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Les avis de - sebastien01

Visualiser les 414 avis postés dans la bedetheque
    sebastien01 Le 17/12/2025 à 20:40:17

    Scott Snyder et Greg Capullo forment un duo d’auteurs indissociable du personnage de Batman. Depuis leurs très bons débuts sur la série régulière en 2011 jusqu’aux mini-séries foutraques plus récentes que j’ai adoré détester Batman: Metal, Batman: Death Metal puis Batman: Last Knight on Earth. Au terme de leur collaboration, ceux-ci se retrouvent une dernière fois en indépendant dans un tout autre registre (We Have Demons 2022, #1-3, publié en VO par Comixology Originals).

    Cet album m’a immédiatement fait penser à Reborn. Pas seulement parce qu’il s’agit du même dessinateur mais aussi parce que le scénario de Mark Millar imaginait déjà en 2016 une jeune fille combattre des monstres pour le salut de l’humanité. À peu de chose près, l’intrigue est en effet la même et se lit avec le même détachement. J’ai bien aimé l’entrée en matière progressive – Snyder sait particulièrement bien entamer ses histoires – mais j’ai moins aimé la suite qui vire à l’affrontement bourrin entre humains et monstres. On sent toutefois que les auteurs assument le côté rock'n'roll voire grand-guignolesque de leur récit et la violence graphique qui s’en dégage.

    À ce sujet, le dessin de Capullo est parfait. Accompagné des deux mêmes encreur (Jonathan Glapion) et coloriste (Dave McCaig) que d’habitude, la centaine de jolies planches rappelle indubitablement ses précédents travaux sur Spawn ou Batman et la nostalgie joue à plein. À vrai dire, comme pour Reborn que j’ai relu à cette occasion, c’est surtout pour son superbe dessin que j’ai emprunté cet album. Un bel exemple qu’un scénario un peu faiblard peut être rattrapé par son dessin et former ensemble une sympathique lecture récréative.

    sebastien01 Le 14/12/2025 à 17:54:35

    Je ne connaissais jusqu’alors le travail de Jock essentiellement qu’au travers de ses séries relatives au personnage de Batman que j’affectionne particulièrement (Sombre reflet, Le Batman qui rit et One Dark Knight). Feuilletant rapidement le livre avant de l’emprunter, l’auteur embarque le lecteur dans une aventure spatiale très sombre, fidèle à son encrage très prononcé en quelque sorte, à la manière de films de science-fiction comme Alien, Life ou The Cloverfield Paradox (Gone 2024, #1-3, publié en VO par DSTLRY).

    On y suit Abi, une adolescente qui chaparde de la nourriture sur des vaisseaux spatiaux au cours de leur escale sur Terre et qui, immanquablement au vu du titre de l’album, finit par y rester coincée. S’ensuit une longue escapade spatiale plutôt mouvementée entre une rébellion armée, un culte religieux sous acide et une violente confrontation avec son père.

    L’intrigue progresse à un rythme rapide, on ne se repose qu’en de rares occasions et l’héroïne parait prendre dix ans à chaque nouvel épisode. Le dessin de Jock – soit dit en passant la raison principale pour laquelle j’aime son Batman –, est reconnaissable entre mille mais, sur cet album en particulier, un peu moins caricatural que lorsqu’il dessine le Chevalier noir. C’est sombre à souhait et l’immensité de l’espace comme l’atmosphère oppressante de son vaisseau sont bien transcrits. Bref, en dehors du fait que j’aurais aimé que ça aille un tantinet moins vite, ce fut une lecture fort agréable.

    sebastien01 Le 13/12/2025 à 19:05:19
    Batman - Dark City - Tome 3 - Gotham war

    Épais volume de 360 pages, ce troisième tome renferme deux crossovers : Knight Terrors, scénarisé par Joshua Williamson et publié à l’été 2023, puis The Gotham War, scénarisé par Chip Zdarsky et publié à l’automne 2023. Du premier crossover, seuls les deux épisodes relatifs au Chevalier noir sont ici recueillis et l’on aurait tout à fait pu s’en passer (les amateurs iront lire l’album dédié). Quant au second crossover, ce n’est qu’un long affrontement un tantinet bourrin auquel je n’ai pas adhéré un seul instant (Knight Terrors: Batman 2023, #1-2 ; Batman 2016, #136-138 ; Batman/Catwoman: The Gotham War: Red Hood 2023, #1-2 ; Batman/Catwoman: The Gotham War: Battle Lines 2023, #1 ; Catwoman 2018, #57-58 ; Batman/Catwoman: The Gotham War: Scorched Earth 2023, #1).

    Grosso modo, Catwoman et le reste de la Bat-family décident soudainement d’affronter Batman. Pour la propre santé mentale de ce dernier ! Là où les deux volumes précédents esquissaient une relation plutôt saine entre le Chevalier noir et son entourage, cet album les voit s’opposer et, inévitablement, se battre au prétexte fallacieux d’empêcher Batman de nuire trop ouvertement aux criminels. Même sorti de la bouche fielleuse de Catwoman ça n’a aucun sens et je n’ai jamais cru à ces combats artificiels vite oubliés lorsque Vandal Savage, Ra's al Ghul et tant d’autres vilains font leur apparition en ville.

    J’ai l’habitude de lire mes comics d’une traite et celui-ci présente beaucoup trop d’action pour trop peu de réflexion. Avec une dizaine d’épisodes au sommaire, cela ne pardonne pas et cela rend la lecture indigeste. Quitte à ce que ce genre d’évènement soit un passage obligé et revienne à échéance régulière chez les deux principaux éditeurs, peut-être faudrait-il un jour apprendre à proposer un contenu plus subtil.

    sebastien01 Le 13/12/2025 à 19:00:10
    Batman - Dark City - Tome 2 - L'Homme Chauve-Souris de Gotham

    Exécuté par Failsafe et laissé pour mort en guise de cliffhanger au tome précédent, Batman n’est évidemment pas passé à trépas mais inexplicablement expédié dans un autre univers. À Gotham certes mais dans une version alternative privée de justicier. Autant le dire d’entrée de jeu, je n’ai aimé ni la proposition scénaristique de Chip Zdarsky, ni le dessin qui l’accompagne. Le dernier épisode suffit toutefois, à lui seul, à rehausser d’une étoile la note de ce deuxième tome (Batman 2016, #131-135).

    Tout d’abord, lorsque l’on sort d’un premier tome superbement illustré par Jorge Jiménez, on peut légitimement avoir un peu de mal à poursuivre la lecture avec le dessin de Mike Hawthorne franchement pas au même niveau. À ce dessin déjà pas fameux, s’ajoute ici la pirouette scénaristique du multivers utilisée à tout bout de champ, en l’occurrence pour faire revenir Batman d’entre les morts. Qu’il s’agisse de son adversaire du moment – Red Mask / Darwin Halliday –, de son multivers imbitable ou de ses explications confuses sur un proto-Joker, Batman n’avait à mon sens rien à faire dans cette aventure foireuse.

    Mais voilà qu’arrive l’épisode 135 en conclusion de cet album. Si l’on se fie à sa numérotation historique, cet épisode est le 900e de la série régulière et il sortait en VO, courant 2023, peu de temps avant le film The Flash réalisé par Andy Muschietti. J’ai eu plaisir à lire cet hommage et à y retrouver, entre autres, le trait de Mikel Janin. Bien qu’il ne rattrape pas le mauvais scénario d’ensemble – Batman fait encore du surf sur un requin dans l’espace –, il prend au fil des pages une direction intéressante en convoquant avec réussite, à l’instar du film qui explorait ce même thème, les multiples itérations passées du Chevalier noir.

    sebastien01 Le 13/12/2025 à 18:55:11
    Batman - Dark City - Tome 1 - Failsafe

    Après Tom King (Batman Rebirth, 12 tomes), James Tynion IV et, brièvement, Joshua Williamson (Batman Joker War et Batman Infinite, 3 et 4 tomes), ce fut au tour de Chip Zdarsky de reprendre les rênes de la série régulière en 2022 à partir de l’épisode 125. Quelques mois auparavant, l’auteur s’était déjà frotté au personnage, avec une certaine réussite à mon avis, sur la mini-série Batman : The Knight qui narrait les premières années d’entrainement du Chevalier noir. Loin d’être un néophyte en matière de super-héros, Zdarsky menait en parallèle, depuis 2019 chez l’éditeur concurrent, l’écriture d’une excellente série Daredevil en compagnie de Marco Checchetto au dessin. Grand amateur de Batman comme de Daredevil, deux personnages traditionnellement attachés à des univers urbains, c’est donc avec enthousiasme que j’ai entamé la lecture de ce premier tome (Batman 2016, #125-130).

    Et dans son ensemble, j’ai beaucoup aimé cet album ! Le premier épisode, notamment, est excellent et constitue une porte d’entrée idéale pour de nouveaux lecteurs. L’adversaire principal de cet arc, Failsafe – un redoutable robot destiné à protéger Batman de lui-même s’il venait à déraper –, est plutôt bien campé et constitue une menace crédible même si son design ressemble un peu trop à celui de Peacekeeper-X rencontré dans les tomes précédents.

    Opposé au Batman de Zurr-En-Arrh, dont l’accoutrement violet délicieusement rétro ravira les fans de Grant Morrison, les épisodes suivants se montrent cependant très orientés vers l’action. Le propos de fond, sur les limites à opposer au combat légitime de Batman, se retrouve alors noyé sous les affrontements avec Catwoman, la Bat-family ou encore la Ligue de Justice.

    À l’exception des back-up à l’intérêt discutable, les six épisodes réunis ici sont illustrés par Jorge Jiménez et c’est un régal à la lecture. Déjà présent au dessin depuis la seconde moitié du run de Tynion IV, son trait, son encrage et les couleurs de Tomeu Morey sont superbes et on ne peut que se réjouir de le voir poursuivre sur la série.

    sebastien01 Le 10/12/2025 à 13:24:22
    Savage Avengers - Tome 2 - Dîner avec Fatalis

    Dans le deuxième tome de cette très médiocre série, Gerry Duggan reprend les mêmes personnages que dans le premier, y ajoute Docteur Strange et Fatalis, mélange le tout et pond une nouvelle bagarre magique sans le moindre intérêt. Pas étonnant qu’avec des bêtises pareilles Marvel ait perdu les droits du personnage en 2022 (Savage Avengers 2019, #6-10 et Annual #1).

    Dans cet album, Conan joue de la mitrailleuse, massacre des proxénètes, mange de la dinde et remplace "Putain !" par "Crom !" à tout bout de champ. Certes, le Barbare n’est pas une flèche mais le scénariste ne lui donne pas non plus trop à réfléchir. Il pense manifestement avec sa grosse épée et parait un peu perdu en Latvérie tout du long de ce deuxième arc. À vrai dire, moi-même je ne sais pas pourquoi j’ai emprunté ce livre à la bibliothèque. Ça se lit en cinq minutes et on n’en ressort pas plus instruit.

    En plus d’être nullissime, ces épisodes ne sont mêmes pas beaux à voir ; Mike Deodato Jr. n’aura en effet illustré que l’arc inaugural. Et comme pour le premier tome, celui-ci use à nouveau de la technique de truand devenue une habitude dans les comics : une jolie couverture de Valerio Giangiordano qui ne reflète en rien le contenu de l’album.

    sebastien01 Le 07/12/2025 à 18:11:59

    Après avoir relu Supergirl : Woman of Tomorrow, par Tom King et Bilquis Evely, j’ai immédiatement sauté sur cet album sorti récemment en librairie par la même équipe créative, coloriste compris. Outre leurs auteurs, leurs histoires ont quelques thèmes en commun : le fantastique bien sûr mais aussi le deuil, leurs personnages féminins, leurs récitatifs prolixes et le goût de leur héroïne respective pour la boisson. Et peut-être est-ce seulement leur lecture successive qui m’a donné cette impression mais le duo formé par Helen et sa gouvernante m’a tout de suite fait penser à la dynamique entre Supergirl et sa commanditaire extraterrestre (Helen of Wyndhorn 2024, #1-6).

    Helen est une jeune fille désœuvrée qui noie sa mélancolie et le chagrin de la mort de son père dans l’alcool. Sa vie change soudainement lorsque, accompagnée d’une gouvernante de bonne éducation, elle est invitée au manoir familial où une aventure fantastique l’attend. À l’instar de l’armoire magique de Narnia, le manoir est en effet ouvert sur un monde imaginaire peuplé de créatures d’heroic-fantasy qu’Helen rencontrera ou combattra en compagnie de la figure héroïque de son grand-père.

    Comme souvent, King instille dans son intrigue un parallèle avec les comics qui, à mon sens, invite ici à s’évader dans la lecture. Du reste, je ne suis pas certain d’avoir saisi tout le sens de cette aventure si ce n’est de faire son deuil, de se réconcilier avec sa famille et d’aller de l’avant.

    Mais peu importe que la conclusion soit alambiquée, on passe un fort agréable moment de lecture à tourner les pages de ces six épisodes. C’est un bel ouvrage, un dessin magnifique, l’Eisner Awards 2025 pour Evely est assurément mérité et la version en couleurs est à privilégier à celle en noir et blanc tant les couleurs de Matheus Lopes sont lumineuses.

    sebastien01 Le 06/12/2025 à 17:48:50

    Je n’avais jusqu’alors jamais lu d’album dédié au personnage de Supergirl ; tout juste apparaissait-elle parfois au détour d’une aventure de Superman en compagnie d’autres kryptoniens. Le personnage en lui-même ne m’intéresse pas spécialement et le film du DC Universe, à venir l’année prochaine, ne me tente pas plus que ça. En fait, c’est surtout pour Tom King, un scénariste dont j’apprécie généralement le travail, que je me suis laissé tenter par cette lecture (Supergirl: Woman of Tomorrow 2021, #1-8).

    Narrée sous la forme d’un livre de voyage, l’histoire use abondamment des récitatifs – ces cartouches de texte plus ou moins denses dont raffole la série Blake & Mortimer par exemple – pour faire progresser son intrigue. Au-delà de ces récitatifs un tantinet longuets, l’élocution des personnages est particulièrement soutenue ; il est donc préférable d’aimer ce style pour apprécier pleinement ce récit. Pour le reste, il s’agit d’une aventure classique mêlant fantastique et science-fiction à la manière d’un Star Wars où l’on navigue en un clin d’œil d’un univers à l’autre en découvrant au passage son bestiaire et ses personnages atypiques.

    On suit ici une jeune femme, Ruthye, qui vient de perdre son père et qui, dans sa quête de vengeance, recrute Supergirl pour retrouver la trace de son assassin. Malgré la nature violente de la quête et du péril des situations rencontrées, y compris par Supergirl, le ton reste léger et l’ambiance colorée. Le dessin de Bilquis Evely, découverte précédemment sur la série Woman Wonder, est superbe et les jolies couleurs de Matheus Lopes participent à rendre l’album très agréable à l’œil.

    Bref, malgré mon relatif désintérêt pour le personnage, ce fut un beau moment de lecture. Du reste, j’aurais aimé une conclusion plus heureuse mais ainsi va le monde aujourd’hui…

    Des mêmes auteurs, il faut lire Helen de Wyndhorn.

    sebastien01 Le 03/12/2025 à 22:22:55
    Savage Avengers - Tome 1 - Le Triomphe de Kulan Gath

    En 2019, Marvel récupérait les droits de Conan le Barbare. Il avait alors tôt fait de se joindre aux seconds couteaux des Avengers dans la mini-série Avengers: No Road Home et de débarquer en Terre sauvage. Dans cet album qui en est la suite directe, le Cimmérien croise le fer en compagnie de cinq nouveaux super-héros dans un premier arc aux allures de boucherie (Savage Avengers 2019, #1-5).

    Je ne m'attendais à rien et je suis quand même déçu. Bon, avec un titre pareil, je m’attendais quand même un petit peu à ce que Savage Avengers ne soit pas bien finaud. Et puis la jolie couverture de David Finch ne réunissait pas non plus les premiers de la classe. Malgré ces avertissements j’ai lu ce premier tome et nos gros bourrins – Wolverine, Elektra, Docteur Vaudou, le Punisher et Venom – y passent le plus clair de leur temps à affronter les ninjas de la Main, le sorcier Kulan Gath et enfin une sorte de cyclope géant subtilement appelé le dieu médullaire. Tous leurs adversaires se font démembrer, à chaque page le sang coule à flot et le scénario de Gerry Duggan se limite à ça. Heureusement, il reste le dessin correct de Mike Deodato Jr. mais il ne faut pas non plus être trop exigent de ce côté-là.

    sebastien01 Le 30/11/2025 à 17:10:24

    En 2018, Brian M. Bendis arrive chez DC Comics sur les titres touchant à l’univers de Superman et prépare au long cours l’event Leviathan qui pourrait se résumer à une longue et sombre enquête super-héroïque teintée d’espionnage. À l’issue de cet évènement estival, deux maxi-séries virent le jour sur des personnages ayant plus ou moins directement contribué à cette enquête : Jimmy Olsen et Lois Lane, respectivement photographe et journaliste au Daily Planet. Cette dernière, déjà apparue à maintes reprises aux côtés de Superman – à ce sujet, lire la jolie préface retraçant la carrière éditoriale du personnage –, décroche ici sa première série dont elle tient le rôle-titre. Thriller journalistique sombre tant dans son écriture que dans son dessin, l’intrigue débute d’excellente manière mais se conclue malheureusement de façon précipitée (Lois Lane 2019, #1-12).

    Scénarisée par Greg Rucka, la série a des allures de thriller / polar à la Gotham Central, Checkmate ou encore Lazarus, une série certes super-héroïque mais qui se veut sérieuse dans son propos. Le dessin très encré de Mike Perkins participe évidemment pleinement à cette ambiance et rappelle ses travaux passés sur Captain America. Enfin, à l’instar d’une série comme Jessica Jones à la tonalité également plutôt sombre, les personnages féminins des deux camps tiennent ici les premiers rôles.

    Ainsi, l’intrigue débute par le meurtre d’une journaliste russe et Lois Lane mène l’enquête tout en travaillant à ses propres révélations sur la politique migratoire des États-Unis. On est alors en 2019, en plein premier mandant de Donald Trump, et le sujet est porteur quand bien même son prédécesseur à la Maison-Blanche a un bilan comparable en la matière. Cependant, si la première partie de l’histoire est prometteuse, la seconde change brusquement d’orientation, met de côté de l’aspect journalistique et politique et se concentre sur la petite personne de Lois Lane et la tentative d’assassinat du Baiser de la mort. Exit le thriller et bienvenue à la magie, à l’occultisme et à ce foutu multivers qui j'exècre. Bref, une conclusion bâclée qui me fait refermer l’album déçu.

    sebastien01 Le 29/11/2025 à 19:58:46

    J’ai emprunté l’album à la médiathèque après l’avoir feuilleté sans trop de conviction et je le rendrai sans regret de ne pas en avoir fait l’achat. Ce fut une lecture expéditive pour une intrigue à 100 % tournée vers l’action. Alors dans le fond, pourquoi pas – c’est presque un exercice de style à la manière de la série The Shaolin Cowboy par Geof Darrow –, mais j’aurais tout de même préféré qu’un maigre scénario enveloppe ces quelques 130 pages de défouloir (Kali, 2022).

    En bref, Kali est une motarde badass à la Sarah Connor qui poursuit son ancien gang de motardes pour se venger de leur supposée trahison. Ça n’a donc absolument rien de subtil et l’histoire racontée par Dan Freedman se résume à une longue course-poursuite dans un univers post-apocalyptique. On flingue et on s’entretue presque à chaque page, les cadavres s’amoncellent par dizaines et notre héroïne s’en tire évidemment à chaque fois sans trop de difficulté. Bref, ça oscille entre Mad Max : Fusiosa et John Wick : Ballerina.

    Seul point positif, malgré une coloration brunâtre qui écrase son trait, les planches de Robert Sammelin sont plutôt jolies. Malgré cela, si l’on devine certes que les auteurs s’amusent, que rien de tout ceci ne doit être pris au sérieux, ça ne vole quand même pas plus haut qu’un téléfilm d’action. Se lit une fois puis s’oublie en somme.

    sebastien01 Le 23/11/2025 à 14:00:10

    Autant l’avouer en avant-propos, je ne suis pas un grand lecteur du Punisher. J’ai en effet toujours trouvé cet anti-héros plutôt bourrin, nihiliste et inutilement violent. Et, si je connais certes un peu l’apport de Garth Ennis au personnage, c’est donc en néophyte que j’ai récemment découvert deux mini-séries illustrées par Jacen Burrows. Seconde lecture : Get Fury où l’énième déploiement de Frank Castle au Vietnam (Punisher: Get Fury 2024, #1-6).

    Depuis son premier scénario sur ce personnage en 1995, Ennis aura, par trois fois au moins, expédié Castle dans les affres de la guerre du Vietnam dans les mini-séries Born, The Platoon et cet album-ci. Dans le même temps, il a fait vivre le même enfer à Nick Fury en autant d’occasion. C’est donc en terrain connu que nos deux anti-héros vont se croiser au cours d’une mission de sauvetage sur fond de trafic de drogue. Le scénario n’est pas franchement recherché et ressemble à s’y méprendre à celui de Rambo II auquel on aurait saupoudré une touche d’American Gangster.

    Reste le trait de Burrows qui, comme sur l’album Soviet lu auparavant, est plutôt bon. Sans me répéter, ce dessin permet au lecteur que je suis d’y trouver son compte malgré la pauvreté de l’intrigue. Ça ne m’encourage pour autant pas à lire plus assidument les aventures du Punisher.

    sebastien01 Le 23/11/2025 à 13:00:23

    Autant l’avouer en avant-propos, je ne suis pas un grand lecteur du Punisher. J’ai en effet toujours trouvé cet anti-héros plutôt bourrin, nihiliste et inutilement violent. Et, si je connais certes un peu l’apport de Garth Ennis au personnage, c’est donc en néophyte que j’ai récemment découvert deux mini-séries illustrées par Jacen Burrows. Première lecture : Soviet où l’Afghanistan qui se rappelle au bon souvenir de Frank Castle (Punisher: Soviet 2020, #1-6).

