
Philiations
1. Tome 1
Une BD de De Bonneval, Gwen - Dupuis (Aire Libre) - 2024
Qu'est-ce qui construit un individu ? Ses souvenirs ? Les souvenirs qu'il en a ? Les bons moments du passé ? Les mauvais ? Les adultes que l'on a eus pour tuteurs d'enfance ? Avec une honnêteté totale, Gwen de Bonneval part à la rencontre de Gwen de Bonneval, à la redécouverte d'une enfance pas si heureuse que ça. Avec une mère lunatique et violente, un père absent ou encore la figure écrasante d'un grand-père ancien déporté et aide de camp du Général de Gaulle. Mais l'auteur du Dernier Atlas et de Messire Guillaume est aussi un homme d'aujourd'hui... Lire la suite
Je ne connaissais pas vraiment Gwen de Bonneval dans ce registre. J'avais beaucoup aimé « Messire Guillaume » qui avait d'ailleurs été récompensé en 2010 à Angoulême. J'avais cependant un peu moins aimé « Le dernier Atlas » qui a pourtant eu un succès d'estime. Depuis, je l'avais un peu perdu de vue.
Je le retrouve pour ce roman graphique où il s'inscrit en auteur complet sur une autobiographie des plus intéressants où nous allons revenir sur son enfance que l'on découvre plutôt difficile. A vrai dire, je croyais que Gwen était un prénom féminin et du coup, je me suis un peu fourvoyé en découvrant cette autobiographie. Il faut savoir qu'il peut être porté par des hommes dans des cas assez rares.
Dans cette œuvre, il est question de la construction d'un individu et de ses souvenirs qui remontent à la surface petit à petit comme autant de traumatisme qu'on avait caché et enfoui comme une sorte de protection face à une réalité parfois cruelle. La transmission sera également au cœur de ce voyage introspectif d'où le titre.
Certes, les mauvaises langues remarqueront que le nom de l'auteur est écrit plus grand que le titre de la BD sur la couverture ce qui peut parfois souligner un égo un peu surdimensionné. C'est bien entendu à chacun de se faire sa libre appréciation. Je ne porterais aucun jugement de ce type. Je ne sais si c'est commercialement vendeur.
L’esthétique épurée est séduisante et colle parfaitement au récit. J'ai bien aimé cette rondeur du trait. Le fait de changer de couleur à chaque séquence tout en gardant la bichromie m'a également assez séduit.
Par ailleurs, on remarquera une mise en page assez inventive par moment ainsi que des cases assez surprenantes comme la rencontre avec son « moi » à plusieurs époques différentes de sa vie. Cependant, lorsqu'ils sont tous là en même temps, cela produit son effet !
J'ai parfois eu un peu de mal car on saute d'un sujet à l'autre à la manière d'une séance de psychanalyse. On peut ainsi passer de la survie de notre planète à la violence faite aux enfants. La peur et le traumatisme semblent être au cœur de cette mécanique qui s'emballe parfois.
Certains lecteurs peuvent avoir le sentiment d'en avoir un peu marre de lire des albums où les auteurs mettent en scène leur souffrance intime pour les concrétiser sous forme d'album expiatoire. On a parfois envie d'autre chose. Je peux les comprendre également.
D'un autre côté, si c'est bien construit, cela peut également nous permettre d'avoir un témoignage intéressant pour trouver quelques points communs et avoir une approche pour avancer. Encore faut-il que cela soit bien structuré ce qui ne sera pas tout à fait le cas dans cet album qui n'est que le premier tome d'un diptyque. Certes, il y a des défauts mais n'oublions pas les qualités !
En conclusion, un récit introspectif que j'ai trouvé tout de même assez franc et sincère et au final, d'une rare sensibilité. Je suis plutôt preneur !