
La mare
Une BD de Erik Kriek - Anspach - 2024
Après la perte tragique de leur fils, Huub et Sara emménagent dans une vieille maison de famille isolée dans les bois de Veluwe. Ils espèrent mettre le deuil derrière eux et reprendre leur vie en main. Mais est-ce vraiment une bonne décision ? Dans la forêt, au fond de leur jardin, il y a une mystérieuse mare, remplie d’une eau stagnante noire. Le point d’eau est entouré par de vieux hêtres où d’étranges marques sont gravées dans l’écorce. Sara espère retrouver le goût de la création, et peindre de nouvelles toiles dans ce nouvel environnement.... Lire la suite
Certains auteurs dessinateurs comme Charles Burns ou Mezzo ont un style graphique pour moi absolument fascinant.
Eric Kriek en fait partie, j'ai grand plaisir à tourner les pages de ses albums qui, dans plusieurs registres différents, nous montrent une belle maîtrise technique.
Avec La Mare nous est proposé une histoire dramatique flirtant par petites touches avec le fantastique. Le climat est bien soutenu par ce dessin sans contours riche d'une composition couleurs en parfaite adéquation avec le sujet.
Du bel ouvrage.
La campagne néerlandaise sera le cadre de ce scénario imaginé par Erik Kriek pour nous plonger dans le deuil d'un couple qui vient de perdre leur enfant. Nous voilà plongez dans un drame familial intimiste.
Le dessin est sobre et efficace dans sa noirceur. Bref, nous avons là une œuvre qui fait dans l'élégance du trait appuyé. Cela concourt surtout à donner un caractère particulièrement angoissant au récit dans cette forêt sombre. Pour rien au monde, on aurait envie d'y habiter mais ce couple a trop de choses à fuir pour s'en rendre compte...
On oscille entre le fantastique et la réalité en se demandant si le deuil n'a pas provoqué de terribles hallucinations. J'aime bien quand on se situe juste à la frontière du réel sans trop basculer dans des choses improbables entre deuil et folie. Les blessures internes peuvent révélées bien des failles. Il n'est parfois pas aussi facile de tourner la page.
Le gros point fort demeure ces ambiances à la fois angoissantes et oniriques qui est parfaitement retranscrites pour faire vibrer d'effroi le lecteur sur fond de mythes anciens.
J'ai également bien aimé la progression de ce récit jusqu'à ce final qui ne laisse guère planer le doute sur ce qu'il va advenir à l'un des protagonistes. J'ai juste regretter ce travelling en hauteur où l'on découvre les vraies proportions de cette forêt pourtant mystérieuse car cela fait se poser de nombreuses questions qui resteront sans véritables réponses.
C'est vrai qu'il s'agit d'un genre de BD que je n'ai pas vraiment l'habitude de proposer mais il est parfois bon de sortir des sentiers battus. Au final, c'est toujours assez intéressant de découvrir le travail d'un auteur néerlandais avec sa culture locale.