    Dans cette histoire, le Punisher m’est apparu plutôt en retrait. L’essentiel du récit se déroule dans le passé et est narré au travers d’une longue série de récitatifs. En résumé, Castle rencontre un vétéran de la guerre d’Afghanistan – celle des années 80, quoique les talibans soient toujours les mêmes aujourd’hui – et nos deux soldats à la gâchette facile deviennent potes le temps d’une brève mission. Le scénario est extrêmement mince, sans surprise et, à l’instar de Rambo III, repose essentiellement sur l’art de jouer de la mitrailleuse. Il faut plus que quelques soldats soviétiques écorchés pour faire une bonne histoire…

    Le trait de Burrows est plutôt bon, précis et propre, voire trop propre. Hormis la curiosité de re-découvrir le Punisher, c’est surtout pour ce dessin que j’ai lu cet album. Ça n’excuse pas la pauvreté de l’intrigue mais ça rend au moins la lecture des six épisodes plaisante.

    sebastien01 Le 22/11/2025 à 17:42:49

    Ni un comics, ni un manga ; il ne s’agit pas d’une bande dessinée mais d’un texte de Greg Rucka illustré par Yoshitaka Amano. Je n’ai jamais été attiré par ce type d’ouvrage hybride ; c’est sa réédition en milieu d’année qui m’a finalement poussé à le lire (Elektra and Wolverine: The Redeemer 2001, #1-3).

    Rucka débute sa carrière comme romancier mais ce n’est assurément pas ce récit que l’on retiendra de lui. À tour de rôle, il met en scène Elektra et Wolverine s’affrontant puis protégeant une mystérieuse adolescente prénommée Avery. Celle-ci ressemble bigrement à la future X-23 et, dans l’ensemble, la trame suit celle du film Logan réalisé par James Mangold en 2017. Évidemment, cet album précède chronologiquement le film mais je n’ai pas trouvé l’histoire franchement originale. Le coup des super-héros qui s’opposent avant de conclure une alliance de circonstance contre un tiers est depuis longtemps éculé.

    Quant au dessin d’Amano, il a le mérite de proposer une vision radicalement différente de ces deux personnages mais c’est tout ce que j’en retiens. Je ne connais pas l’auteur, semble-t-il associé à l’univers du jeu vidéo Final Fantasy, mais c’est un illustrateur et non un dessinateur de comics et cela se ressent. L’album me fait penser à un artbook dans lequel une succession de tableaux en pleine page illustre le texte de Rucka. À réserver aux amateurs ; pour ma part je n’ai pas été convaincu par cette proposition.

    sebastien01 Le 01/11/2025 à 18:15:15
    Batman - Death Metal - Tome 4 - Tome 4

    J’achève ce T4 et je rédige dans la foulée ce bref avis avec une motivation au ras des pâquerettes. À sa publication, je m’aperçois qu’il s’agit de mon 400e avis, un achèvement qui restera marqué par cette dernière lecture désespérante. Certes, je m’y attendais mais j’ai rarement été aussi satisfait de refermer un comics pour ne plus jamais devoir le rouvrir (Dark Nights: Death Metal - The Last Stories of the DC Universe 2020, #1, Dark Nights: Death Metal 2020, #6-7, Dark Nights: Death Metal - The Secret Origin 2020, #1 et Dark Nights: Death Metal - The Last 52: War of the Multiverses 2020, #1).

    Pas moins d’une soixantaine d’auteurs – scénaristes, dessinateurs, coloristes et encreurs – ont contribué à la réalisation de cet album, la faute à cette multiplication de ties-in sur encore près de 300 pages. Las, je tourne une dernière fois les pages avec désinvolture et je ne m’arrête que lorsque le dessin me plait (Greg Capullo, Alex Maleev) ou que le scénario ressemble à autre chose qu’une causerie d’avant-match.

    On approche enfin du terme de cette aventure cosmique et j’attends beaucoup de la conclusion de Scott Snyder. Je plaisante ! Il ne s’agit que d’un affrontement final basique, de quelques envolées philosophiques nébuleuses sur le multivers et tout est bien qui finit bien (enfin, sauf pour Wonder Woman, la véritable héroïne de cette histoire). Dans l’ensemble, Batman : Death Metal est une mini-série boursouflée qui surexploite jusqu’à la nausée le Batman-qui-rit qui constituait pourtant à l’origine une bonne idée. Bref, Snyder en fait trop.

    sebastien01 Le 01/11/2025 à 18:05:52
    Batman - Death Metal - Tome 3 - Tome 3

    Empruntée il y a quelques années à la médiathèque, je n’ai jamais réussi à poursuivre cette mini-série foutraque au-delà de son deuxième volume. La grandiloquence et le verbiage de Scott Snyder eurent, dès les premières pages du premier épisode, raison de ma patience. Magnanime, j’ai récemment souhaité lui donner une seconde chance en concentrant mon attention sur la lecture de la trame principale. Malheureusement, même cette dernière va de Charybde en Scylla (Justice League 2018, #53-57, Dark Nights: Death Metal - Infinite Hour Exxxtreme! 2020, #1, Dark Nights: Death Metal 2020, #5 et Dark Nights: Death Metal - The Multiverse Who Laughs 2020, #1).

    Les ties-in ont pour vocation de développer certaines intrigues ou personnages secondaires d’une plus grande histoire (tout en permettant à l’éditeur d’engranger quelques ventes supplémentaires). Dans le cas présent, ils sont beaucoup trop nombreux et, recueillis de manière exhaustive par Urban Comics, ils ne contribuent qu’à noyer le lecteur. Ainsi, il n’y a dans ce T3 qu’un seul épisode de la série principale. Des seconds couteaux de la Ligue de Justice jusqu’à cet idiot de Lobo, tout le reste du contenu n’est que remplissage à l’intérêt discutable. À l’échelle de la série, les 7 épisodes de Batman : Death Metal sont ainsi dilués dans près de 1000 pages de ties-in accessoires.

    Les pages se tournent donc avec indifférence et, aux deux tiers de l’album, lorsque l’on retrouve enfin le cinquième épisode de la trame principale et le joli trait de Greg Capullo, l’intérêt pour ce gloubi-boulga d’anti-crise et de multivers noir a disparu.

    sebastien01 Le 30/10/2025 à 17:46:29

    En 2017, Enrico Marini, qui alterne alors chaque année entre un album du Scorpion et un autre des Aigles de Rome, se lance dans un nouveau projet dont on sent à la kyrielle de remerciements en début d’ouvrage qu’il a adoré l’exercice : adapter Batman. Publié chez Dargaud au format standard franco-belge, l’album préfigure en quelque sorte la collection DC Black Label qui débutera l’année suivante chez Urban Comics et qui laisse à une variété d’auteurs américains comme européens la possibilité de s’exprimer dans un univers alternatif du Chevalier noir.

    Je suis d’ordinaire plutôt un amateur du Batman canonique – publié ces dernières années dans les séries Rebirth, Joker War, Infinite puis Dark City – et la proposition de Marini se révèle très classique. Toutefois, bien que le cahier des charges d’un bon Batman soit rempli, le scénario m’a paru sans surprise. À buter tous ses partenaires, le comportement du Joker est en effet calqué sur celui du Dark Knight de Christopher Nolan ; Harley Quinn est une bimbo écervelée ; l’album repose beaucoup sur l’action, en particulier sur les courses-poursuites ; mais surtout on devine bien trop rapidement la parenté qui lie la jeune fille et le Joker alors que celle-ci sert de révélation finale. Je ne suis pas non plus certain que sa mère ait été si consentante ou "charmée" que ça…

    Bref, comme souvent chez Marini, ça se lit très rapidement car ça manque un peu de fond. Dommage car l’album est très joliment illustré (quoique la mâchoire carrée de Batman et la plastique sexy d’Harley Quinn m’aient rappelé tous les personnages de l’auteur depuis Rapaces).

    sebastien01 Le 29/10/2025 à 17:43:07
    Absolute Batman - Tome 1 - Le Zoo

    Scott Snyder sur Batman, c’est une histoire qui remonte déjà à 2011. Il y a eu du très bon, notamment au début avec la Cour des hiboux, puis une succession de séries grand-guignolesques – Metal, Death Metal, Last Knight on Earth – qui m’amènent aujourd’hui à me méfier de tout nouveau travail sur le personnage. C’est donc sans grande attente mais avec tout de même une once de curiosité que j’ai entamé cette nouvelle série (Absolute Batman 2024, #1-6).

    Estampillée "Absolute", un équivalent de l’univers Ultimate chez Marvel, la série fonctionne pour l’heure de manière assez classique : un nouvel adversaire en la personne de Black Mask est introduit, une thématique actuelle – la cryptomonnaie – sert l’intrigue de ce premier arc et on navigue à chaque nouvel épisode entre le passé et le présent du personnage. Sur le fond, rien de bien exceptionnel donc pour qui aurait l’habitude de lire du Batman ces dernières années.

    C’est sur la forme que la série s’éloigne fortement du classicisme du Chevalier noir. Tout d’abord, comme le montre la couverture, le design retenu pour le personnage par Nick Dragotta est massif et plus proche de celui que l’on attribuerait à Bane qu’à Batman. Ensuite, cette musculature sous stéroïdes est mise au service d’une grande violence graphique et, s’il ne tue heureusement toujours pas, Batman n’hésite désormais plus à gravement blesser tous celles et ceux qui se mettent en travers de son chemin.

    J’ai trouvé décevante cette vision du personnage, assez éloignée de l’idée que je m’en fais, et j’ai eu l’impression de retrouver dans ce gros bourrin le Dark Knight de Frank Miller mais en plus jeune. Il y a pourtant de chouettes idées pour réinventer la mythologie du personnage – son origine sociale, ses proches – mais je n’arrive pas à faire abstraction de ce constant besoin d’exagération.

    sebastien01 Le 05/10/2025 à 16:03:18

    À la faveur d’un documentaire sur la récente dissolution du PKK, j’ai eu envie de relire à la suite les deux témoignages en BD de Zerocalcare sur cette région kurde située entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Second volume : No sleep till Shengal, publié en 2021.

    Si l’on a peu gouté, comme cela fut mon cas, au style tant graphique que narratif de cet auteur italien sur sa précédente incursion au Moyen-Orient, on risque fort de ne pas l’apprécier à nouveau et je ne me répèterai pas dans ce second avis. Je persiste en effet à penser qu’il y a des sujets trop sérieux et complexes pour qu’ils soient traités avec un tel détachement.

    Après la Syrie, Michele Rech est invité à donner une suite à son premier témoignage et à se rendre en Irak, dans le Sinjar, pour raconter le quotidien des Yézidis, autre minorité persécutée ou abandonnée à la persécution depuis des lustres par les différentes puissances en place. Toujours à la manière d’un blog, une bonne partie de l’album est consacrée à son périple en voiture car, qui l’eût cru, se rendre dans une zone de guerre quand on n’a rien à y faire reste une gageure. Et Zerocalcare de découvrir un peu naïvement à cette occasion toutes les difficultés administratives et sécuritaires locales.

    Bref, une fois sur place, ce récit prend peu ou prou la même tournure que le précédent. De banales tranches de vie, des esquisses des différentes responsabilités dans les massacres perpétrés quelques années plus tôt, le tout en évitant poliment les sujets qui fâchent comme la responsabilité des Peshmerga en 2014, l’autodétermination, le pétrole ou la religion. L’auteur s’efforce tout de même, dans une brève séquence, d’interroger la partie adverse mais est aussitôt rabroué. Là-dessus, j’achève la lecture de ce second album avec le sentiment d’être face à une situation tristement inextricable.

    sebastien01 Le 05/10/2025 à 10:29:59

    À la faveur d’un documentaire sur la récente dissolution du PKK, j’ai souhaité relire à la suite les deux témoignages en BD de Zerocalcare sur cette région kurde située entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Premier volume : Kobane calling, publié en 2014.

    D’entrée, je me suis rappelé que j’allais encore avoir un peu mal avec le style de cet auteur italien – mi-pipelette mi-comique – à mon humble avis relativement inapproprié à la gravité des évènements racontés. Entre ses mille et une références italiano-romaines, sa naïveté en matière de géopolitique, son humour incessant et ses personnages de dessin animé – au premier rang desquels son tatou et Ken le Survivant –, tout concourt à désamorcer les différentes situations rencontrées et à rendre finalement acceptable pour le lecteur la violence du sujet.

    Point de journalisme ici mais un récit déroulé à la manière d’un blog, son support originel, au gré du périple de Michele Rech entre les villes Mehser, Kobané, Erbil ou encore Kandil. Une succession de scénettes diverses et variées nous fait ainsi découvrir un conflit à hauteur d’homme et on passe par exemple, sur le même ton et sans trop de transition, de la semoule aux exécutions sommaires. Tout au long de l’album, seul le point de vue kurde sera développé et on sent que Zerocalcare, manifestement engagé à gauche, est tombé sous le charme de cette organisation sociale et politique inédite au Moyen-Orient.

    L’auteur évite cependant soigneusement les questions qui fâcheraient ses hôtes ou nuanceraient son propos. Ainsi donc, les origines du conflit ne sont pas traitées et l’État islamique est réduit à une bande de types encagoulés sans motivation apparente. S’il existe heureusement des documentaires qui illustrent toute la complexité de cette région du Rojava, le témoignage, courageux mais un brin inconscient, de Zerocalcare reste pour autant intéressant en ce qu’il dépeint l’ordinaire d’un quotidien en temps de guerre.

    sebastien01 Le 07/09/2025 à 18:00:10
    Batman Infinite - Tome 3 - État de terreur - 2e partie

    Au menu de ce troisième et dernier volume : Jonathan Crane à visage découvert, Harley Quinn et Poison Ivy qui se retrouvent – et dont la présence dans l’intrigue, jusqu’ici incongrue, trouve enfin son utilité – et un énième mano a mano entre le Chevalier noir et Peacekeeper-01 pour conclure de manière bourrine cet "État de terreur" qui n’aura véritablement atterré que le lecteur que je suis (Batman 2016, #115-117, Nightwing 2016 #85-86, Batman: Fear State Omega #1 et Batman: Secret Files - The Gardener #1).

    Au final, le run de James Tynion IV m’a paru d’un niveau assez moyen ; en tout cas pas au niveau de ceux de Scott Snyder et de Tom King qui les ont précédés. Certes, ces deux auteurs ont bénéficié d’un relaunch complet et ont également connu le creux de la vague – le Bat-lapin pour le premier, le mariage avorté pour le second – mais le travail de Tynion IV ne m’aura jamais emballé. C’est un Batman certes correct mais pas mémorable, il aura cependant eu le mérite de bénéficier tout du long du superbe dessin de Jorge Jiménez. Le découpage du run, en VF, en deux séries distinctes de format différent n’aura pas non plus contribué à le percevoir comme un ensemble cohérent.

    Enfin, un mot sur les couvertures de ces trois tomes. Si j’ai adoré la première, réalisée par Jorge Jiménez et parfaitement appropriée, je n’ai absolument pas compris le choix d’Urban Comics pour les deux tomes suivants. La couverture du tome 2 est en effet une reprise d’une planche intérieure et non une véritable illustration de couverture ; quant à celle du tome 3, elle est tirée d’un épisode qui ne se trouve même dans l’album. Bref, des choix regrettables d’autant plus qu’il existait deux jolis triptyques par Jorge Molina.

    sebastien01 Le 06/09/2025 à 18:48:52
    Batman Infinite - Tome 2 - État de terreur - 1re partie

    Ce deuxième volume est indissociable du troisième puisqu’ils forment ensemble l’évènement "État de terreur" (Fear State, en VO). Au vu des trois seuls épisodes de la série régulière Batman présents au sommaire, on imagine à raison que l’intrigue ne progressera que très peu. Ainsi, plusieurs séries relatives à la Bat-family – au premier rang desquelles celle consacrée à Nightwing – viennent grossir l’album et raconter les conséquences de la dispersion de la toxine de l’Épouvantail sur nos super-héros et la ville de Gotham (Batman 2016, #112-114, Nightwing 2016, #84, Batman: Fear State Alpha #1 et Batman: Secret Files - Miracle Molly #1 et Peacekeeper-01 #1).

    Ce deuxième tome développe essentiellement les à-côtés de l’intrigue et le passé de ses nouveaux protagonistes tels Miracle Molly et Sean Mahoney avant qu’il ne devienne Peacekeeper-01 (des épisodes d’ailleurs joliment illustrés respectivement par Dani et Joshua Hixson).

    Ce n’est ni totalement inutile ni rigoureusement indispensable, tout juste s’agit-il d’un Batman très classique. Après tout, n’est-ce pas ce qui est demandé à son auteur ? Je suis peut-être trop vieux désormais pour encore m’émerveiller en lisant du Batman mais j’attendais mieux de ce run. Une fois encore, James Tynion IV monte en épingle les justifications simplistes de Jonathan Crane, alors adolescent, quand son propre scénario s’achève sur une confrontation téléphonée entre le Chevalier noir et un nouveau super-soldat habilement baptisé Peacekeeper-X (à qui l’on a en plus donné un costume noir pour montrer qu’il était plus badass que le précédent).

    sebastien01 Le 05/09/2025 à 16:01:07
    Batman Infinite - Tome 1 - Lâches par essence

    Après Scott Snyder (2011-2016, 9 tomes) et Tom King (2016-2020, 12 tomes), la série régulière Batman est reprise par James Tynion IV en janvier 2020 à partir de l’épisode 86. Le personnage est loin de lui être inconnu puisqu’il a œuvré sous l’aile de Snyder durant plusieurs années. Désormais seul aux commandes, son run s’étalera jusqu’à l’épisode 117, soit sur une trentaine d’épisodes au total couvrant près de deux années de publication.

    En français, pour d’obscures raisons éditoriales que seuls quelques initiés comprendront, Urban Comics a publié ce run dans deux séries distinctes : Batman Joker War tout d’abord (3 tomes, grand format) puis, notez la cohérence, Batman Infinite (4 tomes, petit format). La première série se concentre sur le Joker tandis que la seconde est consacrée à une machination orchestrée par Jonathan Crane alias l’Épouvantail, toutefois les deux sont liées et les ressorts scénaristiques de Tynion IV sont les mêmes : beaucoup de personnages et beaucoup d’action. Si vous attendiez un peu de finesse, dénichez vous donc une autre lecture.

    Je recommanderais bien sûr de commencer par le commencement mais cette seconde moitié de run peut aussi faire office de porte d’entrée. Contrairement à ce qu’annonce l’introduction, les conséquences de Batman Joker War sont mineures et ne bouleversent pas le statu quo ; quelles que soient les épreuves traversées, le Chevalier noir passe toujours aisément d’un adversaire à l’autre.

    Dès le début, il n’est pas fait de mystère que l’Épouvantail sera au cœur de l’intrigue mais, dans ce premier volume, c’est surtout de Christopher Nakano, un ex-flic devenu maire, et de Simon Saint, un scientifique mégalomaniaque, dont il sera question. Le scénario esquisse un discours autour de la peur, du contrôle et de la manipulation de masse mais ne s’appesantit pas sur le sujet. Point de politique, ou si peu avec le collectif anarchiste Unsanity, c’est par un combat contre un super-soldat subtilement nommé Peacekeeper-01 que l’on referme l’album (Infinite Frontier 2021, #0 et Batman 2016, #106-111).

    sebastien01 Le 31/08/2025 à 19:15:42
    Hellboy en enfer - Tome 2 - La Carte de la Mort

    Les premiers lecteurs auront patienté trois ans et demi avant de voir Mike Mignola illustrer le dixième et dernier épisode de cette mini-série. Ça fait long pour connaitre la fin des aventures d’Hellboy en Enfer qui, au final, auront surtout constitué une errance dans les Limbes non pas dénuée de tout intérêt mais dont le scénario reste essentiellement contemplatif et introspectif (Hellboy in Hell 2012, #6-10).

    À l’instar du tome précédent, notre démon préféré continue sa lente traversée des Enfers ; il tombe malade, rencontre une famille et une épouse revanchardes et se refuse toujours à endosser la couronne de roi des Enfers qui lui tend les bras. La fin m’a laissé dubitatif. D’un côté, je suis heureux qu’Hellboy ait enfin trouvé la paix à laquelle il aspirait ; de l’autre, cette mini-série n’aura été qu’une succession d’épisodes disparates. Voilà, Hellboy est mort et c’est tout, le rideau est tombé.

    Le véritable intérêt de cette errance réside selon moi surtout dans le retour au dessin de Mignola, plutôt habitué ces dernières années à déléguer cet exercice alors qu’il s’agissait de son point fort. Les deux albums en noir et blanc, et en grand format, sont certes superbes mais restent des objets pour collectionneur ; je recommanderais de lire l’édition standard avec les belles couleurs de Dave Stewart.

    sebastien01 Le 31/08/2025 à 19:12:32
    Hellboy en enfer - Tome 1 - Secrets de famille

    J’apprécie tout particulièrement la série principale Hellboy, un peu moins son univers étendu et sa kyrielle de séries secondaires, et je me suis récemment attaché à regarder sa quatrième et dernière adaptation sur grand écran Hellboy : The Crooked Man. Pas de surprise, le film est aussi indigent qu’attendu et ressemble à film d’horreur à tout petit budget. Alors, pour noyer mon chagrin, je me suis replongé dans les comics de Mike Mignola (Hellboy in Hell 2012, #1-5).

    Si le scénario du film s’inspire du tome 11 "L’Homme tordu", il est recommandé, si ce n’est impératif, d’avoir lu jusqu’au tome 13 "L’Ultime tempête" avant d’entamer cette mini-série qui voit Hellboy être tué par un dragon / sorcière et envoyé en Enfer. Celle-ci fait en effet abondamment référence aux nombreux amis et ennemis rencontrés par Hellboy dans ses aventures précédentes et n’est donc pas à recommander aux lecteurs néophytes.

    Du reste, notre démon préféré reste relativement spectateur dans cette histoire, comme un peu perdu dans son propre royaume, et se contente de suivre ses guides successifs et de placer un bon mot de temps à autre. On retrouve avec plaisir la nonchalance du personnage et son contraste avec le sérieux de la situation mais il faut quand même aimer la mythologie des Enfers et ses références bibliques pour ne pas s’ennuyer à la lecture.

    sebastien01 Le 20/07/2025 à 19:40:12
    Hellboy (Delcourt) - Tome 19 - Hellboy in Love

    Ce dix-neuvième volume des aventures de Hellboy, "Hellboy in Love", voit notre démon préféré s’engager timidement dans une relation amoureuse (Hellboy in Love 2022, #1-5). Enfin !

