
Gueule de cuir
2. La Veuve
Une BD de Pierre Pevel et Stéphane Créty - Drakoo - 2025
Gueule-de-cuir, c'est Batman sous Louis XIII. Une histoire de cape et d'épée sombre et violente, teintée d'ésotérisme et traitée selon les codes du comics adulte. Printemps 1633. Dans la France de Louis XIII et de Richelieu, la magie noire et l'alchimie sont puissantes et craintes. Tandis que de mystérieuses factions continuent de s'affronter selon les lois du Zodiaque du Diable, le Roi-des-Tombes étend son règne sur Paris en écrasant la truanderie locale. Contre ce puissant nécromant, se dresse un nouveau Gueule-de-cuir, déterminé mais encore... Lire la suite
Avec la régularité d’un métronome ce second tome arrive pile un an après une ouverture un peu frustrante. Libérés des besoins de l’exposition, les auteurs se lancent dans une aventure one-shot autour d’un trafique de drogue mené par un seigneur du Crime qui vise à remplacer les chefs de districts du Paris criminel… suffisamment menaçant pour alerter un Richelieu plus déterminé que jamais à maintenir l’équilibre nécessaire entre pouvoir royal et pouvoir des bas-fonds. Nous le savions et ce tome le confirme: l’aisance de Pierre Pevel à construire des personnages forts (et très joliment croqués par son acolyte Créty) est patente, sa maîtrise de la mécanique scénaristique de même. Le dessinateur de son côté cisèle un Paris du XVII° siècle sombre, artisanal et organique, dont les efforts de détail jouent parfois des tour à la lisibilité, peu aidé par une absence de lumière de la palette très fade du coloriste. L’action tournoyante et explosive continue du volume donne alors à ces planches un effet de profusion esthétique qui colle à l’idée vaguement démoniaque qui se cache derrière le Zodiaque du diable.
Quelque peu balloté dans une intrigue en pilote automatique et dédié au rôle de gros bras, Gueule de cuir n’est pas véritablement l’atout maître de la série, qui voit les personnages secondaires lui voler la vedette faute de déterminant psychologique. Et pour le coup l’univers s’étend avec ce qu’il faut de mystère pour donner envie de continuer et suffisamment de perspectives de progression pour envisager une série au long court, une fois que le positionnement du héros comme agent du Zodiaque ou agent de Richelieu sera consolidé. On achève ainsi la BD avec un plaisir de lecture non forcé, pas révolutionnaire mais suffisamment bien construit, avec métier, et suffisamment de potentiel pour marquer des points et sa place sur l’étagère.
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