettre de se révéler vraiment.
Cette BD aborde des sujets comme la transidentité, la violence, la société. Bien que mis en scène au Moyen-Age, ce scénario pourrait convenir à un décor contemporain.
Esthétiquement, j'ai été envoûtée par les personnages. Les corps sont élancés, parfois voluptueux avec des lignes fines et rondes. Les grands yeux et les expressions du visage rappelle les caractéristiques du manga. Les décors foisonnent de détails. J'ai particulièrement aimé la cabane de Viviana avec son atmosphère si particulière. Les couleurs sont également superbes. La forêt est luxuriante et éclatante de couleurs, créant un contraste avec les nuances marrons et beiges du village. Finalement, esthétiquement, ce sont aussi deux univers qui se confrontent.
Cette BD est un vrai coup de cœur!