    Si Hellboy a déjà été brièvement marié, au cours d’une enivrante virée au Mexique, ce n’était qu’après avoir été trompé sur la nature réelle de sa partenaire (voir le tome 12). Le reste du temps, il ne peut compter que sur son imposante main droite… Mais cela va changer car, dans cet album, il a les idées claires et entame une idylle aussi embarrassante qu’hésitante avec l’archéologue Anastasia Bransfield. Si celle-ci se prête plutôt volontiers au jeu de la séduction, Hellboy se complait dans le rôle du nigaud pas très à l’aise dans l’expression de ses sentiments.

    Le scénario de Mike Mignola et de Christopher Golden, accompagnés au dessin par Matt Smith, ne s’attarde malheureusement guère sur leur relation. Au contraire, il s’agit pour l’essentiel d’une aventure ordinaire qui mènera, en 1979, nos deux amoureux de l’Angleterre à l’Inde en passant par la Turquie à la poursuite d’une organisation secrète. Une occasion manquée à mon avis tant cela aurait pu amener un peu de nouveauté dans la vie terriblement solitaire d’Hellboy et en même temps offrir au lecteur autre chose que de la dose habituelle de castagne.

    sebastien01 Le 20/07/2025 à 19:35:23
    Hellboy (Delcourt) - Tome 18 - Le Club de la Lanterne d'argent

    Ce dix-huitième volume des aventures de Hellboy, "Le Club de la lanterne d’argent", voit notre démon préféré attablé dans un bar en Angleterre, en 1953, en compagnie de son mentor, le professeur Bruttenholm, mourant d’ennui à écouter les récits abracadabrantesques d’un vieil oncle (Hellboy: The Silver Lantern Club 2021, #1-5).

    J’exagère à peine, ce n’est pas le tome le plus remuant ni le plus intéressant de la série. Hellboy y reste en effet assis dans son fauteuil, à enchainer les pintes autant que les histoires plus surnaturelles les unes que les autres d’un petit groupe de détectives occultes. La formule me fait penser à la Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore mais dans un format plus ramassé.

    Chaque épisode est un prétexte pour que Mike Mignola et Chris Roberson nous racontent les péripéties et les victoires remportées tantôt contre un esprit, tantôt contre une grosse araignée, un démon, un loup-garou ou un chien des Enfers. Le dessin, principalement réalisé par Christopher Mitten et accompagné par Ben Stenbeck, est tout à fait correct et dans la norme de ce que l’on retrouve d’ordinaire sur la série. Bref, comme pour le précédent album, s’il n’est pas mauvais, il est clairement dispensable en cela qu’il se contente de développer le Hellboyverse et les à-côtés du personnage.

    sebastien01 Le 20/07/2025 à 19:30:09
    Hellboy (Delcourt) - Tome 17 - Les Os des géants

    Adaptation en comics du roman illustré du même nom publié vingt ans plus tôt, ce dix-septième volume des aventures de Hellboy, "Les Os des géants", envoi notre démon préféré en Suède, en 1988, pour revisiter succinctement, en compagnie du B.P.R.D., la mythologie nordique (Hellboy: The Bones of Giants 2021, #1-4).

    Le marteau Mjöllnir, les elfes noirs Svartálfar, les nains Nidavellim ou encore les Valkyries, Mike Mignola et Christopher Golden convoquent une partie des mythes scandinaves et font plus ou moins revenir à la vie Thrym, le roi des géants des glaces. Pas pour bien longtemps cependant, le temps de quatre petits épisodes, mais cela suffit pour qu’Hellboy le renvoie aussitôt à Jötunheim d’une habituelle et expéditive droite de l’Enfer.

    Bref, c’est très rapide, le scénario réutilise certes çà et là quelques légendes locales mais ne s’appesantit jamais dessus. Un tome qui plaira aux lecteurs de Thor, chez Marvel, avec son univers prétexte à la castagne. Quant au dessin de Matt Smith, il est tout à fait correct et correspond au style attendu sur la série. En conclusion, ce n’est pas un mauvais album et il reste agréable de retrouver le sarcasme de Hellboy mais ça manque un peu de profondeur. On pourrait appliquer le même traitement à toutes les mythologies du monde que le personnage n’évoluerait pas.

    sebastien01 Le 13/07/2025 à 18:58:25

    Entre l’inévitable Batman : Année Un, Batman : Un Long Halloween et sa suite Batman : Amère Victoire, les premières années d’exercice du Chevalier noir sont bien documentées. Celles qui le sont moins, ce sont les années qui précèdent et c’est compréhensible car elles sont aussi les moins intéressantes. Scott Snyder s’y est essayé sans trop de réussite il y a une dizaine d’années avec Batman : L’An Zéro et désormais Chip Zdarsky s’attache lui aussi à enrichir cette période (Batman: The Knight 2022, #1-10).

    Débuté en 2022, peu avant l’arrivée de Zdarsky sur la série régulière (voir Batman : Dark City, en VF), Batman : The Knight est en quelque sorte le programme d’entrainement du Chevalier noir. Avide de connaissance dans tous les domaines – arts martiaux, infiltration, maniement des armes à feu, sciences occultes – mais en fait surtout dans le combat rapproché, Bruce Wayne va parcourir le monde entier, en commençant par Paris, pour se préparer physiquement et mentalement à prendre sa revanche contre le crime.

    Le scénario rappelle nécessairement celui du film Batman Begins, réalisé par Christopher Nolan en 2005, encore plus lorsque Ra's al Ghul fait son apparition. Les rencontres avec des protagonistes plus ou moins connus sont intéressantes et le binôme que Bruce Wayne forme avec Anton est sympa à suivre quand on connait le futur du personnage (voir Batman Infinite, en VF). Quant au dessin de Carmine Di Giandomenico, il est plutôt réussi et constant tout au long des dix épisodes même si ce style n’a pas forcément ma préférence. Cependant, s’il s’agit d’une lecture agréable, Batman sans son costume ça n’est pas tout à fait Batman.

    sebastien01 Le 06/07/2025 à 10:21:03

    La Seconde guerre mondiale, sur le front de l’Est. Sara est une tireuse d’élite soviétique froide, redoutable mais aussi emplie de doutes quant au bien-fondé de sa mission, un personnage très librement inspiré par Lioudmila Pavlitchenko, une tireuse d’élite bien réelle aux 309 tués. Un récit de guerre sobre et sérieux par deux auteurs habitués à ce genre mais qu’ils appliquent d’ordinaire à leurs super-héros favoris : Garth Ennis avec le Punisher et Steve Epting avec Captain America (Sara 2018, #1-6).

    Le dessin d’Epting justement est superbe, bien documenté semble-t-il et parfaitement adapté au sujet quoiqu’un peu trop propre. J’aurais volontiers lu le double d’épisodes pour en apprendre davantage sur l’héroïne et ses camarades, elle qui n’aura au final été qu’un instrument froid et meurtrier dans un conflit qui lui échappe. À l’exception de quelques bribes d’entrainement ou de brefs échanges entre camarades, on ne saura trop rien de la vie antérieure de Sara. Jusqu’à la dernière page, elle est une machine de guerre au service d’un idéal et d’un pays qui le lui rend fort mal. Il y a certes, en creux, une critique du rôle des commissaires politiques auprès des troupes ou des pratiques abjectes de l’armée soviétique contre sa propre population mais le scénario se concentre sur l’aspect technique du tir d’élite et, plus généralement, sur le combat. Il n’y a pas de place, ou si peu, pour les sentiments et ce sera mon seul bémol.

    sebastien01 Le 28/06/2025 à 19:06:03
    Batman - One Bad Day - Tome 6 - Catwoman

    Ce sixième tome de la série Batman : One Bad Day, consacré à Catwoman, a des allures d’Ocean's 8 sans en avoir le casting pourtant éminemment féminin. C’est un casse somme toute banal et d’une simplicité étonnante pour un bijou sans valeur autre que sentimentale.

    Déjà habituée aux aventures de plusieurs super-héroïnes (Mystique, Ms. Marvel, Wonder Woman, Poison Ivy), j’ai trouvé le scénario de G. Willow Wilson assez plat et sans surprise. Quant au dessin de Jamie McKelvie, il est beaucoup trop lisse et informatisé pour me plaire. Ces deux auteurs avaient déjà collaboré sur Young Avengers en 2013 et je me rappelle avoir eu la même aversion pour ce style.

    En fin de compte, ce n’est même pas une vraie mauvaise journée pour Selina Kyle ; juste une journée de cambriolage ordinaire avec son lot d’adrénaline, de joie puis de déception. À la limite, pour les passionnés de joaillerie, il y a bien une idée autour de l’Oiseau en cage puis de l’Oiseau libéré, créé par Jeanne Toussaint pour Cartier pendant la Seconde guerre mondiale, mais le sujet est à peine effleuré.

    Bref, je ne vois pas quoi ajouter de plus, il s’agit du plus faible album de la série àmha.

    sebastien01 Le 28/06/2025 à 19:05:46
    Batman - One Bad Day - Tome 4 - Mr. Freeze

    Dans ce quatrième album de la série Batman : One Bad Day, on s’intéresse cette fois-ci à Mr. Freeze. Comme pour plusieurs autres volumes de la série, j’ai passé un agréable moment de lecture – quoique bref, format d’une soixantaine de pages oblige – et le personnage est, par certains aspects de sa vie antérieure au crime, rendu presque sympathique.

    Le dessin de Matteo Scalera, qui sur certaines planches me fait penser à celui Sean G. Murphy avec lequel il a justement collaboré sur Batman: White Knight presents Harley Quinn, est très beau et se démarque véritablement du reste de la production super-héroïque. Il me parait même encore plus agréable à l’œil dans les scènes les plus calmes et touchantes de l’album.

    S’il s’agit certes d’un bon album, le scénario de Gerry Duggan ne s’intéresse finalement que fort peu à cette journée si particulière qui aurait vu le scientifique basculer. Sans l’occulter totalement bien sûr, il s’agit plutôt ici d’une tentative désespérée de Batman – et de Robin – de remettre Mr. Freeze dans le droit chemin. Naturellement, ceux-ci échouent dans leur tâche et l’album prend alors une direction assez classique orientée vers l’action. Je regrette par exemple que la psychologie de Victor Fries, pourtant décrit comme un homme réfléchi et intelligent, n’ait pas été plus développée alors que le concept l’y invitait ou que son épouse malade, Nora, n’ait guère davantage été au centre de ses préoccupations.

    sebastien01 Le 26/06/2025 à 20:19:19

    Bien qu’il y ait l’ombre de Batman en couverture (très jolie, réalisée par Jorge Molina, mais sans rapport avec le style intérieur de Phil Hester, au demeurant très réussi également), Gotham dans le titre, la famille Wayne au cœur de l’intrigue et quelques noms familiers – Crime Alley, Ace Chemicals –, l’histoire pourrait tout autant ne pas se situer dans l’univers de Batman, quasiment absent de l’album par ailleurs (Gotham City: Year One 2022, #1-6).

    C’est en fait un polar assez classique avec son détective privé, Slam Bradley, au bout du rouleau, qui boit, qui fume, qui couche et qui se lance bien malgré lui à la recherche d’une enfant kidnappée. Mais cette disparition n’est en réalité qu’un prétexte destiné à narrer, longs récitatifs à l’appui, les débuts parallèles de la ville de Gotham et de la famille Wayne. Et le véritable propos de Tom King me parait même être ailleurs.

    L’auteur insiste en effet lourdement, surtout dans la seconde moitié de l’album, sur la question du racisme (la ségrégation spatiale, les inégalités sociales, les violences policières et urbaines). J’ai beau avoir lu pas mal d’histoires dans l’univers de Batman, je n’avais jamais perçu que ce sujet était particulièrement prégnant à Gotham. King souligne aussi à plusieurs reprises les origines mulâtresses de son personnage principal quand bien même le dessinateur lui donne, sans confusion possible, l’apparence d’un blanc tout au long de ses planches. Enfin, l’histoire s’achève sur une sorte de non-dit quant au métissage de Batman via son grand-père…

    Bref, le traitement moralisateur du sujet n’est pas très subtil et laisse de côté un aspect à mon sens essentiel de l’intrigue : Queenie Lydell et Constance Wayne, pourtant toutes deux complices d’homicide involontaire, à des degrés différents, s’en tirent sans être inquiétées.

    sebastien01 Le 21/06/2025 à 18:59:35
    Newburn - Tome 2 - Quelqu'un dont on a peur

    À la fin du premier tome, nous avions laissé Emily Star, la nouvelle coéquipière d’Easton Newburn en bien mauvaise posture. Dans ce second tome, son passé trouble refait surface, celui de son patron et partenaire s’éclaircit également mais, si Newburn parait moins monolithique qu’auparavant, il n’en demeure pas moins un personnage irrésistible (Newburn 2021, #9-16).

    La série n’est pas découpée en arcs scénaristiques et ce second volume est la suite directe de l’intrigue entamée précédemment. Il est donc préférable de lire les deux albums d’une traite afin de ne rien perdre de cette histoire de mafia / trahison / double jeu. Pour pimenter un peu l’affaire, Chip Zdarsky amène une journaliste et un ex-petit ami d’Emily dans l’équation mais ce sont surtout la relation professionnelle naissante entre Newburn et sa coéquipière et leur passé respectif dont il est question dans ce tome.

    Auteur très en vue ces dernières années, je ne connaissais jusqu’alors Zdarsky que pour ses travaux super-héroïques notamment sur Daredevil, Batman ou Spider-Man. Ses débuts dans le registre du polar sont intéressants et le dessin de Jacob Phillips est encore une fois très réussi mais je ne me vois pas pour autant mettre plus de trois étoiles. C’est une bonne mini-série d’après la grille de notation du site mais sans plus. Des séries récentes comme celles produites chaque année à la chaine par Ed Brubaker et Sean Phillips ou des séries plus anciennes tel Sin City, 100 Bullets, Gotham Central ou encore Scalped m’ont paru plus originales et mémorables.

    sebastien01 Le 21/06/2025 à 18:59:19
    Newburn - Tome 1 - Ils savent qui je suis

    Dès les premières pages, Newburn évoque une parenté évidente avec Criminal, le comics polar par excellence par Ed Brubaker et Sean Phillips ; au point qu’il est étonnant que cet album soit édité en français par Urban Comics et non par Delcourt (quoiqu’il y ait déjà eu une exception avec la réédition de Sleeper en 2022). Car Newburn est un polar extrêmement classique où un personnage énigmatique, Easton Newburn, navigue entre la police et les mafias new-yorkaises non pas à vue mais avec dix coups d’avance (Newburn 2021, #1-8).

    On ne saura jamais trop rien de Newburn, même au terme de ces huit premiers épisodes, si ce n’est qu’il rend étonnamment autant service à la police qu’aux familles mafieuses qui paient cher son entregent. Le personnage est froid, calculateur et aussi doué d’esprit qu’arme à la main. C’est la caricature d’un vieux détective privé trop parfait, à qui tout réussit et personne ne résiste. Pour l’instant du moins, car l’histoire débute lorsque celui-ci s’adjoint les services d’une jeune femme, Emily Star, amenée à devenir sa coéquipière.

    Il est certes appréciable de voir enfin Chip Zdarsky œuvrer dans un registre autre que super-héroïque mais on repassera pour l’originalité. D’autant plus que si le dessin et la couleur sont très bons, ils rappellent inévitablement Criminal et tous ces polars dans la même veine puisque Jacob Phillips en est le coloriste attitré. Bref, c’est un bon premier album mais dont ni le scénario, ni le dessin ne m’ont paru apporter de réelle nouveauté au genre.

    sebastien01 Le 18/06/2025 à 17:00:18

    Tiré d’une série anthologique, ce court album présente la première rencontre entre Batman, dans sa première année d’exercice, et le Joker, déjà au meilleur de sa forme (Batman: The Brave and the Bold 2023, #1, 2, 5 et 9).

    Je commencerais par ce que je n’ai pas aimé : le langage grossier. Plusieurs personnages jurent comme des charretiers et, quand bien même la situation le justifierait, cette multiplication de mots censurés – %!#&@ – devient rapidement lassante à l’écrit. Un récit estampillé "pour lecteurs avertis" pourrait bien s’autoriser quelques jurons.

    À part ça, j’adore Tom King, nombre de ses scénarios me paraissent d’excellente facture et c’est toujours un plaisir de retrouver ses tics d’écriture au premier rang desquels la répétition des scènes, des points de vue, des dialogues, etc. Ça peut certes paraitre facile, voire prétentieux, de bâtir une carrière sur un découpage mais ça fonctionne encore une fois super bien ici.

    Accompagné par Mitch Gerads au dessin, superbe au demeurant, avec qui il collabore régulièrement (Sheriff of Babylon, Mister Miracle ou, plus récemment, Strange Adventures), c’est un très bon récit dans lequel Batman découvre le Joker, le prend d’abord à la légère – ou à la rigolade – avant de comprendre la folie qui l’anime. Batman finit même par se prêter au jeu de la blague Carambar, à ses dépens à mon avis tant le Joker parait maitriser son sujet.

    Au final, et bien qu’il s’agisse d’un très bon album, on perçoit que, dès leur premier face-à-face, le Chevalier noir perdra éternellement son combat contre le Clown prince du crime. Parce que leurs morales sont antinomiques, parce que le Joker n’a aucune limite, il tuera encore et encore et Batman le laissera courir, d'accord, d'accord. Aux grands maux, les grands remèdes ; ce n’est pas Batman mais le Punisher que Gordon devrait appeler.

    sebastien01 Le 14/06/2025 à 18:26:21

    Avant d’acquérir cet album, je l’avais d’abord emprunté à la bibliothèque car sa couverture m’avait intrigué. Un rapide feuilletage m’a convaincu de me laisser tenter et puis le livre en lui-même est vraiment un très bel objet (une habitude désormais chez 404 Graphic, avec cette attention portée à la maquette, au papier, au sommaire et à l’ours, le tout pour un prix correct). C’est un récit que l’on rangerait au premier abord en science-fiction mais qui, à mesure que l’on progresse dans l’histoire, tient davantage du drame doublé d’une réflexion sur la guerre froide (Strange Skies Over East Berlin 2019, #1-4).

    Le scénario de Jeff Loveness est relativement simple, contraint sans doute par son format en quatre petits épisodes, mais l’essentiel est de toute évidence ailleurs : dans l’ambiance que dégage cette histoire et dans la rédemption recherchée par son protagoniste principal. On y suit, en 1973, un espion américain envoyé à Berlin-Est pour retrouver la trace d’une apparition d’origine extra-terrestre. S’il parvient à ses fins, la créature se montre plus retord que prévu, et ce, pour les deux camps et les hommes et les femmes qui jouent habituellement leur partition dans l’ombre vont découvrir le risque de manipuler la vérité et le mensonge.

    En somme, un agréable moment de lecture pour un récit peu bavard mais, à l’inverse, très introspectif. J’aurais volontiers lu quelques épisodes supplémentaires afin d’éclaircir le mystère de cette apparition, ses motivations laissées de côté ainsi que celles du personnage principal qui m’apparait quelque peu apathique par moments. Le dessin en grandes cases de Lisandro Estherren, les aquarelles du coloriste et le design original de la créature sont également très bons et cette ambiance m’a beaucoup fait penser à la série télévisée française Totems.

    sebastien01 Le 08/06/2025 à 19:01:20
    Batman - One Bad Day - Tome 3 - Le Pingouin

    J’ai récemment achevé de regarder l’excellente mini-série The Penguin, avec Colin Farell méconnaissable dans le rôle-titre, et j’ai voulu voir ce qu’un comics centré sur ce personnage pouvait apporter. Le premier volume de la série Batman : One Bad Day était très bon alors j’ai pioché dans celle-ci mais, malheureusement, je n’y ai pas du tout retrouvé la qualité d’écriture et de dessin de l’album consacré au Sphinx.

    La mini-série et le comics ont pourtant un point commun : ils proposent tous deux comme point de départ un Pingouin au plus bas qui monte petit à petit en puissance en gagnant puis perdant quelques associés au passage. Mais la comparaison s’arrête là. Le Pingouin de John Ridley est triste, sans envergure et ne se réveille enfin qu’à l’avant-dernière page. Son acolyte principal est une version féminine de One-Punch Man que j’ai trouvé ridicule. Et son adversaire du jour, censé lui avoir volé son empire criminel, ne fait que de la figuration. Bref, le scénario m’a paru assez faible, du moins sans originalité.

    Même le dessin, qui dans le domaine de la BD franco-belge comme du comics peut parfois suffire à lui seul à rattraper, si ce n’est à sauver, un mauvais scénario, m’a paru quelconque. Ici, celui de Giuseppe Camuncoli est dans les standards actuels du comics, ni bon ni mauvais, ni fin ni grossier, juste passe-partout. Je suis persuadé que personne ne reconnaitrait la patte de cet auteur dans ces planches.

    Après un rapide feuilletage, les origines d’Oswald Cobblepot me paraissent bien plus intéressantes dans La Splendeur du Pingouin par Gregg Hurwitz et Szymon Kudranski.

    sebastien01 Le 07/06/2025 à 18:45:51
    Batman - One Bad Day - Tome 1 - Le Sphinx

    La série Batman : One Bad Day réécrit les origines de huit des principaux adversaires de Batman et, en particulier, le jour où ces derniers ont basculé dans le crime. En seulement une soixantaine de pages, le concept se calque dans l’esprit de son illustre prédécesseur Batman : The Killing Joke, par Alan Moore et Brian Bolland, dans lequel le Joker prononçait cette phrase en anglais : "All it takes is one bad day to reduce the sanest man alive to lunacy".

    Chaque album est réalisé par un duo d’auteurs différent et c’est avec un plaisir certain que je retrouve pour ce premier volume Tom King et Mitch Gerads, déjà rencontrés à plusieurs reprises sur les titres Sheriff of Babylon, Mister Miracle ou, plus récemment, Strange Adventures. En un mot, j’ai adoré ce premier album consacré au Sphinx. Tant l’enquête, sans véritable indice et plutôt bavarde, concoctée par le scénariste que le trait posé, régulier et la grande attention portée à la mise en page, du dessinateur.

