
Amères saisons
Une BD de
Étienne Schréder
- Casterman
(écritures)
- 2008
Schréder, Étienne
(Scénario)
Schréder, Étienne
(Dessin)
<N&B>
(Couleurs)
Schuiten, François
(Préface)
Étienne Schréder raconte ici la descente aux enfers qui a marqué sa jeunesse. Alcoolique de son état, il perd son travail. C’est alors la rue et la clochardisation qui l’attendent, sans véritable espoir d’en sortir un jour.
Le lecteur suit son parcours avec une certaine horreur, entre pitié et impuissance, et repense à ces innombrables SDF qu’il croise dès qu’il met les pieds en ville. Portrait du monde actuel qui ne cesse de générer des exclus, le livre repose non seulement sur un propos très intéressant, mais aussi sur un dessin en noir et blanc qui happe le lecteur pour ne plus le lâcher. L’ambiance souvent très sombre qui en ressort souligne à la perfection le sort peu enviable d’un jeune homme pourtant brillant.
Amères saisons... le titre en dit déjà très long...
Etienne Schréder nous livre là le travail de plusieurs années avec son véritable récit autobiographique. Ciselé, ce petit bijou de la BD procure un plaisir immense à la lecture.
Tout commence par la dégringolade d'Etienne qui, alcoolique depuis plusieurs années, s'enfonce petit à petit dans la pauvreté et le vagabondage. "Inadapté parmi les marginaux, marginal parmi les gens normaux", l'auteur nous livre une partie de son histoire faite de rencontres, d'allers-retours en France et en Belgique au gré des vents, de cures de désintoxication et de rechutes...
Le fil conducteur de ce roman dessiné est le noir. Le noir et blanc de son dessin, tout d'abord, très pur, très stylé, sans fioritures mais terriblement émouvant.
Le noir des idées de l'auteur pendant cette période de sa vie, la souffrance transpirant au moindre mot, mots choisis et étudiés longuement avant d'être couchés sur la feuille de papier.
On en ressort bouleversé, changé, et la vue d'un "Etienne" dans la rue nous renvoie immédiatement au roman. Véritable rédemption pour l'auteur, on le sent, ce roman est à conseiller à tous dès l'adolescence et pourrait même faire l'objet d'avertissement pour ceux qui flirtent avec la dépendance ou, plutôt, pour ceux qui sont "sur une mince frontière entre ordre et désordres".
Chapeau!