    Quelques libertés me paraissent toutefois prises ici avec le concept "One Bad Day" puisqu'environ la moitié de l'histoire se déroule sous forme de flash-back. Ce n’est donc pas en une journée mais bien à force d’humiliations répétées de la part de son père et proviseur que l’on apprend comment un gamin surdoué – Edward Tierney – est devenu le criminel que l’on connait. Aussi, je n'ai pas été véritablement convaincu par la justification criminelle alambiquée du Sphinx et la menace qu'il ferait peser sur ses gardes me rappelle curieusement le procédé déjà utilisé par King en 2017 dans Batman #25.

    sebastien01 Le 04/06/2025 à 18:21:11
    Killadelphia - Tome 2 - Livre 2 - À feu et à sang

    On retrouve dans ce deuxième tome, tous les ingrédients qui m’avaient ravi à la lecture du premier volume : le réalisme de ses personnages, notamment la relation conflictuelle entre un père et son fils, l’intelligence et la noirceur de son scénario, son appel constant à l’Histoire et surtout le superbe dessin de Jason Shawn Alexander (Killadelphia 2019, #7-12).

    Si elles sont bien sûr toujours omniprésentes, les références à l’Histoire et à la culture afro-américaine m’ont paru moins diverses que dans le premier tome. En raison de leur immortalité, la plupart des vampires voient leur histoire personnelle racontée par le prisme de l’esclavage. Mais cet élément m’a surtout paru servir de justification à toutes sortes de vengeances gores. Puisqu’il faut bien faire avancer l’histoire et se débarrasser des vampires qui pullulent désormais à Philadelphie, le scénario de Rodney Barnes est maintenant orienté vers l’action et s’achève dans un voyage fantastique vers l’au-delà et les différentes incarnations de la mort.

    Le dessin d’Alexander me plait toujours autant. J’adore son trait gras et encré qui correspond parfaitement à l’ambiance nocturne et horrifique de la série. Son style photoréaliste, décrit pas à pas dans le premier volume, est très réussi et me rappelle celui d’Alex Maleev et de Michael Lark sur Daredevil, de Tomm Coker sur Black Monday Murders ou encore de Martin Simmonds sur The Department of Truth.

    L’album s’achève sur un cliffhanger, il faut donc obligatoirement poursuivre avec le troisième tome. Malheureusement, alors qu’une vingtaine d’épisodes reste à ce jour inédits en VF, la suite parait compromise. Dommage car une trentaine de planches en noir et blanc, encore une fois superbes, achevait de nous teaser, par ses ties-in, l’arrivée d’une horde de loups-garous inspirés par les idées révolutionnaires de Malcom X (Elysium Gardens 2020, #1-6).

    sebastien01 Le 03/06/2025 à 18:16:45
    Killadelphia - Tome 1 - Livre 1 - Les péchés du père

    C’est après vu Sinners au cinéma le week-end passé, réalisé par Ryan Coogler avec Michael B. Jordan dans le(s) rôle(s) principal(ux), que j’ai eu envie de relire cette série horrifique. Le film et le comics partagent en effet, au-delà de leur sujet central évident – les vampires –, un même intérêt marqué pour l’Histoire des États-Unis et en particulier celle des afro-américains (Killadelphia 2019, #1-6).

    L’histoire débute comme un polar classique, sur un rythme calme et se concentre d’abord sur la relation complexe entre un père et son fils, tous deux policiers, avant de nous faire progressivement découvrir les vampires. On sent par-là que Rodney Barnes écrit à l’origine pour la télévision. J’ai trouvé ses personnages bien campés et assez réalistes et ses vampires sont plus subtils que l’image gore et froide que l’on s’en fait habituellement. Certes, à un moment donné, il faut bien sortir les crocs et faire gicler le sang mais le scénario reste davantage orienté vers le thriller que vers l’horreur.

    Surtout, au-delà des vampires, le scénariste parle de la ville de Philadelphie, de sa population majoritairement afro-américaine, de l’Histoire des États-Unis (notamment de John Adams, le deuxième Président américain, et de la guerre de Sécession), de l’esclavage, des discriminations raciales persistantes et plus généralement de la politique de son pays. Ainsi, il est utile d’avoir un minimum de culture américaine pour apprécier toutes les références rencontrées.

    Loin d’être un comics woke pour autant, ces éléments forment un contexte intéressant et original pour une histoire à mi-chemin entre la série policière et la série sur le vampirisme. Bref, un excellent premier arc, intelligent, qui plus est superbement illustré par Jason Shawn Alexander, dont le sujet et son traitement historique m’ont beaucoup fait penser à American Vampire par Scott Snyder et Rafael Albuquerque.

    sebastien01 Le 01/06/2025 à 16:26:30
    DCeased - Tome 3 - DCeased 3

    J’ai achevé la lecture des cinq volumes de DCeased ce week-end, hors-séries compris ; pour résumer sommairement mon avis, j’ai trouvé ça affligeant et ce troisième tome de la série principale est le plus abscons de tous (DCeased: War of the Undead Gods 2022, #1-8).

    Rétrospectivement pourtant, le premier tome ne s’en tirait pas encore trop mal ; son histoire était basique, linéaire et les zombies se contentaient de s’écharper et de se morde joyeusement. Un scénario d’une grande stupidité certes mais aussi d’une grande simplicité. Dès le deuxième tome cependant, et malgré le bon dessin de Trevor Hairsine, les choses se complexifiaient ; la trinité représentée par Batman, Superman et Wonder Woman n’était plus celle que l’on connait et l’histoire se perdait dans une quête superflue menée par John Constantine et ses compagnons d’infortune de seconde zone. Préférant les histoires du Chevalier noir de facture classique, je n’ai pas adhéré à ce virage magique et j’ai donc également détesté ce troisième tome et son délire cosmique.

    Si le scénario prend son origine dans une expérience de Darkseid, et bien que celui-ci soit censé être mort, Tom Taylor trouve opportunément le moyen de le faire revenir à la vie et d’embarquer dans son sillage une kyrielle de héros et de vilains venus de l’espace. Ainsi, l’histoire voit défiler les Green Lanterns, Lobo, Erebos, le Dieu de la guerre, le Spectre, Mxyzptlk et tant d’autres personnages mineurs qui vont passer le plus clair de leur temps à s’invectiver et à s’affronter dans des scènes toujours plus grandiloquentes les unes que les autres. Au bout de quelques épisodes et après une overdose de combats bourrins, j’ai lâché l’affaire et j’ai parcouru le reste du livre sans rien comprendre à cette "guerre des dieux morts". Un bel exemple de ce que le comics à de pire à offrir.

    sebastien01 Le 31/05/2025 à 16:52:46
    DCeased - Tome 2 - DCeased 2

    Offrir une suite à DCeased était-il nécessaire ? Absolument pas. Objectivement, c’est très mauvais, il n’y a pas de scénario et le jeu consiste bêtement à transformer tous les héros et vilains en zombies. Et pourtant, la première saison ayant semble-t-il été un curieux succès commercial, voici que la même équipe créative – Tom Taylor et Trevor Hairsine – récidive et réussit à faire pire que le précédent opus (DCeased: Dead Planet 2020, #1-7).

    Mais que raconter de neuf lorsque l’on a déjà infecté, ou zombifié, la majeure partie des personnages dans le tome précédent ? Batman, Superman et Wonder Woman ont rapidement été mis hors-jeu et ne sont donc plus disponibles. C’est là que Taylor sort le joker Terre-2. Pour rappel, Terre-2 est l’une des très nombreuses planètes alternatives de l’univers DC Comics. Ce concept fumeux permet de multiplier à l’infini les versions de la Ligue de Justice et de raconter, grosso merdo, tout et son contraire (les plus curieux – les plus téméraires surtout vu le côté imbitable du truc – iront lire "The Multiversity" de Grant Morrison).

    Bref, une jeune génération de héros réfugiés sur Terre-2 enfile les costumes de Batman, Superman et Wonder Woman, retourne sur leur "planète morte" et c’est reparti pour un tour. On leur adjoint une tripotée de super-héros de seconde zone (John Constantine, Swamp Thing, Zatanna, Mister Miracle, etc.), on saupoudre le tout d’une bonne dose de magie et l’équation d’anti-vie devient encore plus nébuleuse à comprendre qu’à l’accoutumé. Au final, c’est un sacré foutoir et je ne suis jamais vraiment rentré dans l’histoire. Tout juste y a-t-il à sauver le dessin de Hairsine qui, sans être exceptionnel, est tout à fait correct voire joli sur quelques planches et les couvertures de David Finch à retrouver en fin de volume.

    sebastien01 Le 18/05/2025 à 14:40:04

    Par bien des aspects, cet album m’a refait penser à Happy Tree Friends, cette série animée gore du début des années 2000. La consonance de son titre tout d’abord, conservé en anglais, puis le côté mignon de ses animaux anthropomorphiques mais surtout le décalage entre la légèreté du dessin et la violence du propos (Beneath the Trees Where Nobody Sees 2023, #1-6).

    Samantha Strong est une oursonne, elle travaille dans le magasin de bricolage de la petite ville de Woodbrook et mène une vie en apparence ordinaire. En apparence seulement car on apprend rapidement qu’elle compte une quarantaine de meurtres à son actif. On ne saura rien de ses motivations – et c’est un peu dommage – si ce n’est que sa petite vie tranquille et son terrible secret sont menacés lorsqu’un second meurtrier fait son apparition en ville.

    Comme le représente parfaitement la couverture boisée, tout l’intérêt de l’histoire repose sur le décalage entre la forme et le fond. Le dessin, aquarellé et coloré, et l’univers, peuplé d’animaux et de bons sentiments, pourraient être ceux d’un livre pour enfants tel que Winnie l’ourson. Tandis que l’enlèvement, le meurtre et le dépeçage de victimes innocentes lorgnent plutôt du côté de l’horreur.

    Le scénario de Patrick Horvath, un auteur qui m’était inconnu jusque-là, est cynique et dénué de morale et pourtant l’album est très agréable à lire. Certes, notre oursonne n’est qu’un ersatz de Dexter mais cela reste suffisamment rare en comics pour demeurer une proposition intéressante. Je regrette juste que l’on en sache finalement si peu sur le passé de l’héroïne et son inclination pour le meurtre mais une suite est actuellement en préparation et elle nous livrera peut-être quelques éléments à ce sujet.

    sebastien01 Le 11/05/2025 à 10:42:30

    Après avoir lu Pulp, puis Night Fever, des récits certes intéressants mais simplistes, j’ai entamé cet autre récit complet de l’indéfectible duo formé par Ed Brubaker et Sean Phillips et son scénario m’a paru un peu plus fouillé que pour les deux précédents (Houses of the Unholy, 2024).

    Bien qu’il s’agisse d’un thriller voire d’un polar, comme souvent avec Brubaker et Phillips, celui-ci est ici teinté de surnaturel, de satanisme et traite de sujets tels que la psychose collective, la prudence à observer vis-à-vis de la parole accusatrice d’un enfant et le complotisme. Des sujets qui font de temps à autre l’actualité judiciaire, ici ou aux États-Unis, et qui placent cet album dans un contexte intéressant.

    Pour le reste, c’est une histoire finalement assez classique et sans grosse surprise, qui alterne entre le présent et le passé, et dans laquelle l’héroïne, Natalie Burns, part à la recherche de ses anciens camarades d’école et de son frère en compagnie d’un policier désabusé. En dehors de son contexte, l’histoire n’est donc pas très originale, sans suspense et l’histoire se conclue de manière abrupte, et quelque peu stupide à vrai dire, en laissant au lecteur le soin d’imaginer ce qu’il advient de son héroïne.

    Le dessin de Phillips est, comme d’habitude, très réussi, en particulier les couleurs de son fils Jacob qui retranscrivent bien, par séquence, l’ambiance satanique du récit. Ainsi, quelle que soit la faiblesse du scénario, ces planches constituent encore un très agréable moment de lecture.

    sebastien01 Le 10/05/2025 à 09:28:28

    Ed Brubaker et Sean Phillips forme un duo prolifique et, après avoir travaillé ensemble sur de multiples mini-séries – Criminal, Fatale, Fondu au noir ou Killed or be killed, pour ne citer qu’elles –, ces derniers se lancent dans une série de one-shot (Pulp, Night Fever, Là où gisait le corps et La maison des impies). Dans cet album, les auteurs nous racontent la folle nuit européenne d’un médiocre agent littéraire (Night Fever, 2023).

    Ainsi, Jonathan Webb est un agent littéraire qui effectue son travail avec désinvolture et qui considère avoir raté sa vie car il souhaitait devenir écrivain. À l’occasion d’un salon littéraire en Europe et ne parvenant pas à trouver le sommeil, il déambule dans la ville et, une chose en entrainant une autre, une incursion dans une soirée déguisée mondaine l’amène à s’initier au poker, à la bagarre, au sexe, à la drogue, au meurtre, etc.

    Ça fait beaucoup en une nuit, ou presque, pour un homme d’une grande banalité et il ne parait jamais prendre conscience de la bascule qui s’opère petit à petit. Il me fait penser au personnage incarné par Samuel L. Jackson dans Die Hard 3 sauf que ce dernier protestait et ne se laissait pas volontiers embarquer dans les emmerdes. Je ne suis jamais vraiment rentré dans l’histoire faute d’y croire suffisamment mais l’album reste un agréable moment de lecture bien aidé, comme d’habitude, par le dessin très gras de Phillips et les couleurs de son fils, Jacob.

    sebastien01 Le 09/05/2025 à 08:24:06

    J’apprécie généralement le travail d’Ed Brubaker, notamment sur Captain America puis Daredevil en matière de super-héros. En indépendant, chez Image Comics, je l’apprécie tout particulièrement lorsque celui-ci est associé à Sean Phillips au dessin et leurs précédentes collaborations – Criminal, Fatale, Fondu au noir ou Killed or be killed, pour ne citer que ces mini-séries – m’ont souvent enthousiasmées. Avec ce nouvel album, un one-shot, le prolifique duo se reforme pour un bref thriller, comme à l’accoutumée, cette fois-ci teinté de western (Pulp, 2020).

    L’album est mince, une soixantaine de planches seulement, et se lit donc très rapidement. Il s’agit essentiellement des souvenirs de jeunesse d’un vieux hors-la-loi, Max Winters / Red River Kid, devenu auteur de bande dessinée sans le sou à qui l’on propose de replonger pour réaliser un dernier braquage. Format contraint oblige, le scénario et les personnages de Brubaker ne sont pas très développés et, bien qu’il y ait quelques éléments de contexte intéressants – le droit d’auteur dans le domaine du comics, les Pinkertons, le nazisme aux États-Unis en 1939 –, ils ne sont finalement que survolés. Charge au lecteur de faire ses propres recherches par la suite si ces sujets lui parlent.

    Le dessin très gras de Phillips et les couleurs de son fils, Jacob, sont très bons comme d’habitude et forts agréables à parcourir. J’ai cependant été moins convaincu par les couleurs des planches censées reproduire la qualité d’impression médiocre des magazines "pulps" mais au moins elles se distinguent du reste.

    sebastien01 Le 01/05/2025 à 18:04:43

    Situé chronologiquement après les événements de Dark Knight III, par Frank Miller et Andy Kubert, cet album n’a pourtant que bien peu de lien avec ce dernier et peut être abordé de manière indépendante. Il ne s’agit d’ailleurs pas véritablement d’un album de Batman puisque celui-ci ne met pas en scène le Chevalier noir mais Batwoman / Carrie Kelley et les enfants de Superman et Wonder Woman, Lara et Jonathan – c’est lui, l’Enfant d’Or –, dans un long et prétentieux combat contre Darkseid (Dark Knight Returns: The Golden Child 2019, #1).

    Publié aux États-Unis en décembre 2019, soit à la veille d’une année électorale, l’histoire fait référence à l’élection présidentielle américaine et manifeste une curieuse hostilité à l’égard de Donald Trump alors que l’on a connu le scénariste plutôt très à droite. Pour autant, il ne s’agit que d’un contexte sans importance et l’histoire ne s’appesantit pas sur le sujet. À vrai dire, il n’est pas fait étalage d’une quelconque conviction politique, tout juste Lara dégobille-t-elle sa haine des Hommes et Darkseid débite-t-il un verbiage interminable. En somme, le scénario de Miller est basique et se résume à un bête affrontement entre nos trois jeunes héros et le Joker mais surtout Darkseid.

    Tout au long de cet album, les scènes sont parsemées de bulles reprenant les réflexions, ou élucubrations, succinctes et répétitives des différents protagonistes dans un style qui devient vite rébarbatif. Quant au dessin de Rafael Grampá, s’il ne correspond pas au trait que j’affectionne le plus – il me parait parfois tremblotant –, je reconnais qu’il se différencie nettement du reste de la production super-héroïque.

    Enfin, annoncé à 136 pages, l’album ne comporte en réalité que 48 planches puisque sa version encrée, sans texte, suit la version en couleurs. Une pratique à l’intérêt discutable lorsque les bonus prennent le pas sur le contenu principal.

    sebastien01 Le 25/04/2025 à 18:45:58

    Dix-sept ans après la sortie d’un premier album de la collection Marvel Deluxe réunissant le début des aventures de Daredevil par Kevin Smith, Joe Quesada et David Mack, sa suite est enfin publiée au même format grâce à l’exposition médiatique conférée par la sortie de la série Daredevil: Born Again sur Disney+. S’il ne s’agit certes pas d’une première édition en français pour les trois histoires qui composent cet album – celles-ci furent déjà publiées dans le magazine Daredevil (Marvel Knights) en 2001 –, je leur reconnais un petit côté nostalgique fort agréable (Daredevil 1998, #16-25 et Daredevil: Ninja 2000, #1-3).

    Dans la première histoire ("Cauchemar"), Brian M. Bendis fait ses débuts sur la série régulière et il ne la quittera plus pour les cinq prochaines années. Son scénario s’éloigne ses pirouettes auxquelles le personnage nous a jusqu’à présent habitué et se penche sur le cas d’un enfant traumatisé par la mort de son père lors d’un combat contre Daredevil. Touchante, racontée du point de vue d’un journaliste, l’histoire est en plus superbement illustrée par David Mack dont les multiples styles de dessin et les aquarelles tranchent avec le dessin stéréotypé du comics de super-héros.

    La deuxième histoire ("La grande parade") dispose d’un bon scénario de Bob Gale – elle fait s’affronter Matt Murdock, l’avocat, et Daredevil, le justicier –, malheureusement le dessin de Phil Winslade et de David Ross n’est pas particulièrement beau et leur Daredevil tout en muscle et en costume moulant jusqu’à l’entrejambe m’a fortement déplu. Enfin, l’album s’achève sur une mini-série qui envoie Daredevil affronter des ninjas de la Main au Japon. Ce n’est ni bon ni beau mais c’est scénarisé par Bendis donc cela valait probablement le coup de l’inclure dans ce recueil afin d’être exhaustif.

    Avec cet album, une grande partie de l’ère moderne de Daredevil est désormais disponible au format Deluxe : Bendis (4 volumes), Brubaker (4 volumes) et Zdarsky (bientôt 4 volumes). À la lecture comme à la relecture, le meilleur des traitements proposé à un super-héros Marvel.

    sebastien01 Le 24/04/2025 à 18:58:38

    Daredevil aura toujours été, avec Batman chez l’éditeur concurrent, mon super-héros préféré. Parce qu’il ne dispose pas de pouvoirs et qu’il ne peut compter que sur une bonne condition physique et quelques gadgets pour s’en sortir. En français, j’ai découvert Daredevil avec le run de Brian M. Bendis, dans la collection 100% Marvel, et son approche très sombre et urbaine qui aura durablement marqué le personnage et mon goût pour les comics du même acabit. Avant lui, Kevin Smith, Joe Quesada et David Mack auront inauguré à la fin des années 90 une aire plus moderne mais encore bien différente du personnage que l’on connait aujourd’hui (Daredevil 1998, #1-15 et ½).

    La première chose qui surprend à la relecture de ces premières aventures, c’est que le dessin parait assez daté, un brin caricatural et encore très coloré. Il y a quelques bonnes idées de mise en page certes mais, dans l’ensemble, je n’aime pas le style de Quesada et pourtant je lis des comics depuis pas mal de temps. L’écriture de Smith et de Mack, elle, est en revanche plutôt moderne et aborde des sujets sérieux comme la foi ou le SIDA et leurs personnages féminins sont bien campés avec la mort de Karen Page dans la première histoire ("Sous l’aile du diable") et les débuts d’Écho dans la seconde ("Tranches de vide").

    Bref, si le scénario est correct (pour qu’il me paraisse bon, il eut fallu éviter ce défilé incessant de héros et de vilains), c’est vraiment le dessin qui me rebute. Et comme Quesada réalise la grande majorité des quinze épisodes de cet album, il a fallu le supporter jusqu’au bout…

    En ce qui concerne l’édition, c’est un épais volume de 376 pages, le premier de la collection Marvel Deluxe à avoir rejoint ma bibliothèque en 2008. Dommage qu’il ait fallu attendre 2025 – c’est-à-dire 17 ans et la sortie opportune de la série Daredevil: Born Again sur Disney+ – pour que la suite finisse par être publiée dans la même collection.

    sebastien01 Le 22/04/2025 à 13:47:53

    En 2023, près de trente ans après leur première double rencontre – ou confrontation devrais-je dire –, Spawn et Batman se retrouvent à nouveau. Entre temps, Spawn, sous l’invariable direction de Todd McFarlane, aura dépassé les 300 épisodes et Batman aura été relaunché deux fois. Greg Capullo aura lui travaillé successivement sur les deux séries et aura durablement marqué de son trait leurs imaginaires respectifs. C’est donc tout naturellement que McFarlane et Capullo se retrouvent sur ce nouveau crossover plutôt réussi (Batman/Spawn 2023, #1).

    Batman, puis Batman : Metal, puis Batman : Last Knight on Earth et enfin Batman : Death Metal, j’aurai suivi Capullo dans bien des albums et bien des délires jusqu’aux plus imbitables. Retraité du Chevalier noir, Capullo aura ensuite œuvré sur les mini-séries Reborn (avec Mark Millar) puis Démons (avec Scott Snyder, son partenaire de longue date) avant de retrouver quelques années plus tard ses héros ou anti-héros favoris. Et, sans surprise, son dessin est toujours aussi excellent, son encrage – également réalisé par McFarlane – est toujours aussi profond, c’est un véritable plaisir de parcourir ses planches et de retrouver "son" Batman et "son" Spawn. Je trouve qu’il y a même un petit côté nostalgique à revoir l’auteur dessiner Bruce Wayne et Al Simmons dans leurs costumes classiques.

    Le scénario de McFarlane, qui fait de la Cour des hiboux – tirée de la série Batman – l’adversaire de notre duo d’encapés, évite de répéter le principal défaut des précédents crossover et réduit l’affrontement à son strict minimum pour ensuite faire véritablement collaborer les deux personnages. En somme, il s’agit de loin du meilleur crossover des trois.

    Je regrette cependant qu’Urban Comics ait choisi d’éditer cette histoire dans un album distinct des deux autres crossover. Ce choix implique de remplir coûte que coûte l’album avec du contenu inutile et, aussi bon Capullo soit-il, on se satisfaisait allégrement de ses 48 planches sans que leurs versions encrées et crayonnées ne soient nécessaires.

    sebastien01 Le 21/04/2025 à 12:01:56

    Au printemps 1994, Batman et Spawn se rencontrent à deux reprises dans des histoires indépendantes l’une de l’autre, d’une cinquantaine de planches chacune, publiées respectivement par DC Comics et Image Comics. Un crossover étrange tant les univers de ces deux personnages paraissent éloignés et, au final, un résultat particulièrement bourrin où l’affrontement et les dialogues caricaturaux prennent le pas sur le scénario (Batman/Spawn: War Devil 1994, #1 et Spawn/Batman 1994, #1).

    Ce crossover en deux parties a initialement été publié en français par Semic dans les magazines Spawn n° 66 et Spawn hors-série n° 1. Près de trente ans après leur publication aux États-Unis, Urban Comics les réunit pour la première fois en librairie à l’occasion de la sortie simultanée d’un troisième épisode (illustré par Greg Capullo, dont la couverture retenue pour cet album rend hommage à l’originale de Todd McFarlane, elle-même déjà un hommage au Batman de Frank Miller). Mais, trente ans c’est long et, nécessairement, le scénario, le dessin et les couleurs ont pris un coup de vieux.

    À vrai dire, cela vaut surtout pour la première histoire, illustrée par Klaus Janson, qui est par moment vraiment imbuvable. Bruce Wayne / Batman et Al Simmons / Spawn enquêtent chacun de leur côté, s’affrontent brièvement avant de comprendre qu’ils sont dans le même camp et finissent par régler son compte à leur adversaire caricatural du jour. Bref, c’est franchement mauvais. Quelle déception lorsqu’on est lecteur des deux encapés ! Heureusement, la seconde histoire est largement meilleure. Scénarisée par Miller et illustrée par McFarlane, elle est écrite avec plus de maitrise et dessinée avec bien plus de finesse. Bien qu’elle se résume elle aussi à un long affrontement, elle donne le sentiment d’une plus grande compréhension de ce qui fait un bon crossover. Et quelle superbe dernière planche ! Dommage toutefois que les répliques échangées par les deux protagonistes donnent l’impression d’avoir affaire à des gamins.

    sebastien01 Le 13/04/2025 à 19:40:52

    C’est en relisant Spider-Man : L’histoire d’une vie, par Zdarsky et Bagley, récemment réédité au format Deluxe, que j’ai découvert que le concept avait également été appliqué aux Quatre Fantastiques quelques années plus tard. Mais, même si l’idée reste aussi simple qu’originale, son exécution ne m’a pas non plus vraiment emballée (Fantastic Four: Life Story 2021, #1-6).

    Il est certes plaisant de voir l’équipe se reformer une énième fois, vieillir, se chamailler et se rabibocher aussitôt. Bien que je n’ai jamais été un grand lecteur des Quatre Fantastiques, ma préférence est toujours allée à Ben Grimm / la Chose qui occupe d’ailleurs une place de choix dans cette histoire. L’importance donnée au contexte de la guerre froide est aussi appréciable bien qu’il ne soit finalement que survolé. Et le dessin de Sean Izaakse, que je ne connaissais pas et qui assure l’essentiel du travail sur les six épisodes, est plutôt bon même s’il est aussi très typé comics de super-héros et plutôt impersonnel.

    En fait, j’ai surtout eu du mal à apprécier le rythme du scénario de Mark Russell – un auteur que je ne connaissais pas non plus –, qui file à toute allure et dont les résolutions successives sont extrêmement rapides. Ce format contraint oblige évidemment à une certaine concision mais on ne s’appesantit ici sur aucun enjeu. Aussi, Galactus, l’antagonisme ultime des Quatre Fantastiques, est-il défait en un simple bourre-pif alors que la menace qu’il représente grandissait à chaque épisode. Enfin, outre Galactus, j’ai eu le sentiment de tourner un peu en rond avec un nombre assez limité d’autres personnages et de revoir sans cesse le Penseur fou, Docteur Fatalis ou le Surfeur d’argent.

    sebastien01 Le 09/04/2025 à 20:15:17

    Le personnage de Maya Lopez – alias Écho – apparait pour la première fois dans la série Daredevil en 1999 sous la plume et le trait de David Mack et de Joe Quesada. D’abord manipulée par le Caïd dans le but de tuer Matt Murdock / Daredevil, elle finit par en tomber amoureuse au terme d’un combat où la surdité de l’une répond à la cécité de l’autre. Mais en plus d’être sourde, Écho a pour autre caractéristique notable d’être amérindienne et ce sont ses origines autochtones que David Mack nous raconte ici quelques années plus tard (Daredevil 1998, #51-55).

    Il s’agit en fait d’une pause dans le long run de Brian M. Bendis et d’Alex Maleev. Une respiration tant pour ces auteurs que pour le super-héros puisqu’il ne s’agit pas d’une aventure de Daredevil mais plutôt d’une longue introspection à laquelle se livre Écho, seulement entrecoupée de quelques rares dialogues avec Daredevil ou Wolverine par exemple. Sur cinq épisodes, les origines du personnage nous sont ainsi racontées depuis sa conception jusqu’à sa rencontre avec son antagoniste.

    Le principal intérêt de cette histoire réside selon moi dans la représentation croisée de la culture amérindienne d’Écho et de sa surdité, deux sujets peu fréquents dans le comics. Le style inhabituel de David Mack – jusque-là plus habitué à réaliser de jolies couvertures qu’à illustrer une histoire complète – est particulièrement surprenant pour un comics dit "de super-héros". Ses très belles planches mêlent plusieurs styles graphiques et on s’attarde à parcourir une multitude de détails. Pour autant, j’aurais aimé que l’histoire aille au-delà des seules origines du personnage et que l’auteur ait un peu plus de choses à raconter.

    Déjà publiée en 2005 dans un format à part, l’histoire ressort près de vingt ans après dans un bel album de la collection Marvel Prestige à l’occasion de la sortie sur Disney+ d’une mini-série du même nom avec Alaqua Cox dans le rôle-titre (fort peu intéressante au demeurant si ce n’est pour le plaisir de retrouver Vincent D'Onofrio dans le rôle du Caïd).

    sebastien01 Le 04/04/2025 à 19:05:31
    DC Vampires - Tome 3 - Espoir

    Je serai honnête, je n’ai pas lu ce troisième tome. Le deux premiers étaient tellement mauvais que je ne me suis pas infligé la lecture du dernier. Je me suis contenté de le feuilleter ; après tout, Daniel Pennac nous a dit en 1992 qu’on avait le droit (DC vs. Vampires 2021, #9-12 et DC vs. Vampires: All-Out War 2022, #5-6).

    A vue de nez, c’est la même bouse que pour les deux volumes précédents et il n’y a bien que la série dérivée illustrée par Pasquale Qualano qui continue d’attirer le regard. Il y a aussi Mirka Andolfo qui dessine Poison Ivy en noir et blanc et rouge sur quelques pages et ça c’est plutôt joli à regarder. Une bien maigre consolation, très insuffisante toutefois pour rattraper la médiocrité de l’ensemble. Et dire que cet album s’intitulait "Espoir"…

    Par curiosité, j’ai tout de même jeté un œil au dernier épisode et il n’y a même pas de véritable conclusion. Volonté assumée de ne pas proposer de happy end ou de sucer jusqu’à la dernière goutte de sang du lecteur dans une suite (DC vs. Vampires: World War V, à paraitre en avril 2025) ? Peu importe, on peut définitivement passer son chemin, il y a tellement plus intéressant à découvrir.

    sebastien01 Le 03/04/2025 à 18:52:17
    DC Vampires - Tome 2 - Purge

    L’album s’intitule "Purge". Comme une évidence. J’aurais pu m’arrêter là mais mon avis doit nécessairement faire cent caractères alors je vais le délayer un peu (DC vs. Vampires 2021, #7-8 et DC vs. Vampires: All-Out War 2022, #1-4).

    Comme le précédent, cet album est bel et bien une purge. Les protagonistes y passent encore le plus clair de leur temps à se battre et à se mordre joyeusement. L’histoire n’avance pas et on rallonge au contraire la sauce avec une série dérivée dont l’objectif parait non pas de ressusciter Batman mais plutôt de donner un temps d’exposition à plusieurs personnages secondaires, voire carrément mineurs, de l’univers DC Comics.

    Tout au plus, le dessin en noir et blanc et rouge de Pasquale Qualano sur le spin-off mérite le coup d’œil en cela qu’il rappelle les anthologies Black, White & Blood ou Harley Quinn: Black + White + Red. Et, pour les plus curieux ou les éventuels lecteurs de BD franco-belge qui se risqueraient à lire cet album, il y a quelques planches de Guillaume Singelin (P.T.S.D., Frontier) mais c’est le back-up d’un spin-off donc son intérêt scénaristique est proche du néant.

    Bref, si vous aimez vraiment les vampires, faites l’impasse sur cette série et lisez plutôt American Vampire, par Scott Snyder et Rafael Albuquerque, en cinq belles intégrales chronologiques.

    sebastien01 Le 02/04/2025 à 19:21:27
    DC Vampires - Tome 1 - Invasion

    DC Vampires est une série-concept à la manière d’Injustice ou de DCeased, toutes deux scénarisées par Tom Taylor. Sous un prétexte spécieux, l’ensemble des super-héros et des super-vilains de l’univers DC Comics est convoqué par James Tynion IV et Matthew Rosenberg pour s’affronter dans un long et pénible combat contre les vampires (DC vs. Vampires 2021, #1-6 ; DC vs. Vampires: Hunters 2022, #1 ; DC vs. Vampires: Killers 2022, #1).

    Certes, avec un titre pareil on n’était pas en droit de s’attendre à quelque chose de très intellectuel (un peu comme lorsqu’une série s’intitule Dark Nights Death Metal: The Multiverse Who Laughs). Et de fait, c’est plus ou moins la même recette que DCeased, les mêmes couvertures – empruntées ? – par Francesco Mattina, les mêmes personnages majeurs sacrifiés d’entrée de jeu et surtout la même finesse dans l’écriture (bim bam boum sur douze épisodes et une multitude de spin-off inutiles).

    Ainsi, on se contrefiche totalement des enjeux puisqu’ils sont artificiels, tous les coups sont permis alors on ne s’étonne plus de rien, le dessin d’Otto Schmidt n’a aucune personnalité, les personnages parlent comme des adolescents immatures et, contrairement à ce que laisse penser cette couverture trompeuse, Batman n’est pas du tout un vampire. Bref, c’est nul et il n’y a rien à sauver mais ça s’étale quand même sur trois tomes.

    sebastien01 Le 30/03/2025 à 11:12:41

    En 2020, Panini Comics publiait Spider-Man : L’histoire d’une vie, une réinterprétation par Chip Zdarsky et Mark Bagley de l’histoire du tisseur dans laquelle celui-ci prenait dix ans dans la vue à chaque épisode. Une idée originale mais dont l’exécution à tout berzingue et sans finesse m’a finalement déplu. Un an plus tard, et par les mêmes auteurs, un nouveau numéro consacré au personnage de J. Jonah Jameson parait mais ma déception reste inchangée (Spider-Man: Life Story 2021, Annual #1).

    Déjà à l’époque, je m’étonnais de voir cette histoire publiée avec pas moins de six couvertures variantes. La même année, une édition Prestige est même venue compléter l’offre. Et voilà qu’à peine un plus tard, un album famélique de 30 pages, pour 6 €, vient parachever cette aberration éditoriale. Comme cela se pratique d’ordinaire lorsqu’un chapitre supplémentaire ou un épilogue est publié en VO avec un décalage de plusieurs années, l’éditeur l’intègre simplement à une réédition (l’édition Deluxe à venir en 2025 est ainsi complète). Car c’est bien la première fois qu’un épisode unique est publié en VF au format cartonné et je ne suis pas du tout convaincu que voir le rédacteur en chef du Daily Bugle ressasser sa haine de Spider-Man entre quatre murs nécessitait un tel traitement…

    sebastien01 Le 29/03/2025 à 11:15:02

    Après leur long et excellent run sur Daredevil, Mark Waid et Chris Samnee – en fait, surtout ce dernier d’après l’introduction puisqu’il officie également au scénario – poursuivent leur fructueuse collaboration sur Black Widow. C’est aussi bon que je l’espérais et, dans le ton, assez proche du film de Cate Shortland sorti en 2021 (Black Widow 2016, #1-12).

    Avant d’entamer la lecture de ce bel album au format Deluxe, je n’avais jamais vraiment eu de curiosité pour le personnage de Black Widow qui m’a toujours paru secondaire mais ce duo d’auteurs, déjà à l’œuvre sur Daredevil, Captain America ou bientôt Batman & Robin, m’a convaincu de franchir le pas. Et, dès les premières pages, c’est un régal pour les yeux. Le dessin de Samnee est à la fois léger et très encré, Natasha Romanoff est magnifique, la composition de ses planches est une réussite et les couleurs sont adaptées au genre. Aussi, il est agréable de refermer le livre en constatant qu’un unique dessinateur – accompagné d’un unique coloriste, Matthew Wilson – a illustré l’ensemble des douze épisodes et que des back-up ou des fill-in ne furent pas nécessaires pour boucler l’histoire. Une unité d’ensemble assez rare dans ce type de comics, qui plus est pour une maxi-série, qui mérite d’être soulignée.

    Le scénario n’est pas en reste et l’histoire se focalise sur l’espionnage – bien aidé il est vrai par de très nombreuses scènes d’action – et n’envoie pas l’héroïne jouer en dehors de sa cour. On est loin du genre super-héroïque, on ne voit pas défiler tous les Avengers et c’est tant mieux ; pour une fois, on reste à hauteur d’homme. En somme, c’est un album très plaisant à lire, ou plutôt à parcourir tant les scènes d’action que les séquences plus calmes sont aussi peu bavardes les uns que les autres. Ce sera mon seul léger bémol : l’histoire va vite, très vite et j’aurais aimé que les résolutions successives soient moins faciles et expéditives.

    sebastien01 Le 25/03/2025 à 20:50:34
    Batman - Justice Buster - Tome 1 - Tome 1

    Je ne suis pas un gros lecteur de manga et ma culture en la matière se limite à de vieux classiques du seinen comme Akira, Blame!, Sanctuary, Monster ou 20th Century Boys. Par curiosité, plus que par réel intérêt, j’ai voulu lire deux récentes adaptations de Batman en manga, Batman and the Justice League et Batman : Justice Buster, et, contrairement au premier, ce dernier album se trouve être une réussite (Batman: Justice Buster 2021, #1-6, publié en VO par Kodansha).

    De façon assez classique, Batman se lance dans une enquête essentiellement orientée vers l’action qui l’amène à rencontrer et/ou à croiser le fer avec ses antagonistes habituels tels le Pingouin, Superman, Killer Croc, le Joker, le Sphinx ou encore Deathstroke tandis qu’une intrigue secondaire, mais souvent plus intéressante, se déroule en parallèle avec Robin / Dick Grayson.

    Le comics et le manga ont des narrations différentes, il ne faut donc pas s’étonner que le scénario de Eiichi Shimizu sur ce premier tome ne constitue qu’une longue mise en contexte. Et, puisque l’album s’adresse à des lecteurs potentiellement novices, on a aussi inévitablement droit au rappel des bases de Batman. Malgré ces quelques lenteurs au démarrage, l’histoire est agréable à suivre, le dessin de Tomohiro Shimoguchi est superbe et n’est étonnamment pas trop typé manga, et l’album au format légèrement plus grand que le standard du manga est un bel objet.

    sebastien01 Le 24/03/2025 à 18:49:46
    Batman & the Justice League - Tome 1 - Tome 1

    Je ne suis pas un gros lecteur de manga et ma culture en la matière se limite à de vieux classiques du seinen comme Akira, Blame!, Sanctuary, Monster ou 20th Century Boys. Par curiosité, plus que par réel intérêt, j’ai voulu lire deux récentes adaptations de Batman en manga, Batman and the Justice League et Batman : Justice Buster, et ce premier album se trouve être une déception (Batman and the Justice League 2017, #1-4, publié en VO par Akita Shoten).

    Tout d’abord, dès les premières pages et après un rapide feuilletage, on comprend vite qu’il s’agit bien uniquement d’un manga et que son auteur, Shiori Teshirogi, n’a pas du tout pour projet de s’éloigner un tant soit peu de ce genre pour essayer de s’approcher de celui du comics malgré le sujet. Ainsi, le petit format, le découpage, les visages des personnages ou l’abondance d’onomatopées japonaises, tout est plutôt perturbant lorsqu’on n’est pas habitué à lire du manga. Jamais je n’ai eu l’impression d’être à Gotham et j’ai eu peine à en reconnaitre ses super-héros et ses super-vilains.

    Bref, je n’ai pas aimé le dessin, je ne suis pas non plus rentré dans cette obscure histoire de "ley lines" et je n’irai pas plus loin que ce premier tome. Je n’ai pas eu le sentiment d’y retrouver la qualité des quelques rares mangas que je connaissais et je n’y ai surtout rien retrouvé du Batman que j’apprécie.

    sebastien01 Le 20/03/2025 à 18:43:21

    Dès les premières pages, l’histoire me fait immanquablement penser, avec sa guerre entre mechas et kaijus, au manga Neon Genesis Evangelion ou au film Pacific Rim. Sans jamais totalement se défaire du sujet, le scénario de Ram V s’en éloigne progressivement en se concentrant sur l’aspect onirique et romantique de la connexion entre la machine et sa pilote (Dawnrunner 2024, #1-5, publié en VO par Dark Horse Comics).

    C’est un bel album en main et le choix d’Hi Comics d’opter pour le grand format est approprié tant le dessin d’Evan Cagle, régulièrement en pleine page, est précis et détaillé. Les couleurs sont aussi réussies, bien qu’un peu sombres par moment à cause de cet usage de la trame noire. Si l’histoire fait nécessairement la part belle aux combats, son principal intérêt réside selon moi dans le lien profond que vont nouer la pilote – Anita Marr – et l’intelligence au cœur de la machine jusqu’à, petit à petit, ne faire plus qu’un. Un beau moment de lecture qui parvient à tirer quelque chose de beau d’un sujet un peu bourrin.

    Deux nuances toutefois à cet enthousiasme. Un premier léger bémol à propos du lettrage : j’aurais préféré une typographie plus classique et droite. Mais surtout, quelle déception quant à la conclusion de cette histoire ! Celle-ci est en effet expédiée en deux pages et on referme l’album en laissant de nombreuses questions sans réponse. Elle donne véritablement l’impression que le scénariste a manqué de place et qu’un épisode de plus aurait été nécessaire pour qu’il amène la fin de son histoire de façon moins abrupte. Dommage pour un récit qui, jusqu’alors, prenait le temps de développer ses combats et la psychologie de ses personnages.

    sebastien01 Le 15/03/2025 à 21:07:14

    Je ne connaissais jusqu’alors Skottie Young que pour sa série I hate Fairyland – une relecture trash et déjantée d’Alice au pays des merveilles – ainsi que pour sa multitude de couvertures variantes, les célèbres "baby variants", qu’il produit pour Marvel depuis plus d’une dizaine d’années. Rien qui ne soit d’ordinaire dans mon registre de prédilection et pourtant cet album m’a énormément plu (The Me You Love in the Dark 2021, #1-5, publié en VO par Image Comics).

    On y suit une artiste peintre – Ro Meadows – qui s’installe dans une vieille maison hantée afin de s’y ressourcer et de soigner ce syndrome de la page, ou de la toile, blanche qui la ronge. Bien aidée par le vin autant que par la musique, elle fait rapidement connaissance avec son hôte et en tombe amoureuse jusqu’à en devenir sa prisonnière. C’est une très belle et brève romance, l’héroïne a quelque chose de touchant et j’aurais volontiers apprécié un ou deux épisodes supplémentaires pour que la bascule opérée entre l’amour et la haine soit plus progressive.

    Le scénario n’est pas bien bavard et l’histoire repose donc en grande partie sur le superbe dessin de Jorge Corona bien accompagné aux couleurs par Jean-François Beaulieu. De grandes cases, une belle ambiance tantôt sombre tantôt chaleureuse, une jolie manière de représenter la musique et mille yeux et mille dents tapis dans l’ombre. Bref, une agréable découverte.

    Les lecteurs qui ont apprécié cet album pourront prolonger le plaisir avec Aucune tombe assez profonde, des mêmes auteurs mais sur un thème différent, paru dernièrement en grand format toujours chez Urban Comics.

    sebastien01 Le 12/03/2025 à 18:30:34

    Trois numéros, d’une quarantaine de pages pas très bavardes, pour nous expliquer que Robin a besoin de Batman mais que, réciproquement, Batman a aussi besoin de Robin. Voilà qui est maigre (Robin & Batman 2022, #1-3).

    C’est après avoir relu Batman : Little Gotham, sorti une dizaine d’années auparavant, que j’ai voulu découvrir ce nouvel album de Dustin Nguyen consacré au Chevalier noir et à son jeune partenaire – ou inversement – et j’ai été plutôt déçu. Certes, son dessin aquarellé est toujours agréable à observer (bien qu’une plus grande attention aux finitions serait nécessaire). Mais c’est bien la seule raison qui m’ait amené à emprunter l’ouvrage à la bibliothèque : juste le plaisir de redécouvrir un style graphique qui détonne véritablement du reste de la production super-héroïque.

    Car, pour le reste, l’album est mince, tant en ce qui concerne son scénario que son nombre de pages. Il s’y passe bien peu de choses et l’histoire se résume à la dépendance habituelle entre un mentor et son mentoré ou entre un père et son fils. Jeff Lemire, qui retrouve ici Nguyen après leur collaboration réussie sur Descender / Ascender, n’avait clairement pas grand-chose à raconter sur les prémisses de la relation entre Robin / Dick Grayson et Batman.

    Sur le même thème, les amateurs du "duo dynamique" préfèreront assurément la maxi-série Batman & Robin : Year One, par Mark Waid et Chris Samnee, encore en cours de publication en VO.

    sebastien01 Le 09/03/2025 à 17:51:52

    Publié en septembre 2013 par Urban Comics, en même temps que Punk Rock Jesus, cet album s’en démarque toutefois par plusieurs aspects ainsi que Sean G. Murphy le rappelle lui-même dans sa préface. Et l’auteur de la future trilogie Batman : White Knight d’avoir cette phrase prémonitoire : "À cette époque, je me disais qu’Off Road allait être oublié et que Batman serait la série pour laquelle je serai connu.".

    S’il a été publié en français en 2013, Off Road a en fait été réalisé en 2005 et édité en VO chez Oni Press. Il s’agit donc là d’un des tous premiers comics de son auteur et, nécessairement, son dessin a évolué durant ces années. Le trait est devenu beaucoup plus fin, précis et détaillé et un rapide feuilletage du livre permet de constater qu’il n’a plus grand-chose à voir avec les travaux pour lesquels l’auteur est actuellement reconnu. Je l’ai donc surtout lu par curiosité. Même la couverture, réalisée en 2010 pour accompagner une réédition en VO chez IDW Publishing, ne reflète plus tout à fait fidèlement le contenu graphique de l’album. En revanche, celle-ci reste fidèle à l’histoire : celle de trois amis coincés dans une Jeep au milieu d’une mare. Blagues, insultes et disputes potaches, c’est un après-midi de galère entre potes et il ne faut pas en attendre davantage qu’un sympathique moment de divertissement.

    sebastien01 Le 06/03/2025 à 18:43:26

    Zorro a beau être né dans un pulp en 1919, dans cet album il parait ne pas avoir pris la moindre ride. Sean G. Murphy revisite ici avec une certaine réussite le mythe du "cavalier qui surgit hors de la nuit" entre réinterprétation moderne et hommage sans surprise (Zorro: Man of the Dead 2024, #1-4, publié en VO par Massive Publishing).

    Tout d’abord, je soulignerais que le choix du grand format est très appréciable. Agréable à tenir et créé par Urban Comics pour atténuer la distinction entre le comics et la BD franco-belge, il permet d’apprécier en détail le superbe trait de Murphy, que ce soit dans l’édition en couleurs ou celle en noir et blanc. De fait, j’ai acheté l’album uniquement pour le dessin de son auteur.

    Si le scénario est aussi intéressant, celui-ci fait toujours de Zorro un personnage d’une autre époque. Ringard ou vintage, selon l’âge du lecteur, il reste dépeint comme un homme hors de son temps. Ainsi, sa croisade contre les cartels il la mènera sans flingue ni bagnole mais rapière en main et à cheval. Et si les héros actuels s’accommodent de parts d’ombre et de zones grises, Zorro ne nourrit que de nobles et ennuyeuses aspirations. Bref, si le cahier des charges est respecté et si l’histoire est agréable à lire, quoiqu’assez manichéenne, Zorro demeure coincé dans le passé et j’aurais aimé une plus grande prise de risque.

    sebastien01 Le 03/03/2025 à 19:04:24

    Des personnages de fiction venus d’univers différents acquièrent une conscience, s’évadent de leurs livres respectifs et s’unissent pour corriger les erreurs commises par leurs auteurs. J’ai beaucoup aimé l’idée originale mais un peu moins sa réalisation qui ressemble surtout à un bon gros délire de Sean G. Murphy (The Plot Holes 2023, #1-5, publié en VO par Massive Publishing).

    On sent en effet que l’auteur a profité de ce concept pour s’amuser à écrire et à illustrer toutes sortes de situations loufoques. Ainsi, les registres et les époques se mélangent, les clins d’œil et les références à la littérature, à la pop culture ou à l’Histoire se multiplient et nos héros passent sans transition de Robin des bois à, par exemple, l’Odyssée de l'espace (dans le même genre, voir aussi Chrononauts, scénarisé par Mark Millar). Le personnage principal étant de surcroit un auteur de bande dessinée, on perçoit aussi en creux que l’auteur parle un peu de lui-même et de son approche du métier.

    S’il y a quelques réflexions intéressantes sur l’édition littéraire et un poil de dramaturgie entre les personnages, l’histoire est cependant essentiellement pensée pour multiplier les scènes d’action à grand spectacle. J’ai refermé l’album avec une pointe de déception donc car j’en attendais davantage. Il reste toutefois très divertissant et, comme toujours avec Murphy, il est superbement illustré et accompagné d’un joli petit cahier graphique.

    sebastien01 Le 01/03/2025 à 19:37:56

    Sur 85 épisodes, Tom King aura mis la relation entre Batman et Catwoman au cœur de son run sur Batman Rebirth entamé en 2017. Tout du long, les deux personnages se seront longuement cherchés, se seront même demandés en mariage et pourtant ne se seront pas effectivement mariés comme le scénariste le prévoyait initialement. La faute à une décision éditoriale de la maison-mère de DC Comics ; ainsi, Batman restera éternellement célibataire et misérable. En guise de compensation, King obtiendra de pouvoir conclure son travail, hors continuité, dans une maxi-série en 12 épisodes entièrement dédiée à cette impossible histoire d’amour (Batman 2016, Annual #2, Batman/Catwoman 2021, #1-12 et Batman/Catwoman Special 2022, #1).

    Celle-ci se déroule sur trois trames temporelles et l’on saute en permanence de l’une à l’autre sans trop de difficulté. De manière classique, Batman et Catwoman – mais surtout cette dernière en fait – pourchassent leur adversaire du moment tandis que le propos de l’album est ailleurs. Il réside ici dans le souvenir que Catwoman a de son partenaire, devenu entretemps son mari, récemment décédé et d’une ultime vengeance qu’il lui reste à accomplir. La réflexion de King sur le temps qui passe également pour les personnages de fiction et sur les limites de leur action est très intéressante et, pour qui aurait apprécié les 12 tomes de la série principale, cet album constitue un excellent point final.

    Le dessin est majoritairement l’œuvre de Clay Mann et, en dépit de quelques poses suggestives qui auraient pu être évitées, celui-ci est magnifique comme l’est sa colorisation. Il est regrettable cependant qu’il n’ait pu, pour une question de délais, réaliser l’intégralité des épisodes car Liam Sharp n’a pas du tout le même talent. Par ailleurs, cet épais volume de près de 450 pages ne se limite pas aux seuls épisodes de la maxi-série et propose à raison plusieurs autres numéros – scénarisés par King et superbement illustrés par Lee Weeks ou John Paul Leon – toujours en lien avec nos deux héros qui prennent de l’âge. En somme, un très bon moment de lecture pour refermer définitivement la période Batman Rebirth.

    sebastien01 Le 28/02/2025 à 19:37:13

    C’est après voir revu la mini-série Rorschach, sortie en 2019 chez HBO, que j’ai eu envie de relire dans la foulée une autre réinterprétation moderne de Watchmen, l’œuvre d’Alan Moore et de Dave Gibbons publiée en 1986. Dans ce titre, il ne sera point question de Walter Kovacs, puisque le personnage a été carbonisé à sa demande par le Dr. Manhattan dans la série originale, mais d’une autre forme d’extrémisme plus contemporaine et teintée de complotisme (Rorschach 2020, #1-12).

    Ce qui frappe en refermant cet épais volume, c’est que Tom King aura su conserver le suspense jusqu’au bout et on lit avec intérêt et une certaine impatience ces douze épisodes d’enquête, plutôt calme et bavarde, sur une tentative d’assassinat d’un candidat à la présidentielle américaine de 2020. Le contexte de la guerre froide, qui prédominait dans Watchmen, a laissé place au système bipartite actuel mais sinon l’univers de la série originale est bien respecté et le scénario est fouillé, nuancé et se complexifie à mesure que l’on progresse dans l’histoire.

    Seul bémol, j’ai été surpris de voir apparaître Frank Miller ; je n’ai pas compris l’intérêt d’en faire une guest-star si ce n’est peut-être parce que The Dark Knight Returns a, comme Watchmen, été publié en 1986. Et puis, cette histoire de pirates prend bien trop de place, quoique l’on sente que l’auteur voulait par-là surtout parler de sa profession.

    Enfin, concernant le dessin, je ne connaissais jusqu’alors Jorge Fornès que comme dessinateur de complément sur Batman Rebirth lors King en était le scénariste attitré (avant de devenir l’auteur touche-à-tout à succès de DC Comics). Étant désormais seul en charge de la partie graphique de cet album, le résultat est superbe comme l’est la colorisation. J’ai adoré son trait très encré, son découpage et son jeu de mise en scène qui répond parfaitement au style d’écriture de King (notamment cette propension à la répétition ou à la mise en abyme). Leur plus récente collaboration, Danger Street dont le sujet ne me tentait pourtant guère, devient plus alléchante.

    sebastien01 Le 27/02/2025 à 19:33:39

    J’ai découvert Tom King en 2017 lorsque le scénariste a entamé son long run sur Batman Rebirth et j’ai immédiatement accroché au caractère calme, introspectif et réfléchi de ses personnages en comparaison avec l’immaturité et l’impulsivité des héros ou des vilains dont j’avais l’habitude de lire les aventures jusqu’alors. En 2019, trois titres scénarisés par King sont publiés en France et achèvent de faire de moi un inconditionnel de l’auteur (Omega Men, Mister Miracle et Heroes in Crisis). Puis, en 2022, rebelote avec la publication de trois nouvelles maxi-séries. Premier de ces trois épais volumes : Strange Adventures (Strange Adventures 2020, #1-12).

    L’histoire s’adresse à première vue aux nostalgiques de l’âge d’or ou d’argent des comics ou aux lecteurs actuels qui voudraient goûter à la saveur des super-héros oubliés. Car Adam Strange est assurément de ceux-là avec son costume ringard, son pistolaser et ses extraterrestres sortis d’un mauvais film de science-fiction. Et pourtant le propos de l’album n’est évidemment pas là. Certes la trame de fond est très vieille école mais elle renforce le contraste avec les sujets modernes qui y sont abordés comme le rapport des super-héros aux médias, à la communication de crise ou aux relations de couple. Ainsi, si l’enquête que mène Mister Terrific fait durer le mystère – presque – jusqu’au bout, ce sont surtout les rapports et les échanges entre les différents protagonistes qui valent le détour.

    King sait très bien écrire du comics et ses dialogues font mouche mais j’attendais toutefois mieux de la conclusion. Ainsi, pendant douze épisodes, j’ai pensé qu’Adam Strange avait violé ou tué sa fille sur la planète Rann mais la fin est finalement beaucoup moins sombre qu’attendue. Et puis, si King a manifestement bien étudié son sujet et en particulier le travail des auteurs qui l’ont précédé, je suis très certainement passé à côté de nombreuses références et clins d’œil que seuls les plus vieux lecteurs repèreront.

    Enfin, le découpage, et en particulier le gaufrier à neuf cases (la mise en page de prédilection de King), laisse une large place au dessin et le trait de Mitch Gerads (un collaborateur régulier de King notamment sur Sheriff of Babylon et Mister Miracle) – en alternance avec celui d’Evan Shaner en fonction des époques –, est fort plaisant et adapté au propos.

    sebastien01 Le 25/02/2025 à 18:28:21

    Dans cette seconde mini-série du "Murphyverse", également scénarisée par Katana Collins et accompagnée par Clay McCormack, l’auteur nous embarque dans une virée en famille à la découverte de Jackie et de Bryce, les deux enfants du Joker / Jack Napier et d’Harley Quinn. L’histoire est légère et positive mais, probablement destinée à un jeune public dont je ne fais plus partie, elle ne m’a cependant pas convaincu (Batman: White Knight presents Generation Joker 2024, #1-6).

    Ces enfants ont été aperçus dans la trame principale du White Knight – dont la lecture du tome 3 est un préalable indispensable à la bonne compréhension de ce hors-série – sans avoir eu jusque-là de rôle majeur. Accompagnés de leur père holographique, ils partent à la découverte de ses origines complaisamment poursuivis par leur mère et une poignée d’autres héros ou vilains.

    Il reste agréable de retrouver les protagonistes de la trame principale du White Knight et le dessin un peu cartoony de l’italienne Mirka Andolfo est correct mais je n’ai pas été plus intéressé que ça par cette proposition qui rompt avec le ton des albums précédents. Si l’album n’était pas estampillé White Knight et s’il n’y avait pas cette composite et trompeuse couverture de Sean G. Murphy, je ne l’aurai sans doute même pas feuilleté. On peut comprendre la volonté de Murphy de développer son univers mais, en ce qui me concerne, ça n’a pas fait mouche cette fois-ci.

    sebastien01 Le 24/02/2025 à 19:28:01

    Si les aventures du White Knight de Sean G. Murphy sont développées dans une série principale en trois volumes de huit épisodes chacun, son univers – le "Murphyverse" – s’étoffe progressivement. En sus des épisodes spéciaux déjà dédiés à Mister Freeze et à Robin, voici deux deux mini-séries consacrées à Harley Quinn et à ses enfants (Batman: White Knight presents Harley Quinn 2021, #1-6 et Harley Quinn: Black + White + Red 2020, #6).

    Dans cette première mini-série – qui suit chronologiquement le tome 2 de la série principale –, Katana Collins, par ailleurs compagne de Murphy, imagine les prémisses de la relation entre Harley Quinn et le Joker / Jack Napier avant que ces deux-là ne deviennent les super-vilains que l’on connait. Cette trame de fond est doublée d’une enquête, brève mais intéressante, relative à des meurtres d’acteurs de cinéma à laquelle Harley Quinn collabore tantôt en civil, tantôt costumée.

    L’univers développé par Murphy est bien respecté et l’histoire est agréable à lire. D’autant plus que le dessin de l’italien Matteo Scalera est proche de celui de Murphy, quoique plus léger et pastel. L’album est intelligemment complété par une courte mais sympathique histoire d’amour avec Harley Quinn, en noir et blanc et rouge, scénarisée et dessinée par les mêmes auteurs. Il est toutefois regrettable qu’Urban Comics ait préféré opter pour une couverture de Murphy, probablement plus vendeuse mais trompeuse quant au contenu de l’album.

    sebastien01 Le 22/02/2025 à 17:21:56
    Batman - White Knight - Tome 3 - Batman : Beyond the White Knight

    Ce troisième tome dans l’univers du White Knight de Sean G. Murphy est la suite directe du précédent : Bruce Wayne, dont l’identité secrète est désormais connue, a presque purgé sa longue peine de prison et a légué toute sa fortune à la ville de Gotham qui en a fait – évidemment – un très mauvais usage. Agé, fatigué voire aigri, il décide de renouer avec sa famille pour la conclusion de l’une des meilleures séries consacrées au Chevalier noir qu’il m’ait été donné de lire (Batman: Beyond the White Knight 2022, #1-8 et Batman: White Knight presents Red Hood 2022, #1-2).

    J’émettrais tout d’abord un bémol concernant l’interlude en deux épisodes scénarisé par Clay McCormack et consacré à Jason Todd / Robin aka. Red Hood. Il m’a sorti de ma lecture, ne présente que peu d’intérêt pour le développement de l’histoire et le dessin de l’italien Simone Di Meo ne vaut pas celui de Murphy (sublime par ailleurs dans les éditions en noir et blanc).

    À cette exception près, ce titre est un excellent moment de lecture et l’ensemble des trois tomes forme un tout présentant une belle cohérence. Si les deux premiers volumes fourmillaient déjà de références issues des comics, des films ou des séries animées, le troisième est un hommage assumé à la série animée Batman Beyond de 1999 (les plus curieux iront voir ou revoir le dessin animé "Batman, la relève : Le retour du Joker"). On y retrouve également tous les ingrédients des deux premiers opus – le Joker / Jack Napier, holographique et casse-pied à souhait, l’importance de la famille chez les Wayne, un triangle amoureux, un soupçon de conscience politique, la continuité, les bagnoles, etc. – ; la tchatche des personnages ou encore l’équilibre entre les séquences d’échange et celles d’action sont aussi très appréciables.

    En résumé, je suis ravi que la qualité de cette série se soit maintenue tant du côté du scénario que de celui du dessin. La série pourrait s’achever sur ce dernier acte, avec la fraternisation des Robin, mais si un quatrième tome devait un jour paraître, comme la dernière planche de l’album le laisse augurer, j’en serai assurément.

    sebastien01 Le 20/02/2025 à 17:12:22
    The magic Order - Tome 2 - Volume 2

    Le premier tome de The Magic Order fut assurément l’une de mes lectures les plus agréables du Millarworld de ces dernières années. Récemment racheté par Dark Horse Comics, j’ai entrepris de relire la série entière à l’occasion de la sortie du cinquième et dernier volume en VO et la qualité, quoique sur la pente descendante, reste au rendez-vous (The Magic Order 2 2021, #1-6).

    À l’instar du premier tome, on continue dans le deuxième à suivre les aventures de la famille Moonstone, de leurs petites engueulades à leurs maux plus profonds. Plus que l’intrigue en elle-même, ce sont les liens et interactions entre les différents membres de la famille qui constituent l’intérêt premier du titre (et permettront sa déclinaison en série Netflix). En effet, comme dans le volume précédent, le scénario se limite finalement à une banale quête de reliques par des sorciers roumains, pas une aventure des plus trépidantes donc malgré quelques jolies scènes d’action dans les derniers épisodes.
    Ce qu’il y a de pratique avec la magie, c’est qu’elle peut sauver n’importe quel personnage d’une situation inextricable sans qu’on ne s’en offusque trop. Heureusement qu’un bon nombre de morts sanglantes reste au programme pour susciter l’intérêt du lecteur…

    Si on peut regretter qu’Olivier Coipel ne soit plus au dessin de ce deuxième tome, c’est un autre dessinateur tout aussi talentueux qui prend le relais. J’avais adoré le trait de Stuart Immonen sur Superman : Identité secrète, Ultimate Spider-Man ou encore Plunge et c’est un plaisir de parcourir ses pages. Ma préférence reste à Coipel pour son trait plus fin et moins typé comics mais cela reste dans le haut du panier.

    Un mot pour finir sur le lettrage : je conçois que l’on veuille accentuer certains mots mais il ne faut pas en abuser. Il y a presque un mot sur deux en gras dans les phylactères de cet album.

    sebastien01 Le 19/02/2025 à 16:55:56
    Chrononauts - Tome 2 - Vol. 2

    Comme souvent ces dernières années avec Mark Millar, ses projets chez Image Comics / Netflix sont présentés comme des mini-séries qui peuvent, à la faveur du marché, connaitre une suite inattendue des années plus tard (The Magic Order, Prodigy ou Nemesis pour ne citer que les dernières suites du Millarworld parues en français). Chrononauts est également de celles-ci et, le moins que je puisse dire, c’est qu’elle n’était pas indispensable (Chrononauts: Futureshock 2019, #1-4).

    Dans le premier tome, deux physiciens un peu dingos se lançaient dans une longue course-poursuite dans le passé créant des situations plus loufoques et anachroniques les unes que les autres. Mais dans ce second tome – dont le scénario se déroule cette fois-ci dans le futur –, le ton a changé. À l’exception du premier numéro, qui laissait encore présager une histoire légère, les épisodes suivants se montrent bien plus sérieux voire moralisateurs. Certes, il s’agit toujours de voyager dans le temps à cent à l’heure et le paradoxe temporel reste un sujet intéressant à exploiter mais il ne me paraissait pas nécessaire de politiser l’exercice. Surtout avec ces "questions profondes et fondamentales" – dixit le propos introductif de l’éditeur – alors qu’il ne s’agit que d’une bête caricature de l’extrême-droite bien peu originale…

    Par ailleurs, la série a perdu au passage son principal atout en la personne de Sean G. Murphy, désormais occupé à œuvrer sur l’univers du Batman : White Knight. L’introduction a beau jeu de louer le talent du dessinateur qui le remplace, Eric Canete – dont le style se rapproche de celui de Murphy sans en avoir cependant la précision et le détail –, elle ne dupera nullement le lecteur. Tant pour son scénario que pour son dessin, ce second tome restera donc dans l’ombre du premier.

    sebastien01 Le 16/02/2025 à 17:02:56

    C’est après avoir vu ce week-end Venom 3 : The Last Dance – au passage, du grand n’importe quoi mais aussi du grand spectacle fort divertissant et une belle conclusion pour la trilogie –, que j’ai voulu en connaitre davantage sur Knull. Contrairement au film où le super-vilain reste désespérément au second plan jusqu’à la fin, il est ici au cœur de l’histoire jusqu’à l’overdose (King in Black 2021, #1-5).

    S’agissant d’un event Marvel, il était attendu que l’histoire soit très bruyante et ne fasse pas dans la subtilité. Et, servant également de conclusion au run de Donny Cates sur Venom – ainsi que de suite à Absolute Carnage qui avait teasé l’apparition de Knull –, il y a nécessairement quelques détails qui ont dû m’échapper puisque je n’ai rien lu de la trentaine d’épisodes qui précèdent. Déjà d’ordinaire, le symbiote n’est pas le personnage le plus intelligent qui soit (en soi, il a juste un joli design, quelques dents qui dépassent et un peu d’humour à mettre à son crédit). Mais, ces considérations mises de côté et même en faisant preuve de mansuétude, le scénario est tellement basique voire cliché qu’il en devient consternant.

    L’histoire convoque dans cet album l’ensemble des super-héros et pourrait se résumer à Knull contre le reste du monde. Mettre une raclée aux uns puis prendre une raclée des autres et, de temps en temps, réveiller le lecteur en lui sortant un super-héros du chapeau pour lui offrir un bref moment d’exposition badass (les Avengers, les X-Men, Sentry, Silver Surfer, etc.) et cela jusqu’au combat final. Ce sont cinq épisodes de castagne bébête à souhait, des dialogues niais et c’est tout. On est en permanence dans l’exagération et l’issue est connue d’avance. Je n’imagine même pas ce que ce doit être de lire tous les ties-in dans l’édition Absolute… Heureusement, il y a le trait de Ryan Stegman, fort minutieux et constant sur les cinq numéros, qui, malgré cette overdose d’action, rend la lecture acceptable à défaut d’être digeste.

    sebastien01 Le 15/02/2025 à 17:01:54

    Il serait bien trop facile de se contenter de dire que cette histoire est un carnage absolu alors je vais détailler un peu mon avis, quoique le titre de l’album se suffise amplement à le résumer (Absolute Carnage 2019, #1-5).

    Après Mike Costa, Donny Cates prend les rênes de la série Venom en 2018 pour un long run d’une trentaine d’épisodes jusqu’en 2021 et c’est à peu près à cette même période que le personnage arrive sur grand écran avec Tom Hardy dans le rôle-titre. Cette exposition inédite au cinéma est accompagnée en librairie par la sortie d’un grand nombre de comics mais, n’ayant que fort peu d’intérêt pour les symbiotes, je me contenterai du crossover Absolute Carnage (2019) et de l’event King in Black (2021).

    Comme son titre l’indique, ce premier album est consacré au retour de Carnage / Cletus Kasady. Ce vieil adversaire de Venom / Eddie Brock passe dans cette histoire d’un hôte à l’autre avant de se concentrer sur Norman Osborn et ses compagnons de cellule. Si les deux premiers épisodes se lisent encore relativement facilement, les trois suivants virent au grand n’importe quoi. Pour lire du Venom ou du Carnage, il faut naturellement accepter que le scénario soit davantage bruyant que brillant mais ici, à la lecture de ce trop-plein d’action, j’ai failli refermer l’album avant la fin. En résumé, ce sont des pages et des pages de combats incessants entre Venom et Carnage voire contre une multitude de Carnage. Et les apparitions de quelques autres personnages, au premier rang desquels Spider-Man bien sûr, permettent à peine au rythme – et au lecteur – de souffler un peu.

    Bref, comme attendu, c’est bas du front et malheureusement le dessin de Ryan Stegman, aussi bon soit-il au demeurant sur les cinq numéros, ne remontera pas à lui seul la note de cet album. Il ne suffit pas de savoir très bien dessiner des symbiotes rouges ou noirs, toutes dents dehors, encore faut-il ne pas en exagérer et doser leur apparition pour captiver le lecteur.

    sebastien01 Le 08/02/2025 à 18:54:32

    Bien qu’il reste préférable d’avoir lu au préalable The Killing Joke et Un deuil dans la famille pour apprécier pleinement cet album – aussi, ne serait-ce que pour sa propre culture –, cette histoire saugrenue de trois supposés Jokers peut parfaitement se lire de manière indépendante. Une petite introduction et quelques flash-backs nous rappellent quel lien ont Barbara Gordon (Batgirl) et Jason Todd (Red Hood) avec le Joker et cela suffit tant le scénario de Geoff Johns est mince (Batman: Three Jokers 2020, #1-3).

    Certes, c’est très joli, très sombre et encré comme je l’aime chez Batman, le dessin de Jason Fabok est superbe et son gaufrier de neuf cases quasi régulier lui donne un style certain qui rappellera le travail d’Alan Moore ci-dessus (et que l’on retrouve aussi régulièrement chez Tom King). Mais c’est aussi très contemplatif et très découpé. Ce découpage et le peu de dialogues ou de récitatifs à lire m’ont donné cette impression d’avancer au ralenti ; comme si l’on avait inutilement étiré une idée finalement assez simple.

    Dans la saga Batman Metal, Scott Snyder nous avait démontré que l’on pouvait jokeriser à peu près n’importe qui et n’importe quoi sans grandes conséquences. Et bien la même recette est appliquée ici pour expliquer les multiples personnalités du Joker. Depuis 1940, le personnage est passé entre les mains de bon nombre d’auteurs et a ainsi développé des caractères différents au fil du temps. Cette histoire s’efforce d’y donner une justification qui ne me paraissait pas des plus nécessaire. Bref, ce n’est pas mauvais, ça a au moins donné une belle scène finale entre Batman et une vieille connaissance de ce dernier mais cela reste un pétard mouillé comme le Joker semble lui-même s’en amuser.

    sebastien01 Le 01/02/2025 à 21:55:56

    Je n’avais encore jamais lu aucune histoire de Marc Silvestri chez DC Comics ; je ne connaissais jusqu’à présent l’auteur qu’au travers de ses couvertures variantes égrenées ici et là. Et, malgré une overdose de comics consacrés au Joker ces dernières années, ce fut une belle surprise que de le voir s’approprier, tant au scénario qu’au dessin, Batman et sa némésis de toujours (Batman & The Joker: The Deadly Duo 2023, #1-7).

    D’ordinaire, voir le Joker ressurgir une énième fois a le don de m’agacer. Une kyrielle de titres sortis récemment chez Urban Comics lui ont été spécialement dédiés et les séries à suivre au long cours finissent tôt ou tard par faire renaître le personnage. A croire qu’aucun autre super-vilain ne pourrait s’imposer durablement face à Batman… Ici, c’est donc d’abord le dessin de Silvestri qui m’a poussé à feuilleter l’album et à repartir avec la superbe édition en noir et blanc. Comme avec Batman : Créature de la nuit, publié précédemment au même format, et sans faire insulte au travail du coloriste, le trait encré se suffit largement à lui seul.

    Si le titre est, graphiquement, d’excellente facture, le scénario n’est en revanche malheureusement pas aussi fin. Tout d’abord, le "tandem tueur" mentionné n’œuvre effectivement ensemble que dans la seconde moitié de l’album puisque le Joker débute captif et muet (avec une cagoule BDSM sur la tête). La collaboration est par la suite sommaire et ne résiste évidemment pas bien longtemps aux personnalités par nature opposées de nos deux protagonistes. Le nouvel adversaire de Batman est certes intéressant, violent et retord à souhait mais il est finalement assez peu présent. Bref, la promesse de voir Batman et le Joker s’allier n’est pas tenue ; en aurait-il d’ailleurs pu être autrement ? Chacun repart de son côté et on a juste l’impression d’avoir lu un beau Batman par Silvestri mais sans proposition scénaristique véritablement nouvelle.

    sebastien01 Le 12/09/2021 à 18:03:05
    Wolverine (Marvel Deluxe) - Tome 2 - Le retour de l'indigène

    Pour peu que l’on soit un lecteur de comics en quête d’histoires riches et subtiles, la lecture de l’arc de Greg Rucka sur Wolverine n’est pas franchement recommandée et, dans ce registre, ce second album parvient à faire pire que le premier (Wolverine 2003, #12-19).

    L’horrible couverture annonce la couleur : les muscles seyants et le torse nu, ce T2 est un concentré d’action bête et méchante tout du long des sept épisodes que constituent son intrigue principale. L’histoire se résumerait à Wolverine vs. Dent-de-sabre vs. l’Indigène (une "jungle girl" caricaturale, plutôt bestiale et pas très futée en prime). Les alliances se font et se défont au fil des épisodes sans véritable surprise ni intérêt de ma part. Contrairement au premier volume, il n’y a absolument rien à sauver et même les lecteurs les plus indulgents et habitués à ces bêtises devraient être déçus. Quant au dessin, c’est toujours Darick Robertson et c’est donc toujours aussi peu joli à voir.

    Pour les amateurs, les deux arcs suivants, scénarisés par Mark Millar et illustrés par John Romita Jr., sont à retrouver dans l’album Wolverine : Ennemi d’Etat.

    sebastien01 Le 12/09/2021 à 18:02:51
    Wolverine (Marvel Deluxe) - Tome 1 - Les Frères

    J’ai entamé la lecture de l’arc de Greg Rucka sur Wolverine avec l’espoir d’y découvrir une caractérisation du personnage un peu moins super-héroïque qu’à l’accoutumée. S’il ne porte certes pas son costume et ne côtoie pas non plus les X-Men, je n’y ai finalement découvert que l’animal, la bête féroce et stupide qui se cache derrière l’homme. Comme s’il était impossible de lui scénariser des aventures en solitaire un tant soit peu mesurées et intelligentes (Wolverine 2003, #1-11).

    Les deux premières histoires recueillies dans ce T1 concernent la traite d’êtres humains – des esclaves sexuelles puis des migrants mexicains – et pareille thématique, sombre et adulte comme le dit l’introduction, aurait pu, voire dû, donner lieu à quelques recherches et réflexions bienvenues. Mais c’est un comics bourrin ; ainsi, Wolverine se contente de traquer des adversaires caricaturaux au possible et de défoncer tous ceux qui entravent sa route. Les quelques mots de bon sens sont rapidement expédiés, les dialogues vont à l’essentiel et, de façon générale, l’accent est sans surprise mis sur l’action. Heureusement qu’il y a cet agent de police obsédé par Wolverine qui, de temps à autre, relève un peu le niveau.

    Je n’ai pas non plus aimé le dessin de Darick Robertson puis de Leandro Fernández que je trouve grossier (surtout celui du premier). Ce Wolverine à l’allure bestiale et vulgaire n’est décidément pas le mien et, forcément, cela n’aide pas à apprécier la lecture. Et il ne faut pas se fier à la jolie couverture d’Esad Ribic, l’artiste n’illustre qu’une poignée d’entre-elles.

    sebastien01 Le 29/08/2021 à 21:40:41
    Batman - Death Metal - Tome 2 - Tome 2

    Si l’on fait abstraction du verbiage imbitable de Scott Snyder et de la flopée de scénaristes associés à cet event, le premier tome pouvait se résumer aux retrouvailles des super-héros dispersés dans un univers qui leur est hostile. Mais dans ce deuxième tome, l’intrigue n’avance que très peu ; il ne contient en effet qu’un seul épisode de la mini-série principale (Dark Nights: Death Metal - Trinity Crisis 2020, #1, Dark Nights: Death Metal - Speed Metal 2020, #1, Dark Nights: Death Metal - Multiverse’s End 2020, #1, Dark Nights: Death Metal 2020, #4, Dark Nights: Death Metal - Robin King 2020, #1 et Dark Nights: Death Metal - Rise of the New God 2020, #1).

    Et c’est justement par ce quatrième épisode que j’ai commencé ma lecture. Au vu de la grosse ellipse narrative, on sent tout de suite que les trois ties-in qui précédaient avaient leur utilité mais ils ne sont pas pour autant indispensables (et c’est heureux pour ceux qui auraient cédé aux sirènes du marketing et ses éditions spéciales au doux prix de 10 € la vingtaine de pages). Au final, ce T2 n’est pas plus intelligible que le T1 mais ça va beaucoup mieux dès lors que l’on cesse de vouloir absolument tout comprendre. Après tout, on nage déjà depuis le début dans une terminologie absconse…

    Par exemple, il est sympathique de voir convoquer certaines crises passées – Crisis on Infinite Earths (1985) / Infinite Crisis (2005) / Final Crisis (2008) –, même si l’on ne comprend pas vraiment ce qu’elles viennent faire là. Le tie-in relatif au Roi Robin m’a également plu. Certes, il ne sert pas à grand-chose mais il développe ce nouveau personnage, déjà rencontré au détour d’un autre tie-in dans le T1, et est superbement illustré par Riley Rossmo au trait si reconnaissable.

    J’en arrive à penser qu’il faut prendre Batman : Death Metal comme une lecture récréative que personne ne comprendra jamais en totalité mais où chacun peut cependant trouver un fragment, un tie-in, qui lui plaira.

    sebastien01 Le 29/08/2021 à 21:40:16
    Batman - Death Metal - Tome 1 - Tome 1

    Pour faire bonne figure – mais sans grand enthousiasme, je dois bien l’avouer – et aussi pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai relu les trois tomes de Batman : Metal avant d’entamer sa suite : Batman : Death Metal. Cela n’aura cependant pas été d’un grand secours et l’imbitable multivers noir de Scott Snyder m’a largué au bout de seulement quelques pages (Dark Nights: Death Metal 2020, #1-3, Dark Nights: Death Metal - Legends of the Dark Knights 2020, #1 et Dark Nights: Death Metal - Guidebook 2020, #1).

    Ce premier tome débute par une double-page listant les albums qu’il faudrait avoir lu pour comprendre le cheminement de Snyder entre son Batman-qui-rit et sa Justice League. Mais plutôt que des conseils de lecture, c’est une véritable introduction en termes clairs qu’il eut fallu proposer au vu de la complexité du sujet. À défaut, on plonge dès les premières pages, et durant les trois premiers épisodes de la mini-série principale, dans un flot ininterrompu d’explications incompréhensibles sur le multivers noir. Je saisie évidemment le gros de l’intrigue mais les personnages et les scènes s’enchainent et les pages se tournent avec indifférence. Même le dessin de Greg Capullo m’indiffère. S’il est comme à son habitude au top, le défilé de super-héros accoutrés comme s’ils se rendaient à une soirée déguisée de Batman – jusqu’au dinosaure et aux véhicules… – ne m’inspire qu’un sentiment d’overdose (alors que les Batmen maléfiques constituaient l’idée originale du premier opus).

    Parmi la multitude de ties-in réalisés par une multitude d’auteurs, deux d’entre eux concluent ce T1 et apportent heureusement leur lot d’histoires courtes, légères et plus aisées à suivre. Je retiendrais celle du Batmanhattan / Darkest Knight (bien que je me sois demandé ce que le Dr Manhattan venait faire dans cette galère si ce n’est pour le jeu de mots), celle du Roi Robin et, plus anecdotique, celle du Bébé Batman. Le "manuel" propose aussi, sans être indispensable, un bon résumé de la chute de la Terre face à d’autres Batmen maléfiques.

    sebastien01 Le 25/08/2021 à 13:38:37

    J’avais beaucoup apprécié la vague de titres estampillés "Marvel Noir" sortis il y a une dizaine d’années, en particulier ceux consacrés aux personnages de Daredevil et de Spider-Man, et c’est donc avec un certain plaisir que j’ai découvert cette troisième saison du tisseur plongé dans les années 30 (Spider-Man Noir 2020, #1-5).

    A la différence des deux premières itérations de Spider-Man Noir par Hine, Sapolsky et Di Giandomenico (rééditées en Deluxe l’année dernière), cette histoire délaisse rapidement les rues de New York pour nous faire voyager tambour battant en Europe puis au Moyen-Orient. On y retrouve donc un peu moins l’ambiance urbaine de la Grande Dépression et du film noir mais heureusement le costume, l’enquête et le dessin plus sombre qu’à l’accoutumée sont toujours au rendez-vous.

    Cette fois-ci Spider-Man, bien aidé de quelques compagnons de voyage, enquête sur un meurtre qui le conduit sur la trace d’une mystérieuse breloque byzantine convoitée par les nazis (la période du récit le justifie mais, voilà, encore eux…). Le scénario de Margaret Stohl n’est pas sans rappeler une aventure d’Indiana Jones, notamment ses courses-poursuites à distance, jusqu’à son final entre fantastique et ésotérique (une fin assez éloignée du film noir qui m’a toutefois un peu déçu).

    Le dessin de Juan Ferreyra est très bon et ses couleurs tout en nuances de gris avec une touche de rouge (comme la très belle couverture de Dave Rapoza) participent pleinement à installer l’ambiance.

    sebastien01 Le 22/08/2021 à 13:32:47
    Wonder Woman - Guerre et amour - Tome 2 - Tome 2

    A l’image du premier volume des aventures de Wonder Woman scénarisées par G. Willow Wilson, le second continue d’opter pour une tonalité légère voire superficielle. Sa lecture ne m’a jamais vraiment intéressée, ça n’est même pas très enthousiasmant à regarder et j’ai fini par expédier les derniers chapitres (Wonder Woman 2016, #73-83 et #750 "The Wild Hunt - Finale").

    Deux histoires sont au programme de ce T2. Dans la première, Wonder Woman et ses copines sont de retour sur l’île de Themyscira par le biais d’une brèche temporelle qui ressemble beaucoup à une astuce scénaristique un peu trop commode. Et quelques coups d’épée plus tard (indolores, comme toujours), tout le monde a retrouvé la place qui était la sienne.
    Puis arrive la période "Year of the Villain", en VO, au cours de laquelle les super-vilains furent à l’honneur. Dans le cas présent, il s’agit sans surprise de Barbara Ann Minerva, alias Cheetah, l’ennemie jurée habituelle de la princesse amazone. Encouragée par Luthor, elle enragera, jalousera et affrontera son adversaire – jusqu’à brièvement endosser son costume – durant un trop long mano a mano. Les deux protagonistes multiplient les acrobaties épée à la main mais cela ne créé pas pour autant une dramaturgie suffisante. L’issue de ce long combat ne fait aucun doute, on ne ressent aucune véritable mise en danger de l’héroïne et il est donc difficile de porter un quelconque intérêt à cette seconde histoire.

    Plus nombreux encore que sur le premier volume, pas moins d’une dizaine de dessinateurs se relaient sur presque autant d’épisodes. L’ensemble est cependant cohérent puisqu’il s’agit d’un dessin standardisé, très typé "comics de super-héros" ; un travail correct mais presque sans saveur, dont Xermánico et Jesús Merino se sortent un peu mieux que les autres.

    sebastien01 Le 22/08/2021 à 13:32:28
    Wonder Woman - Guerre et amour - Tome 1 - Tome 1

    Après le run de Greg Rucka puis, un cran en-deçà, de James Robinson, tous deux publiés dans la série Wonder Woman Rebirth, voici une nouvelle série, en deux épais volumes de près de 300 pages, compilant la suite des aventures de la princesse amazone par G. Willow Wilson. Les belles couvertures par Jenny Frison font le lien entre les deux séries alors que ce genre de saucissonnage devient monnaie courante en VF lorsque le scénario change de main ou lorsque la tomaison s’accroit (Wonder Woman 2016, #58-72).

    Plusieurs histoires se succèdent durant les quinze premiers épisodes de ce T1 et, d’une manière générale, je les ai toutes trouvées très légères voire superficielles. Il n’y a surtout aucun enjeu durable ; en effet, chacune des tentatives pour mettre un tant soit peu Wonder Woman en danger est désamorcée en quelques pages. A l’instar de sa dispute avec le dieu de la guerre Arès à qui il suffit d’un chuchotement au creux de l’oreille pour lui faire rendre les armes. Ou à l’instar de sa dispute suivante avec la femme d’affaires Veronica Cale à qui il suffit d’une accolade pour la faire fondre en larmes.

    Les épisodes de transition sont navrants et oscillent entre le comique lourdingue avec un cheval ailé, un minotaure et un satyre et le grandiloquent avec un combat de géants. C’est à se demander si cette série n’est en fait pas à destination de jeunes adolescents. Il n’y a que la dernière histoire, dans laquelle il est question d’amour et qui met en scène Atlantiade, un personnage hermaphrodite – non-binaire dirions-nous aujourd’hui –, qui m’a paru relever un peu le niveau.

    Plusieurs dessinateurs se succèdent en raison du rythme de parution bimensuel en VO et, s’il y a évidemment du bon et du moins bon, dans l’ensemble, le dessin est correct et homogène. Si je ne devais retenir qu’un artiste, ce serait assurément le très bon Xermánico.

    sebastien01 Le 18/08/2021 à 13:56:51

    On connait tous l’histoire d’Harley Quinn et, avant même d’ouvrir cet album, on sait donc comment celle-ci va se terminer. Son visage taché de sang en couverture ne laisse d’ailleurs guère de doute sur cette tragique issue. Pour autant, cette lecture fut très intéressante ; je dirai même qu’il s’agit de ce que j’ai lu de plus intelligent sur ce personnage qui n’a pas été épargné par le grand n’importe quoi ces dernières années (Harleen 2019, #1-3).

    Dans l’esprit, sa caractérisation par Stjepan Sejic est à rapprocher de celle de Mad Love (Paul Dini et Bruce Timm) ou de Batman: White Knight (Sean G. Murphy). Et c’est heureux ; ses origines sont respectées et l’on est à mille lieues de son alter ego débile et racoleur des périodes "The New 52" et "DC Rebirth" scénarisées par Amanda Conner et Jimmy Palmiotti.

    Ici, Harleen Quinzel n’est pas encore devenue Harley Quinn. C’est une jeune psychiatre en blouse blanche passionnée de criminologie et persuadée que l’on peut soigner les internés de l’asile d’Arkham (assurément un établissement de choix pour une première expérience professionnelle…). Evidemment, cette douce naïveté fait un peu sourire mais le lecteur est amené avec sérieux sur le terrain de la psychologie criminelle et on a envie d’y croire. Les entretiens débutent avec Zsasz, Poison Ivy, Killer Croc et consorts mais le Joker devient rapidement l’objet d’étude très particulier du Dr Quinzel.
    Le développement du personnage et sa corruption progressive constituent le cœur de l’intrigue et sont donc très approfondies. On aurait même totalement pu se passer de Batman et de Double-Face qui n’ont que des rôles de figuration. Seul petit bémol, cette inflexion de sa personnalité est un peu rapide par moments ; mais il s’agit après tout d’un comics en trois épisodes et non d’un roman.

    En ce qui concerne le dessin, il est de toute beauté. J’ai eu envie de reconnaitre en Harleen Quinzel l’une des deux filles de Sunstone, du même auteur, avant de me raviser… La conception du personnage montre en tout cas qu’il n’est nullement nécessaire de l’accoutrer de bas ou de collants, comme ce fut trop souvent le cas ces dernières années, pour qu’elle soit réussie.

    sebastien01 Le 15/08/2021 à 15:52:01

    Une grosse dizaine d’années après Superman : Identité secrète, Kurt Buziek interroge à nouveau notre rapport aux super-héros en s’emparant cette fois-ci du Chevalier noir dans un récit aux multiples points de comparaison avec le premier (Batman: Creature of the Night 2017, #1-4).

    D’un garçon qui passe rapidement de l’adolescence à l’âge adulte, de son homonymie et de ses autres ressemblances – plus ou moins marquées – avec les super-héros, du détournement du comics "de super-héros" pour en faire quelque chose de plus réfléchi, du chapitrage et jusqu’au style de dessin, on sent que le scénariste a voulu réitérer avec Batman ce qu’il avait réussi avec Superman des années auparavant. Même Urban Comics ajoute au parallèle entre les deux albums avec le choix de cette couverture. Il ne s’agit pas pour autant d’une redite, Busiek a bien saisi la différence entre les deux personnages et la tonalité des deux albums s’en ressent.

    Cette histoire est celle de Bruce Wainwright, un garçon dont l’enfance va tragiquement basculer et le destin prendre une tournure qui rappellera étrangement celle de Batman dont il lit les comics depuis son plus jeune âge. Celle-ci est sombre et ses réflexions mélancoliques voire carrément tristes par moments. A l’inverse de bien des comics ou films, elle montre à quel point il n’est pas si aisé de se remettre d’un traumatisme. Et comme avec l’histoire précédente, il ne s’agit pas vraiment d’une histoire de Batman mais de ce qu’il aurait pu être dans le monde réel, violent et corrompu. Un Batman actuel, très "grim and gritty", dans la lignée de ce que propose la bande-annonce du film de Matt Reeves à venir en 2022.

    Si l’histoire est très prenante, elle est aussi superbement accompagnée du dessin de John Paul Leon. L’auteur, récemment décédé, livre ici une dernière prestation comme je les adore avec son trait brut, gras et très encré qui correspond parfaitement à l’ambiance du récit.

    sebastien01 Le 15/08/2021 à 15:51:40

    Pas de super-héros, ni de super-vilain. Pas d’aventure cosmique, ni de menace extraterrestre. Il ne s’agit ici que de la vie d’un homme – presque – ordinaire. Bref, ce n’est pas une histoire de Superman et c’est peut-être justement en cela qu’elle est aussi belle (Superman: Secret Identity 2004, #1-4).

    J’ai toujours préféré Batman à Superman dont la quasi invincibilité me parait être un frein à la mise en place de véritables enjeux dramatiques. Bien que le gros titre rouge en couverture puisse laisser penser le contraire, il n’est cependant pas question de Superman dans cet album mais d’un adolescent ordinaire, Clark Kent, homonyme du super-héros et originaire comme lui du Kansas (mais pas de Smallville, la ressemblance a ses limites). Objet de taquineries voire de moqueries de la part de ses camarades et de ses proches, il se découvre par hasard des super-pouvoirs qui vont changer sa vie.

    Comme il l’avait déjà fait avec Marvels dix ans auparavant, Kurt Busiek raconte dans cet album une histoire à hauteur d’homme et encrée dans notre quotidien. L’adolescent en viendra, comme un clin d’œil, à enfiler le costume du super-héros et à agir en tant que tel mais l’histoire se concentre sur son parcours d’homme en suivant quatre périodes importantes de sa vie (l’adolescence, le monde du travail, la paternité, la retraite). Si quelques séquences d’action parsèment inévitablement l’album, il est surtout question d’introspection et, bien accompagné du superbe dessin de Stuart Immonen, même de poésie. En refermant l’album, on a, comme rarement, le sentiment d’avoir lu un comics "de super-héros" intelligent.

    Par le même scénariste et interrogeant notre rapport aux super-héros en usant des mêmes ficelles, la lecture de Batman : Créature de la nuit est évidemment recommandée.

    sebastien01 Le 13/08/2021 à 12:54:21

    Cela débute comme une enquête classique avant de basculer rapidement dans l’horreur puis le surnaturel et enfin le fantastique. Le tout dans le contexte complexe de l’Irak au sortir de la dernière guerre où s’enchevêtrent les intérêts des compagnies pétrolières, des sociétés militaires privées, des groupes terroristes et, bien sûr, des irakiens (Burning Fields 2015, #1-8).

    Se déroulant durant l’immédiat après-guerre, l’ambiance du récit m’a tout de suite fait penser à Thumbprint (Ciaramella & Malhotra) ou à Sheriff of Babylon (King & Gerads). Dans le scénario de Michael Moreci et Tim Daniel, deux auteurs que je ne connaissais pas, une ex-militaire américaine revient en Irak, dans le privé cette fois-ci, pour enquêter sur une série de meurtres atroces aux allures de rituel satanique. Rien à voir évidemment avec les versets sataniques du Coran – l’histoire a beau se dérouler au Moyen-Orient, la religion est curieusement absente –, les protagonistes n’auront affaire qu’au satanisme mainstream que l’on rencontre un peu partout.

    La mise en place est très prenante, les personnages sont un chouia caricaturaux mais leurs interactions fonctionnent et le contexte d’alors est bien décrit. Et le dessin de Colin Lorimer, que je ne connaissais pas davantage, m’a bien plu quoique sa colorisation me paraisse trop sombre. En revanche, j’ai été beaucoup moins emballé par la seconde moitié du comics : l’enquête vire au survival, les zombies font leur apparition et l’histoire perd à cette occasion toute forme d’intelligence. J’ai le sentiment que les auteurs avaient une idée de départ et n’ont su où l’amener autrement qu’en enchainant les scènes d’action. Dommage.

    sebastien01 Le 11/08/2021 à 11:38:32

    Cet album est un très court hors-série, d’une soixantaine de planches seulement, présenté comme une nouvelle se déroulant dans l’univers de Criminal (My Heroes Have Always Been Junkies, 2018).

    Son lien avec la série-mère est toutefois mince et seuls les lecteurs les plus attentifs reconnaitront son héroïne (un indice : on l’a aperçue en mauvaise posture dans le premier tome). Pour le reste, le titre est suffisamment parlant et Ellie fantasme ainsi sur les drogués. La drogue libèrerait les artistes, musicaux en particulier ; une réflexion douteuse étalée tout du long, sans véritable contrepoint, pas même émanant de celui qui l’accompagne dans sa fuite du centre de désintoxication. Ne serait-ce que pour écrire des comics, heureusement qu’il existe encore des travailleurs honnêtes dans ce monde…

    Si Criminal reste ma série préférée de l’indéfectible duo formé d’Ed Brubaker et de Sean Phillips (avec désormais le fils de ce dernier, Jacob Phillips, aux couleurs), cet album ne m’a en revanche pas emballé. Une lecture correcte mais trop en décalage avec les épisodes précédents et suivants, pas vraiment dans l’esprit polar et qui n’est surtout pas d’une grande utilité pour la compréhension de l’ensemble.

    Les amateurs de la série peuvent donc faire l’impasse sur cet achat et passer directement à la cinquième saison, publiée sous forme de deux "romans graphiques" – parce que ça faisait plus chic que d’en faire les tomes 8 et 9 ? – avec les albums Sale week-end puis sa suite, sortie récemment en VF, Un été cruel.

    sebastien01 Le 08/08/2021 à 13:39:57

    Plunge est l’un des tous premiers albums de la nouvelle collection horrifique Hill House Comics de DC Comics. Au programme de celui-ci, des personnages un brin caricaturaux mais bien amenés, le dépaysement de la haute mer et de l’Arctique, un navire – et son équipage ! – qui refont mystérieusement surface et évidemment une petite touche d’horreur qui va crescendo au fil des épisodes. Bref, l’histoire scénarisée par Joe Hill débutait parfaitement (Plunge 2020, #1-6).

    Certes, elle n’est pas follement originale et certains de ses ingrédients ont un air de déjà-vu – les livres ou les films exploitant ce registre étant nombreux, The Thing notamment dont la filiation est revendiquée par les auteurs – mais elle est tout de même très prenante et divertissante. Proche du survival fantastique avec un côté série B assumé, je rangerais Plunge entre Sanctuaire (Christophe Bec) pour la BD franco-belge, et The Wake (Scott Snyder) pour les comics. L’album bénéficie du dessin de Stuart Immonen et c’est un régal pour les yeux. Quelques grandes cases en pleine page auraient toutefois été la bienvenue pour décrire l’ambiance polaire que l’on voit finalement assez peu.

    Malheureusement, la fin arrive trop rapidement et n’est pas des plus subtiles. J’en aurais volontiers pris pour quelques épisodes supplémentaires, jusqu’au double s’il le fallait, si cela avait permis au scénariste d’expliquer cette lubie pour les mathématiques, le fonctionnement des trois artéfacts et peut-être sortir la carte des Grands Anciens de Lovecraft avec plus de finesse. Il y a là matière à un bon téléfilm mais pas davantage. Cela avait si bien commencé, dommage.

    Oh, et puisque l’on n’a pas tous choisi russe LV2 au collège, il eut été utile de traduire, ne serait-ce qu’en appendice, les dialogues en cyrillique aux deux pages concernées, блин !

    sebastien01 Le 04/08/2021 à 08:18:16
    Lazarus - Tome 7 - Risen

    J’ai donné cinq étoiles au premier tome, puis quatre, puis trois et, en refermant le septième, il m’est impossible de lui donner une meilleure note malgré tout l’intérêt que je porte à la série. Depuis ses débuts il y a près de huit ans, Lazarus a toujours adopté un rythme lent, tant en ce qui concerne le déroulement de son intrigue que la parution de ses épisodes, mais désormais il serait temps que Greg Rucka en arrive à la conclusion (Lazarus: Risen 2019, #1-3).

    Ce T7 constitue le début de la seconde saison de Lazarus, la série ayant été relancée après un épilogue en deux parties centré sur Jonah Carlyle (constitué des épisodes 27 et 28, inédits en VF). A l’exception de son format, rien ne change et on retrouve donc les mêmes ingrédients que dans les tomes précédents : les combats très chorégraphiés, les discussions familiales et/ou politiques nébuleuses et, par petites touches, le développement de l’héroïne et, récemment, de sa sœur. Mais au fond, il n’y a pas de nouvel enjeu et l’intrigue n’avance guère. Il s’agit presque d’un tome pour rien et je n’en retiendrai qu’une seule chose : Forever s’est coupée les cheveux. C’est dire…

    Malgré cela, et alors que la collection Glénat Comics périclite et puisse raisonnablement faire craindre aux lecteurs pour la suite de la publication en VF, je continue à suivre la série. Un peu par habitude de complétiste, un peu aussi pour le dessin de Michael Lark que j’apprécie toujours autant. Mais on sent que la série ronronne, que l’intérêt s’essouffle ; pourvu l’on n’en vienne pas à s’ennuyer et que les auteurs aient assez rapidement une véritable conclusion à proposer.

    sebastien01 Le 01/08/2021 à 08:31:41

    En attendant la sortie du film Venom 2 : Let There Be Carnage, qui devrait être centré sur le rejeton meurtrier de Venom, je me suis convaincu de lire l’une des rares séries en solo consacrée au personnage de Carnage. Et c’est malheureusement aussi mauvais que je ne l’imaginais (All-New, All-Different Marvel Point One 2015, #1 (II) et Carnage 2016, #1-16).

    Je ne retiendrais de cet album qu’un seul aspect positif : le dessin de Mike Perkins. J’avais déjà vu son travail çà et là, notamment sur Captain America, mais jamais sur la durée. C’est enfin le cas avec cette série puisqu’il se trouve seul aux commandes des seize épisodes. Paradoxalement, il me parait plus à l’aise avec les humains qu’avec les symbiotes mais ça reste malgré tout du très bon travail. Dommage cependant que la colorisation ne soit pas au niveau ; l’essentiel de l’histoire se déroule de nuit, sous terre ou dans des ambiances très sombres qui masquent le trait de Perkins.

    Mais c’est surtout le scénario téléphoné et sans originalité de Gerry Conway qui m’a ennuyé. En résumé, une équipe d’agents du FBI localise Carnage / Cletus Kasady et projette de l’arrêter mais à aucun moment on ne sent qu’elle a le moindre espoir d’y parvenir. On ne s’attache pas aux protagonistes, bons ou mauvais, qui se succèdent et finissent tôt ou tard en chair à Carnage. Les quelques autres monstres croisés en chemin n’ont d’autre rôle que de réveiller le lecteur et ne représentent aucune réelle menace pour le symbiote, ou son hôte, qui sortent indemnes de toutes les situations. Et le tout est saupoudré d’une obscure prophétie pour laquelle je n’ai eu d’intérêt tout du long. Même Eddie Brock, ici dans le costume ridicule de Toxine, n’est pas particulièrement intéressant.

    Bref, comme on pouvait s’y attendre, c’est très moyen. Je lirai probablement Absolute Carnage un de ces jours, mais sans grand enthousiasme.

    sebastien01 Le 30/07/2021 à 10:16:08

    Deux étoiles. Cela peut paraitre sévère pour une histoire de Batman aussi culte que celle-ci. Une question de génération sans doute puisque son scénario et son dessin mais aussi, d’une manière générale, les comics des années 80 ou 90, voire plus anciens encore, ne m’ont jamais vraiment enthousiasmé (Batman 1940, #426-430).

    La première chose qui me déplait n’est pas tant le dessin de Jim Aparo que la couleur. Je comprends évidemment que les techniques de colorisation et d’impression d’alors, qui devaient allier rapidité d’exécution et bas coûts, ne permettaient que ce résultat grossier et criard. Mais à la même époque, voire une décennie auparavant, la BD franco-belge produisait déjà de superbes planches de Bob Morane, de Bruno Brazil ou de XIII avec une définition et un nuancier dans les couleurs d’un niveau infiniment supérieur. De ce fait, et malgré leur ancienneté, ces albums sont encore aujourd’hui accessibles sans difficulté, par une nouvelle génération de lecteurs. La différence entre l’artisanat de la BD et l’industrie des comics ? Avec l’édition Semic, on a parfois l’impression d’avoir affaire à des coloriages d’enfants à la craie grasse…

    Publié en 1988, je reconnais à ce récit l’originalité d’illustrer – quoique de façon simpliste – les relations tendues qu’entretenaient les Etats-Unis et l'Iran (jusqu’à en dépeindre l'ayatollah Khomeini en allié du Joker). Mais, trop habitué aux super-vilains de Gotham que l’on peut tabasser sans trop se soucier des conséquences, Batman parait dépassé par la politique étrangère. Le scénario de Jim Starlin n’est pas beaucoup plus subtil et accumule les coïncidences entre la recherche de la mère de Robin et les actions terroristes du Joker au point où cela en devient risible. Et la narration est lourdingue à prendre ainsi le lecteur par la main entre les résumés de plusieurs pages au début de chaque chapitre et les ribambelles de récitatifs pour le moindre mouvement ou la moindre pensée de Batman ou consorts. Bref, ça n’a vraiment pas bien vieilli.

    sebastien01 Le 28/07/2021 à 13:54:14

    Du travail de Dustin Nguyen, je ne connaissais jusqu’alors que sa collaboration avec Paul Dini sur Batman (à retrouver dans les tomes 2 et 3 de la série Paul Dini présente Batman) et, plus récemment, sa série avec Jeff Lemire (Descender et sa suite, Ascender). De par son titre et sa représentation des personnages en version "chibi" – qui leur confère une bonne dose de mignonitude –, Little Gotham m’avait toujours paru destiné aux enfants. Cependant, si ces aquarelles et ces histoires sont effectivement légères, il s’agit d’une lecture aussi divertissante pour les adultes (Batman: Li'l Gotham 2013, #1-12).

    Accompagné au scénario de Derek Fridolfs, un encreur de formation, Nguyen propose ici vingt-quatre histoires courtes, d’une dizaine de pages, rythmées par le calendrier américain. Au fil des saisons et des fêtes – plus ou moins connues des européens – d’Halloween, de Thanksgiving, de la Saint-Patrick, du Jour de l’Indépendance, de la Comic-Con, etc., les histoires s’enchainent gaiement. Chacune d’entre elles sert surtout de prétexte pour voir Batman et Robin aller à la rencontre de toute la galerie de héros et de vilains que compte le Batverse, d’enchainer par quelques acrobaties et de conclure imperturbablement dans la bonne humeur.

    Il ne faut pas attendre de cet album autre chose qu’un divertissement léger mais les connaisseurs prendront plaisir à y déceler quelques références bien trouvées aux comics ou aux dessins animés. Et ceux qui ont aimé l’idée peuvent désormais jeter un œil à sa suite sortie récemment : Batman : Les contes de Gotham.

    sebastien01 Le 25/07/2021 à 11:57:27

    Voilà un récit de Wonder Woman qui rebutera, ou à tout le moins étonnera, les lecteurs habitués aux scénarios de Greg Rucka, de James Robinson ou, plus récemment, de G. Willow Wilson et à l’esthétique classique que l’on y associe. La princesse amazone se retrouve en effet plongée dans un monde post-apocalyptique où tout le monde semble partir en vrille, y compris elle-même, et on a vraiment peine à la reconnaitre (Wonder Woman: Dead Earth 2020, #1-4).

    Jusqu’alors, je ne connaissais pas le travail de Daniel Warren Johnson, l’auteur complet de cet album. Il est sans doute appréciable qu’un éditeur puisse permettre à d’autres auteurs que ceux habituellement attachés aux séries régulières de proposer une autre version de leurs super-héros favoris, la collection DC Black Label étant destinée à cela après tout (et non à devenir un fourre-tout de rééditions…). Mais au contraire de Wonder Woman : Terre-Un, cette réinterprétation va trop loin à mon goût.

    Physiquement, Wonder Woman est plutôt trapue, a le nez d’un boxeur, les cheveux en pagaille et est habillée en haillons. Pour un personnage dont la plastique a souvent été primordiale dans les comics, cela surprend mais passe encore ; le type dessin brut, gras et relâché étant alors en accord. Mais c’est surtout le caractère de l’héroïne que je ne reconnais pas : Wonder Woman se bat constamment, manie l’épée avec la fureur de Conan le Barbare et déploie une violence – graphique – que je ne lui connaissais pas. Fallait-il par exemple nécessairement qu’elle arrache la colonne vertébrale de Superman ? Au-delà du personnage, le scénario en fait trop, notamment avec Cheetah et les Amazones transformés en de vulgaires monstres, et se conclut de la façon la plus bourrine qui soit. Très déçu de la proposition en somme ; si l’objectif était d’appuyer le côté guerrier du personnage, il y avait assurément des moyens plus finauds d’y parvenir.

    sebastien01 Le 23/07/2021 à 13:27:00

    La brève introduction en début d’ouvrage cite Jason Bourne, le héros des romans d’espionnage de Robert Ludlum, interprété par Matt Damon durant quelques films qui ont précédé la sortie de ce comics. Et elle ne s’y trompe pas tant il s’agit du même sujet, de la même géographie et du même rythme (Who is Jake Ellis? 2011, #1-5).

    L’histoire, scénarisée par Nathan Edmondson, est menée tambour battant et pourrait se résumer à une scène d’action, en l’occurrence une longue chasse à l’homme à travers l’Europe et, en particulier, la France. Jon, notre héros, y fuit de mystérieux individus à sa poursuite avec une étonnante facilité. Il faut dire qu’il est aidé en cela par Jake, qui le guide dans chacun de ses mouvements et le prévient de chacune des menaces. Dans un film, Jake serait la voix omnisciente dans l’oreillette. Mais dans ce comics, il parait bien plus réel, on penserait presque à un dédoublement de la personnalité, et c’est tout l’objet de l’intrigue.

    Malheureusement, on ne saura rien, ou si peu, de Jake et pas davantage de Jon, encore moins des expériences qu’ils auraient tous deux subi et le rebondissement final n’est qu’une pirouette destinée à vendre la suite (inédite en VF, Where is Jake Ellis?). En fait, on ne saurait répondre à la question posée par le titre en refermant l’album. Le dessin de Tonci Zonjic convient tout à fait au genre mais est trop peu détaillé pour que l’on prenne véritablement le temps de s’y arrêter. En somme, si c’est un comics correct, il se lit bien trop rapidement et ne parait faire office que d’introduction à un récit plus large.

    sebastien01 Le 21/07/2021 à 09:52:01

    Si Criminal reste ma série préférée de l’infatigable duo formé depuis près d’une vingtaine d’années d’Ed Brubaker et de Sean Phillips, Fondu au noir figure aussi en bonne place parmi mes indispensables. C’est en entendant de nouveau parler de l’affaire Weinstein que j’ai eu l’envie de ressortir cet album de ma bibliothèque. En effet, bien que le comics se déroule à la fin des années 40, les agissements qui y sont décrits paraissent encore tristement actuels, notamment l’emprise exercée par des hommes de pouvoir sur de jeunes actrices (The Fade Out 2014, #1-12).

    Il s’agit d’un polar situé en 1948 au cœur du cinéma hollywoodien. Après la mort suspecte d’une actrice, deux amis scénaristes commencent à s’interroger et à enquêter sur leur milieu et sur les personnages qui y gravitent tel un panier de crabes. Outre une enquête plutôt classique, sans détour et donc facile à suivre où se mêlent alcool, sexe et gabardine, plusieurs thèmes propres à l’univers cinématographique y sont abordés, comme l’écriture ou plutôt la réécriture incessante d’un film, le fonctionnement infernal d’un studio ou encore la liste noire de Hollywood au temps du maccarthysme naissant.

    Le scénario de Brubaker est très prenant, intéressant de bout en bout et on ne s’ennuie pas instant. Le dessin de Phillips est sombre à souhait et participe pleinement à créer l’ambiance de polar. L’édition est également soignée : au lieu d’être inutilement saucissonnés en plusieurs volumes, les douze épisodes sont ici réunis en une intégrale et forment un bel objet comme cela devrait toujours être le cas en VF pour les mini-séries.

    sebastien01 Le 18/07/2021 à 10:29:08
    Batman - White Knight - Tome 2 - Batman : Curse of the White Knight

    Il n’est jamais évident de réitérer un grand succès – les deux piètres suites de The Dark Knight Returns peuvent en témoigner – et, pourtant, cette suite directe à Batman : White Knight est toujours aussi excellente. Il n’y a certes plus le même effet de nouveauté mais le talent de Sean G. Murphy, au scénario comme au dessin, est inchangé (Batman: Curse of the White Knight 2019, #1-8 et Batman: White Knight presents Von Freeze 2020, #1).

    Parce qu’il m’a agacé, j’entamerais cet avis par le seul reproche que je ferai à cet album : l’interlude consacré à Mr. Freeze. Murphy y raconte les origines de ce personnage, bien qu’il soit absent de cette suite, en puisant de manière fort peu originale dans la source intarissable du nazisme. En plus de n’avoir rien à faire là – ce que le scénariste reconnait lui-même dans la postface –, cet épisode m’a coupé dans mon élan de façon très désagréable de par son positionnement malvenu entre les chapitres 6 et 7. Et illustré sans grand talent par Klaus Janson, un encreur de formation, il n’est même pas plaisant à lire.

    A cette exception près, cet album est excellent. Bien que le scénario ne soit plus aussi politique que le précédent (il reste toutefois quelques idées relatives à la mainmise des riches et à l’anonymat et la responsabilité des super-héros), il est toujours aussi intelligent, sombre et prenant. L’intrigue opte désormais pour une tonalité historique et remonte jusqu’au XVIIe siècle pour raconter les origines obscures de Gotham et de la famille Wayne. Avec à la clé une bonne enquête, un duo d’antagonistes qui fonctionne – le Joker et Azraël –, plusieurs rebondissements et des conséquences durables pour cet univers. Et Murphy effectue encore une fois un très bon travail avec les habituels à-côtés (Harley Quinn, la Bat-family, le commissaire Gordon, les Batmobiles ou les références classiques du Chevalier noir).

    En somme, cette suite constitue un très bon et beau moment de lecture comme j’en ai trop rarement l’occasion d’en lire à ce niveau sur Batman. Un troisième volume est attendu avec impatience ; dans l’intervalle, la sortie d’un spin-off est prévue prochainement (Batman: White Knight presents Harley Quinn).